Office des chantres à Rouen à la messe

Voici une très intéressante description liturgique sur les fonctions du chœur à la messe. Elle m’a été envoyée par Philippe G**, éminent liturgiste & néanmoins ami 😉 mais je n’ai pas les références de l’ouvrage d’où il avait tiré ce chapitre (manifestement un cérémonial de Rouen du XIXème siècle).

Ils témoignent d’un sens liturgique du chantre & du chœur (comme acteurs de la divine liturgie) bien révolu hélas dans nos messes d’aujourd’hui.

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Chapitre XVI – Des cérémonies du chœur à la messe solennelle.

Le choeur est dirigé par le Chantre, ou par deux clercs en chapes, des stalles hautes ou basses suivant la qualité de l’office.
1. Aux fêtes doubles et au dessus, il est dirigé par le Chantre, qui entonne au Célébrant l’hymne Gloria in excelsis, voir ci-dessus chapitre IV.
2. Aux semi-doubles et dimanches le choeur est dirigé par deux clercs des stalles basses, ce qui est également observé aux vigiles de la Nativité, de l’Epiphanie, de l’Ascension de Notre Seigneur, de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie et de la Toussaint, aux vigiles pendant les octaves et au Jeudi Saint.
3. Aux simples et féries il est dirigé par un clerc des stalles basses.

Le Chantre ou les chefs de choeur entonnent l’introà¯t avec son psaume, le Gloria Patri, Kyrie, la séquence, l’offertoire, le Sanctus, l’Agnus et la communion. Ils entonnent également et in terra et Patrem, le Gloria in excelsis et le Credo ayant été entonnés par le célébrant. Si l’on touche l’orgue, ils entonnent seulement l’introà¯t comme ci-dessus, le Patrem et la communion.

Ils déambulent dans le choeur la tête couverte lorsqu’on chante le Kyrie (peu après que le célébrant soit monté à l’autel), le Gloria in excelsis, la séquence, le Credo, l’offertoire, le Sanctus et l’Agnus sauf s’ils doivent s’agenouiller avec le choeur ou être encensés.

1. Ils sont debout au milieu du choeur lorsqu’ils entonnent l’introà¯t, le Kyrie etc. (voir ci-dessus), lorsque le célébrant entonne le Gloria in excelsis et le Credo, lorsque l’évangile est chanté à l’ambon et qu’il est encensé.
2. Ils sont debout au haut du choeur aux oraisons, à l’évangile (s’il est chanté près de l’autel), de la fin de l’offertoire jusqu’à la fin de la préface, et de la fin du chant du Sanctus jusqu’à l’Agnus Dei (sauf quand on doit s’agenouiller).

Ils sont assis, la tête couverte, sur des tabourets situés au milieu de la partie basse du choeur lorsqu’on chante épître et graduel, verset de l’alleluia et trait, à moins que l’on ne doive être debout ou agenouillé comme il est dit ci-dessous ou qu’ils ne chantent eux-mêmes l’alleluia et son verset ou le trait.

Le graduel et son verset sont chantés à l’ambon ou au choeur si l’épître a été chantée là , comme il est dit ci-dessus au chapitre vi num. 5.
1. Aux fêtes doubles et au-dessus ils sont chantés par deux des stalles basses, en chapes, qui ne s’en retournent qu’à la fin du chant de l’Alleluia. Les autres jours, ils sont chantés sans chapes (sauf le Jeudi Saint où les maîtres de choeur les chantent de l’ambon).
2. Aux semi-doubles et dimanche, aux vigiles pendant les octaves, aux vigiles de la Nativité, de l’Epiphanie, de l’Assomption de Notre-Dame et de Toussaint, par deux acolytes ou enfants de choeur.
3. Aux simples et féries, par un acolyte ou un enfant de choeur.
4. A l’Eglise Métropolitaine, au premier dimanche de l’Avent, au dimanche de la Septuagésime et à celui des Rameaux, le graduel est chanté à l’ambon par deux premiers chapelains du choeur en aube.

L’Alleluia, avec son verset est chanté au pupitre, ou au choeur si l’on y a chanté l’épître ainsi qu’on l’a dit au chapitre vi, num. 5. On le chante en chape à tous les offices sauf aux simples et aux féries.
1. Aux fêtes triples, par quatre des stalles hautes qui restent après au choeur avec le chantre et déambulent avec lui de chaque côté du choeur, de telle façon que lorsque les deux premiers se dirigent vers la partie haute du choeur, les deux autres vont vers la partie basse et vice-versa. La communion entonnée, ils quittent le choeur deux par deux suivis du chantre.
2. Aux doubles et aux dimanches situés dans l’octave des fêtes du Seigneur, il est chanté par deux des stalles hautes, qui restent dans le choeur avec le Chantre, comme il est dit pour l’office triple; aux semi-doubles et dimanches, ils restent au choeur jusqu’à la fin de l’Evangile.
3. Dans les octaves semi-doubles, et aux vigiles de l’Epiphanie et de l’Ascension du Seigneur, il est chanté au choeur par les maîtres de choeur; le Samedi Saint et à la Vigile de la Pentecôte, il est chanté par les mêmes au lutrin.
4. Le samedi des Quatre-Temps de la Pentecôte, l’Alleluia et les versets qui le suivent après les leçons sont chantés par un enfant au milieu du choeur : après la cinquième leçon, il est chanté par deux du second rang en chapes.
5. Au temps pascal, le premier Alleluia et son verset sont chantés par les mêmes qui chantent le graduel en dehors du temps pascal.

Le Trait est chanté devant l’Autel en chapes, par ceux cités ci-dessus pour l’Alleluia ; sauf aux simples et aux féries où chaque verset est chanté alternativement par chaque acolyte à l’aigle. De même, le Trait est chanté par deux des stalles basses à l’aigle, les samedis des Quatre-Temps, le mercredi de la Semaine Sainte et le Vendredi Saint. Ce qui s’observe également aux vigiles de Pâques et de la Pentecôte après chaque prophétie. Mais le Trait avant l’Evangile est chanté devant l’Autel par deux des stalles hautes en chapes.

Si l’on doit faire l’offrande, le Chantre et les maîtres de choeur de chaque côté s’approchent alternativement du Célébrant et baisent la Patène, avec une profonde inclination au Célébrant avant et après : ensuite tous ceux du Choeur s’approchent, non pas en désordre mais en fonction de leurs dignités, suivant l’ordre de leur réception de la cléricature et de leur promotion aux ordres. Si le TS. Sacrement était publiquement exposé, ceux qui sont du côté droit du Choeur génuflecteraient avant et après avoir baisé la Patène.

On observe ce qui a été dit ci-dessus aux chapitres vi. numéro 14. et x. numéro 10. au Symbole lors du baiser du Livre des Evangiles et à l’Agnus Dei lors du baiser à l’instrument de Paix.

Au choeur, tous doivent se tenir debout tête découverte,
1. Face à face (sauf s’ils se tiennent au milieu) de l’introà¯t jusqu’à l’Oraison (sauf quand le Célébrant commence la Messe au degré de l’Autel jusqu’à ce qu’il monte, et quand il entonne l’Hymne Gloria in excelsis, ou Dominus vobiscum). De même à l’Alleluia, à la Séquence, l’Offertoire, le Sanctus, l’Agnus et à la Communion. Egalement à la bénédiction et l’aspersion de l’Eau.
2. Tournés vers l’Autel, lorsque le Célébrant commence la Messe comme signalé ci-dessus, et en général quand il chante à l’Autel. Egalement de la fin de l’Offertoire à la fin de la Messe, sauf quand on chante ou qu’on doit génuflecter.
3. Tournés vers le Diacre quand il chante l’Evangile ou porte le livre des Evangiles au pupitre.

On doit génuflecter en direction de l’Autel chaque fois que c’est indiqué dans la première partie chapitre xvii. numéro 1. & 5. Sauf les Maîtres de Choeur, lorsqu’ils chantent le Verset après l’Alleluia, & l’Acolyte qui chante le Verset Adjuva nos, dans le Trait Domine non secundum.

On s’assoit la tête couverte lors du chant de l’Epître, de la Prophétie, du Graduel, du Trait, & du verset après l’Alleluia, à moins qu’on ne doive être debout ou à genoux comme ci-dessus : mais lorsque l’on chante le premier Alleluia du Temps Pascal on est découvert.

Tous doivent s’incliner,
1. Profondément à l’entrée & à la sortie du choeur & chaque fois que l’on passe par le milieu, face au maître Autel, à moins que l’on ne doive génuflecter, par exemple après la Consécration, ou lorsque le TS. Sacrement est exposé ; & aussi en tous temps aux mots du Cantique Angélique, Suscipe deprecationem nostram & au Temps Pascal et dimanches aux mots du Symbole, Et incarnatus est, &c.
2. Médiocrement au Verset Gloria Patri, & lorsque le Célébrant se communie, à moins qu’on ne chante ou soit à genoux.
3. De la tête chaque fois que l’on nomme la TS. Trinité, Jésus, Marie, ou le Saint dont on fait l’office ou la commémoration. De même dans l’Hymne Gloria in excelsis, aux mots Adoramus te, & gratias agimus tibi : et au Symbole aux mots simul adoratur : Les maîtres de choeur et ceux qui siègent aux stalles basses s’inclinent face à l’Autel. De même, chaque membre du choeur incline la tête après qu’il a entonné l’Introà¯t, le graduel &c. et quand ils sont terminés, s’incline face à l’Autel puis, (s’il sort du Choeur ou revient à la banquette) salue le Choeur avant et après, sauf s’il descend du pupitre en chape.
4. Autant ceux qui annoncent ou encensent que ceux qui sont annoncés ou encensés, s’inclinent l’un vers l’autre, face à face, en respect des personnes.

A l’Evangile, tous se signent du pouce de la main droite, au front, à la bouche et à la poitrine, tout en répondant Gloria tibi, Domine, & inclinent la tête, tournés vers l’Autel; de même lorsqu’on cite le Nom de Jesus, sauf s’ils sont debout face au pupitre. Chaque fois qu’on doit génuflecter, ils se tournent vers l’Autel.

Si quelqu’un se présente alors que la Messe est déjà commencée, lorsqu’on chante au Choeur le verset Gloria Patri, l’Oraison, l’Evangile ou la Préface; quand le Célébrant au bas de l’Autel commence la Messe ou quand on est à genoux, il ne rentre pas au Choeur mais attend debout (sauf si l’on est à genoux) jusqu’à ce qu’on ait terminé.

Nul ne doit se permettre de quitter le Choeur quand on célèbre la Messe, sauf si sa Fonction le requiert ou pour une nécessité grave et urgente, et avec l’autorisation de celui qui préside au Choeur. Aucun ne doit prétendre exécuter une Fonction qui n’a pas été prévue.

Nota.
1. En tout temps (sauf aux Fêtes triples), les Dimanches à la Grand-Messe, le Choeur chante trois fois Domine salvum fac Regem, &c. Après le dernier Agnus Dei.
2. A l’élévation du TS. Sacrement, deux Acolytes ou Enfants, à genoux devant l’Aigle du milieu du Choeur, entonnent le verset O salutaris Hostia que le Choeur continue : on l’omet aux Messes des Défunts.

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