Saint Damase Ier (366-384)

Son origine espagnole n’est pas avérée, il entre dans les ordres et s’y distingue assez vite par ses vertus. Devenu diacre, Damase est le bras droit du pape Libère et l’accompagne dans l’exil dont l’empereur Constance II frappe ce pape. De ce fait il apparait comme l’héritier et le successeur naturel de Libère. Mais, à la mort du pape survenue le 24 septembre 366, la succession ne se fait pas sereinement et deux partis s’affrontent : un autre diacre, Ursin se montre plus prompt à se faire élire, puis se fait consacrer par l’évêque de Tibur (Tivoli), en la basilique (civile) Julienne dès la mort du pape. Un parti bien plus nombreux procède, en Saint-Laurent-de-Lucine, à l’élection régulière de Damase, qui est consacré, en la basilique-cathédrale du Latran, le 1er octobre 366. Les partisans d’Ursin et ceux de Damase engagent un combat de plusieurs jours qui fera de nombreux morts sans que Damase y soit mêlé. Ursin et ses affidés sont expulsés par le préfet de Rome. Damase est ainsi élu par dans une époque troublée par les dissensions théologiques (Ursin est bienveillant avec les idées semi-ariennes) et les luttes de partis.

Une fois installé pape, la lutte incessante contre les hérésies devient la préoccupation de Damase. Dans sa lutte contre l’arianisme, il noue des relations étroites avec les pères de l’Eglise d’Orient : saint Athanase, saint Epiphane, saint Grégoire de Nazianze et saint Basile de Césarée. Le pape dépose l’évêque de Milan Auxence, zélateur de l’arianisme et prédécesseur de saint Ambroise. Le pape est aussi l’un des premiers à condamner l’apollinarisme (Apollinaire de Laodicée professait une doctrine hérétique qui niait la double nature humaine et divine du Christ, lequel n’aurait été que le Verbe dans un corps humain, simple enveloppe : le Christ n’était plus dès lors véritablement homme) : l’apollinarisme fut condamné aux conciles locaux de Rome de 374, 377 & 378 présidés par Damase, et la condamnation fut reprise au concile œcuménique de Constantinople de 381. En 381 toujours, le concile d’Aquilée se réunit à sa demande ; ce concile jouera un rôle majeur dans la fin de l’hérésie arienne en Occident. Rappelons que l’arianisme avait été déclaré hérétique au Concile de Nicée de 325. Cette hérésie niait la divinité de Jésus et donc la consubstantialité, c’est à dire la même substance du Père et du Fils.

Saint Jérôme offre la Vulgate à saint Damase.
Saint Jérôme offre la Vulgate à saint Damase.

En 382, Damase accueille à Rome saint Jérôme de Stridon, lui demandant de réviser & d’unifier les diverses traductions latines de la Bible. Des traductions latines des Ecritures existaient en effet depuis le IInd siècle, elles étaient très diverses car faites à différents endroits par des traducteurs différents, d’où un certain nombre d’imprécisions et de fautes. Ce saint pape est donc celui à qui nous devons la Vulgate, l’édition définitive de la Bible en latin.

A la demande du pape, saint Jérôme traduisit en particulier pour la liturgie romaine le Psautier dit romain, première des trois versions du psautier qu’il réalisa, mais c’est la seconde version de saint Jérôme, dit Psautier gallican, que nous employons depuis sa large diffusion dans l’Empire carolingien, due à son adoption précoce par les Eglises de Gaule. Seules les grandes basiliques romaines avaient réussi à conserver jusqu’au XXème siècle l’usage exclusif du chant des offices sur le Psautier romain ; la quasi totalité des pièces chantées du propre de la messe, dont la composition remonte aux six premiers siècles, sont quant à elles logiquement toujours établies sur le texte du Psautier romain, d’où parfois de très légères différences entre la messe et l’office. Comparons ainsi le premier verset du psaume XLI dans les deux psautiers, dans deux usages liturgiques différents. Il est chanté le samedi saint à la messe de la vigile pascale, comme trait qui accompagne la procession se rendant aux fonts baptismaux pour la bénédiction de l’eau baptismale. On chante alors, sur le texte du Psautier romain :

Sicut cervus desiderat ad fontes aquarum : ita desiderat anima mea ad te, Deus.

Tandis qu’à l’office divin, à l’office nocturne du mardi, on chante selon le Psautier gallican :

Quemadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum : ita desiderat anima mea ad te, Deus.

Saint Damase IerOn doit surtout au pape Damase l’introduction du chant de l’alleluia dans la messe romaine, à l’imitation vraisemblablement de la liturgie de Jérusalem, et très certainement sous l’influence de saint Jérôme. Comment se fit cette adoption ? Rome se mit à cette époque à célébrer les vêpres stationales de Pâques sur le modèle de ce qui se pratiquait à la basilique de l’Anastasis (actuel Saint-Sépulcre) à Jérusalem. Au cours de cet office fastueux se chantaient des alleluia, avec des versets grecs qui furent traduits en latin par la suite. Des vêpres de Pâques, ces alleluia passèrent facilement à la messe, où ils furent chantés après le répons graduel, et avant l’évangile (à l’instar de ce qui se pratiquait déjà depuis longtemps dans les liturgies orientales), d’abord pour le seul jour de Pâques et son octave, puis aux autres dimanches et fêtes de l’année. Le Carême et la Septuagésime, les messes fériales, ainsi que les messes des morts, gardèrent la structure primitive antérieure à saint Damase : un trait suit le graduel et précède le chant de l’évangile, ou plus simplement, le graduel seul est chanté entre l’épître et l’évangile.

Damase encourage sainte Marcelle et sainte Paule, toutes deux proches de saint Jérôme, à transformer leur demeures patriciennes en monastères. Il a ainsi contribué à favoriser l’implantation du monachisme à Rome qui était en retard au regard de l’Orient.

Le pape organise aussi le culte des martyrs. Pour les chrétiens du IVème siècle, les catacombes sont des cimetières où ils enterrent les leurs qui veulent reposer près des martyrs. Leur accès est malaisé  en raison d’éboulements, de dégradations… Le pape Damase mis beaucoup d’énergie à restaurer les catacombes et par là le culte des martyrs dans les catacombes elles-mêmes ; il entreprit des fouilles systématiques pour découvrir les tombes inconnues ou méconnues des martyrs.

Le pape Damase mourut le 11 décembre 384 octogénaire, après avoir gouverné et servi l’Eglise pendant dix-huit ans avec sagesse et dévouement.

Saint Damase

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