Programme du Vème dimanche après la Pentecôte – Après-fête de la Nativité de saint Jean Baptiste – Sainte Fébronie – ton 4

Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 8 juillet 2012 du calendrier grégorien, 25 juin 2012 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.

Dimanche du ton IV de l’Octoèque. Nous fêtons aussi en ce jour l’après-fête de la Nativité du vénérable & glorieux Prophète, le Précurseur & Baptiste Jean.

La Nativité de saint Jean-Baptiste est raconté par saint Luc au premier chapitre de son évangile. Conformément à l’évangile, six mois jours pour jours – mais comptés selon le calendrier romain (VIII des calendes de juillet (soit le 24 juin) – VIII des calendes de janvier (soit le 25 décembre) séparent les fêtes de la Nativité de saint Jean-Baptiste et de celle de Notre Seigneur.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les dates de naissance de saint Jean-Baptiste le 24 juin et de son cousin le Christ, six mois plus tard le 25 décembre (Elisabeth étant enceinte de six mois lors de la Visitation de sa cousine la Vierge Marie), n’ont pas été fixé arbitrairement ou pour prétendument christianiser des fêtes païennes. Le professeur Shemarjahu Talmon (1920 † 2010), de l’Université Hébraïque de Jérusalem, après avoir étudié les documents de Qumran et le calendrier du Livre des Jubilés, avait réussi à préciser l’ordre de succession des 24 classes sacerdotales dans le Temple de Jérusalem autour de notre ère (chacune servant deux fois par an), selon le curieux calendrier solaire alors en usage en Palestine dans les communautés juives. Ses résultats furent livrés dans l’article “The Calendar Reckoning of the Sect from the Judean Desert. Aspects of the Dead Sea Scrolls”. Dans cette étude, le professeur Talmon indique que la classe d’Abia (ab-Jah) servait ainsi deux fois dans le Temps : la première fois, du 8 au 14 du troisième mois du calendrier ; la seconde fois du 24 au 30 du huitième mois du calendrier. Ce second tour correspond à la dernière décade de notre mois de septembre. Or nous savons par saint Luc que Zacharie, père de saint Jean-Baptiste, était prêtre de la classe d’Abia et servait dans le Temple lorsqu’il fut frappé de mutisme en raison de son incrédulité après que l’Ange lui a annoncé la naissance d’un fils (Luc I). Le rite byzantin, de façon très ancienne, fait mémoire de l’annonce à Zacharie le 23 septembre. C’est donc très logiquement que 9 mois après, nous célébrons la naissance de saint Jean Baptiste le 24 juin et celle du Christ six mois plus tard le 25 décembre (les bergers gardant leurs troupeaux durant la nuit suggèrent davantage une naissance en hiver qu’en été, comme l’aurait été si on prenait pour point de référence le premier service annuel de la classe d’Abia dans le Temple de Jérusalem). Rappelons aussi que saint Jean Chrysostome justifiait l’adoption de la date du 25 décembre pour fêter Noël par l’examen des archives impériales mises à la disposition de l’Eglise de Rome.

Fils du prêtre Zacharie & d’Elisabeth la stérile, fruit de la promesse, Jean délia par sa naissance la langue de son père devenu muet, et “combla de joie le monde entier”. C’est alors que son père, prononçant l’immortel cantique où il chante la réalisation de la promesse faite à Abraham, prédit à son petit enfant le rôle grandiose de Précurseur, devant préparer les voies sur terre à l’Astre qui vient d’en-haut, “afin de mettre nos pieds dans le droit chemin, sur la voix de la paix”. Ce cantique de Zacharie est joint dans le rit byzantin au cantique de la Vierge Marie, et tous deux forment le 9ème cantique de l’office de matines. Les tropaires de la 9ème ode des canons de matines ont été à l’origine écrits pour être chantés entre les versets de ce cantique double.

Dans le rit byzantin, la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste – célébrée comme au romain le 24 juin – est suivie d’un jour d’après-fête le 25 juin.

En ce 25 juin, nous faisons mémoire également de la sainte & vénérable martyre Fébronie.

Sainte Fébronie était une vierge vivant au début du IVème siècle à Sibapolis (probablement Nisibe) en Mésopotamie, dans un monastère féminin d’une cinquantaine de vierges consacrées, tenu par sa propre tante l’abbesse Brienne. Lors de la persécution de Dioclétien, elle choisit de demeurer dans son monastère avec sa tante Brienne et une autre vierge, Hiérie, tandis que les autres membres de la communauté, comme tous les chrétiens de Nisibe, s’étaient réfugiées dans les montagnes entourant la ville. Le préfet Sélène, chargé d’appliquer dans la région les décrets anti-chrétiens de Dioclétien, fit arrêter Fébronie, âgée de 19 ans et lui proposa de devenir la femme de son neveu Lysimaque. Mais Fébronie répondit :

“J’ai, au ciel, un lit nuptial qui n’a pas été fait par la main des hommes. L’Époux que j’ai choisi est immortel. Ne perdez pas de temps, O juge, ni vos flatteries ni vos menaces ne sauraient me faire changer de résolution.”

Sélène ordonna alors qu’on l’attachât à quatre pieux et qu’on y mît le feu en dessous et que, tandis qu’elle serait brûlée, on déchargeât sur son dos une grêle de coups. Cela fut exécuté avec tant de violence que la foule demandait – en vain – au tyran d’avoir de la compassion pour la jeunesse de l’enfant. Puis Sélène la fit suspendre sur le chevalet. Fébronie avait tellement mal qu’elle était devenue incapable de dire quoi que ce soit. Aussi, Sélène ordonna qu’on lui coupât la langue puisqu’elle refusait de parler. Elle la présenta aussitôt au bourreau comme si elle avait voulut dire “la voila, coupe !” Mais tandis qu’on allait la lui couper, l’assemblée l’empêcha. Sélène ordonna alors qu’on lui arrachât les dents. On lui en tira dix-sept. Après un moment de répit, Sélène ordonna qu’on lui coupât les seins. Lorsque les deux mamelles eurent été tranchées, Sélène ordonna d’appliquer le feu sur les blessures. Beaucoup de spectateurs ne purent supporter la vue de ces tortures et s’en allèrent en disant “Maudit soit Dioclétien et ses dieux !”

Hiérie ne pouvant plus supporter qu’on tourmentât si cruellement sa compagne Fébronie, cria à Sélène : “O monstre d’inhumanité ! Tous les maux dont tu as fait souffrir Fébronie ne te suffisent donc pas ? Tu as oublié ta propre mère dont le corps fut semblable au sien. Tu ne te rappelles donc pas que, né sous de funestes auspices, tu reçus de ses mamelles ta première nourriture et que ce fut là le premier pas qui te conduisit à la situation élevée dont tu abuses aujourd’hui pour le malheur des autres !”

Sélène tout bouillant de colère ordonna de traîner Hiérie à son tribunal. Mais les amis qui étaient auprès de lui l’en empêchèrent. Alors il ordonna qu’on coupât les deux mains et les pieds de Fébronie, puis qu’on lui tranchât la tête.

Mais après le sanglant martyre de sainte Fébronie, le neveu de Sélène, Lysimaque, traumatisé par ce supplice, pleurait sans discontinuer. Sélène, apprenant cette affliction, tomba dans une noire mélancolie puis dans un délire furieux. Dans un accès de rage, il se frappa la tête contre une colonne et tomba sans mouvement et sans vie. Lysimaque ordonna qu’on fit un cercueil de bois incorruptible pour y mettre le corps de Fébronie. Pour lui, il prit la tête, les mains, les pieds et les dents, et tout ce qui avait été séparé du corps, et les ayant enveloppés dans son manteau, il les emporta au monastère. Là, à la vue du corps de Fébronie, Brienne tomba évanouie. S’étant relevée, elle s’écriait en pleurant :

“Laissez-moi embrasser ces pieds qui ont écrasé la tête du serpent; laissez-moi baiser les plaies qui serviront au salut de mon âme; laissez-moi orner sa tête d’une couronne de louanges, puisqu’elle a été la gloire de notre sexe par la victoire qu’elle a remporté dans le combat.”

Le lendemain on plaça le corps dans le cercueil et prenant soin de mettre les membres coupés à leur place. Les dents que l’on ne pouvait remettre dans leurs alvéoles furent placées sur la poitrine. On lui bâtît une église dans laquelle on voulut mettre le corps de Fébronie. Les évêques vinrent au monastère pour demander le corps, mais quand on voulut le prendre, un tremblement de terre leur fit comprendre que la sainte voulait que son corps demeura au lieu où elle était si attachée. Une dent de Fébronie fut néanmoins placée dans l’église qui lui fut dédiée.

La mémoire de sainte Fébronie est célébrée à la même date dans le rit romain. Voici ce que dit le Martyrologe romain au 25 juin :

A Sibapolis, en Mésopotamie, sainte Fébronie, vierge et martyre. Durant la persécution de Dioclétien et sous le juge Silène, pour avoir voulu conserver sa foi et sa chasteté, elle fut d’abord battue de verges et tourmentée sur le chevalet; ensuite déchirée avec des peignes de fer et éprouvée par le feu; enfin ayant eu les dents brisées, puis les seins et les pieds coupés, on lui trancha la tête. Parée de ces souffrances comme d’autant d’ornements, elle monta vers l’époux.

A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 4 : Recevant de l’Ange la joyeuse nouvelle * de la Résurrection de leur Seigneur * et détournant l’ancestrale condamnation, * les saintes Femmes se firent gloire d’annoncer aux Apôtres : * le Christ a triomphé de la mort, * il est ressuscité, notre Dieu, * pour donner au monde la grâce du salut.
2. Tropaire du Précurseur, ton 4 : Prophète & Précurseur de la venue du Christ * nous ne pouvons te louer dignement, nous qui t’honorons avec amour : * par ta glorieuse & vénérable nativité * la stérilité d’une mère & le mutisme d’un père ont cessé, ** tandis qu’est annoncée au monde l’incarnation du Fils de Dieu.
3. Tropaire de la Martyre, ton 4 : Ta brebis Fébronie, ô Jésus, * s’écrie de tout la force de sa voix : * C’est toi que j’aime, divin Epoux, * c’est toi que je cherche en luttant ; * avec toi crucifiée, * en ton baptême je suis ensevelie ; * pour toi je souffre, afin de régner avec toi ; * pour toi je meurs, afin de vivre aussi en toi ; * reçois comme victime sans défaut * celle qui par amour s’immole pour toi. * Par ses prières, Dieu de miséricorde, sauve nos âmes.
4. Kondakion du Précurseur, ton 3 : La stérile de jadis enfante en ce jour le Précurseur du Christ, * le dernier de tous les prophètes & le plus grand ; * car à celui que tous ils avaient annoncé * il imposa la main dans les flots du Jourdain * & du Verbe divin s’est de la sorte montré * Prophète, Prédicateur en même temps que Précurseur.
5. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
6. Kondakion de la Martyre, ton 6 : O Christ, mon tendre époux, s’écriait Fébronie, * à ta suite il m’est aisé de courir, * car la douceur de ton amour * remplit mon âme d’espoir * & la splendeur de ta miséricorde est un baume sur mon cœur, * au point que je désire boire après toi le calice de ta passion * pour être digne de ta chambre nuptiale & d’exulter * avec les vierges sages auprès de toi. * Et nous, célébrant tes pénibles exploits, * nous te prions, vénérable martyre Fébronie : * intercède auprès du Christ notre Dieu * pour qu’il ne nous ferme pas les portes de sa demeure dans les cieux.
7. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
8. Kondakion du dimanche, ton 4 : Mon Sauveur & mon libérateur * a ressuscité tous les mortels, * les arrachant par sa force divine aux chaînes du tombeau ; * il a brisé les portes de l’Enfer * et en maître souverain il est ressuscité le troisième jour.
Prokimen
Du dimanche, ton 4 :
℟. Que tes œuvres sont grandes, Seigneur ! Toutes, avec sagesse tu les fis (Psaume 103, 24).
℣. Bénis le Seigneur, mon âme ! Seigneur, mon Dieu, tu es si grand ! (Psaume 103, 1).
Du Précurseur, ton 7 :
℟. Elle a du prix aux yeux du Seigneur, la mort de ses serviteurs (Psaume 115, 5).
Epîtres
Du dimanche : Romains (§ 103) X, 1-10.
De la Martyre : 2 Corinthiens (§ 181) VI, 1-10.
Alleluia
Du dimanche, ton 4 :
℣. Va, chevauche pour la cause de la vérité, de la piété & de la justice (Psaume 44, 5).
℣. Tu aimes la justice, tu hais l’impiété (Psaume 44, 8).
Du Précurseur
Evangile
Du dimanche : Matthieu (§ 28) VIII, 28 à IX, 1.
De la Martyre : Luc (§ 33) VII, 36-50.
Verset de communion
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux. (Psaume 148, 1).
Des saints : Réjouissez-vous, justes, dans le Seigneur ; aux cœurs droits convient la louange (Psaume 32, 1). Alleluia, alleluia, alleluia.

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