Le R.P. Le Brun s’adresse aux protestants qui ne croient pas en la présence réelle du Christ sous les espèces du pain & du vin :
Serait-il plus difficile de changer des substances que de les avoir créées, disait saint Cyrille de Jérusalem en instruisant les nouveaux baptisés ? Celui qui changea l’eau en vin, ne pourra-t-il pas changer le pain en son corps, disait saint Ambroise ? (…)
Vous confessez que Jésus-Christ qui n’a paru aux yeux que comme un homme, est véritablement Dieu : et c’est ainsi que l’ont cru ceux qui en ont jugé par la foi : transportez-vous un moment, en esprit, au temps de la naissance de Jésus-Christ. Les anges disent aux bergers : Il vous est né un sauveur qui est le Christ le Seigneur. Quelle marque de ce Seigneur de toutes choses ? On leur dit seulement : Vous trouverez un enfant emmailloté couché dans une crèche. Consultez vos sens, votre imagination, votre raison même. Toutes les lumières que vous en tirerez, vous diront-elles que cet enfant est véritablement un Dieu revêtu d’une chair ? Dieu est tout-puissant, et cet enfant paraît la faiblesse même : Dieu est le maître de tous les biens, et cet enfant manque de tout : Dieu est impassible, et cet enfant est exposé aux douleurs et à toutes les incommodités de l’enfance. Parcourez toutes les oppositions que la raison humaine présente entre les attributs de Dieu et l’état où Jésus-Christ s’est mis ; et malgré toutes ces oppositions que les sens, l’imagination et votre faible raison vous suggéreront, la foi vous fera confesser que celui qui est dans un état si abject, est véritablement le Fils de Dieu. Si vous le confessez, comme tout Chrétien doit le faire, quelle plus grande difficulté y a-t-il de croire, comme le croient toutes les communions chrétiennes (à la vôtre près), que ce qui ne paraît aux yeux que du pain est le corps de Jésus-Christ après que cet homme-Dieu nous a dit, ceci est mon corps ?
in R.P. Pierre Le Brun, prêtre de l’Oratoire, Explication littérale, historique et dogmatique, des prières et des cérémonies de la messe, suivant les anciens auteurs, et les monuments de toutes les Eglises du monde chrétien. Avec des dissertations et des notes sur les endroits difficiles, et sur l’origine des rites.
Tome quatrième.
Dissertation N°. 13. Uniformité abandonnée par les sectaires du XVIe siècle. Liturgies Luthérienne, Zwinglienne, Calviniste, Anglicane, Ecossaise, Suédoise, etc.
Article VI. Réflexions sur les liturgies des novateurs, depuis le XVIe siècle, lesquels à force de vouloir s’éloigner de l’Eglise romaine, ont abandonné l’essentiel des liturgies de toutes les églises chrétiennes ; et ont encouru par là l’anathème de toutes les églises du monde chrétien.