Programme du Mercredi des Cendres

Saint-Eugène, le mercredi 14 février 2018, messe de 19h (répétition pour les choristes à 18h30).

> Catéchisme sur le Mercredi des Cendres

Avant l’époque de saint Grégoire le Grand (fin du VIème siècle), le jeûne du Carême ne commençait qu’au lendemain du Ier dimanche de Carême, comme cela est toujours le cas dans la liturgie ambrosienne, ou similaire encore à ce qui se pratique dans la liturgie byzantine (même si celle-ci commence le Carême plus tôt car on ne jeûne pas les samedis en Orient).

Afin d’obtenir un compte plein de 40 jours de jeûne, saint Grégoire décida d’ajouter quatre jours de jeûne avant le Ier dimanche. Le Mercredi des Cendres est devenu depuis le premier jour de Carême dans le rit romain (les livres liturgiques antiques le désignent souvent sous le titre d’“in capite jejunii”). Toutefois l’ancienne disposition antérieure à saint Grégoire a malgré tout laissé quelques traces : ainsi, à l’office, on reste toujours dans l’ordonnance de la Septuagésime, et les hymnes du Carême ne commenceront-elles que samedi prochain aux premières vêpres du Ier dimanche de Carême.

Dans les premiers temps du christianisme, l’évêque en ce jour expulsait de l’église les pénitents qui devaient expier pour des fautes graves (principalement le meurtre, l’adultère et l’apostasie). Les pénitents publics assistaient aux offices de l’extérieur de l’église, depuis le narthex (comme cela se voit toujours fréquemment dans les églises d’Ethiopie) et ne pouvaient rentrer dans l’église qu’une fois leur pénitence accomplie.

Voici quatre gravure tirées d’un Pontifical romain imprimé à Venise en 1561 représentant l’imposition des Cendres aux fidèles puis l’expulsion des pénitents publics :

01 - Imposition des Cendres par le pontife - Pontifical de 1561

Imposition des Cendres aux fidèles par le pontife.

02 - Les pénitents publics se présentent devant l'évêque - Pontifical de 1561

Les pénitents publics se présentent devant l’évêque.

03 - L'évêque revêt de cilices les pénitents publics - Pontifical de 1561

L’évêque revêt de cilices les pénitents publics.

04 - L'évêque expulse les pénitents publics hors de l'église - Pontifical de 1561

L’évêque expulse les pénitents publics hors de l’église.

La pénitence publique durait régulièrement plusieurs années. Une fois la pénitence accomplie, la réconciliation des pénitents publics était effectuée par l’évêque le Jeudi Saint.

Lorsque la discipline de la pénitence publique disparut pratiquement (avant le XIème siècle), on en retint cependant certains éléments, dont l’imposition des cendres qui leur était faite au début du Carême. Ce geste liturgique marque parfaitement le désir de tout chrétien de revêtir les armes de la pénitence & du jeûne au début du Carême, tout en se souvenant de sa condition :

Meménto, homo, quia pulvis es, et in púlverem revertéris.
Souviens-toi, homme, que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière.

La cérémonie de l’imposition des cendres, qui avait lieu autrefois de façon autonome entre sexte et none, finit par être jointe à la messe de ce jour, messe qui se célèbre après none (la messe est suivie des vêpres, après lesquelles, dans le rit romain, le jeûne est rompu).

Traditionnellement, la cendre dont on se sert est réalisée par la combustion des rameaux bénis l’année précédente. Le prêtre impose les cendres en forme de croix sur le front des fidèles – mais sur la tonsure ou sur le sommet de la tête pour les clercs – tandis que le chœur chante deux antiennes Immutemur in habitu et Inter vestibulum, ainsi qu’un répons, Emendemus in melius.

La messe de ce jour comporte deux particularités que l’on retrouve tout au long du Carême : avant l’évangile se chante le trait du IInd ton, comme tous les lundis, mercredis et vendredis de Carême, anciens jours de station ; après la post-communion, comme à toutes les féries de Carême, le prêtre récite une oraison supplémentaire sur les fidèles inclinés : cette oraison est en réalité une prière de bénédiction très ancienne, elle se faisait également à l’office divin et le restant de l’année, à chaque fois que l’on renvoyait le peuple. Encore présente dans la plupart des rits orientaux ou occidentaux, l’oraison super populum ne s’est maintenue dans le rit romain que pour les féries de Carême.

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3 réflexions au sujet de “Programme du Mercredi des Cendres”

  1. Bonjour,
    Je me posais une question sur l’antienne “Inter vestibulum”, comme elle apparaît dans le missel d’autel. Dans le Liber Usualis et le Graduale de 1961, elle apparaît comme “Iuxta vestibulum”. Dilemne pour le chantre ! Doit-il chanter “Inter vestibulum” (ce qui est le texte du missel d’autel et de la Vulgate) ou “Iuxta vestibulum” ?

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    • A Paris depuis le Moyen-Age, tous les manuscrits de chant portent Inter vestibulum (cf. ce Missel parisien du XIIIème s. l’antienne Inter vestibulum est encore utilisée comme antienne processionnelle pour l’entrée du clergé dans l’église : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000450z/f74.item). Toutes les éditions imprimées romaines (y compris les graduels) donnent Inter vestibulum jusqu’aux réformes de Pie X : c’est l’édition de la commission vaticane qui a mis Juxta vestibulum à la place. J’imagine que quelque membre de cette commission a dû trouver cette leçon dans tel ou tel manuscrit médiéval (je n’ai pas fait de recherche exhaustive mais de fait je n’ai jamais rencontré dans mes lectures de manuscrits Juxta vestibulum, toujours Inter vestibulum, j’imagine simplement que certains manuscrits doivent donner cette variante).

      Ce n’est pas la seule variante introduite par les éditions vaticanes du début du XXème s., contre l’usage habituellement reçu, introduisant de ce fait des divergences par rapport au Missel. Citons, par exemple parmi bien d’autres, le verset “Cum indúcerent púerum Iesum parentes ejus, ut fácerent secúndum consuetúdinem legis pro eo, ipse accépit eum in ulnas suas.” qui accompagne la seconde antienne de la procession de la Chandeleur dans le Missel romain, et qui a été purement et simplement supprimé du nouveau graduel vatican de Pie X. Ce verset est présent dans les graduels antérieurs et est conservé par le Missel, mais plus personne ne le chante depuis les nouveaux livres (et j’imagine que le célébrant ne doit plus trop le réciter pour lui non plus).

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