Notes de voyages – Arequipa

Cher lecteur,

Les connections Internet ne sont pas aisées ici, cela est surtout dû à vrai dire à un programme bien chargé. Comme je peux difficilement envoyer des e-mails, je vais tâcher de donner ici quelques nouvelles un personnelles, qui pourront trancher avec les domaines habituellement explorés par ce blog.

Jeudi dernier, accompagné de mon traducteur le sympathique Marco, séminariste de 7ème année du séminaire de Callao, je prenais l’avion de Lima à Arequipa. Arrivé sur place, quel changement, quel émerveillement ! Lima est triste de par son climat humide, perpétuellement couvert par un épais plafond de nuages. Marco me dit qu’on ne peut espérer voir le soleil à Lima que de janvier à mars : c’est réellement pesant pour l’îlien que je suis. A 2380 m d’altitude, Arequipa jouit au contraire d’un climat exceptionnel, sec & chaud : tous les jours un beau temps insolent illumine la seconde ville du Pérou, qui s’étend paisiblement au pieds de montagnes magnifiques. L’une d’entre elle impose sa silhouette parfaite : le volcan Misti culmine à 5822 m.

Je suis accueilli au Séminaire Saint-Jérôme avec la même gentillesse exceptionnelle qu’à Callao. J’y fais aussi la connaissance de Serge, le directeur du Festival International de Musique d’Arequipa, de Guido, le président de l’Association pour la Restauration des Orgues d’Arequipa, & de Patricio, qui devrait être le futur directeur de l’Institut de Musique Sacrée dont nous posons en cette session les premières bases.

A peine arrivé, il faut en urgence imprimer les partitions, les photocopier & démarrer dare-dare la première séance de formation/répétition. Mes 55 élèves sont sans doute un peu (?) largués par mon premier cours sur la modalité ecclésiastique traditionnelle, je suis à mon tour un peu désappointé en découvrant leurs connaissances plutôt minces du plain-chant, mais bon ils sont sympathiques & s’accrochent, je décide donc d’en faire autant.

Le challenge est important : il faut assurer pour dimanche (soit en trois jours seulement) une cérémonie de bénédiction de l’orgue de la cathédrale, suivie d’une messe pontificale. Nous mettons les bouchées doubles, & le recteur du séminaire décide de lui-même de multiplier nos horaires de travail. C’est assez épuisant, mais les séminaristes ont soif d’apprendre ; leur foi, leur gentillesse, leur sérieux m’ont conquis. Les faux-bourdons parisiens s’acclimatent plutôt bien sous le soleil des Incas ! 😉

Ce matin dimanche a lieu la première manifestation de cette seconde édition du Festival International de Musique d’Arequipa. S.E. Mgr Javier Del Rio Alba, archevêque d’Arequipa, bénissait le grand orgue de la cathédrale restauré par les facteurs français Bertrand Cattiaux et Laurent Anen. Serge Schoonbroodt touchait les orgues, tandis que mes 55 élèves chantaient (quand ils ne servaient pas) cette bénédiction & la messe pontificale dans une cathédrale comble, en présences des nombreuses autorités civiles & militaires, ainsi que des riches congressistes du Congrès des Mines qui débutaient leur session annuelle. Tout ceci passerait de façon bien anodine en France, mais prend ici une dimension totalement surréelle. La cérémonie était diffusée en direct sur les télés péruviennes, j’ai dû donner des interviews à 4 journaux à la sortie de la messe, il fallait prendre toute sortes de photos & même signer des autographes ! Serge quant à lui est passé sur un nombre incroyable de plateaux télés avant ce jour pour assurer la promotion du festival.

Ce midi, notre petite équipe était conviée à dîner chez S.E. l’archevêque. Mgr Javier, plus jeune archevêque des deux Amériques & ancien recteur du séminaire de Callao, paraît jouir d’une popularité certaine, ici comme en dehors de son diocèse. Nous avons été reçu par un hôte ouvert & exquis, réellement heureux de la musique qui lui a été jouée le matin dans sa cathédrale.

La semaine ne fait que commencer. Je dois chanter au concert de Serge de ce lundi soir, mes élèves doivent préparer le concert de clôture samedi prochain. J’ai envie de leur apprendre aussi quelques chants de la liturgie mozarabe, il faudra caser cela dans un programme déjà bien chargé.

Je finis ce post en donnant quelques menus détails sur Arequipa. Cette vieille ville coloniale a été fondée par les Espagnols en 1540. La ville a été classée en décembre 2000 au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Son centre historique est construit selon un plan en damier, caractéristique de tant de villes coloniales. Un terrible tremblement de terre l’a ravagée au milieu du XIXème siècle. Si la plupart des églises y ont survécu, la cathédrale & la plupart des maisons ont été reconstruites, mais selon des modèles architecturaux où se mêlent intelligemment le néo-classicisme & les vieux types coloniaux & andalous. A dire vrai, tout le centre ville est occupé par des couvents & des hôtels particuliers. Derrière leurs façades sévères seulement rythmées par des pilastres, on découvre des patios aux couleurs vives, des salles voûtées magnifiques, des jardins paisibles où le temps s’écoule avec douceur. Par peur des tremblements de terre, rares sont les bâtiments qui dépassent un étage. Située dans une région minière qui exploite le cuivre, l’or & l’argent, l’aisance y est partout visible. La cathédrale trône au centre de la ville & occupe tout un côté de la grand place. L’acoustique y est horrible, mais le bâtiment ne manque certes pas de majesté. La sacristie, rescapée des tremblements de terre, date manifestement de la fondation de la ville & présente plusieurs salles exceptionnelles.

Le Séminaire Saint-Jérôme qui nous héberge est une belle & vaste construction moderne. La chapelle allie avec bonheur architecture moderne épurée & débauche de bois dorés néo-baroques. Les bâtiments s’organisent autour d’un cloître principal ouvert sur les montagnes & l’omniprésent Misti.

Je vais tâcher d’aller me coucher, les effets du jet-lag se font toujours sentir.

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