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Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : pose de voix, vocalise, découverte du chant grégorien

Marc-Antoine Charpentier – Messe (H. 1)

Marc-Antoine Charpentier (1643 † 1704), maître de la musique de Marie de Lorraine, duchesse de Guise, du Dauphin, fils de Louis XIV, des Jésuites & de la Sainte Chapelle.
Messe (H. 1).
4 voix (SATB), 8 solistes (SSAATTBB), 2 dessus instrumentaux & basse continue.
48 pages.

Cette messe qui ne porte pas de titre reçut le numéro 1 du catalogue des œuvres de Charpentier réalisé par Henry Wiley Hitchcock, et c’est plutôt à bon droit car nous sommes vraisemblablement en présence d’une des toutes premières compositions de jeunesse de Marc-Antoine.

Outre les parties habituelles de l’ordinaire (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei), cette messe comporte aussi – selon les traditions gallicanes – un Domine, salvum fac Regem (facticement séparé par Hitchcock sous le numéro H. 281) qui se donne à la fin de la communion ou de la messe. Comme pour d’autres messes de Charpentier, et selon les principes traditionnels de l’alternance, l’orgue figure également certaines parties de l’ordinaire de la messe : l’organiste – qui se doit d’improviser – joue ainsi en alternance avec le chœur dans le Kyrie. Il figure également le 1er Sanctus et le 3ème (Sanctus Dominus Deus Sabaoth). Le Benedictus n’est pas mis en musique, car il était aussi vraisemblablement figuré par l’organiste, de même que le 1er et le 3ème Agnus Dei ; on peut bien sûr chanter trois fois l’Agnus Dei, notre édition donne le texte avec dona nobis pacem également. De même, on pourrait aussi chanter un Benedictus en plain-chant, par exemple celui de la Missa De Angelis (messe VIII du Kyriale Vatican).

Quoiqu’œuvre de jeunesse, cette partition recèle plusieurs passages remarquables par la maîtrise de l’écriture harmonique doit fait preuve Charpentier, en particulier l’incroyable Crucifixus et le contrepoint habile du Domine, salvum fac Regem

Dans notre édition, nous avons – pour plus de clarté – repris un principe éditorial utilisé par Ballard au XVIIème siècle : les parties chantées par tous sont en caractères droits, les parties des 8 solistes en caractère italiques. La plupart du temps, les parties solistes sont indiquées dans le manuscrit de Charpentier : par exemple, 1. seul devant le dessus indique ainsi que c’est le premier soprano solo qui chante. Lorsque la mention du soliste devant intervenir est inexistante dans le manuscrit, nous l’avons le plus souvent portée entre parenthèses. Le plus souvent, cela se déduit du contexte des autres voix, mais dans le Sanctus, qui pose un vrai problème de compréhension de la partition (le manuscrit passant à deux chœurs réels pour les Hosanna), nous avons pris un parti pris interprétatif assez différent de celui suivi par l’édition du CMBV, qui devrait simplifier l’exécution. L’intonation du Gloria comme l’Ite missa est de la messe pourraient être repris de la Messe royale du Ier ton d’Henry du Mont. Le Credo pourrait utiliser également l’intonation de la Messe royale de du Mont (ce qui joue sur un effet de bascule ut mineur / ut majeur) ou alors emprunter son intonation au Credo III.

Le total des 8 solistes peut être réduit à 5 (SSATB), mais les effets de polychoralité qu’induit le double quatuor soliste sont évidemment perdus. Les deux dessus sont nécessaires ; comme ils dialoguent à certains moments, une disposition spaciale intéressante consiste à placer les deux quatuors en arc de cercle (plus ou moins face-à-face) dans l’ordre : BTAS-SATB

Le chœur peut être compris comme la réunion des deux groupes solistes, il constitue alors un double quatuor vocal. Cependant, le style d’écriture assez simple des parties chorales peut laisser entendre une masse vocale plus importante, le dialogue avec le double petit chœur des solistes avec un grand chœur plus important présente alors un réel enrichissement.

Le manuscrit contient des passages en apparence fautifs (Catherine Cessac estime que la partition n’a pas reçu un traitement soigné dans sa transcription par Charpentier). Nous avons pris le parti de laisser la plupart de ceux-ci, signalant juste une correction que nous avons effectuée dans le Gloria dans la partie du second dessus instrumental.

Nous proposons cette partition avec soit le Domine, salvum fac Regem, soit – pour une utilisation liturgique – le Domine, salvum fac Galliam. Nous proposons également le matériel d’orchestre en une partition de 20 pages, comportant en trio les deux dessus instrumentaux & la basse continue.

Les premières mesures de cette partition :

Abbé Lambert (harm.) – Venez, divin Messie

Harmonisation de l’Abbé Lambert (Versailles, 1845)
Venez, divin Messie.
4 voix. 2 pages.

Ce cantique de l’Avent est adapté sur le chant du vieux noël traditionnel français “Laissez paistre vos bestes”, attesté en Bresse au XVIème siècle. Le texte des paroles provient des travaux de M. l’Abbé Simon-Joseph Pellegrin (1663 † 1745), lequel composa à l’attention des demoiselles de Saint-Cyr de très nombreux vers sur les chants des vieux noëls de France, afin d’en renouveler les textes.

Voici en guise de comparaison le refrain et la première strophe de l’ancien noël bressan :

Laissez paistres vos bestes, Pastoureaux,
Par monts et par vaux,
Laissez paistre vos bestes,
Et venez chanter Nau.
J’ai ouy chanter le rossignô,
Qui chantoit un chant si nouveau,
Si haut, si beau,
Si résonneau,
Il me rompoit la teste,
Tant il preschoit
Et caquetoit.
Adonc prins ma houlette
Pour aller voir Naulet.

Le texte reçu de Venez, divin Messie connaît plusieurs variantes de détail tant dans les paroles que dans la répartition des vers entre les strophes. Pellegrin a du reste composé plusieurs textes sur le mètre de ce noël, en voici le refrain de l’un d’entre eux :

Le sauveur vient de naître :
Allons, Pasteurs, éveillez-vous
Venez voir votre Maître,
Marchez, accourez tous.

Voici la leçon du texte que nous présentons en partition :

℟. Venez, divin Messie,
Sauvez nos jours infortunés,
Vous êtes notre vie,
Venez, venez, venez.

1. Ah ! descendez, hâtez vos pas,
Seigneur de l’éternel trépas
Délivrez-nous, ne tardez pas.
Les temps se renouvellent
Sans voir nos crimes pardonnés
Les peuples vous appellent,
Venez, venez, venez.

2. Que nos soupirs soient entendus,
Les biens que nous avons perdus
Ne nous seront-ils pas rendus.
Voyez couler nos larmes
Grand Dieu si vous nous pardonnez
Nous n’aurons plus d’alarmes
Venez, venez, venez.

3. Ah! Puissions-nous chanter un jour
Dans votre bienheureuse cour
Et votre gloire et votre amour.
A nous livrer la guerre
Tous les démons sont acharnés
Pour vaincre leur colère,
Venez, venez, venez.

4. Si vous venez en ces bas lieux,
Nous vous verrons victorieux,
Fermer l’enfer, ouvrir les cieux.
Nous l’espérons sans cesse ;
Les cieux nous furent destinés :
Tenez votre promesse ;
Venez, venez, venez.

Pour mémoire, signalons l’existence d’une version moderne du texte, considérablement appauvrie, loin du charme indéniable de la langue de Pellegrin (lequel fut aussi librettiste de Rameau). L’harmonisation à 4 parties de M. l’Abbé Lambert est très usitée dans les communautés traditionnelles en France. Nous en proposons deux transpositions : en Si bémol majeur (ton original) et en La bémol majeur (plus apte au chant de l’assemblée).

Les premières mesures de cette partition :

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Programme du premier dimanche de l’Avent

Catéchisme de l’Avent

Saint-Eugène, le dimanche 28 novembre 2010, grand’messe de 11h.

  • Kyriale : selon les anciens usages parisiens
  • Procession d’entrée : Rorate cœli, plain-chant de l’Oratoire de France – 1615 – harmonisations du refrain : traditions de Langres et d’Avignon – chant des versets : tradition de Rouen
  • Trope de l’introït : Sanctissimus namque Gregorius – VIIIème ton – XIème-XIIème siècles
  • Kyrie XIV Iesu Redemptor – Selon l’antique tradition parisienne, on chante aujourd’hui ce Kyrie
  • Credo I
  • Pendant les encensements de l’offertoire : Mœsta Sion, prose de l’Avent de l’ancien rit de Lisieux, du 1er ton
  • Préface de l’Avent au propre de l’archidiocèse de Paris
  • Sanctus XI
  • Après la Consécration : O salutaris sur le ton de Conditor alme siderum – d’après Virgile Le Blanc (1592)
  • Agnus Dei XVII
  • Pendant la communion :
    – Alma Redemptoris Mater en plain-chant solennel
    – Salus æterna, séquence du premier dimanche de l’Avent (XIème siècle) des anciens missels parisiens
    Conditor alme siderum – hymne de l’Avent, à vêpres – texte du IXème siècle, polyphonie de Virgile Le Blanc (1592) extraite de « La Doctrine chrestienne » du R.P. Coyssard, s.j.

  • Prière pour la France, faux-bourdon du 1er ton à l’usage de l’Eglise de Paris (édition de 1739)
  • Ite missa est XIV
  • Au dernier Evangile : Alma Redemptoris Mater
  • Procession de sortie : Venez, divin Messie – texte (1701) de l’abbé Simon-Joseph Pellegrin (1663 + 1745), sur le vieux noël « Laissez paistre vos bestes » ; harmonisation de M. l’abbé Lambert (Versailles, 1845)
  • Télécharger le livret de cette messe au format PDF.

    Veillée de prière pour la vie

    A la demande du Saint Père Benoît XVI dans toutes les paroisses du monde catholique, une veillée de prière au début de l’Avent pour la vie naissante aura lieu à Saint-Eugène.

    19h-19h30 : 1ères vêpres de l’Avent, chantées avec la Schola Sainte Cécile
    19h30-21h : Lecture de textes du Magistère pontifical sur la vie et adoration silencieuse, suivies du Salut au Saint-Sacrement.

    L’évènement sur Facebook.

    Homélie pour la fête de sainte Cécile de M. l’Abbé Iborra.

    La célébration de nos fêtes patronales – S. Eugène hier et S. Cécile aujourd’hui – a été marquée cette année par plusieurs rendez-vous musicaux, aussi bien dans le cadre de la liturgie qu’à l’extérieur, avec des pièces tant du répertoire classique que de la tradition médiévale. C’est que liturgie et musique entretiennent un lien étroit comme l’a rappelé Benoît XVI au Collège des Bernardins il y a deux ans. Je le cite : « De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de le chanter avec les mots qu’il a lui-même donnés, est née la grande musique occidentale ». Sujet qui lui tient particulièrement et que la création de l’ancien maître de chœur de la Chapelle Sixtine comme cardinal vient souligner s’il en était besoin. Joseph Ratzinger s’est en effet souvent exprimé sur ce thème. Je ne désespère pas, d’ailleurs, de réunir ses différentes interventions sur le sujet dans un volume qui pourra être utile à tous ceux qui voudront œuvrer à la restauration d’une véritable liturgie, qui ne soit pas fabriquée mais reçue. C’est donc lui que je prendrai pour guide ce soir. Dans son discours des Bernardins, il continuait ainsi : « Ce n’était pas là l’œuvre d’une créativité personnelle, où l’individu, prenant comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s’érige un monument à lui-même. Il s’agissait plutôt de reconnaître attentivement, avec les oreilles du cœur les lois constitutives de l’harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l’homme, et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit en même temps authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité ».

    C’est clair : pour Ratzinger, la musique est civilisatrice et cette musique dérive de la liturgie. Pourquoi dérive-t-elle de la liturgie et pourquoi la liturgie a-t-elle eu recours, dès l’Ancien Testament, à la musique ? S. Augustin répond en un mot que notre S. Cécile, amante du Christ, ne peut que confirmer : Cantare amantis est, « chanter est le fait de celui qui aime ». La liturgie étant une participation au dialogue trinitaire du Père et du Fils, elle ne peut donc qu’aspirer au chant. Les Pères de l’Église le justifieraient par le fait que le chant sacré a une origine christologique. « Quand l’Église primitive a fait siens les psaumes dans sa prière, elle les chante comme hymnes du Christ. Le Christ lui-même devient ainsi le chef de chœur qui nous apprend le chant nouveau, qui donne à l’Eglise le ton et la manière dont elle pourra louer adéquatement Dieu et s’unir à la liturgie céleste »1. Le chant liturgique nous rappelle ainsi que nos rites s’enracinent dans la parole de Dieu, dans la Révélation divine, dont ils véhiculent quelque chose de l’inspiration. Il nous rappelle aussi que « nous sommes ici-bas des étrangers et des voyageurs, à la recherche d’une patrie meilleure, celle du ciel » (Hb), la Jérusalem céleste, où des myriades d’anges chantent les noces éternelles de l’Epoux et de l’Epouse, du Christ et de l’Église. Cet enracinement de la liturgie dans l’Ecriture impose à la musique sacrée, au chant et aux instruments, d’évidentes contraintes : « Chanter avec sagesse, psallite sapienter, renvoie à un art où compte la parole, mais cette parole ne doit pas être comprise en un sens rationaliste superficiel et étroit où chaque mot serait à tout instant compréhensible. Il s’agit bien plutôt de ce que nous pouvons appeler, en nous référant à l’Église ancienne, une musique ‘conforme au Logos’ : le Dieu qui est Parole créatrice et porteuse de sens, dès les origines et jusque dans chaque vie, appelle un art qui se tienne sous le primat du Logos, qui intègre donc toute la diversité de l’être humain, à partir de ses forces vives morales et psychologiques les plus hautes, mais qui, de la sorte, arrache aussi l’esprit à son rationalisme et à son volontarisme étroit pour qu’il prenne place dans la symphonie de la Création »2. Autrement dit, en chantant dans la liturgie, l’homme découvre sa vocation première, celle qu’il tient de son être de créature, ou plus exactement, pour parler comme S. Thomas d’Aquin, de cette créature qui se situe à l’horizon du monde des sens et du monde de l’esprit. Cette créature rationnelle qui est appelée à ressaisir la louange muette de la Création dans un geste et une parole émerveillés, qui de soi appellent le chant et la musique des instruments, pour intégrer symboliquement le monde de la matière, geste et parole qui se dilatent à la mesure même de cette Création qui s’exprime par lui. En effet, « dans la rencontre de l’homme avec Dieu, la parole ne suffit plus : une part de lui-même s’éveille et se met à chanter. Il y associe la Création car son monde lui paraît trop étroit »3.

    Ce mouvement d’action de grâce, qui s’exprime dans la liturgie, répond à l’incarnation du Verbe : « Quand la Parole, le Verbe, se fait musique, il y a bien passage aux sens, incarnation, annexion de forces en deçà et au-delà du rationnel, captage de l’harmonie cachée de la Création, révélation du chant qui sommeille au fond des choses. Mais alors, cette transformation en musique est aussi elle-même le tournant du mouvement : elle n’est pas seulement incarnation du Verbe, mais aussi spiritualisation de la chair, de la matière. Le bois et le cuivre deviennent son, l’inconscient et l’insoluble se muent en harmonie emplie d’ordre et de sens (…). L’incarnation au sens chrétien est toujours en même temps spiritualisation, et la spiritualisation chrétienne est incarnation dans le corps du Logos qui s’est fait homme »4.

    Une musique sacrée ainsi conçue, lestée d’une dimension ontologique et d’une dimension théologale, ne peut se satisfaire de la médiocrité que voudrait lui imposer une pastorale utilitariste qui ne voit dans la musique qu’une manière d’animer les assemblées liturgiques. « Participation active », dans ce contexte, signifierait que tous doivent chanter toutes les parties de la liturgie, ce qui conduit bien évidemment à un effrayant nivellement par le bas dont celui qui vous parle ce soir est le premier à être conscient, pour ne pas dire qu’il en est aussi bien souvent l’acteur à son corps défendant ! Une telle conception de la musique liturgique signifie bien entendu la liquidation de toute formation d’élite, des schola en particulier. Joseph Ratzinger, dont le frère Georg a longtemps dirigé les Domspatzen de Regensburg, s’élève bien sûr contre cet abus lorsqu’il écrit : « Il est de fait que beaucoup de gens sont davantage capables de chanter avec le cœur qu’avec leur bouche, et leur cœur chante véritablement lorsqu’ils entendent le chant de ceux à qui il a été donné de chanter aussi avec la bouche. Si bien qu’en ces derniers, ils chantent en quelque sorte eux-mêmes, et ainsi écoute reconnaissante et chant des chanteurs deviennent ensemble une unique louange de Dieu »5. Merci, Très Saint Père, pour ceux qui chantent mal !

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