Catéchisme sur la très-sainte Trinité

La Très-Sainte Trinité par Luca Rossetti da Orta

Demande. Quelle fête célébrons-nous le dimanche qui suit la Pentecôte ?
Réponse. Nous célébrons la fête de la très-sainte Trinité.

D. Qu’est-ce que la très-sainte Trinité ?
R. C’est un seul Dieu en trois personnes, le Père, le Fils & le Saint-Esprit.

D. Y a-t-il plusieurs natures dans les trois personnes de la très-sainte Trinité ?
R. Non : les trois personnes de la très-sainte Trinité n’ont qu’une seule & même nature.

D. Les trois personnes de la très-sainte Trinité sont-elles distinguées entr’elles ?
R. Oui : les trois personnes de la très-sainte Trinité sont réellement distinguées l’une de l’autre.
Explication. Voilà le mystère auguste & incompréhensible qu’il a plu à Dieu de nous révéler : un seul Dieu en trois personnes distinctes, même substance, même divinité, même nature ; chacune de ces trois personnes est Dieu, & ces trois personnes ne sont qu’un Dieu. Le Fils n’est pas le Père, quoiqu’il soit une même substance avec lui ; le Saint-Esprit n’est ni le Père ni le Fils, quoique ces trois adorables Personnes ne soient qu’une même nature. Le Fils est aussi puissant que le Père ; le Saint-Esprit est aussi sage, aussi parfait, aussi puissant que le Père & le Fils : les trois Personnes ensemble n’ont ni plus de puissance, ni plus de sagesse qu’une seule ; toutes trois ont la même immensité, la même puissance, la même éternité, les mêmes perfections.

D. Qu’est-ce que la foi nous apprend de la première Personne ou du Père ?
R. La foi nous apprend que le Père n’est point engendré, qu’il ne procède d’aucune autre Personne, & qu’il engendre son Fils de toute éternité.

D. Qu’est-ce que la foi nous apprend de la seconde Personne ou du Fils ?
R. La foi nous apprend que le Fils est engendré de son Père.

D. Qu’est-ce que la foi nous apprend de la troisième Personne ou du Saint-Esprit ?
R. La foi nous apprend que le Saint-Esprit procède du Père & du Fils.

D. Peut-on expliquer & comprendre le Mystère de la sainte Trinité ?
R. Non, c’est un mystère incompréhensible qu’il faut croire simplement.
Explication. Ce mystère est indubitable puisque Dieu l’a révélé de la manière la plus claire. Il ne révolte point notre raison, mais il surpasse notre intelligence. Dieu veut que nous soumettions notre esprit sous le joug de la foi : il nous commande, dit saint Augustin, de croire le mystère, mais il ne nous permet pas de l’approfondir.

D. Peut-on représenter la très-sainte Trinité ?
R. Non, c’est un mystère dont nous ne pouvons former aucune image.
Explication. On représente souvent le Père sous la figure d’un vieillard respectable, pour désigner son éternité ; le Fils sous une figure humaine, parce qu’il s’est fait homme ; le Saint-Esprit sous la figure d’une colombe, parce qu’il choisit cette image comme un symbole de sa présence lorsqu’il descendit sur Jésus-Christ ; mais ces faibles & impuissants symboles ne nous donnent aucune idée réelle de l’auguste Trinité ; aucune image ne peut la représenter ni la faire comprendre.

D. Qu’attribue-t-on ordinairement au Père ?
R. On attribue au Père l’œuvre de la création.

D. Qu’attribue-t-on ordinairement au Fils ?
R. On attribue au Fils l’œuvre de la rédemption.

D. Qu’attribue-t-on ordinairement au Saint-Esprit ?
R. On attribue au Saint-Esprit l’œuvre de la sanctification.
Explication. La rédemption, en tant qu’elle est l’ouvrage d’un Dieu fait homme, qui a satisfait pour nos péchés, n’appartient qu’au Fils ; les autres œuvres, comme de création, de sanctification, &c. quoique attribuées spécialement à une Personne divine, sont néanmoins communes à toutes.

D. Avons-nous quelques rapports avec la très-sainte Trinité ?
R. Oui, nous en avons trois principaux.

D. Quel est le premier rapport que nous avons avec la très-sainte Trinité ?
R. Notre premier rapport avec la très-sainte Trinité est d’être créés à son image.
Explication. Faisons l’homme, dit Dieu lui-même, à notre image & à notre ressemblance. Si l’homme comprenait bien toute la grandeur de ce glorieux rapport avec Dieu, pourrait-il se résoudre à souiller par le péché l’image même de la divinité gravée dans son âme & dans tout son être ?

D. Quel est le second rapport ?
R. Notre second rapport avec la sainte Trinité est de lui être consacrés par le baptême.
Explication. C’est au nom de l’adorable Trinité que nous avons été baptisés, que nous avons reçu le sceau de la régénération spirituelle ; nous lui appartenons donc spécialement par l’onction sainte qui nous a été donnée, par la consécration de tout ce que nous sommes à son culte & à son adoration.

D. Quel est le troisième rapport que nous avons avec la Très-Sainte Trinité ?
R. Notre troisième rapport avec la Sainte Trinité est d’être son temple par la grâce qui est en nous.
Explication. Vous êtes les temples du Dieu vivant, disait l’Apôtre aux fidèles de son temps, parce que Dieu habite en vous par sa grâce ; mais saint Paul ajoute que Dieu perdra ceux qui profanent ce Temple auguste, & on le profane quand on offense Dieu.

D. Pourquoi l’Eglise a-t-elle établi la fête de la Très-Sainte Trinité ?
R. Pour nous rappeler l’obligation de rendre à la Très-Sainte Trinité les hommages continuels que nous lui devons.

D. Que faut-il faire pour rendre ces hommages à la Très-Sainte Trinité ?
R. Il faut croire fermement cet auguste mystère, parce que Dieu l’a révélé.

D. Quels autres hommages devons-nous à l’adorable Trinité ?
R. Nous devons l’adorer profondément & la glorifier sans cesse.
Explication. L’Eglise termine toutes ses prières par la glorification des trois adorables Personnes : cet usage est du premier siècle. Les païens, les hérétiques ayant attaqué le dogme de la Trinité, l’Eglise, pour le mettre continuellement sous les yeux des fidèles, leur faisait répéter sans cesse ces paroles admirables : Gloire au Père, au Fils & au Saint-Esprit. Par cette pratique générale l’Eglise confondait toutes les hérésies, préservait les chrétiens de la séduction, & glorifiait la très-sainte Trinité en lui rapportant toutes choses.

D. Par quelle autre pratique pouvons-nous glorifier la très-sainte Trinité ?
R. En faisant souvent & avec respect le signe de la croix.
Explication. Autre usage des premiers chrétiens établi par la même raison : on ne faisait rien qu’en invoquant, suivant l’avis de l’Apôtre, le Nom admirable du Seigneur. Cette sainte pratique est venue jusqu’à nous ; mais la foi, la confiance, la pureté de cœur qui l’accompagnaient dans ces heureux temps y sont-elles aussi parvenues ?

D. Quel autre hommage devons-nous encore à la très-sainte Trinité ?
R. Nous devons la remercier des grâces qu’elle nous accorde.
Explication. Rien que nous n’ayons reçu de Dieu, bienfaits temporels, grâces spirituelles, tout vient de lui, soit dans l’ordre de la nature, soit dans l’ordre de la grâce : nous en attendons tout dans l’ordre de la gloire : nos actions de grâces devraient être continuelles comme ses dons le sont à notre égard.

D. Quelle autre pratique de piété pouvons-nous faire le jour de la sainte Trinité ?
R. Nous devons célébrer notre baptême & notre profession de foi, en récitant le symbole des Apôtres.
Explication. Les premiers chrétiens appelaient Pâques annotine la célébration de leur baptême, parce qu’ils la faisaient au jour anniversaire auquel ils l’avaient reçu. Saint Grégoire de Naziance, au rapport de saint Charles Borromée, assurait que c’était l’ancien usage de célébrer tous les ans le jour de son baptême ; le Micrologue, auteur du onzième siècle, assurait qu’alors cet usage était universel. Saint Charles, si zélé pour faire revivre l’ancienne discipline, ne manqua pas de renouveller cette sainte pratique ; il le fit dans son sixième concile. Il exhorte les pères à écrire avec soin le jour du baptême de leurs enfants, afin que chaque année, à pareil jour, ils puissent en célébrer la mémoire ; il les conjure de donner l’exemple à leurs enfants. Le jour de la très-sainte Trinité est très-propre pour mettre cette sainte pratique en usage, puisqu’il nous rappelle que nous avons été baptisés en son nom. On doit encore prendre la résolution de le faire chaque année le jour anniversaire de son baptême.

Trinite

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11 réflexions au sujet de “Catéchisme sur la très-sainte Trinité”

  1. Ping : Liturgia
  2. C’est un très bon enseignement. Nous ne comprendrons jamais ce mystère si nous n’avons pas goutté Dieu. Le Père nous cré par Amour. Le Fils nous sauve par Amour. Et l’Esprit saint nous sanctifie par Amour. Voyez vous la Sainte Trinité nous révèle tout l’Amour de Dieu.

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