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La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

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Programme du premier dimanche de l’Avent

Saint-Eugène, le dimanche 1er décembre 2013, grand’messe de 11h.

Catéchisme de l’Avent

Le temps de l’Avent – du latin adventus qui signifie venue – est le temps liturgique préparatoire de Noël. Cette période a été instituée en Occident au cours du Vème siècle, sans doute en écho des conciles d’Ephèse et de Chalcédoine qui ont mis l’accent des prédicateurs sur l’Incarnation. A Rome, la messe stationale de ce premier jour de l’année liturgique se fait en la Basilique de Sainte-Marie-Majeure, reconstruite en 432 après le Concile d’Ephèse en l’honneur de la Mère de Dieu. Du reste, l’homélie de saint Grégoire le Grand qui se lit cette nuit à l’office nocturne a été prononcée dans cette basilique.

Dans l’Eglise romaine, l’Avent commence quatre dimanches avant Noël. Suivant le 9ème canon du concile de Macon de 581, l’Avent de l’ancien rit des Gaules comportait lui six dimanches (et commençait par la saint Martin le 11 novembre), comme du reste le font toujours les Milanais qui suivent le rit ambrosien et les Mozarabes (qui l’adoptèrent en 650). Les syriaques orientaux (assyriens & chaldéens) observent un Avent de quatre semaines comme les romains, et ce sont les seuls orientaux à avoir un temps liturgique spécial avant Noël. Chez les byzantins, seul un jeûne préparatoire commençant le 15 novembre est observé, sans incidence marquée dans les textes liturgiques, et les deux dimanches avant Noël font mémoire des ancêtres du Christ selon la chair.

L’Avent dans le rit romain est un temps de pénitence, que les usages liturgiques marquent de plusieurs façons : le violet devient la couleur de la liturgie, on n’orne plus les autels de fleurs, l’orgue cesse de se faire entendre seul, le diacre & le sous-diacre déposent leur dalmatique & leur tunique pour prendre les chasubles pliées. Le chant du Te Deum est supprimé de l’office nocturne et celui du Gloria de la messe (ce dernier, qui commence par les paroles même du chant des Anges lors de la naissance du Sauveur, se fera de nouveau entendre à Noël à la messe de minuit). Toutefois, ce temps de pénitence est aussi un temps de joyeuse espérance, avec l’emploi de textes magnifiques qui la chantent, l’alleluia n’y est du reste pas supprimé, contrairement au Carême. A l’office nocturne, on commence en ce jour la lecture du livre du prophète Isaïe, laquelle s’achèvera à Noël. On cantile les leçons d’Isaïe sur un ton spécial, particulièrement joyeux.

Il convient que tout homme se prépare à l’avènement du Sauveur ; de crainte qu’il ne le trouve livré à la gourmandise, ou embarrassé dans les soucis du siècle. Il est prouvé, par une expérience de tous les jours, que la vivacité de l’esprit s’altère par l’excès du boire, et que l’énergie du cœur est affaiblie par une trop grande quantité d’aliments. Le plaisir de manger peut devenir nuisible, même à la santé du corps, si la raison et la tempérance ne le modèrent, ne résistent à l’attrait, et ne retranchent au plaisir ce qui serait superflu.
Sermon de saint Léon le Grand, pape, Vème leçon des vigiles nocturnes de ce dimanche, au second nocturne.

  • Kyriale : selon les anciens usages parisiens pour ce dimanche
  • Procession d’entrée : Conditor alme siderum – hymne de l’Avent, à vêpres – texte du IXème siècle, polyphonie de Virgile Le Blanc (1592) extraite de « La Doctrine chrestienne » du R.P. Coyssard, s.j.
  • Trope de l’introït : Sanctissimus namque Gregorius – VIIIème ton – XIème-XIIème siècles
  • Kyrie XIV Iesu Redemptor – Selon l’antique tradition parisienne, on chante aujourd’hui ce Kyrie
  • Credo I
  • Pendant les encensements de l’offertoire : Mœsta Sion, prose de l’Avent de l’ancien rit de Lisieux, du 1er ton
  • Préface de l’Avent au propre de l’archidiocèse de Paris
  • Sanctus XI
  • Après la Consécration : O salutaris sur le ton de Conditor alme siderum – d’après Virgile Le Blanc (1592)
  • Agnus Dei XVII
  • Pendant la communion :
    – Alma Redemptoris Mater en plain-chant grégorien et polyphonie par Giovanni Pierluigi da Palestrina (c. 1525 † 1594), maître de chapelle papale de Saint-Pierre du Vatican, de Saint-Jean de Latran & de Sainte-Marie-Majeure
    – Salus æterna, séquence du premier dimanche de l’Avent (XIème siècle) des anciens missels parisiens
    – Rorate cœli, plain-chant de l’Oratoire de France – 1615 – harmonisations du refrain : traditions de Langres et d’Avignon – chant des versets : tradition de Rouen

  • Prière pour la France, faux-bourdon du 1er ton à l’usage de l’Eglise de Paris (édition de 1739)
  • Ite missa est XIV
  • Au dernier Evangile : Alma Redemptoris Mater
  • Procession de sortie : Venez, divin Messie – texte (1701) de l’abbé Simon-Joseph Pellegrin (1663 + 1745), sur le vieux noël « Laissez paistre vos bestes » ; harmonisation de M. l’abbé Lambert (Versailles, 1845)
  • Télécharger le livret de cette messe au format PDF.

    Programme du XXIIIème dimanche après la Pentecôte – Saints Platon & Romain – ton 6

    Le martyre de saint Platon d'Ancyre - Fresque du monastère de Dyonisiou (Mont Athos), 1547Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 1er décembre 2013 du calendrier grégorien – 18 novembre 2013 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.

    Dimanche du ton VI de l’Octoèque. Nous fêtons aussi en ce jour le saint martyr Platon d’Ancyre.

    Saint Platon vivait à Ancyre (actuelle Ankara), en Galatie, sous le règne de l’empereur Maximien (285-305) et était le frère selon la chair du saint martyr Antiochus (fêté le 18 juillet). Comme il confessait publiquement sa foi au Christ et encourageait les Chrétiens à rester fermes dans la persécution, il fut arrêté par les soldats de l’empereur et conduit devant le gouverneur Agripinus. Inébranlable dans sa conviction malgré son jeune âge, il fut d’abord frappé par douze soldats, puis étendu sur un lit de bronze brûlant, et il eut la chair déchirée et brûlée par toutes sortes de tortures. Devant le spectacle de ses souffrances, un grand nombre de païens embrassa la Foi. Le saint Martyr éleva vers Dieu sa prière au milieu des tourments et les Puissances angéliques répondirent : “Amen !” de manière à ce que tous les spectateurs entendent ce témoignage de l’assistance de l’Eglise du ciel dans les combats du Saint athlète du Christ. Après d’autres supplices, saint Platon fut décapité et partit rejoindre l’assemblée des Saints. Saint Platon est commémoré au 22 juillet au Martyrologe romain :

    A Ancyre, en Galatie, l’anniversaire de saint Platon, martyr. Sous le lieutenant Agrippin, il fut battu de verges, déchiré avec des ongles de fer, et souffrit d’autres genres de tourments très cruels ; il eut enfin la tête tranchée et remit à Dieu son âme invincible. Ses miracles accomplis pour venir en aide aux captifs, sont attestés par les Actes du second concile de Nicée.

    *

    Saint Romain d'AntiocheNous fêtons également en ce jour le saint martyr Romain, diacre et exorciste de l’Eglise de Césarée de Palestine, qui souffrit généreusement le martyre à Antioche lors de la persécution de Dioclétien (303), ainsi que le saint garçon Barulas qui l’accompagna dans sa passion.

    Saint Romain (ou Roman) exerçait les offices de diacre & d’exorciste dans l’Eglise de Césarée quand furent publiés en 303 les édits de la grande persécution de Dioclétien et de Maximien. Il se trouvait alors à Antioche lorsqu’on commença à y démolir les églises. Comme il exhortait les chrétiens à défendre leurs sanctuaires & qu’il relevait le courage d’un grand nombre, il fut arrêté et traduit devant le juge Asclépiade. Au cours du procès, un enfant, Barulas (Barallaha en syriaque, et par contraction Barlaha), avait été pris par hasard dans la foule pour apporter son témoignage. Or l’enfant loua le Dieu de Jésus-Christ et, pour cela, il fut battu de verges et Asclépiade eut l’inhumanité de le faire décapiter. Avant sa mort, le saint garçon pria sa mère, présente à l’exécution de son fils, de lui donner à boire, et sa mère ne cessa de l’encourager, le priant de supporter toutes ses souffrances pour le Seigneur Jésus-Christ. S’élevant au dessus des sentiments de la nature, elle tint la tête de son fils sur le billot et eut l’autorisation ensuite d’enterrer son corps.

    Asclépiade condamna saint Romain à être brûlé vif après avoir été flagellé et déchiré par des crocs de fer. L’exécution devait se faire en présence de Dioclétien qui était alors à Antioche. Une averse empêcha le feu de prendre et saint Romain louait Dieu tout en se moquant de ses bourreaux et des idoles impies des païens. L’empereur le fit amener et commua la sentence, ordonnant qu’on coupa la langue de saint Romain jusqu’à la racine. On le jeta ensuite en prison pour plusieurs mois, et le saint continua cependant à parler malgré son supplice. Enfin, on l’étrangla dans la prison le 17 novembre 303. Cependant, sa fête liturgique est célébrée le 18 novembre, tant en Orient qu’en Occident. Voici du reste sa notice au Martyrologe romain du 18 novembre :

    A Antioche, l’anniversaire de saint Romain, martyr. Au temps de l’empereur Galère, comme il voyait le préfet Asclépiade faire irruption dans une église et s’efforcer de la renverser de fond en comble, il exhorta les autres chrétiens à entraver ce dessein. Pour ce motif, après avoir souffert d’affreux tourments et avoir eu la langue coupée (ce qui cependant ne l’empêchait pas de célébrer les louanges de Dieu), il fut étranglé en prison et honoré de la couronne du martyre. Avant lui souffrit aussi un petit enfant, nommé Barulas, qui, interrogé par le préfet sur ce qui était le plus raisonnable, ou d’adorer un seul Dieu, ou d’en reconnaître plusieurs, avait répondu qu’il fallait croire au seul Dieu qu’adorent les chrétiens ; pour ce motif il fut battu de verges et décapité.

    Le culte de saint Romain & de saint Barulas s’est répandu très tôt en Orient comme en Occident. Le martyre de saint Romain est bien connu car il a été rapporté par Eusèbe de Césarée (Traité de la Résurrection, livre 2 & Livre des Martyrs de Palestine, chap. 2). Saint Jean Chrysostome prononça un Panégyrique en son honneur à Antioche, le jour de sa fête (43ème discours). On trouve un second panégyrique de saint Romain dans les œuvres attribuées à saint Jean Chrysostome, mais qui doit être d’un autre prêtre d’Antioche contemporain. Enfin, nous possédons un troisième panégyrique de ce saint parmi les homélies publiées sous le nom d’Eusèbe d’Emèse (Sermon 50).

    Surtout, le poète espagnol Prudence (348 † c. 405/410) consacre à saint Romain un long poème très bien documenté, qui a été rangé à l’époque moderne comme 10ème hymne de son Peristephanon. Cette pièce de 1140 vers en trimètres iambiques, intitulée Romanus, Contre les païens est un des rares exemples de quasi “tragédie” écrite par un auteur chrétien dans l’Antiquité. La fête de saint Romain a été célébrée de bonne heure au 18 novembre dans le rit hispano-mozarabe. Voici la première strophe de l’hymne, qui doit remonter à l’époque wisigothique :

    Romane, Christi fortis adsertor Dei,
    Elinguis oris organum fautor move:
    Largire comptum carmen, et faustissimum,
    Fac ut tuarum mira laudum concinam.

    En araméen, Barallaha signifie Enfant (ou serviteur) de Dieu. Dans le rit hispano-mozarabe, le saint martyr Barulas est nommé Théodule, mot grec qui a la même signification.

    Autre témoignage de la dévotion précoce des Espagnols à saint Romain, de nombreuses églises ibériques lui sont dédiées, dont l’une des plus anciennes églises de Tolède (Eglise Saint Román, actuel Musée des Conciles de Tolède et de la Culture wisigothique). Si le bâtiment actuel remonte au XIIIème siècle, il succède à une basilique wisigothique transformée en mosquée avant le XIème siècle, elle même établie sur une première basilique antique. C’est pour une autre église Saint-Romain à Séville que Francisco de Zurbarán a peint un célèbre tableau du saint tenant sa langue, accompagné du saint garçon Barulas.

    *

    Aux heures
    A tierce & à sexte : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire des martyrs. Kondakion : du dimanche.

    Tropaires des Béatitudes : huit tropaires du ton dominical :
    1. Souviens-toi de moi, Dieu Sauveur, * quand tu entreras dans ton royaume, ** seul Ami des hommes, sauve-moi.
    2. Adam fut séduit par l’arbre défendu, * mais par celui de la Croix tu as sauvé * le bon Larron s’écriant : ** Dans ton royaume, Seigneur, souviens-toi de moi.
    3. Ayant brisé les portes & les verrous de l’Enfer, * tu as ressuscité, Source de vie, * Sauveur, tous ceux qui s’écrient : ** Gloire à ta sainte Résurrection.
    4. Souviens-toi de moi, Seigneur * qui par ta sépulture triomphas de la mort * & comblas de joie l’univers, ** Dieu de tendresse, par ta Résurrection.
    5. Les Myrophores venues au tombeau * entendirent l’Ange proclamer : * Il est vraiment ressuscité, ** le Christ qui illumine le monde entier.
    6. Le Christ qui fut cloué * sur le bois de la croix * & sauva le monde de l’erreur, ** chantons-le tous d’un même chœur.
    7. Glorifions le Père & le Fils * & l’Esprit de sainteté, * disant à l’indivise Trinité : ** sauve nos âmes, nous t’en prions.
    8. O Vierge qui a conçu de merveilleuse façon * & mis au monde en ces derniers temps * ton propre Créateur, ** sauve les fidèles qui te magnifient.

    A la petite entrée :
    1. Tropaire du dimanche, ton 6 : Devant ton sépulcre les Puissances des cieux, * autant que les soldats, furent frappées d’effroi ; * et Marie (Madeleine) se tenait près du tombeau, * cherchant ton corps immaculé ; * mais tu brisas l’Enfer sans te laisser vaincre par lui, * tu rencontras la Vierge et nous donna la vie. * Ressuscité d’entre les morts, ** Seigneur, gloire à toi.
    2. Tropaire des Martyrs, ton 4 : Tes Martyrs, Seigneur, pour le combat qu’ils ont mené * ont reçu de toi, notre Dieu, la couronne d’immortalité ; * animé de ta force, ils ont terrassé les tyrans * et réduit à l’impuissance l’audace des démons ; ** par leurs prières sauve nos âmes.
    3. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
    4. Kondakion des Martyrs, ton 3 : Ta mémoire, saint Platon, réjouit le monde entier, * appelant les fidèles vers ton temple sacré ; * tous ensemble nous y chantons * avec allégresse tes hauts faits * et dans la foi nous nous écrions : ** Délivre des barbares ce qui fut ta cité.
    5. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
    6. Kondakion du dimanche, ton 6 : De sa main vivifiante le Seigneur source-de-vie, * le Christ notre Dieu, * a fait surgir tous les morts des ténèbres de l’Enfer, * accordant la résurrection à tout le genre humain ; * il est vraiment notre Sauveur, ** notre vie, notre résurrection et le Dieu de l’univers.

    Prokimen
    Du dimanche, ton 6 :
    ℟. Sauve, Seigneur ton peuple, et béni ton héritage (Psaume 27, 9).
    ℣. Vers Toi, Seigneur, j’appelle : mon Dieu, ne reste pas silencieux en face de moi (Psaume 27, 1).

    Epître
    Du dimanche : Ephésiens (§ 220) II, 4-10.
    Et il nous a ressuscités avec lui, et nous a fait asseoir dans le ciel en Jésus-Christ.

    Alleluia
    Du dimanche, ton 6 :
    ℣. Ton amour, Seigneur, à jamais je le chante, d’âge en âge ma parole annonce ta fidélité (Psaume 88, 2).
    ℣. Car j’ai dit : l’amour est bâti à jamais, aux cieux tu as fondé ta fidélité (Psaume 88, 3).

    Evangile
    Du dimanche : Luc (§ 66) XII, 16-21.
    Mais Dieu dit à cet homme : Insensé que tu es ! on va te redemander ton âme cette nuit même ; et pour qui sera ce que tu as amassé ?

    Versets de communion
    Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux (Psaume 148, 1).

    Partitions du propre de ce dimanche.

    Enregistrement : sainte messe de la solennité de sainte Cécile

    L’enregistrement de cette messe :

    Le sermon de M. l’Abbé Faure, curé :

    Sainte Cécile par Simon Vouet ca. 1626, Wadsworth Atheneum, Hartford (Connecticut)

    Télécharger le livret de cette messe au format PDF.

    Les fichiers MP3 sont téléchargeables ici.

    Le Concile & la Réforme liturgique : un récit alternatif

    Monsieur l'Abbé HunwickeM. L’Abbé John Hunwicke est un ancien ministre anglican d’Oxford devenu prêtre catholique dans l’Ordinariat de Notre-Dame de Walsingham. Il tient depuis plusieurs années un blog personnel qui est un modèle d’érudition et de profondeur d’analyse sur divers sujets, principalement sur la liturgie chrétienne.

    Nous traduisons ici, avec son autorisation, un article de réflexions qu’il a publié le 25 novembre dernier sur la genèse de la réforme liturgique attribuée par beaucoup au Concile Vatican II.

    Le Concile & la liturgie : un récit alternatif

    Le second Concile du Vatican

    Je suppose qu’une analyse courante de ce qui s’est passé dans les années 1960 pourrait être :

    “Le Concile a ordonné une révision assez légère de la liturgie ; cependant des intérêts particuliers ont par la suite pris le contrôle des leviers du pouvoir liturgique et ont pressés les choses à l’extrême.”

    Je suggère que quelque chose de vraiment très différent est en réalité survenu, et cette prise de conscience pourrait s’avérer embarrassante tant pour les Trendies que pour les Traddies.

    Le point essentiel est en réalité le suivant : Le processus de changement était déjà bien en place.

    Semaine Sainte - Desclée, n°336Je ne pense pas que le Concile, en effet, ait apporté la moindre différence. Ma réflexion en ce sens a démarré à la lecture de certains passages qu’avait écrit Annibale Bugnini dans la préface de son Commentaire de 1956 sur la nouvelle liturgie de la Semaine Sainte. Je donne ma propre traduction de son latin : “Lorsque la Vigile pascale fut restaurée, un liturgiste enthousiaste n’avait pas hésité à affirmer : le pape Pie XII, dans l’histoire de la liturgie à travers les âges, sera considéré comme “le restaurateur de la Vigile pascale”. Maintenant, cependant, avec l’aide de la grâce de Dieu, il doit être appelé “le restaurateur de la Semaine Sainte”, tandis que dans le secret de nos cœurs, nous ne doutons pas que de plus grandes choses attendent encore cet Ouvrier infatigable, et il est très probable (nec veritatis specie caret) qu’il sera appelé “le restaurateur de toute la Sainte Liturgie”.

    Rappelez-vous la nature extrêmement radicale de la “restauration” de la Semaine Sainte. J’ose affirmer qu’elle est plus radicale que les changements post-conciliaires de l’Ordo Missae lui-même. 1951 et 1955 étaient tout simplement les deux premières étapes, dont 1969 était la troisième étape logique et cohérente. Les modifications apportées à la Semaine Sainte apparaissaient moins radicales que les changements ultérieurs que parce qu’elles n’affectaient qu’une seule semaine de l’année, pour des offices qui n’étaient pas d’obligation et auxquels, pour la plupart, peu de gens assistaient.

    Annibale-BugniniMaintenant permettez-moi de citer un passage célèbre du cardinal Ratzinger daté de 1999 : “Après le Concile Vatican II, l’impression s’installa que le pape pouvait vraiment faire tout ce qu’il voulait en matière de liturgie, surtout s’il agissait sur le mandat d’un concile œcuménique. (…) En fait, le premier concile du Vatican n’avait nullement défini le pape comme un monarque absolu. Au contraire, il l’avait présenté comme le garant de l’obéissance au Verbe révélé. L’autorité du pape est liée à la tradition de la foi, et cela s’applique également à la liturgie. Celle-ci n’est pas fabriquée par des autorités. Même le pape ne peut être qu’un humble serviteur de son développement légitime et respectueux de l’intégrité et de l’identité”[1]. Je pense que ce sont des sentiments admirables. Ma seule réserve serait ceci : Pie XII avait engagé le processus d’altération radicale, à l’aide des mêmes personnes qui allaient occuper une place importante après le Concile, tel Annibale Bugnini, et ce, avant et sans avoir un mandat d’un Concile œcuménique. Nous avions parcouru un long chemin depuis ce Pontife admirable et érudit que fut Benoît XIV, lequel avait conclu que la disposition du Psautier dans le Bréviaire romain ne pouvait être changée parce qu’il n’y avait aucune preuve que l’Église romaine avait déjà utilisé une autre. Je pense qu’il serait plus approprié de qualifier les changements liturgiques du vingtième siècle de réformes “Pie-Paulines”. Ce sont des changements fondés exactement sur cette notion de pouvoir papal qui Benoît XVI a critiqué si vivement : que le Pape peut faire ce qu’il veut. Le processus de “réforme” liturgique a, dès le début, été le produit de la papauté “maximale” de Pie XII. Le Concile n’a été qu’un épisode dans ce processus. Je n’ai jamais cessé d’être étonné par ce paradoxe central de l’histoire catholique du milieu du XXème siècle : que les “Progressistes” et les “Libéraux” furent capable d’assez bien transformer l’Eglise latine en coulisse simplement en manipulant un modèle absolutiste du pouvoir papal.

    Le Pape Benoit XIVJe pense que ce sera très intéressant de voir, à moyen terme, comment le pape François comprend son ministère. Il peut être tentant pour un homme bon avec des motifs admirables et qui est confronté à de réels problèmes d’utiliser la puissance de son poste pour prendre des raccourcis. Il faut être un Pontife très savant et véritablement très humble – comme un Benoît XIV ou un Benoît XVI – pour comprendre et pour intérioriser la perception de ce qu’il ne devrait pas faire (et je ne parle pas seulement de Liturgie). Les deux récentes prises de position du pape François qui touchent à ​​l’herméneutique de la continuité me rendent prudemment optimiste. Si cet homme peut consolider les gains réalisés par notre bien-aimé Pape Benoît XVI et dans le même temps prudemment développer l’enseignement du Magistère sur l’option préférentielle pour les pauvres, il pourrait se révéler être un grand Pontife.

    Pour prolonger la lecture de cet article : La réforme de la Semaine Sainte de 1955 – Présentation générale.

    ***********************

    Notes :    (↵ reviens au texte)

    1. Le P. Aidan Nichols rapporte que le Père Adrian Fortescue, il y a près d’un siècle, a écrit “Le pape n’est pas un tyran irresponsable qui peut faire n’importe quoi avec l’Église qu’il aime. Il est tenu de tout côté…”

    Programme de la fête de sainte Cécile, Vierge & Martyre, patronne de la paroisse, de notre schola & des musiciens

    Saint-Eugène, le dimanche 24 novembre 2013, grand’messe de 11h. Vêpres & salut du Très-Saint Sacrement à 17h

    Sainte Cécile est l’une des plus illustres parmi les vierges-martyres de Rome. C’est à la fin du IIIème siècle qu’elle joignit à la couronne des vierges celle des martyrs. Mariée de force au païen Valérien, elle le convertit à la foi véritable ainsi que son beau-frère Tiburce. Les Actes de sainte Cécile nous rapportent que le jour de son mariage forcé, tandis que résonnait la musique païenne des noces, Cécile chantait en son cœur une hymne au Christ, le priant de la garder immaculée. Pour cette raison Cécile est devenue patronne des musiciens. Valérien, Tiburce et Cécile recevront tous les trois la palme du martyre, proclamant jusque dans leur mort leur fidélité au Christ Rédempteur. Cécile fut ébouillantée, puis reçut les trois coups de glaives légaux, auxquels elle survivra néanmoins trois jours encore, agonisant péniblement dans sa maison qu’elle laissa en héritage au Pape Urbain ; plus tard cette maison fut dédicacée comme église un 22 novembre, et placée sous son patronage. En octobre 1599, lorsque, sous les ordres du cardinal Sfondate, on y ouvrit le sarcophage de la sainte, son corps était encore intact. Le nom de sainte Cécile figure au Canon de la Messe romaine.

  • Propre du jour en vieux plain-chant parisien – Messe polyphonique : Missa Gaudete in Domino semper du sacre de Louis XVI (dimanche de la Trinité 1775) par son maître de chapelle François Giroust (1737 † 1799).
  • Procession d’entrée : orgue
  • Introït – Loquebar (ton v.)
  • Graduel – Audi filia (ton vii.)
  • Alleluia – Quinque prudentes virgines (ton v.)
  • Offertoire – Afferentur (ton iv.)
  • Pendant les encensements de l’offertoire : Sacræ Cecilides – dialogue sacré en l’honneur de sainte Cécile – musique de Guillaume Bouzignac (c. 1587 † ap. 1643), maître de chapelle des cathédrales d’Angoulême, de Bourges, de Rodez, de Clermont-Ferrand, & de la collégiale Saint-André de Grenoble
  • Préface des Saints au propre de l’archidiocèse de Paris
  • A l’élévation : O salutaris hostia d’Orléans (1760) – François Giroust
  • Pendant la communion : Inclyti festum pudoris – hymne de l’office du rit hispano-mozarabe de sainte Cécile remontant à l’époque wisigothique (VIIème siècle) – plain-chant de Tolède et alternances polyphoniques d’après Tomás Luis de Victoria (1548 † 1611), maître de chapelle aux Descalzas Reales de Madrid
  • Communion – Confundantur (ton i.)
  • Prière pour la France de la messe du Sacre de Louis XVI par Giroust
  • Ite missa est VIII
  • Au dernier Evangile : Salve Regina
  • Procession de sortie : O Sancta cœlicolis – invocation des musiciens à sainte Cécile, extraite de « La Céciliade ou martyre sanglant de sainte Cécile, patronne des musiciens », tragédie en musique représentée à Paris en 1606 – vers de Nicolas Soret – musique d’Abraham Blondet, chanoine & maître de chapelle de Notre-Dame de Paris
  • Télécharger le livret de cette messe au format PDF.