Programme du IVème dimanche après la Pentecôte – Miracle de Notre-Dame de Vladimir de 1480 – ton 3

Icône de la Mère de Dieu de VladimirParoisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 6 juillet 2014 du calendrier grégorien, 23 juin 2014 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.

Dimanche du ton III de l’Octoèque. Nous fêtons aussi le miracle de l’icône de Notre-Dame de Vladimir, qui sauva Moscou de l’invasion du khan Ahmat de la Grande Horde l’an 1480.

L’icône de la Mère de Dieu de Vladimir est l’une des plus vénérées de Russie. Le grand-duc Iouri Dolgorouki de Kiev l’a reçue en présent de Luc Chrysoberges, patriarche de Constantinople, vers 1131. Ce prince la fit placer dans le monastère de femmes Mejihirski près de Kiev jusqu’à ce que son fils Andreï Bogolioubski veuille la transporter dans la ville de Rostov, en 1155. Mais lorsque les chevaux qui transportaient l’icône s’arrêtèrent près de Vladimir et refusèrent d’aller plus loin, ceci fut interprété comme un signe que la Theotokos voulait que l’icône reste à cet endroit. Andreï Bogolioubski fit construire à cet emplacement la grande cathédrale de l’Assomption de Vladimir de 1158 à 1160 pour abriter l’icône, et cet évènement entraîna par la suite la consécration de nombreuses autres églises à la Mère de Dieu dans tout le nord-ouest de la Russie. En 1164, l’icône de la Vierge de Vladimir accompagnait ce même prince André Bogolioubski dans sa marche victorieuse contre les Bulgares de la Volga. Elle sera miraculeusement épargnée pendant l’incendie qui ravagea la cathédrale de Vladimir le 13 avril 1185 et ne subit aucun dommage lors du sac de la ville le 7 février 1238 par les troupes mongoles, qui incendièrent pourtant la cathédrale, dans laquelle périrent la princesse Agatha Vsevolodovna et le reste de la famille princière.

En 1395, le terrible et sanguinaire Tamerlan menace Moscou avec ses hordes turco-mongoles musulmanes. On fait alors venir l’icône sacrée de Vladimir, protectrice de la Sainte Russie. Une grande procession du clergé et de la population de Moscou vint l’accueillir à une porte de la ville le 26 août 1395. Le lieu de cette sainte rencontre (sretenie en slavon) en prit le nom : c’est l’actuelle rue Sretenka de Moscou, où s’élève le très beau monastère Sretensky, haut lieu de l’actuelle renaissance spirituelle russe, également réputé pour l’excellence de son chœur liturgique. Ce monastère fut élevé pour commémorer cette rencontre de la Mère de Dieu et du peuple de Moscou suppliant de lui venir en aide.

Après cette rencontre, l’icône est accompagnée en grande pompe au Kremlin en la cathédrale de la Dormition, et le grand-prince Basile Ier passa la nuit en prières et en pleurs devant celle-ci. Le lendemain, Tamerlan faisait demi-tour sans avoir livré bataille.

Après ce miracle, les Moscovites refusèrent de restituer l’icône à la ville de Vladimir et elle demeura dans la cathédrale de la Dormition du Kremlin de Moscou, devenant l’icône despotique de son iconostase. C’est devant elle que se déroulaient les grands actes de la vie du pays, tels que le couronnement du tsar ou l’élection du patriarche. Elle devint l’objet de pèlerinages populaires. Pour ne pas priver totalement les habitants de Vladimir, leur icône y retourna maintes fois, surtout lors des pénibles années de l’invasion tatare. Le prince Basile en fit peindre par ailleurs une copie par Saint André Roublev, copie destinée à la cathédrale de la Dormition à Vladimir.

Par la suite, outre ce miracle de 1385, l’icône fut à l’origine de nombreuses délivrances miraculeuses de Moscou face aux envahisseurs musulmans :

  • En 1408 : siège de Moscou par le khan Edigueï
  • En 1451 : siège de Moscou par Mazovcha, le fils du khan de Nagaï. Le métropolite Jonas ordonne une procession sur les remparts avec l’icône de la Mère de Dieu et les forces islamiques lèvent le siège.
  • En 1459 : siège de Moscou par le khan de Nagaï voulant laver l’humiliation de son fils en 1451. Ivan III le met en déroute.
  • En 1480 : siège de Moscou par le khan Ahmat de la Grande Horde. C’est l’objet de la fête de ce jour, nous y reviendront.
  • En 1521 : siège de Moscou par Mahmet Guireï. Les troupes russes, inférieures en nombre, parviennent à encercler les troupes tatares et celles-ci fuient de façon désorganisée.

En hommage à ces miracles, l’église russe fête trois fois par an les principaux miracles de l’icône de la Vierge de Vladimir : le 21 mai (miracle de 1521), le 23 juin (miracle de 1480) et le 26 août (miracle de 1395). Le miracle de 1451 a eu lieu le jour de la fête de la Déposition du vêtement de la Mère de Dieu dans l’église des Blachernes à Constantinople, il ne possède pas de fête propre.

Revenons sur le miracle de 1480, qui est l’objet propre de la fête de ce 23 juin.

En cette année 1480, le tsar Ivan III le Grand déchira sur les marches de la cathédrale de l’Assomption le traité qui soumettait Moscou au pouvoir de la Horde d’or et déclara ainsi l’indépendance de la Russie, refusant par là même de payer le tribut au chef de la Horde d’or, Ahmet, qui se dirigea aussitôt vers Moscou avec une énorme armée. L’icône de la Mère de Dieu se trouvait à ce moment-là à Vladimir. On l’envoya chercher en toute hâte et elle parvint à Moscou le 23 juin. Les armées russes & tatares prennent position sur l’Ougra et s’observent pendant plusieurs jours, aucune des deux ne se décidant à traverser la première. À Moscou, on priait jour et nuit devant l’icône en implorant la Toute-Pure d’apporter son aide. Une rumeur venue d’on ne sait où circula parmi le peuple, disant que la Mère de Dieu avait posé sa ceinture sur la rivière entre les deux armées, ce qui avait eu pour effet de les tenir immobiles. Le prince Ivan Vassilievitch décida à la fin de mettre un terme à cette attente en s’éloignant de la rivière pour obliger les Tatars à la traverser en toute quiétude : il espérait ainsi engager la bataille avec une moitié de l’armée, et mettre les Tatars en déroute en les prenant en étau sur la rivière. Ahmet réfléchit longtemps et flaira le piège. Il s’écarta à son tour, et c’est ainsi que la ceinture de la Mère de Dieu les éloigna les uns des autres. Le contact ayant été évité, le prince Ivan envoya des détachements de cavaliers autour de l’armée ennemie pour localiser les Tatars et sonder leurs intentions. En voyant constamment ces cavaliers russes autour d’eux, les Tatars craignirent d’être entourés et reculèrent de plus en plus. Le 7 novembre, ils partirent définitivement, renonçant à l’idée de conquérir Moscou. On institua la journée du 23 juin, date de l’arrivée de l’icône à Moscou, comme fête solennelle de la Mère de Dieu.

Après la révolution bolchevique, l’icône fut spoliée par les communistes dès 1918 ; elle fut déposée en 1926 au Musée historique d’Etat puis depuis 1930 à la Galerie Tretyakov de Moscou, qui en est toujours le dépositaire officiel.

On raconte en Russie qu’en décembre 1941, alors que les Allemands approchaient de Moscou, Staline aurait ordonné que l’icône fût placée dans un avion qui ferait le tour de la capitale assiégée. L’armée allemande commença à se retirer quelques jours après.

Comme pour d’autres icônes célèbres (celle de la Trinité écrite par saint André Roublev par exemple), se posa dans les années 1990 le délicat problème de la restitution par la Galerie Tretyakov de ces biens spoliés qui constituent à la fois des trésors artistiques – fleurons de la célèbre galerie – mais sont aussi des joyaux pour la piété des fidèles croyants. Une solution juridique originale a été mise en place en 1999 : l’église Saint-Nicolas de Tolmachi, appartenant à la Galerie Tretyakov, expose désormais l’icône de la Vierge de Vladimir et d’autres trésors religieux célèbres de la galerie. L’église a été reconsacrée et les offices y sont célébrés quotidiennement ; elle est ouverte à la visite touristique en dehors des offices. En outre, l’icône miraculeuse de Notre Dame de Vladimir est aussi régulièrement transférée à la cathédrale de la Dormition du Kremlin pour les grandes fêtes solennelles.

Icône de la Mère de Dieu de Vladimir (détail)Le modèle de l’icône est du type Eleusa – Vierge de tendresse -, la joue du l’Enfant est serrée contre celle de sa Mère dans un geste d’amour et d’affection.

Le prototype de la Vierge de Vladimir est identifiable par une particularité dans la représentation du pied gauche de l’Enfant-Jésus (son pied gauche est replié ce qui laisse voir la plante de face).

Les analyses tant historiques que scientifiques établissent que l’icône de la Vierge de Vladimir a été composé à la fin du XIème siècle ou au début du XIIème siècle par un ou plusieurs maîtres de l’école byzantine de Constantinople. Les spécialistes la considèrent comme l’icône la plus importante de la période comnénienne du point de vue artistique. La taille initiale de l’icône est de 78 cm x 55 cm. La planche de tilleul à une épaisseur de 2,7 cm. Elle a été augmentée pour mesurer 104 cm x 69 cm (probablement pour faciliter son insertion dans une iconostase). Elle possède de ce fait une arche profonde et des champs larges.

L’icône présente la particularité d’être écrite sur les deux faces. Le verso, qui représente un autel byzantin avec l’évangéliaire, la croix & les instruments de la Passion, date de la restauration faite en 1514 sur ordre du métropolite Varlaam. Cette image a été peinte par l’école d’iconographie de Moscou.

L’icône de Notre-Dame de Vladimir exprime profondément le sentiment d’amour maternel de la Mère de Dieu mais aussi son anxiété vis-à-vis de son enfant. Elle transcrit de manière claire mais pourtant retenue l’intensité des émotions. Prions la Mère de Dieu qu’elle daigne continuer à nous protéger de nos dangers présents par sa maternelle protection.

Aux heures
A tierce : Tropaire du dimanche, ton 3. Gloire au Père. Tropaire de la Mère de Dieu. Et maintenant. Theotokion de l’heure. Kondakion : du dimanche.
A sexte : Tropaire du dimanche, ton 3. Gloire au Père. Tropaire de la Mère de Dieu. Et maintenant. Theotokion de l’heure. Kondakion : de la Mère de Dieu.

Tropaires des Béatitudes : 6 tropaires du dimanche ton 3, & 4 tropaires de la 3ème ode du canon de la Mère de Dieu.
1. Adam, notre premier père, ayant transgressé ton commandement, * ô Christ, tu l’as chassé du Paradis ; * mais, compatissant, tu fis entrer le bon Larron * te confessant sur la croix et criant : * Souviens-toi de moi, Sauveur, ** quand tu entreras dans ton royaume.
2. Pour notre faute, tu nous condamnas * à la malédiction de la mort, Seigneur source-de-vie ; * mais, souffrant dans ton corps, Maître sans péché, * tu fis revivre les morts qui s’écrièrent : * Souviens-toi de nous aussi ** quand tu entreras dans ton royaume.
3. Ressuscité d’entre les morts, tu nous sauvas de nos passions, * Seigneur, par ta sainte Résurrection ; * et, Sauveur, tu as détruit toute la puissance de la mort ; * c’est pourquoi nous, les fidèles, te crions : * Souviens-toi de nous aussi ** quand tu entreras dans ton royaume.
4. Par ta sépulture de trois jours tu éveillas, * Dieu, les morts qu’aux Enfers tu vivifias ; * et, dans ta bonté, tu fus la source de l’immortelle vie * pour nous tous, fidèles, qui sans cesse te crions : * Souviens-toi de nous aussi ** quand tu entreras dans ton royaume.
5. Aux Myrophores tu apparus d’abord, * Sauveur ressuscité d’entre les morts, * leur criant : Réjouissez-vous ! * et par elles, ô Christ, tu révèles ton éveil à tes amis ; * aussi te crions-nous : * Souviens-toi de nous aussi ** quand tu entreras dans ton royaume.
6. Sur la montagne Moïse, étendant les bras, préfigurait la croix et triomphait d’Amalec ; * nous-mêmes, nous la prenons pour combattre les démons * et tous ensemble avec foi te crions : * Souviens-toi de nous aussi ** quand tu entreras dans ton royaume.

A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 3 : Que les cieux se réjouissent, * que la terre exulte d’allégresse, * car le Seigneur a fait merveille * par la force de son bras, * terrassant la mort par sa propre mort * et devenant d’entre les morts le premier-né : * du sein de l’Enfer il nous a tous sauvés, * accordant au monde la grâce du salut.
2. Tropaire de la Mère de Dieu, ton 4 : En ce jour rayonne l’illustre cité de Moscou, * car elle a reçu comme un rayon de soleil, * notre Dame, ton icône miraculeuse, vers laquelle nous accourons * pour te chanter, suppliants : * Admirable Souveraine & Mère de Dieu, * prie le Christ qui s’est fait chair en ton sein * de protéger ta cité & de garder toute ville & contrée * de tout malheur causé par l’ennemi ** & de sauver nos âmes, en la tendresse de ton cœur.
3. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
4. Kondakion du dimanche, ton 3 : Du tombeau tu es ressuscité * en ce jour, ô Dieu de miséricorde, * nous arrachant aux portes de la mort ; * en ce jour Adam tressaille d’allégresse et Eve danse de joie, * et tous ensemble les Patriarches & les Prophètes chantent inlassablement * la force & la puissance de ta divinité.
5. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
6. Kondakion de la Mère de Dieu, ton 8 : Que retentissent nos accents de victoire en ton honneur, invincible Reine, * toi qui nous sauves des périls du combats, Mère de Dieu, Vierge souveraine ! * Vers toi montent nos louanges, nos chants d’action de grâce. * De ton bras puissant dresse autour de nous le plus solide des remparts, * sauve-nous de tout danger, hâte-toi de secourir * les fidèles qui te chantent : ** Réjouis-toi, Epouse inépousée.

Prokimen
Du dimanche, ton 3 :
℟. Sonnez pour notre Dieu, sonnez ; sonnez pour notre Roi, sonnez ! (Psaume 46, 7).
℣. Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! (Psaume 46, 2).
De la Mère de Dieu, ton 3 :
℟. Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur (Luc 1, 46).

Epîtres
Du dimanche : Romains (§ 93) VI, 18-23.
Car la mort est la solde et le payement du péché ; mais la vie éternelle est une grâce et un don de Dieu, en Jésus-Christ notre Seigneur.
De la Mère de Dieu : Philippiens (§ 240) II, 5-11.

Alleluia
Du dimanche, ton 3 :
℣. En toi, Seigneur, j’ai mon abris ; sur moi pas de honte à jamais (Psaume 30, 2).
℣. Sois pour moi un Dieu qui me défend, un lieu fort qui me sauve (Psaume 30, 3.)
De la Mère de Dieu :
℣. Ecoute, ma fille, regarde & tends l’oreille, oublie ton peuple & la maison de ton père (Psaume 44, 11).

Evangiles
Du dimanche : Matthieu (§ 25) VIII, 5-13.
Mais le centenier lui répondit : Seigneur ! je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison ; mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.
De la Mère de Dieu : Luc (§ 54) X, 38-42 ; XI, 27-28.

Verset de communion
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux. (Psaume 148, 1).
De la Mère de Dieu : J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur (Psaume 115, 13). Alleluia, alleluia, alleluia.

Télécharger le livret des choristes pour ce dimanche.

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