Vous êtes chanteurs ou instrumentistes et vous souhaitez vous engager au service de la liturgie traditionnelle, n’hésitez pas à nous rejoindre !

La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

[Noveritis 2024] Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2024 le jour de l’Epiphanie

Noveritis 2024 - publication de la date de Pâques
La publication de la date de Pâques dans le Pontificale Romanum.

Dans le rit romain, le jour de l’Epiphanie (dont la solennité est obligatoirement reportée en France au dimanche qui suit – sauf lorsque le 6 janvier tombe un dimanche), le diacre fait selon la tradition la publication de la date de Pâques après le chant de l’évangile, publication couramment appelée “Noveritis”. Comme chaque année, nous avons le plaisir d’offrir à nos lecteurs le Noveritis 2024.

RIT ROMAIN

En voici le chant pour 2024, réalisé par nos soins :

Noveritis Romanum 2024 : proclamation de la date de Pâques et des fêtes mobiles

En voici le texte & la traduction du Noveritis 2024 :

Novéritis, fratres caríssimi, quod annuénte Dei misericórdia, sicut de Nativitáte Dómini nostri Jesu Christi gavísi sumus, ita et de Resurrectióne ejúsdem Salvatóris nostri gáudium vobis annuntiámus.

Vous avez su, Frères très chers, par la miséricorde de Dieu qui nous a été annoncée, que nous avons été comblés par la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi de même nous vous annonçons la joie qui nous sera procurée par la Résurrection de notre même Sauveur.

Die vigésima octáva Januárii erit Domínica in Septuagésima.

Le 28 janvier sera le dimanche de la Septuagésime.
Décima quarta Februárii dies Cínerum, et inítium jejúnii sacratíssimæ Quadragésimæ. Le 14 février sera le jour des Cendres et le début du jeûne très sacré du Carême.
Trigésima prima Mártii sanctum Pascha Dómini nostri Jesu Christi cum gáudio celebríbitis. Le 31 mars sera la sainte Pâque de Notre Seigneur Jésus-Christ, que vous célèbrerez avec joie.
Nona Máii erit Ascénsio Dómini nostri Jesu Christi. Le 9 mai sera l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Décima nona ejúsdem Festum Pentecóstes. Le 19 du même mois sera la fête de la Pentecôte.
Trigésima ejúsdem Festum sacratíssimi Córporis Christi. Le 30 du même mois sera la fête du Très Saint Corps du Christ.
Prima Décembris Domínica prima Advéntus Dómini nostri Jesu Christi, cui est honor et glória, in sæcula sæculórum. Amen. Le 1er décembre sera le premier dimanche de l’Avent de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est l’honneur et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

Livret PDF imprimable à l’attention du clergé.

RIT PARISIEN

Voici le chant de l’ancien usage de Paris, pour 2024 :

Noverit Parisiense 2024 - proclamation de la date de Pâques : 31 mars 2024

En voici le texte & la traduction pour 2024 :

Novérit cáritas vestra, fratres caríssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die trigésima prima mensis Mártii Pascha Dómini celebrábimus.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 31 mars nous célèbrerons la Pâque de Seigneur.

 

RIT AMBROSIEN

Voici le chant pour le rit ambrosien, pour 2024 :

Noverit Ambrosianum 2024 - proclamation de la date de Pâques : 31 mars 2024

En voici le texte & la traduction pour 2024 :

Novérit cháritas vestra, fratres charíssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die trigésima prima, mensis Mártii Pascha Dómini cum gáudio celebrábimus. ℟. Deo grátias.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 31 mars, nous célèbrerons avec joie la Pâque de Seigneur. ℟. Rendons grâces à Dieu.

[Noveritis 2023] Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2023 le jour de l’Epiphanie

La publication de la date de Pâques dans le Pontificale Romanum.

Dans le rit romain, le jour de l’Epiphanie (dont la solennité est obligatoirement reportée en France au dimanche qui suit – sauf lorsque le 6 janvier tombe un dimanche), le diacre fait selon la tradition la publication de la date de Pâques après le chant de l’évangile.

RIT ROMAIN

En voici le chant pour 2023, réalisé par nos soins :

Noveritis Romanum 2023 : proclamation de la date de Pâques et des fêtes mobiles

En voici le texte & la traduction pour 2023 :

Novéritis, fratres caríssimi, quod annuénte Dei misericórdia, sicut de Nativitáte Dómini nostri Jesu Christi gavísi sumus, ita et de Resurrectióne ejúsdem Salvatóris nostri gáudium vobis annuntiámus.

Vous avez su, Frères très chers, par la miséricorde de Dieu qui nous a été annoncée, que nous avons été comblés par la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi de même nous vous annonçons la joie qui nous sera procurée par la Résurrection de notre même Sauveur.

Die quinta Februárii erit Domínica in Septuagésima.

Le 5 février sera le dimanche de la Septuagésime.
Vigésima secúnda ejúsdem dies Cínerum, et inítium jejúnii sacratíssimæ Quadragésimæ. Le 22 du même mois sera le jour des Cendres et le début du jeûne très sacré du Carême.
Nona Aprílis sanctum Pascha Dómini nostri Jesu Christi cum gáudio celebríbitis. Le 9 avril sera la sainte Pâque de Notre Seigneur Jésus-Christ, que vous célèbrerez avec joie.
Décima octáva Máii erit Ascénsio Dómini nostri Jesu Christi. Le 18 mai sera l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vigésima octáva ejúsdem Festum Pentecóstes. Le 28 du même mois sera la fête de la Pentecôte.
Octáva Júnii Festum sacratíssimi Córporis Christi. Le 8 juin sera la fête du Très Saint Corps du Christ.
Tértia Décembris Domínica prima Advéntus Dómini nostri Jesu Christi, cui est honor et glória, in sæcula sæculórum. Amen.

Le 3 décembre sera le premier dimanche de l’Avent de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est l’honneur et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

Livret PDF imprimable à l’attention du clergé.

RIT PARISIEN

Voici le chant de l’ancien usage de Paris, pour 2023 :

Noverit Parisiense 2023 - proclamation de la date de Pâques : 9 avril 2023

En voici le texte & la traduction pour 2023 :

Novérit cáritas vestra, fratres caríssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die nona mensis Aprílis Pascha Dómini celebrábimus.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 9 avril nous célèbrerons la Pâque de Seigneur.

 

RIT AMBROSIEN

Voici le chant pour le rit ambrosien, pour 2023 :

Noverit Ambrosianum 2023 - proclamation de la date de Pâques : 9 avril 2023

En voici le texte & la traduction pour 2023 :

Novérit cháritas vestra, fratres charíssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die nona, mensis Aprílis, Pascha Dómini cum gáudio celebrábimus. ℟. Deo grátias.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 9 avril, nous célèbrerons avec joie la Pâque de Seigneur. ℟. Rendons grâces à Dieu.

[Noveritis 2022] Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2022 le jour de l’Epiphanie

La publication de la date de Pâques dans le Pontificale Romanum.

Dans le rit romain, le jour de l’Epiphanie (dont la solennité est obligatoirement reportée en France au dimanche qui suit – sauf lorsque le 6 janvier tombe un dimanche), le diacre fait selon la tradition la publication de la date de Pâques après le chant de l’évangile.

RIT ROMAIN

En voici le chant pour 2022, réalisé par nos soins :

Noveritis Romanum 2022 : proclamation de la date de Pâques et des fêtes mobiles

En voici le texte & la traduction pour 2022 :

Novéritis, fratres caríssimi, quod annuénte Dei misericórdia, sicut de Nativitáte Dómini nostri Jesu Christi gavísi sumus, ita et de Resurrectióne ejúsdem Salvatóris nostri gáudium vobis annuntiámus.

Vous avez su, Frères très chers, par la miséricorde de Dieu qui nous a été annoncée, que nous avons été comblés par la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi de même nous vous annonçons la joie qui nous sera procurée par la Résurrection de notre même Sauveur.

Die décima tértia Februárii erit Domínica in Septuagésima.

Le 13 février sera le dimanche de la Septuagésime.
Secúnda Mártii dies Cínerum, et inítium jejúnii sacratíssimæ Quadragésimæ. Le 2 mars sera le jour des Cendres et le début du jeûne très sacré du Carême.
Décima séptima Aprílis sanctum Pascha Dómini nostri Jesu Christi cum gáudio celebríbitis. Le 17 avril sera la sainte Pâque de Notre Seigneur Jésus-Christ, que vous célèbrerez avec joie.
Vigésima sexta Máii erit Ascénsio Dómini nostri Jesu Christi. Le 26 mai sera l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Quinta Júnii Festum Pentecóstes. Le 5 juin sera la fête de la Pentecôte.
Décima sexta ejúsdem Festum sacratíssimi Córporis Christi. Le 16 du même mois sera la fête du Très Saint Corps du Christ.
Vigésima séptima Novémbris Domínica prima Advéntus Dómini nostri Jesu Christi, cui est honor et glória, in sæcula sæculórum. Amen.

Le 27 novembre sera le premier dimanche de l’Avent de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est l’honneur et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

Livret PDF imprimable à l’attention du clergé.

RIT PARISIEN

Voici le chant de l’ancien usage de Paris, pour 2022 :

Noverit Parisiense 2022 - proclamation de la date de Pâques : 17 avril 2022

En voici le texte & la traduction pour 2022 :

Novérit cáritas vestra, fratres caríssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die décima séptima mensis Aprílis Pascha Dómini celebrábimus.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 17 avril nous célèbrerons la Pâque de Seigneur.

 

RIT AMBROSIEN

Voici le chant pour le rit ambrosien, pour 2022 :

Noverit Ambrosianum 2022 - proclamation de la date de Pâques : 17 avril 2022

En voici le texte & la traduction pour 2022 :

Novérit cháritas vestra, fratres charíssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die décima séptima, mensis Aprílis, Pascha Dómini cum gáudio celebrábimus. ℟. Deo grátias.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 17 avril, nous célèbrerons avec joie la Pâque de Seigneur. ℟. Rendons grâces à Dieu.

[Noveritis 2021] Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2021 le jour de l’Epiphanie

La publication de la date de Pâques dans le Pontificale Romanum.

Dans le rit romain, le jour de l’Epiphanie (dont la solennité est obligatoirement reportée en France au dimanche qui suit – sauf lorsque le 6 janvier tombe un dimanche), le diacre fait selon la tradition la publication de la date de Pâques après le chant de l’évangile.

RIT ROMAIN

En voici le chant pour 2021, réalisé par nos soins :

Noveritis Romanum 2021 : proclamation de la date de Pâques et des fêtes mobiles

En voici le texte & la traduction pour 2021 :

Novéritis, fratres caríssimi, quod annuénte Dei misericórdia, sicut de Nativitáte Dómini nostri Jesu Christi gavísi sumus, ita et de Resurrectióne ejúsdem Salvatóris nostri gáudium vobis annuntiámus.

Vous avez su, Frères très chers, par la miséricorde de Dieu qui nous a été annoncée, que nous avons été comblés par la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi de même nous vous annonçons la joie qui nous sera procurée par la Résurrection de notre même Sauveur.

Die trigésima prima Januárii erit Domínica in Septuagésima.

Le 31 janvier sera le dimanche de la Septuagésime.
Décima séptima Februárii dies Cínerum, et inítium jejúnii sacratíssimæ Quadragésimæ. Le 17 février sera le jour des Cendres et le début du jeûne très sacré du Carême.
Quarta Aprílis sanctum Pascha Dómini nostri Jesu Christi cum gáudio celebríbitis. Le 4 avril sera la sainte Pâque de Notre Seigneur Jésus-Christ, que vous célèbrerez avec joie.
Décima tértia Máii erit Ascénsio Dómini nostri Jesu Christi. Le 13 mai sera l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vigésima tértia ejúsdem Festum Pentecóstes. Le 23 du même mois sera la fête de la Pentecôte.
Tértia júnii Festum sacratíssimi Córporis Christi. Le 3 juin sera la fête du Très Saint Corps du Christ.
Vigésima octáva Novémbris Domínica prima Advéntus Dómini nostri Jesu Christi, cui est honor et glória, in sæcula sæculórum. Amen.

Le 28 novembre sera le premier dimanche de l’Avent de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est l’honneur et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

Livret PDF imprimable à l’attention du clergé.

RIT PARISIEN

Voici le chant de l’ancien usage de Paris, pour 2021 :

Noverit Parisiense 2021 - proclamation de la date de Pâques : 4 avril 2021

En voici le texte & la traduction pour 2021 :

Novérit cáritas vestra, fratres caríssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die quarta mensis Aprílis Pascha Dómini celebrábimus.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 4 avril nous célèbrerons la Pâque de Seigneur.

 

RIT AMBROSIEN

Voici le chant pour le rit ambrosien, pour 2021 :

Noverit Ambrosianum 2021 - proclamation de la date de Pâques : 4 avril 2021

En voici le texte & la traduction pour 2021 :

Novérit cháritas vestra, fratres charíssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die quarta, mensis Aprílis, Pascha Dómini cum gáudio celebrábimus. ℟. Deo grátias.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 4 avril, nous célèbrerons avec joie la Pâque de Seigneur. ℟. Rendons grâces à Dieu.

Venite populi – un antique invitatoire à la communion générale des rits gallican et ambrosien

Venite populi, transitorium ambrosien de la messe du jour de Pâques
Venite populi, transitorium ambrosien de la messe du jour de Pâques.

Dans la messe du rit ambrosien, la distribution de la communion est faite tandis que le chœur chante une antienne appelée Transitorium. Le jour de Pâques, c’est cette pièce Venite populi qui est par le Missel et l’Antiphonaire ambrosiens.

Nous avons enregistré ce transitorium du jour de Pâques de la liturgie ambrosienne, en amitié à nos amis de Milan durement éprouvés par l’épidémie de ce printemps 2020 :

En voici le texte ambrosien et sa traduction française :

Veníte, pópuli : sacrum immortále, mistérium illibátum agéndum cum timóre et fide. Accedámus mánibus mundis, pœniténtiæ munus communicémus : quóniam Agnus Dei propter nos Patri sacrifícium propósitus est : Ipsum solum adorémus, ipsum glorificémus cum ángelis clamántes : Hallelújah, hallelújah. Venez, peuples, approchez-vous du mystère sacré et immortel, de cette action sans tâche, avec crainte et foi. Avançons avec des mains pures, communions au don de la pénitence ; car l’Agneau de Dieu pour nous au Père s’est offert en sacrifice ; c’est lui seul que nous adorons, c’est lui seul que nous glorifions, avec les Anges en clamant : Alléluia, alléluia.

Comme Michel Huglo le soulignait (Les Chants de l’ancienne liturgie gallicane, 1970), le rit ambrosien a généralement utilisé les antiennes de communion romaines pour en faire ses antiphonæ ad confractorium, chantées pendant la fraction de l’hostie par le célébrant, et il a employé pour la communion (les transitoria ambrosiens) des pièces en provenance soit des Gaules, soit de l’Orient grec. Et en effet, on retrouve ce transitorium milanais dans un grand nombre de manuscrits carolingiens puis médiévaux français, et on s’accorde à y voir une antique relique qui subsiste de l’ancien rit des Gaules, d’avant sa suppression par Pépin le Bref puis Charlemagne.

Voici le texte en usage en France, présentant quelques légères variantes avec la leçon milanaise, avec la mélodie française établie par les livres de Solesmes (pour le Processionnal monastique de Dom Pothier de 1888), qui est substantiellement la même que celle de Milan :

Ad communicandum de l'ancienne liturgie des Gaules
Ad communicandum de l’ancienne liturgie des Gaules.
Veníte, pópuli : ad sacrum et immortále mystérium et libámen agéndum : cum timóre et fide accedámus, mánibus mundis : pœniténtiæ munus communicémus : quóniam Agnus Dei propter nos Patri sacrifícium propósitus est. Ipsum solum adorémus : ipsum glorificémus cum Angelis clamántes : Alleluia. Venez, peuples, approchez-vous du mystère sacré et immortel, et de ces prémices offerts : avec crainte et foi, avançons, avec des mains pures, communions au don de la pénitence ; car l’Agneau de Dieu pour nous au Père s’est offert en sacrifice ; c’est lui seul que nous adorons, c’est lui seul que nous glorifions, avec les Anges en clamant : Alléluia.

Cette pièce est typique de l’ancienne liturgie des Gaules. Dom Edmond Martène y trouvait des réminiscences d’un sermon de saint Césaire d’Arles et s’appuyait sur un passage des Miracles de saint Martin rédigés par saint Grégoire de Tours qui montre que l’ancien rit des Gaules appelait les fidèles à la communion générale le jour de Pâques[1]. Le texte n’en est pas tiré de l’Ecriture (comme pour la quasi-totalité des pièces de chant romaines), et – convoquant les Anges et les hommes dans une adoration commune, elle évoque quelque peu la liturgie céleste de l’Apocalypse, qui était si chère à l’ancien rit des Gaules. Le vocabulaire employé pour parler de l’Eucharistie (mysterium, libamen, munus) renvoie à une époque très reculée, de même que les mains pures, allusion à la communion dans le rit des Gaules, où les mains étaient utilisées comme patène par les communiants (revêtues d’un voile pour les femmes gauloises). Sous le texte latin, on sent néanmoins l’existence d’une pièce grecque (si une telle pièce a existé, elle a depuis disparue des liturgies orientales) qui a été traduite en latin, et il est possible que les mélodies ambrosiennes et gallicanes aient gardé la modulation du chant byzantin. La participation aux saints Mystères avec crainte et foi sont des thèmes fréquemment employés par les Pères de l’Ecole d’Antioche.

Dans la liturgie de saint Jean Chrysostome justement, ayant communié de la main du célébrant, le diacre reçoit le calice, se rend aux portes royales devant l’iconostase et, l’élevant, il invite le peuple à venir en communier en proclamant, dans un texte qui rappelle fortement le nôtre :

Μετὰ φόβου Θεοῦ, πίστεως καὶ ἀγάπης προσέλθετε.
Avec crainte de Dieu, foi & amour, approchez !

Il n’est pas impossible aussi que le texte gallican/ambrosien soit une amplification de cette invitation diaconale demandant au peuple à venir communier. Il semble que dans l’ancien rit des Gaules, ce texte ait été originellement chanté par les diacres avant la communion, et que c’était ainsi sa position antique. Les manuscrits médiévaux de l’Abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire[2] indiquaient encore que le Venite populi était chanté avant la communion par deux diacres.

Ce vieux texte gallican se retrouve dans divers manuscrits liturgiques[3] de Tours, de Poitiers[4], de Vienne, de Chartres, de Paris, de Châlons, de Saint-Omer, de Verdun, des abbayes de Saint-Denis, de Saint-Martin de Tours (on le chante le jour de Pâques pendant la communion du clergé[5]), de Pontlevoy (où on le chantait aux fêtes solennelles), de Saint-Vaast d’Arras, de Saint-Martin d’Autun, de Montoriol, d’Echternach.

C’est surtout dans le rit lyonnais que cette pièce est restée célèbre, car, des manuscrits, il est passé dans la première édition du Missel lyonnais en 1487 où il a été repris (après la parenthèse parisiano-lyonnaise des livres de Mgr de Montazet) dans le livres romano-lyonnais du cardinal de Bonald (que pour la cathédrale). Dans le rit lyonnais, le Venite populi est chanté entre le premier et le second Agnus Dei, les jours de Noël, de Pâques et de la Pentecôte, jours autrefois de communion générale du peuple où tous étaient tenus de communier, conformément aux décrets du Concile d’Elvire de l’an 305, du Concile d’Agde de l’an 506 (canon 18), repris au IIIème Concile de Tours de l’an 813 (canon 50)[6].

Venite populi - paroission romano-lyonnais du cardinal de Bonald - 1875.
Venite populi – paroission romano-lyonnais du cardinal de Bonald – 1875.

Voici comment se déroulait le chant du Venite populi le jour de Pâques selon l’ordinaire de Châlons :

Le chœur en chapes s’approche après la communion de l’évêque ou du prêtre. Le diacre et le sous-diacre sont devant l’autel, l’évêque étant séparé sur le côté droit de l’autel, avec la mitre et la crosse, et le chantre commence l’antienne Venite populi, que les autres continuent. Et lorsqu’on chante cette partie : Ipsum solum adoremus, on fléchit les genoux. L’antienne finie, les chanoines et les clercs des stalles hautes et les autres des stalles basses, qui doivent communier, reçoivent le baiser de paix de l’évêque. Puis l’évêque les communie, ayant déposé mitre et crosse, et les laïcs s’il y en a.

Voici comment se déroulait cette cérémonie le jour de Pâques selon le missel de l’Abbaye de Saint-Martin d’Anay à Lyon :

Ayant dit Agnus Dei, avant la réception de la communion, l’Abbé ou celui qui célèbre va au marchepied de l’autel, et là tous reçoivent de lui la paix. L’abbé, en embrassant les frères, dit à chacun : Pax tecum frater ; et l’autre lui répond : Et cum spiritu tuo. Le diacre et le sous-diacre reçoivent la paix en premier, puis les principaux en premier. Cela fait, on se retourne vers l’autel, & tous viennent alors autour de l’autel, & chantent d’une haute voix l’antienne Venite populi. Or lorsqu’on dit Ipsum solum adoremus, tous fléchissent les genoux, et pendant qu’on la chante, il y a deux grands encensoirs qui encensent l’autel. Ensuite tous ceux qui n’ont pas célébré viennent recevoir la communion.[7]

Dans les manuscrits, cette antienne porte divers titres : Ad Eucharistiam[8], Ad communicandum, et même Ad corpus Domini frangendum.

Très présente en France, elle se retrouve aussi en Italie du Nord, non loin de l’ère d’extension du rit ambrosien (Abbaye de Nonantola près de Modène, chapitre de Monza et cathédrale de Padoue) mais aussi à Bénévent (où l’influence grecque fut longtemps prépondérante), ou encore en Angleterre (tropaires de Winchester, de Cantorbéry), où elle a pu s’acclimater après l’invasion normande. Néanmoins l’origine première parait bien être de l’ancien rit des Gaules, d’où elle serait passée au rit ambrosien.

Musicalement parlant, plusieurs indices penchent pour cette origine : le mode de ré, très employé dans toutes les pièces qui nous sont parvenues de l’ancien rit des Gaules, le mélisme très orné de l’Alleluia final sur la voyelle e (détail typiquement gallican), et enfin l’emploi du pes stratus (ici sur le a initial d’alleluia), un neume composé d’un pes ayant un oriscus pour seconde note, qui ne se rencontre pas dans les formules grégoriennes.

Le Venite populi magnifiquement chanté par Marie-Claire Billecocq (Le Chant grégorien du soliste, Editions Studio S.M., 1982) :

——

Notes :    (↵ reviens au texte)

  1. Dom Edmond Martène, De Antiquis Ecclesiae Ritibus libri (Lib. I, cap. IV, art. X) – Saint Grégoire de Tours, Miracles de saint Martin, Livre II, chapitre XIII.
  2. Dom François Chazal, L’Abbaye de Pontlevoy, in Le Loir-et-Cher historique, archéologique, scientifique, artistique et littéraire, Blois, 1898, col. 299.
  3. Listés par le Chanoine Ulysse Chevalier, Repertorium hymnologicum n° 21307
  4. Le Pontifical de Poitiers du début du IXème est le plus ancien témoin manuscrit que nous ayons aujourd’hui de cette pièce.
  5. Rituel de Saint-Martin de Tours du XIIIème siècle.
  6. Avant que cette obligation fut réduite par le IVème Concile œcuménique de Latran en 1215 à la seule fête de Pâques par le célèbre canon 21 Utriusque sexus.
  7. Dom Edmond Martène, De Antiquis Ecclesiae Ritibus libri (Lib. IV, cap. XXV, art. XXVIII)
  8. Fournier, Paul (1853-1935), Un missel lyonnais du XIIIème siècle, Lyon 1901.

[Noveritis 2020] Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2020 le jour de l’Epiphanie

La publication de la date de Pâques dans le Pontificale Romanum.

Dans le rit romain, le jour de l’Epiphanie (dont la solennité est obligatoirement reportée en France au dimanche qui suit – sauf lorsque le 6 janvier tombe un dimanche), le diacre fait selon la tradition la publication de la date de Pâques après le chant de l’évangile.

RIT ROMAIN

En voici le chant pour 2020, réalisé par nos soins :

Noveritis Romanum 2020 : proclamation de la date de Pâques et des fêtes mobiles

En voici le texte & la traduction pour 2020 :

Novéritis, fratres caríssimi, quod annuénte Dei misericórdia, sicut de Nativitáte Dómini nostri Jesu Christi gavísi sumus, ita et de Resurrectióne ejúsdem Salvatóris nostri gáudium vobis annuntiámus.

Vous avez su, Frères très chers, par la miséricorde de Dieu qui nous a été annoncée, que nous avons été comblés par la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi de même nous vous annonçons la joie qui nous sera procurée par la Résurrection de notre même Sauveur.

Die nona Februárii erit Domínica in Septuagésima.

Le 9 février sera le dimanche de la Septuagésime.
Vigésima sexta ejúsdem dies Cínerum, et inítium jejúnii sacratíssimæ Quadragésimæ. Le 26 du même mois sera le jour des Cendres et le début du jeûne très sacré du Carême.
Duodécima Aprílis sanctum Pascha Dómini nostri Jesu Christi cum gáudio celebríbitis. Le 12 avril sera la sainte Pâque de Notre Seigneur Jésus-Christ, que vous célèbrerez avec joie.
Vigésima prima Máii erit Ascénsio Dómini nostri Jesu Christi. Le 21 mai sera l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Trigésima prima ejúsdem Festum Pentecóstes. Le 31 du même mois sera la fête de la Pentecôte.
Vndécima Júnii Festum sacratíssimi Córporis Christi. Le 11 juin sera la fête du Très Saint Corps du Christ.
Vigésima nona Novémbris Domínica prima Advéntus Dómini nostri Jesu Christi, cui est honor et glória, in sæcula sæculórum. Amen.

Le 29 novembre sera le premier dimanche de l’Avent de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est l’honneur et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

Livret PDF imprimable à l’attention du clergé.

RIT PARISIEN

Voici le chant de l’ancien usage de Paris, pour 2020 :

Noverit Parisiense 2020 - proclamation de la date de Pâques : 12 avril 2020

En voici le texte & la traduction pour 2020 :

Novérit cáritas vestra, fratres caríssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die duodécima mensis Aprílis Pascha Dómini celebrábimus.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 12 avril nous célèbrerons la Pâque de Seigneur.

 

RIT AMBROSIEN

Voici le chant pour le rit ambrosien, pour 2020 :

Noverit Ambrosianum 2020 - proclamation de la date de Pâques : 12 avril 2020

En voici le texte & la traduction pour 2020 :

Novérit cháritas vestra, fratres charíssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die duodécima, mensis Aprílis, Pascha Dómini cum gáudio celebrábimus. ℟. Deo grátias.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 12 avril, nous célèbrerons avec joie la Pâque de Seigneur. ℟. Rendons grâces à Dieu.

[Noveritis 2019] Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2019 le jour de l’Epiphanie

La publication de la date de Pâques dans le Pontificale Romanum.

Dans le rit romain, le jour de l’Epiphanie (dont la solennité est obligatoirement reportée en France au dimanche qui suit – sauf lorsque le 6 janvier tombe un dimanche, comme cette année), le diacre fait selon la tradition la publication de la date de Pâques après le chant de l’évangile.

RIT ROMAIN

En voici le chant pour 2019, réalisé par nos soins :

Noveritis Romanum 2019 : proclamation de la date de Pâques et des fêtes mobiles

En voici le texte & la traduction pour 2019 :

Novéritis, fratres caríssimi, quod annuénte Dei misericórdia, sicut de Nativitáte Dómini nostri Jesu Christi gavísi sumus, ita et de Resurrectióne ejúsdem Salvatóris nostri gáudium vobis annuntiámus.

Vous avez su, Frères très chers, par la miséricorde de Dieu qui nous a été annoncée, que nous avons été comblés par la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi de même nous vous annonçons la joie qui nous sera procurée par la Résurrection de notre même Sauveur.

Die décima séptima Februárii erit Domínica in Septuagésima.

Le 17 février sera le dimanche de la Septuagésime.
Sexta Mártii dies Cínerum, et inítium jejúnii sacratíssimæ Quadragésimæ. Le 6 mars sera le jour des Cendres et le début du jeûne très sacré du Carême.
Vigésima prima Aprílis sanctum Pascha Dómini nostri Jesu Christi cum gáudio celebríbitis. Le 21 avril sera la sainte Pâque de Notre Seigneur Jésus-Christ, que vous célèbrerez avec joie.
Trigésima Máii erit Ascénsio Dómini nostri Jesu Christi. Le 30 mai sera l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Nona Júnii Festum Pentecóstes. Le 9 juin sera la fête de la Pentecôte.
Vigésima ejúsdem Festum sacratíssimi Córporis Christi. Le 20 du même mois sera la fête du Très Saint Corps du Christ.
Prima Decémbris Domínica prima Advéntus Dómini nostri Jesu Christi, cui est honor et glória, in sæcula sæculórum. Amen.

Le 1er décembre sera le premier dimanche de l’Avent de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est l’honneur et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

Plus de détails sur la Publication de la date de Pâques à l’Epiphanie.

Livret PDF imprimable à l’attention du clergé.

RIT PARISIEN

Voici le chant de l’ancien usage de Paris, pour 2019 :

Noverit Parisiense 2019 - proclamation de la date de Pâques : 21 avril 2019

En voici le texte & la traduction pour 2019 :

Novérit cáritas vestra, fratres caríssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die vigésima prima mensis Aprílis Pascha Dómini celebrábimus.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 21 avril nous célèbrerons la Pâque de Seigneur.

 

RIT AMBROSIEN

Voici le chant pour le rit ambrosien, pour 2019 :

Noverit Ambrosianum 2019 - proclamation de la date de Pâques : 21 avril 2019

En voici le texte & la traduction pour 2019 :

Novérit cháritas vestra, fratres charíssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die vigésima prima, mensis Aprílis, Pascha Dómini cum gáudio celebrábimus. ℟. Deo grátias.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 21 avril, nous célèbrerons avec joie la Pâque de Seigneur. ℟. Rendons grâces à Dieu.

25 août 2018 : sainte messe en rit ambrosien traditionnel en l’église San Maurizio al Monastero Maggiore

San Maurizio al Monastero Maggiore, l'église des fidèles - messe en rit ambrosien traditionnel
San Maurizio al Monastero Maggiore, l’église des fidèles – messe en rit ambrosien traditionnel.
San Maurizio al Monastero Maggiore, l'église des moniales
San Maurizio al Monastero Maggiore, l’église des moniales.

L’église actuelle de San Maurizio al Monastero Maggiore date de 1503, elle présente une spectaculaire nef rectangulaire. C’est la plus belle des nefs du début du XVIème siècle subsistant en Lombardie pour l’harmonie des proportions et l’élégance de sa structure. Une grande cloison élevée jusqu’à la hauteur des voûtes sépare la partie avant accessible par les fidèles, de la partie arrière réservée aux moniales. L’édifice est composé de 10 travées, 6 pour la partie occupée par les moniales et 4 pour la partie des fidèles.

L’architecture des baies se composent de deux ordres de pilastres toscans superposés. L’ordre inférieur correspond aux contreforts latéraux soutenant les chapelles latérales ornées de fresques. L’élégant entablement sert de parapet continu à la loggia du deuxième étage, court au-dessus des chapelles de chaque côté de l’église ; les deux loges parallèles sont reliées par une galerie plus étroite installée dans le mur de façade.

Le maître-autel est situé dans la partie centrale de l’ordre inférieur entre deux pilastres de marbre.

San Maurizio al Monastero Maggiore, une chapelle latérale et la galerie la surmontant
San Maurizio, une chapelle latérale et la galerie la surmontant.

San Maurizio al Monastero Maggiore : la décoration intérieure

Sur les voûtes des 2 nefs, se déroule un décor ajouré gothique flamboyant, ressemblant à celui des ailes latérales et des chapelles latérales.

Même à première vue, il est clair qu’un certain nombre de peintres ont contribué à la décoration picturale de l’église. Bernardino Luini se démarque des autres artistes qui ont travaillé à San Maurizio : Antonio Campi, Callisto Piazza et Giavanni Antonio Boltraffio, mais aussi Simone Paterzano et ses propres fils Aurelio et Evangelista.

Malheureusement, il n’existe pas de documents d’archives sur le travail de Luini à San Maurizi. A ce jour, aucune trace de compte, de dépenses ou de paiement n’a été trouvée, mais l’art puissant de Bernardino Luini est clairement reconnaissable même sans aucune preuve documentaire.

San Maurizio al Monastero Maggiore : la cloison peinte par Bernardino Luini
La cloison peinte par Bernardino Luini.
San Maurizio al Monastero Maggiore : la cloison peinte par Bernardino Luini, le registre supérieur
La cloison peinte par Bernardino Luini, le registre supérieur.

Lorsque Bernardino Luini fut chargé de la décoration picturale de la cloison, il était déjà reconnu comme un peintre doué, extraordinaire, pour sa vision puissante, sa technique de fresque, il réputé pour son habileté à rendre des scènes animées. Son art est unique, exempt de toute influence des maîtres et des savants antérieurs, excepté Léonard de Vinci.

Ici, le talent formidable de Luini brille notamment sur la cloison face à la partie des fidèles. Bernardino a reçu la commande d’Alessandro Bentivoglio quand sa fille Bianca pris le voile au monastère sous le nom d’Alessandra. La meilleure façon d’admirer le l’œuvre de Bernardino Luini est certainement à partir des panneaux qui bordent le maître-autel où sont représentés justement les commanditaires Allessandro Bentivoglio et Ippolita Sforza son épouse.

San Maurizio al Monastero Maggiore : la lunette d’Allessandro Bentivoglio.
La lunette d’Allessandro Bentivoglio.

Derrière Allessandro Bentivoglio se tient debout saint Benoit, le saint patriarche du monachisme occidental. Luini a peint le saint comme un vieil homme vénérable à la barbe blanche, regardant fixement Bentivoglio. Saint Benoît tient dans sa main gauche la crosse de père abbé, les plis de son habit religieux sont visibles sous son manteau.

Saint Etienne et saint Jean-Baptiste encadrent Allessandro Bentivoglio.

Sous la lunette, dans le registre inférieur à gauche, fermée par deux volets sculptés en bois se trouve le lieu où la sainte Eucharistie était conservée. On peut avancer cette hypothèse, car le premier maître-autel n’avait pas de tabernacle. Autour de ce renfoncement, une structure architecturale délicate a été conçue et Luini a peint  joliment un petit ange ailé qui semble sortir de la niche, la tête tournée vers l’autel, deux bougies à la main. Surplombant cet ange, sainte Justine, et sainte Cécile, aux pieds de laquelle se trouvent des instruments de musique.

San Maurizio al Monastero Maggiore : la lunette d'Ippolita Sforza
La lunette d’Ippolita Sforza.

Ippolita Sforza est représentée dans la même attitude dévotion que son mari, sa main droite repliée sur sa poitrine et tenant dans sa main gauche un livre de prière. Trois saintes entourent Ippolita : sainte Scholastique en habit monastique avec une colombe reposant sur son épaule. Sainte Scholastique, sœur de saint Benoit, fut la première abbesse du couvent de moniales près de Montecassino. Sous les traits de l’abbesse, le peintre a représenté la jeune moniale Allessandra. S’ajoutent sainte Catherine d’Alexandrie et sainte Agnès dans des attitudes pleines de grâce.

San Maurizio al Monastero Maggiore : l’ouverture permettant aux moniales de recevoir la sainte communion
L’ouverture permettant aux moniales de recevoir la sainte communion.

Le compartiment droit porte la même structure architecturale fictive que celui de gauche. La conception est partiellement modifiée en raison de la position basse de la petite fenêtre à volets  À travers cette fenêtre les moniales recevaient la sainte communion tout en restant en clôture. Sainte Appoline et Sainte Lucie l’entourent.

Sur le registre supérieur de part et d’autre de l’Assomption de la main de Bernardino Ferrari, Le martyre de saint Maurice à gauche et celui de saint Sigismond, roi de Hongrie à droite sont de la main de Bernardino Luini.

La sainte messe en rit ambrosien traditionnel

San Maurizio al Monastero Maggiore - La Schola Sainte Cécile à l'issue de la messe
La Schola Sainte Cécile à l’issue de la messe.

Nous avons chanté la sainte messe en rit ambrosien depuis les galeries supérieures qui courent sur les trois côtés de la nef des fidèles.

Vous pouvez télécharger l’ordinaire de la messe ambrosienne avec une traduction française que nous avons utilisée.

Le 25 août, le rit ambrosien fête le martyr saint Genesius. Le lendemain, dimanche 26 août, était le XIVème dimanche après la Pentecôte dans le rit milanais traditionnel. Vous trouverez sur notre site le plain-chant ambrosien de ces deux messes.

San Maurizio al Monastero Maggiore : messe en rit ambrosien (ou milanais) traditionnel
Messe en rit ambrosien (ou milanais) traditionnel célébrée au maître-autel du Monastère Majeur.
San Maurizio al Monastero Maggiore : messe ambrosienne traditionnelle : élévation du Corps du Seigneur
Messe ambrosienne traditionnelle : élévation du Corps du Seigneur.
San Maurizio al Monastero Maggiore : messe ambrosienne traditionnelle : élévation du Sang du Seigneur
Messe ambrosienne traditionnelle : élévation du Sang du Seigneur.
San Maurizio al Monastero Maggiore : messe ambrosienne traditionnelle : avant la communion
Messe ambrosienne traditionnelle : avant la communion.
L'orgue commandé en 1554 à Gian Giacomo Antegnati est le plus ancien conservé de nos jours à Milan
L’orgue commandé en 1554 à Gian Giacomo Antegnati est le plus ancien conservé de nos jours à Milan.
L’orgue commandé en 1554 à Gian Giacomo Antegnati. Il est situé dans la nef des moniales
L’orgue commandé en 1554 à Gian Giacomo Antegnati. Il est situé dans la nef des moniales.
Vue de la nef des moniales, avec l'orgue
Vue de la nef des moniales, avec l’orgue Antegnati.
L'église des moniales
San Maurizio, Milan. Autre vue de l’église des moniales.
Les nervures gothiques de la voute
Les nervures gothiques de la voute.

Une brève présentation des rits ambrosien et eusébien

La liturgie propre de l’Eglise de Milan : saint Ambroise à l’origine du rit ambrosien

Extension actuelle du rit ambrosienLe rit ambrosien – autrement appelée rit milanais – est celle propre de l’Eglise de Milan et de certaines Eglises qui gravitent dans son orbite proche. Ce rit occidental particulier est actuellement pratiqué par environ cinq millions de fidèles qui vivent dans le diocèse de Milan (à l’exception de quelques parties de ce diocèse qui suivent depuis longtemps le rit romain, la plus notable étant la ville de Monza) ainsi que dans certaines parties des diocèses voisins de Côme, Bergame, Novare, Lodi, et du diocèse de Lugano en Suisse. Au Moyen-Age, le rit dut avoir une extension un peu plus large, et on note même qu’il y eut des tentatives pour le faire adopter à Prague et à Augsbourg !

Le qualificatif d’ambrosien signifie évidemment que l’origine et le patronage de ce rit remonte à saint Ambroise (†397), le grand évêque de Milan au IVème siècle. Il est certain que ce saint, l’un des quatre grands docteurs de l’Eglise latine d’Occident, a organisé en effet la liturgie de son Eglise. Au témoignage de saint Augustin (Confessions IX, 7) et de Paulin, diacre & secrétaire de saint Ambroise, nous savons que le saint évêque introduisit dans son Eglise la psalmodie antiphonée à l’instar de ce qui se pratiquait en Orient dans le ressort du patriarcat d’Antioche : deux chœurs chantent les psaumes en dialoguant en alternance verset par verset. Saint Ambroise était alors en affrontement ouvert avec l’impératrice Justine qui voulait prendre l’une des basilique de Milan afin de la donner aux hérétiques ariens, et notre saint évêque eut l’idée de faire occuper pacifiquement cette église par le peuple de Milan, en organisant des offices chantés nuit et jour, jusqu’à ce que le danger soit passé. Jusqu’alors, l’Occident latin ne connaissait pour le chant des psaumes que les deux formes archaïques, directanée (les versets sont tous chantés d’un trait à la suite sans principe d’alternance) et responsoriale (un chantre chante seul des versets auxquels tous répondent par un refrain, le répons). A l’occasion de l’instauration de ces offices nuit et jour, saint Ambroise composa également des hymnes qu’il fit chanter à son peuple, là encore sur le modèle de ce qui se pratiquait en Orient, et ce fut là aussi une innovation majeure dans l’histoire de toute la liturgie occidentale. Plusieurs de ces hymnes composées par saint Ambroise – toutes en strophes de quatre octosyllabes, rythmées en dimètres iambiques acatalectiques, rythme simple et vif aisé à mémoriser – ont été reçues ultérieurement dans la liturgie romaine et nous les chantons toujours aujourd’hui : par exemple, Æterne rerum Conditor, citée par saint Augustin et utilisée par le rit romain aux laudes du dimanche, elle figure au début de l’office nocturne dans le bréviaire ambrosien :

Ætérne rerum Conditor,
Noctem diémque qui regis,
Et témporum das témpora
Ut álleves fastídium.

Saint Ambroise de Milan - gravure d'un missel du XVIIIème siècleOn pourra s’étonner de ce que saint Ambroise – qui semble n’être jamais allé en Orient – innove pour la liturgie de son Eglise en reprenant ce qui se pratiquait à Antioche ou plus largement dans l’Orient. On remarquera aussi que globalement il existe de nombreux points de contacts entre la liturgie ambrosienne et les liturgies orientales, antiochienne et byzantine. Il n’est pas impossible qu’il faille aussi déceler l’influence du prédécesseur de saint Ambroise, Auxence de Milan, hérétique arien imposé par le pouvoir impérial, un Cappadocien ordonné prêtre par son compatriote Grégoire de Cappadoce, archevêque arien d’Alexandrie, mais ce point demeurera toujours mystérieux.

Dans deux traités célèbres, De Mysteriis et De Sacramentis, saint Ambroise explique aux catéchumènes les sacrements de l’initiation chrétienne : baptême, chrismation et eucharistie, et donne incidemment des détails sur la façon dont ces sacrements étaient administrés à Milan. Le rit ambrosien actuel conserve de nombreux traits décrits par ces ouvrages. Plus particulièrement, un passage du IVème livre du De Sacramentis nous livre le texte le plus ancien connu du canon de la messe. Ce canon – dont la parenté avec la liturgie égyptienne est sans doute à relier à la prédication de l’évangéliste Marc à Aquilée puis à Alexandrie, fut adopté très tôt par les Eglises d’Italie et deviendra par la suite notre fameux « canon romain » dont Milan utilise toujours une version propre néanmoins très proche de celle en usage à Rome. On pourra glaner aussi dans d’autres œuvres de saint Ambroise, en particulier dans sa correspondance, de nombreux détails relatifs à la liturgie ou plus largement à la discipline ecclésiastique, comme les ordinations, la consécration des vierges (cérémonie d’une grande ampleur), les prières pour les morts, la dédicace des églises.

Les successeurs de saint Ambroise continuèrent son œuvre, en particulier saint Simplicien, son successeur immédiat et saint Lazare (438 † 451) qui plaça les trois jours des rogations après l’Ascension (avant donc leur adoption en Gaule par saint Mamert en 474).

Néanmoins, à part ces éléments épars tirés principalement de la vie de saint Ambroise, aucun document majeur sur le rit ambrosien n’apparait avant le IXème siècle, voyons maintenant pourquoi.

La lutte pour la préservation du rit ambrosien

Charlemagne qui avait continué la politique de son père Pépin le Bref et avait éradiqué l’antique liturgie des Gaules de ses états au profit du rit de l’Eglise de Rome, voulu faire de même pour le rit milanais. Aux dires d’un chroniqueur du XIème siècle, Landulphe, la lutte pour la suppression du rit ambrosien fut rude, mais le peuple de Milan résista tant et si bien qu’on décida d’une ordalie : on plaça deux livres, l’un romain, l’autre ambrosien, sur l’autel de saint Pierre à Rome, et l’on décida que celui qui serait trouvé ouvert au bout de trois jours gagnerait. Mais tous deux s’ouvrirent & grâce à ce prodige, l’ambrosien mérita de continuer de vivre. Cependant, tous les livres ambrosiens avaient déjà été détruits, mais des clercs de Milan rédigèrent alors de mémoire un manuel complet de leur liturgie. Quoiqu’on puisse dire de l’exactitude historique de ces faits rapportés par Landulphe, on peut toutefois constater qu’en effet, contrairement au rit romain, pas le moindre document que nous possédions sur le rit ambrosien n’est antérieur au règne de Charlemagne, et que de ce fait, il est assez délicat de retracer son histoire ancienne et de comprendre les étapes de son développement.

Breviarium Ambrosianum : bréviaire ambrosien , édition de 1764 qui suit l'édition de saint Charles BorroméeLa lutte ne fut pas gagnée pour autant : le pape Nicolas II, qui avait tenté en 1060 d’abolir le rit mozarabe, tenta de faire de même avec l’ambrosien, secondé dans cette triste tâche par saint Pierre Damien mais le rit fut sauvé par son successeur le pape Alexandre II. Le pape saint Grégoire VII (1073 † 1085) réitéra la tentative de suppression mais en vain. Branda de Castiglione († 1443), cardinal et légat du pape en Lombardie, échoua encore dans la romanisation du Milanais. La pérennité du rit ne sera finalement définitivement acquise que grâce au travail acharné de saint Charles Borromée († 1584), le grand archevêque de Milan, héros de la contre-réforme catholique, qui s’intéressa beaucoup à la mise en forme du rit de son diocèse : on pourra comparer son travail à celui qu’accomplissait simultanément saint Pie V pour le rit romain, en établissant des standards d’édition.

La messe ambrosienne et ses principales caractéristiques

Messe ambrosienne au Panthéon
Messe ambrosienne au Panthéon célébrée par Mgr Amodeo en 2010 pour le 25ème anniversaire du rétablissement de la liturgie ambrosienne traditionnelle.

Disons-le tout de suite, la liturgie de la messe ambrosienne a conservé de nombreux traits d’archaïsmes et témoigne souvent de la pratique des Eglises italiques au IVème siècle. Du reste, son étude permet d’entrevoir ce que pouvait être le rit romain avant l’époque de saint Grégoire le Grand (VIème siècle).

Comme dans toutes les Eglises de l’ancien espace carolingien, la messe commence par des prières au bas de l’autel qui permettent au célébrant & à ses assistants de se mettre dans les dispositions nécessaires pour la célébration des saints mystères. Plus courtes qu’au rit romain, ces prières comportent principalement la confession des péchés.

La messe des catéchumènes commence par le chant d’une antienne appelée ingressa qui correspond à l’introït romain. Mais cette antienne est chantée seule, sans psaume ni Gloria Patri (l’ajout d’un psaume à l’introït pour tenir le temps des longues processions du clergé romain autour du Pape paraît être une innovation du pape saint Célestin Ier († 432), nous n’en conservons que le premier verset, mais tout le psaume était chanté). Notons que cette antienne correspond à l’antienne de la Petite Entrée byzantine, importée du rit syrien d’Antioche.

Le célébrant salue le peuple par un Dominus vobiscum (ils sont très nombreux dans le rit ambrosien) puis on chante le Gloria in excelsis Deo, lequel est suivi d’un premier (il y en aura de nombreux autres) triple Kyrie eleison (sans Christe eleison, particularité romaine inconnue ailleurs). Suit alors une première oraison, l’Oratio super populum, qui correspond à la collecte romaine (de nombreux textes de cette oraison sont du reste communs aux deux rits).

La messe comprend alors trois lectures – une prophétie, une épître et un évangile, ce qui est attesté par les écrits de saint Ambroise et correspond à l’antique pratique des Gaules et de l’Espagne (Rome suit Byzance en ne gardant que deux lectures). Notons qu’aux fêtes des saints, la prophétie peut être une leçon racontant la vie du saint. La prophétie est suivie d‘un psalmellus, pièce de bravoure pour les chantres, qui correspond par sa structure responsoriale au graduel romain, au prokimenon byzantin, au mesbak éthiopien, etc. Un « Halleluia » (pour respecter la graphie des livres ambrosiens) avec un verset est chanté avant l’évangile, son chant, surtout à la reprise finale, donne lieu à des développements parfois extraordinaires, avec des mélismes bien plus longs que les alléluias grégoriens & qui évoquent bien le jubilus, cette jubilation décrite par saint Augustin.

Messe pontificale du cardinal Schuster au Dôme de Milan. Les chanoines de la cathédrale de Milan sont mitrés.
Messe pontificale du cardinal Schuster au Dôme de Milan. Les chanoines de la cathédrale de Milan sont mitrés.

Après l’évangile commence la messe des fidèles, par un Dominus vobiscum suivi du triple Kyrie eleison. Le chœur chante alors une antienne nommée post evangelium mais qui correspond à la première pièce d’offertoire, tandis que le pain & le vin sont apportés au célébrant (initialement par dix vieillards et dix vieilles femmes nourris aux frais de l’église). Cette antienne répond à la grande entrée de la liturgie byzantine (notons que le Jeudi Saint, l’antienne post evangelium du jour est justement le fameux Cœnæ tuæ, qui est aussi la grande entrée de ce jour dans le rit byzantin).

Le diacre chante ensuite : Pacem habete, auquel le peuple répond : Ad te, Domine. Ici avait lieu originellement le baiser de paix, comme dans toutes les liturgies chrétiennes, à l’exception notable de la romaine et de l’africaine, qui placent ce baiser de paix après le canon et avant la communion. Le prêtre dit ensuite une seconde oraison, super sindonem, « sur le suaire » (le grand corporal qui recouvrait les oblats et figurait le suaire de l’ensevelissement du corps du Christ). Cette oraison, qui existait dans l’ancien rit des Gaules, correspond au l’oraison du voile des liturgies orientales d’Alexandrie, d’Antioche ou de Jérusalem.

Le chœur chante alors l’offertorium du jour, dont la forme est proche de la pièce correspondante de la liturgie romaine. Pendant ce chant, le célébrant présente l’oblation du pain et du vin, en disant à voix basse des prières d’offertoire typiques des Eglises de l’ancien espace carolingien et proches de celles employées par le rit romain. Il encense les oblats également, le rit romain le fait au même endroit (mais les rotations à 360° de l’encensoir qui a gardé sa forme antique, sans couvercle, sont très spectaculaires).

Messe solennelle en rit ambrosien : oraison sur les oblats et préface. Notez la position du diacre et du sous-diacre aux cardes (coins) de l'autel.
Messe solennelle en rit ambrosien : oraison sur les oblats et préface. Notez la position du diacre et du sous-diacre aux cardes (coins) de l’autel.

L’offertoire achevé, le célébrant salut par un Dominus vobiscum le peuple puis l’on chante le symbole de Nicée-Constantinople. La place du Symbole correspond à celle dans les rits orientaux, juste avant l’anaphore eucharistique. Le rit romain a – un peu maladroitement – anticipé le Credo avant l’offertoire, avant donc le (théorique) renvoi des catéchumènes, ce qui trahit son introduction relativement tardive dans cette liturgie (i.e. le XIème siècle, il n’y avait plus de catéchumènes à cette époque). Le Credo milanais diffère du romain par une légère variante textuelle : ascendit ad cœlos au lieu d’ascendit in cœlum. Après le Credo, le célébrant dit une troisième oraison, super oblata, qui correspond à la secrète romaine et s’enchaîne de même avec le dialogue de la préface (identique à Rome) et au début du canon. Contrairement à la sobriété du rit romain depuis saint Grégoire le Grand, la préface change à quasiment toutes les messes, comme dans les rits gallican et mozarabe. Le canon en revanche est plutôt fixe et ressemble fort au canon romain, avec quelques variantes de détails. Comme nous l’avons indiqué plus haut, les canons romain et ambrosien sont certainement deux formes du canon répandu en Italie au IVème siècle, probablement à partir d’Aquilée.

Le canon terminé, le célébrant procède à la fraction du Corps du Seigneur, pendant que le chœur chante une antienne appelée confractorium (le texte de ces antiennes se retrouve souvent dans celui des antiennes de communion romaines, dont l’introduction est un peu tardive à Rome : VIème siècle). Suit ensuite le chant du Pater. On sait qu’à Rome c’est le pape saint Grégoire le Grand qui déplaça le Pater et le mit en conclusion du canon, avant la fraction, à l’imitation de Constantinople. Il est probable que suite à cette réorganisation, les anciennes antiennes qui accompagnaient la fraction du pain à Rome ont été recyclées en antienne pour accompagner la communion des fidèles.

A l’imitation de Rome, le rit milanais a aussi introduit un second baiser de paix à cet endroit, faisant doublon avec celui au début de l’offertoire. Pendant que la paix se transmet, le chœur peut chanter une antienne pour la paix (« Pax in cœlo, pax in terra, pax in omni populo, pax Sacerdotibus Ecclesiarum Dei. »), non absolument prescrite, mais qui a son pendant dans l’antiphona ad pacem de l’ancien rit des Gaules et l’Agnus Dei romain.

Messe solennelle en rit ambrosienLe chœur accompagne le déplacement des fidèles pour la communion par une pièce assez curieuse et souvent très originale appelée Transitorium, et dont le style différe beaucoup de ce que l’on peut trouver dans le rit romain à cet endroit, tant par les textes que par la musique. Une dernière oraison, post communionem, est chantée par le célébrant. Après trois Kyrie eleison, le renvoi est fait, il n’utilise pas l’Ite missa est mais enchaîne les réponses suivantes : ℣. Procedamus in pace ℟. In nomine Christi. ℣. Benedicamus Domino. ℟. Deo gratias. Notons que Benedicamus Domino doit être une formule plus ancienne que Ite missa est : le rit ambrosien ne connait que lui et il est employé à l’office romain ainsi qu’aux messes romaines de pénitence (Avent, Carême) qui conservent en général des éléments plus anciens.

A l’instar de la messe romaine, on a ajouté après le renvoi une bénédiction trinitaire des fidèles par le célébrant ainsi que le dernier évangile, qui est comme à Rome le commencement de l’Evangile selon Jean.

L’année liturgique ambrosienne

Messe de requiem pour Mgr Amodeo - Abbaye de Meda, 10 novembre 2012.
Messe de requiem pour Mgr Amodeo – Abbaye de Meda, 10 novembre 2012.

Nous décrirons plus brièvement celle-ci. L’année liturgique, comme en Gaule ou en Espagne, commence par la fête de saint Martin le 11 novembre : l’Avent ambrosien comprend en effet six dimanches (contre quatre à Rome) et peut commencer au plus tôt le 12 novembre.

Précédé de la Septuagésime, le Carême commence au lundi qui suit le premier dimanche, In capite Quadragesimæ (comme c’était aussi le cas à Rome avant saint Grégoire le Grand qui l’anticipa au Mercredi des Cendres). Les dimanches suivants sont désignés par l’évangile qui y est lu : de la Samaritaine, d’Abraham, de l’Aveugle-Né, de Lazare, puis viennent les Rameaux. La Semaine Sainte est radicalement différente dans son organisation de celle pratiquée à Rome. On ne jeûne pas les samedi, contrairement à Rome et conformément à l’Orient.

Les dimanches après la Pentecôte sont au nombre de quinze, puis viennent cinq dimanches « après la décollation » (de saint Jean-Baptiste) et deux dimanches d’octobre. Le troisième dimanche d’octobre célèbre la dédicace de la cathédrale, puis est suivi de trois dimanches « post Dedicationem ». Les pièces de chant du propre de tous ces dimanches sont choisis dans un répertoire commun (« Commune dominicale ») et peuvent servir plusieurs fois.

Le sanctoral comporte évidemment de nombreux saints milanais, mais également beaucoup de martyrs romains des premiers siècles dont plusieurs ne sont plus célébrés par le rit romain (tel saint Genès, martyr romain, dont nous chanterons la fête le 25 août prochain).

L’office divin ambrosien

Vêpres ambrosiennes à Saint-André du Quirinal - 1er mai 2010.
Vêpres ambrosiennes à Saint-André du Quirinal – 1er mai 2010.

Finissons par un rapide mot sur l’office divin.

La structure la plus originale est celle de l’office de nuit, comportant trois nocturnes unis à un office du matin, qui a été formellement séparé en deux parties distinctes – sous les appellations plus modernes de matines et laudes – par saint Charles Borromée. Les vigiles nocturnes du samedi et du dimanche ont des structures propres et comportent beaucoup de cantiques de l’Ancien Testament, à l’instar de l’office palestinien ou de celui décrit par la règle de saint Benoît. L’office nocturne du samedi emploie le psaume 118, comme l’office byzantin. Les psaumes des autres jours de la semaine, du lundi au vendredi, sont répartis sur un cycle de deux semaines. Le Benedictus démarre les laudes, dont la psalmodie se finit, comme dans toute liturgie chrétienne, par le chant quotidien des psaumes 148, 149, 150 auxquels Milan ajoute le psaume 116.

Les autres heures (prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies) sont proches de la pratique romaine, qui devait être commune à l’Italie (la règle de saint Benoît se présente du reste comme un aménagement de cette pratique commune avec quelques simplifications – comme la réductions des vêpres à quatre psaumes – pour faciliter le travail des moines) : le psaume 118 est – comme à Rome – chanté tous les jours, réparti sur les petites heures, les vêpres s’ouvrent par un répons du lucernaire puis comportent les cinq psaumes comme à Rome (les vêpres des fêtes ont une structure beaucoup plus complexe et originale, avec le retour régulier des psaumes 132, 133 & 116). A la fin des laudes et des vêpres, le chant de versets psalmiques choisis sont à rapprocher des apostiches byzantins (dont l’origine provient de la liturgie du Saint-Sépulchre à Jérusalem). Les complies comportent tous les jours six psaumes (4, 30, 90, 132, 133, 116), un peu à la manière des grandes complies byzantines.

La version latine des textes bibliques employés par le rit milanais ne suivent pas la Vulgate ordinaire de saint Jérôme ni son psautier dit gallican.

Le plain-chant ambrosien

Ce panorama très rapidement brossé des richesses et particularités du rit ambrosien serait incomplet sans aussi évoquer le chant ambrosien – à la saveur si étrange et si particulière. Contentons-nous de noter que ce chant est très clairement plus archaïque dans ses constructions modales que le chant grégorien et qu’il présente en revanche des points de ressemblance nombreux avec le chant dit vieux-romain. Le chant grégorien résulte en effet d’une réforme postérieure, avec une volonté de simplification et de systématisation, alors que les chants ambrosien et vieux-romain ont manifestement préservé un état plus archaïque de l’antique cantilène des Eglises d’Italie.

Antiphonaire ambrosien du XIVème siècle. Houghton Library, Harvard University, Cambridge.
Antiphonaire ambrosien du XIVème siècle. Houghton Library, Harvard University, Cambridge. Vêpres de saint Maurice et de ses compagnons : lucernaire et antienne de Magnificat.

Un rit voisin, le rit eusébien

Reliquaire de saint Eusèbe dans la cathédrale de Verceil.
Reliquaire de saint Eusèbe dans la cathédrale de Verceil.

Grand ami de saint Ambroise et comme lui champion de la lutte contre les horreurs de l’hérésie arienne, saint Eusèbe de Verceil fut évêque de cette cité d’Italie du Nord jusqu’à sa mort en 371. Ce diocèse comprenait alors tout l’arc cisalpin et était suffragant de l’archevêque de Milan. Contrairement à Milan, Verceil semble n’avoir pu maintenir son rit propre originel et Charlemagne paraît avoir réussi à lui imposer la liturgie romaine, là où il avait échoué avec la liturgie milanaise. Comme dans tous les autres diocèses de l’Empire carolingien, la liturgie romaine se développa par la suite de façon autonome, de sorte qu’on pouvait parler d’une liturgie romaine à l’usage de Verceil (comme étaient de fait tous les usages particuliers de l’espace carolingien, tels le rit lyonnais, le rit parisien, le rit de Nidaros, celui de Sarum, etc, etc.).

Cette liturgie médiévale de Verceil fut surnommée « rit eusébien » à l’imitation du rit ambrosien voisin. Elle nous est connue par les archives exceptionnelles du chapitre de la cathédrale de Verceil, d’une grande richesse en manuscrits de premier plan. Si elle est foncièrement romaine par sa structure, la liturgie de Verceil comportait aussi de nombreux emprunts au rit ambrosien voisin et gardait de très nombreux traits propres, qui soit témoignaient d’un état archaïque du rit romain, soit étaient totalement originaux et pouvaient remonter avant la romanisation carolingienne (telle la fameuse antienne orientale Sub tuum præsidium, dont le texte eusébien est une version latine différente des traductions romaine comme milanaise). Feu M. l’Abbé Quoëx († 2007) avait bien compris le grand intérêt de l’étude des livres liturgiques de Verceil pour comprendre l’histoire de la liturgie romaine, il en avait fait le recensement, la classification et l’étude pour l’Ecole Pratique des Hautes Etudes mais la mort n’a pu faire aboutir ce projet.

Constantin brûle les livres ariens après le Concile de Nicée. Verceil, Bibliothèque capitulaire, MS CLXV (c. 825).
Constantin brûle les livres ariens après le Concile de Nicée. Verceil, Bibliothèque capitulaire, MS CLXV (c. 825).

N’ayant eu le temps que d’imprimer son bréviaire en 1504, Verceil vit son rit propre supprimé en 1575 : d’une part, la Savoie, qui venait de conquérir ce territoire, voulait unifier les sujets de ses états par la pratique commune du seul rit romain selon les livres tridentins, d’autres part, comme tant de diocèses à cette époque, la raison économique fut la plus forte : les frais d’édition et d’impression de tous les livres liturgiques propres étaient fabuleusement élevés pour un diocèse, les imprimeurs étant confrontés à un débouché commercial faible sur un marché diocésain forcément restreint, alors que les livres romains se répandaient vites et n’étaient pas chers. Le rit disparut donc, mais certains éléments se sont conservés longtemps par tradition populaire pour la fête de saint Eusèbe.

Nous chanterons néanmoins le 21 août prochain un office de vêpres dans l’octave de l’Assomption selon les anciens usages de Verceil, le chant ayant été reconstitué sur les fameux manuscrits médiévaux du chapitre. Nous utiliserons aussi pour ces vêpres des polyphonies composées par un maître de chapelle de la cathédrale de Verceil au XVIème siècle, Orazio Colombani.

Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2018

La publication de la date de Pâques dans le Pontificale Romanum.

Dans le rit romain, le jour de l’Epiphanie (dont la solennité est obligatoirement reportée en France au dimanche qui suit – soit le dimanche 7 janvier cette année), le diacre fait selon la tradition la publication de la date de Pâques après le chant de l’évangile.

RIT ROMAIN

En voici le chant pour 2018, réalisé par nos soins :

En voici le texte & la traduction pour 2018 :

Novéritis, fratres caríssimi, quod annuénte Dei misericórdia, sicut de Nativitáte Dómini nostri Jesu Christi gavísi sumus, ita et de Resurrectióne ejúsdem Salvatóris nostri gáudium vobis annuntiámus.

Vous avez su, Frères très chers, par la miséricorde de Dieu qui nous a été annoncée, que nous avons été comblés par la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi de même nous vous annonçons la joie qui nous sera procurée par la Résurrection de notre même Sauveur.

Die vigésima octáva Januárii erit Domínica in Septuagésima.

Le 28 janvier sera le dimanche de la Septuagésime.
Décima quarta Februárii dies Cínerum, et inítium jejúnii sacratíssimæ Quadragésimæ. Le 14 février sera le jour des Cendres et le début du jeûne très sacré du Carême.
Prima Aprílis sanctum Pascha Dómini nostri Jesu Christi cum gáudio celebríbitis. Le 1er avril sera la sainte Pâque de Notre Seigneur Jésus-Christ, que vous célèbrerez avec joie.
Décima Máii erit Ascénsio Dómini nostri Jesu Christi. Le 10 mai sera l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vigésima ejúsdem Festum Pentecóstes. Le 20 du même mois sera la fête de la Pentecôte.
Trigésima prima ejúsdem Festum sacratíssimi Córporis Christi. Le 31 du même mois sera la fête du Très Saint Corps du Christ.
Secúnda Decémbris Domínica prima Advéntus Dómini nostri Jesu Christi, cui est honor et glória, in sæcula sæculórum. Amen.

Le 2 décembre sera le premier dimanche de l’Avent de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est l’honneur et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

Plus de détails sur la Publication de la date de Pâques à l’Epiphanie.

Livret PDF imprimable à l’attention du clergé.

RIT PARISIEN

Voici le chant de l’ancien usage de Paris, pour 2018 :

Noverit Parisiense 2018

En voici le texte & la traduction pour 2018 :

Novérit cáritas vestra, fratres caríssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die prima mensis Aprílis Pascha Dómini celebrábimus.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 1er avril nous célèbrerons la Pâque de Seigneur.

RIT AMBROSIEN

Voici le chant pour le rit ambrosien, pour 2018 :

Noverit Ambrosianum 2018

En voici le texte & la traduction pour 2018 :

Novérit cháritas vestra, fratres charíssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die prima, mensis Aprílis, Pascha Dómini cum gáudio celebrábimus. ℟. Deo grátias.

Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 1er avril, nous célèbrerons avec joie la Pâque de Seigneur. ℟. Rendons grâces à Dieu.