Vous êtes chanteurs ou instrumentistes et vous souhaitez vous engager au service de la liturgie traditionnelle, n’hésitez pas à nous rejoindre !

La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Les parcours de dévotion – Sacri Monti de Lombardie & du Piémont

Edicule de Constantin

Pour comprendre la créations des parcours de dévotion, Il faut replacer ces itinéraires dans le contexte historique de la chrétienté. Nous devons prendre en compte l’importance croissante de Jérusalem et du pèlerinage en Palestine – que l’on commença à appeler la Terre Sainte. Ceux qui s’y rendaient étaient mus par le désir de voir de leurs yeux les lieux où avait vécu le Seigneur et de se recueillir sur son tombeau vide, le Saint-Sépulcre, autour duquel l’empereur Constantin avait fait édifier une église ronde dans le vaste complexe architectural de l’Anastasis. @&L’invention” de la vraie Croix par l’impératrice Hélène acheva de faire de Jérusalem le lieu par excellence de la dévotion chrétienne en lui assignant la place centrale dans l’ordre du salut.

Sainte Hélène et la Vraie Croix, Les grandes heures d’Anne de Bretagne 1508

Dans l’art religieux de l’Antiquité tardive et du Moyen Age, Jérusalem est en effet présentée comme une représentation de la cité éternelle de Dieu, à laquelle tous aspiraient à parvenir : la cité parfaite « où tout ensemble ne fait qu’un » (Ps 121), selon la parole du psalmiste. Dans les enluminures des manuscrits du XIIème siècle, elle est représentée comme une ville ronde dont les principaux monuments s’ordonnent selon un schéma orthogonal délimité par les principaux axes de communication et par les portes, ou encore comme une place forte entourée de murailles, au centre de laquelle se trouvait une image du Christ, dont la tête était entourée d’un nimbe solaire formé de cinq rayons. Cette représentation illustre l’affirmation de Bède le Vénérable selon lequel là où la croix fut plantée se trouvait une colonne qui ne portait pas d’ombre lors du solstice d’été, ce qui donnait à penser que c’était bien là que se trouvaient le centre de la terre. Ces interprétations symboliques ont sans doute contribué à renforcer l’attachement profond des chrétiens à Jérusalem ; celui-ci se manifesta avec une vivacité particulière à la suite de la destruction du Saint-Sépulcre en 1009 par le sultan fatimide Al Hakim, évènement qui fut à l’origine des Croisades.

Ce renouveau de ferveur de la chrétienté latine pour Jérusalem se traduisit également par un vaste mouvement de constructions d’églises et de monuments imitant le plan de l’église du Saint-Sépulcre et, en particulier la rotonde de l’Anastasis. De tels édifices de plan circulaire se multiplièrent au cours des XIème et XIIème siècles en Occident.

Mais la prise de Jérusalem par Saladin en 1187 et surtout la chute de Saint-Jean d’Acre en 1291 marquent la fin des Etats latins de Terre Sainte. On vit alors se développer un mouvement que l’on désigne sous le nom de « translatio Terrae sanctae » qui conduisit les clercs et les fidèles à transférer en Occident les reliques de la Terre Sainte, depuis la Couronne d’épines rachetée par saint Louis en 1248 à l’empereur latin de Constantinople jusqu’à la maison de la Vierge, dont on commença à dire au XIVème siècle qu’elle avait été miraculeusement apportée par des anges de Nazareth à Lorette, une petite ville des Marches, située non loin de l’Adriatique. En 1300, le pape Boniface VIII ira dans le même sens en instituant le Jubilé, ou Année Sainte, à l’occasion duquel les pèlerins qui se rendraient à Rome, obtiendraient l’indulgence plénière jusque là réservée aux croisés et aux pèlerins de la Terre Sainte. A la même époque, des Franciscains italiens revenus d’Orient, qui aspiraient à un retour aux sources dans leur ordre et dans l’Eglise, eurent l’idée de reconstruire en Occident tout ou partie de la cité sainte dont la situation paraissait plus que jamais précaire. Ils entreprirent donc de construire dans les Alpes principalement, en pleine nature, sur des monts, des imitations de Jérusalem.

Main montrant le chemin à suivre Sacro Monte d’Orta

Les « Sacri Monti » étaient nés et allaient éclore dans l’Italie du Nord. Ils faisaient revivre aux yeux des Franciscains la Jérusalem secrète qu’ils portaient dans leur cœur en contemplant le spectacle de la cité où le Christ avait vécu et souffert sa Passion. Il ne s’agissait pas d’une reconstitution archéologique ou réaliste de Jérusalem, mais, dans une perspective pastorale, d’une réinterprétation monumentale et artistique de celle-ci en fonction du sacrifice rédempteur du Christ, sur laquelle chaque chrétien devait méditer pour prendre conscience de l’amour de Dieu pour eux et pour parvenir au salut.

C’est ainsi que naquirent les “Sacri Monti” de Varallo, Crea, Domodossola, Ghiffa, Orta, Ossuccio, San Vivaldo, Varèse….

Sacri Monti
A suivre : notre pèlerinage aux Sacri Monti de Varallo et de Varese.

25 août 2018 : sainte messe en rit ambrosien traditionnel en l’église San Maurizio al Monastero Maggiore

San Maurizio al Monastero Maggiore, l'église des fidèles - messe en rit ambrosien traditionnel
San Maurizio al Monastero Maggiore, l’église des fidèles – messe en rit ambrosien traditionnel.
San Maurizio al Monastero Maggiore, l'église des moniales
San Maurizio al Monastero Maggiore, l’église des moniales.

L’église actuelle de San Maurizio al Monastero Maggiore date de 1503, elle présente une spectaculaire nef rectangulaire. C’est la plus belle des nefs du début du XVIème siècle subsistant en Lombardie pour l’harmonie des proportions et l’élégance de sa structure. Une grande cloison élevée jusqu’à la hauteur des voûtes sépare la partie avant accessible par les fidèles, de la partie arrière réservée aux moniales. L’édifice est composé de 10 travées, 6 pour la partie occupée par les moniales et 4 pour la partie des fidèles.

L’architecture des baies se composent de deux ordres de pilastres toscans superposés. L’ordre inférieur correspond aux contreforts latéraux soutenant les chapelles latérales ornées de fresques. L’élégant entablement sert de parapet continu à la loggia du deuxième étage, court au-dessus des chapelles de chaque côté de l’église ; les deux loges parallèles sont reliées par une galerie plus étroite installée dans le mur de façade.

Le maître-autel est situé dans la partie centrale de l’ordre inférieur entre deux pilastres de marbre.

San Maurizio al Monastero Maggiore, une chapelle latérale et la galerie la surmontant
San Maurizio, une chapelle latérale et la galerie la surmontant.

San Maurizio al Monastero Maggiore : la décoration intérieure

Sur les voûtes des 2 nefs, se déroule un décor ajouré gothique flamboyant, ressemblant à celui des ailes latérales et des chapelles latérales.

Même à première vue, il est clair qu’un certain nombre de peintres ont contribué à la décoration picturale de l’église. Bernardino Luini se démarque des autres artistes qui ont travaillé à San Maurizio : Antonio Campi, Callisto Piazza et Giavanni Antonio Boltraffio, mais aussi Simone Paterzano et ses propres fils Aurelio et Evangelista.

Malheureusement, il n’existe pas de documents d’archives sur le travail de Luini à San Maurizi. A ce jour, aucune trace de compte, de dépenses ou de paiement n’a été trouvée, mais l’art puissant de Bernardino Luini est clairement reconnaissable même sans aucune preuve documentaire.

San Maurizio al Monastero Maggiore : la cloison peinte par Bernardino Luini
La cloison peinte par Bernardino Luini.
San Maurizio al Monastero Maggiore : la cloison peinte par Bernardino Luini, le registre supérieur
La cloison peinte par Bernardino Luini, le registre supérieur.

Lorsque Bernardino Luini fut chargé de la décoration picturale de la cloison, il était déjà reconnu comme un peintre doué, extraordinaire, pour sa vision puissante, sa technique de fresque, il réputé pour son habileté à rendre des scènes animées. Son art est unique, exempt de toute influence des maîtres et des savants antérieurs, excepté Léonard de Vinci.

Ici, le talent formidable de Luini brille notamment sur la cloison face à la partie des fidèles. Bernardino a reçu la commande d’Alessandro Bentivoglio quand sa fille Bianca pris le voile au monastère sous le nom d’Alessandra. La meilleure façon d’admirer le l’œuvre de Bernardino Luini est certainement à partir des panneaux qui bordent le maître-autel où sont représentés justement les commanditaires Allessandro Bentivoglio et Ippolita Sforza son épouse.

San Maurizio al Monastero Maggiore : la lunette d’Allessandro Bentivoglio.
La lunette d’Allessandro Bentivoglio.

Derrière Allessandro Bentivoglio se tient debout saint Benoit, le saint patriarche du monachisme occidental. Luini a peint le saint comme un vieil homme vénérable à la barbe blanche, regardant fixement Bentivoglio. Saint Benoît tient dans sa main gauche la crosse de père abbé, les plis de son habit religieux sont visibles sous son manteau.

Saint Etienne et saint Jean-Baptiste encadrent Allessandro Bentivoglio.

Sous la lunette, dans le registre inférieur à gauche, fermée par deux volets sculptés en bois se trouve le lieu où la sainte Eucharistie était conservée. On peut avancer cette hypothèse, car le premier maître-autel n’avait pas de tabernacle. Autour de ce renfoncement, une structure architecturale délicate a été conçue et Luini a peint  joliment un petit ange ailé qui semble sortir de la niche, la tête tournée vers l’autel, deux bougies à la main. Surplombant cet ange, sainte Justine, et sainte Cécile, aux pieds de laquelle se trouvent des instruments de musique.

San Maurizio al Monastero Maggiore : la lunette d'Ippolita Sforza
La lunette d’Ippolita Sforza.

Ippolita Sforza est représentée dans la même attitude dévotion que son mari, sa main droite repliée sur sa poitrine et tenant dans sa main gauche un livre de prière. Trois saintes entourent Ippolita : sainte Scholastique en habit monastique avec une colombe reposant sur son épaule. Sainte Scholastique, sœur de saint Benoit, fut la première abbesse du couvent de moniales près de Montecassino. Sous les traits de l’abbesse, le peintre a représenté la jeune moniale Allessandra. S’ajoutent sainte Catherine d’Alexandrie et sainte Agnès dans des attitudes pleines de grâce.

San Maurizio al Monastero Maggiore : l’ouverture permettant aux moniales de recevoir la sainte communion
L’ouverture permettant aux moniales de recevoir la sainte communion.

Le compartiment droit porte la même structure architecturale fictive que celui de gauche. La conception est partiellement modifiée en raison de la position basse de la petite fenêtre à volets  À travers cette fenêtre les moniales recevaient la sainte communion tout en restant en clôture. Sainte Appoline et Sainte Lucie l’entourent.

Sur le registre supérieur de part et d’autre de l’Assomption de la main de Bernardino Ferrari, Le martyre de saint Maurice à gauche et celui de saint Sigismond, roi de Hongrie à droite sont de la main de Bernardino Luini.

La sainte messe en rit ambrosien traditionnel

San Maurizio al Monastero Maggiore - La Schola Sainte Cécile à l'issue de la messe
La Schola Sainte Cécile à l’issue de la messe.

Nous avons chanté la sainte messe en rit ambrosien depuis les galeries supérieures qui courent sur les trois côtés de la nef des fidèles.

Vous pouvez télécharger l’ordinaire de la messe ambrosienne avec une traduction française que nous avons utilisée.

Le 25 août, le rit ambrosien fête le martyr saint Genesius. Le lendemain, dimanche 26 août, était le XIVème dimanche après la Pentecôte dans le rit milanais traditionnel. Vous trouverez sur notre site le plain-chant ambrosien de ces deux messes.

San Maurizio al Monastero Maggiore : messe en rit ambrosien (ou milanais) traditionnel
Messe en rit ambrosien (ou milanais) traditionnel célébrée au maître-autel du Monastère Majeur.
San Maurizio al Monastero Maggiore : messe ambrosienne traditionnelle : élévation du Corps du Seigneur
Messe ambrosienne traditionnelle : élévation du Corps du Seigneur.
San Maurizio al Monastero Maggiore : messe ambrosienne traditionnelle : élévation du Sang du Seigneur
Messe ambrosienne traditionnelle : élévation du Sang du Seigneur.
San Maurizio al Monastero Maggiore : messe ambrosienne traditionnelle : avant la communion
Messe ambrosienne traditionnelle : avant la communion.
L'orgue commandé en 1554 à Gian Giacomo Antegnati est le plus ancien conservé de nos jours à Milan
L’orgue commandé en 1554 à Gian Giacomo Antegnati est le plus ancien conservé de nos jours à Milan.
L’orgue commandé en 1554 à Gian Giacomo Antegnati. Il est situé dans la nef des moniales
L’orgue commandé en 1554 à Gian Giacomo Antegnati. Il est situé dans la nef des moniales.
Vue de la nef des moniales, avec l'orgue
Vue de la nef des moniales, avec l’orgue Antegnati.
L'église des moniales
San Maurizio, Milan. Autre vue de l’église des moniales.
Les nervures gothiques de la voute
Les nervures gothiques de la voute.

Programme du XVème dimanche après la Pentecôte

Résurrection du fils de la veuve de NaïmSaint-Eugène, le dimanche 2 septembre 2018, grand’messe en rit romain traditionnel de 11h. Secondes vêpres & salut du Très-Saint Sacrement à 17h45.

La résurrection du fils de la veuve de Naïm.

Une mère, veuve, fut dans la joie lors de la résurrection de ce jeune homme. Une mère, l’Église, est dans la joie chaque jour lors de la résurrection spirituelle des hommes. Celui-là était mort dans son corps mais ceux-ci, dans leur âme. La mort visible était pleurée par des larmes visibles. Quant à la mort invisible, nul n’en prenait souci, nul ne l’apercevait, Celui-là qui connaissait les morts prit souci d’eux. Celui-là seul connaissait les morts qui pouvait les rendre à la vie. S’il n’était pas venu pour ressusciter les morts, l’Apôtre ne dirait pas : “Éveille-toi, toi qui dors, lève-toi d’entre les morts, et sur toi luira le Christ”.
Homélie de saint Augustin, évêque, VIIème leçon des vigiles nocturnes de ce dimanche, au troisième nocturne.

A la messe :

IIndes vêpres du XIIème dimanche après la Pentecôte. Au salut du Très-Saint Sacrement :

  • Motet d’exposition : Adoro te supplex, Vème ton
  • A la Bienheureuse Vierge Marie : Sicut Myrrha, du IVème ton (antienne de l’Antiphonaire de Notre-Dame de Paris du XIIIème s. pour le premier nocturne l’Assomption & antique psalmodie ornée du psaume XLIV)
  • Prière pour Notre Saint Père le Pape : Tu es Petrus du VIIème ton
  • A la bénédiction du Très-Saint Sacrement : Tantum ergo du IIIème ton
  • Chant d’action de grâces : In voce exultationis, VIème ton (antienne de Antiphonaire de Notre-Dame de Paris du XIIIème s. pour le second nocturne de la Fête-Dieu & psaume CXVI)

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Iconographie & les 3 leçons des nocturnes de ce dimanche, sur notre page Facebook.

Programme du XIVème dimanche après la Pentecôte – saint prophète Samuel – ton 5

Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 2 septembre 2018 du calendrier grégorien, 20 août 2018 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.

Dimanche du ton V de l’Octoèque. Nous fêtons aussi en ce jour le saint Prophète Samuel. Celui-ci naquit à Ramathaïm-Sophim de la montagne d’Ephraïm. Il était de la tribu de Lévi. Son père s’appelait Elcana, & sa mère Anne. Or Elcana avait deux femmes : Anne & Phénenna. Phénenna avait des enfants mais Anne était stérile, ce dont sa rivale l’affligeaitvpour l’aigrir. Anne pria Dieu qui lui accorda un fils qu’elle appela Samuel, ce qui signifie “Dieu a écouté”. Elle l’offrit à Dieu en chantant le troisième cantique de l’Ancien Testament, qui commence par “Mon cœur est affermi dans le Seigneur” et constitue la IIIème ode du canon de matines. Samuel devint un prophète du Très-Haut, il jugea Israël et ne recevait jamais de don. Il oignit Saül & David (aussi est-il représenté avec la corne d’huile des onctions royales) et mourut dans une grande vieillesse, à la fin du règne de Saül, vers l’an 1010 avant Notre Seigneur.

Le prophète Samuel est fêté également à la date du 20 août au rit romain. Voici la notice du Martyrologe romain à cette date :

En Judée, le saint prophète Samuel, dont les ossements sacrés, (au rapport de saint Jérôme), furent transportés à Constantinople et placés près de l’Hebdome, par les soins de l’empereur Arcade.

Ce dimanche tombe dans le 5ème jour de l’après-fête de la Dormition de la Mère de Dieu, aussi les pièces de cette grande fête se combinent-elles avec celles du dimanche et celle du prophète Samuel.

Aux heures
A tierce : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire du Prophète. Et maintenant. Theotokion de tierce. Kondakion : du dimanche.
A sexte : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire de la fête. Et maintenant. Theotokion de tierce. Kondakion : de la fête.

Béatitudes, ton 5. Tropaires des Béatitudes : 6 tropaires du dimanche, ton 5 & quatre tropaires de la VIème ode du second canon de la fête, œuvre de saint Jean Damascène (676 † 749) (complété par un tropaire de la même ode du premier canon de la fête, œuvre de saint Côme le Mélode, évêque de Maïouma (c. 675 † vers 787)):
1. Le bon Larron sur la croix * eut foi en ta divinité, ô Christ ; * il te confessa d’un cœur sincère en s’écriant : ** De moi, Seigneur, en ton royaume souviens-toi.
2. Sur le bois de la croix * pour nous les hommes tu fis fleurir la vie * et se flétrir la malédiction de l’arbre défendu : ** Sauveur & Créateur, nous te chantons d’un même chœur.
3. Par ta mort, ô Christ, * tu as brisé la force de la mort, * ressuscitant tous les morts depuis Adam, ** qui te chantent comme vrai Dieu & Sauveur du genre humain.
4. Venues à ton sépulchre, Sauveur, * les saintes Femmes te cherchaient * pour embaumer la Source de vie, ** mais un Ange leur apparut pour leur dire : Il est ressuscité, le Seigneur !
5. O Christ, lorsque tu fus crucifié * au milieu de deux larrons, * l’un fut justement condamné pour t’avoir insulté, ** l’autre par sa confession devint l’hôte du Paradis.
6. Devant le chœur des Apôtres, * les saintes Femmes s’écriaient : * Le Christ est vraiment ressuscité, ** adorons en lui notre Maître & Créateur.
7. Venez, battons des mains, * et, inspirés de Dieu, * célébrons cette divine et vénérable fête * de la Mère de Dieu, ** et glorifions Dieu qui est né d’elle.
8. De toi la Vie a germé * sans rompre les scellés de la virginité ; * comment donc ton corps pur et vivifiant ** a-t-il subi l’épreuve de la mort ?
9. Étant le réceptacle de la Vie, * tu es parvenue à la vie éternelle ; * car par la mort tu es passée à la vie, ** toi qui avais conçu le Christ, la Vie elle-même.
10. Dieu, Roi de toutes choses, * t’accorde ce qui surpasse la nature, * car dans ton enfantement Il t’a gardée vierge * et de même, au tombeau, Il a préservé ton corps de la corruption. * Il t’a glorifiée dans ta divine assomption, ** t’accordant cet honneur comme un fils à sa mère.

A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 5 : Le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, * né de la Vierge pour notre salut, * chantons-le, fidèles, et adorons-le, * car il a daigné dans sa chair monter sur la Croix * et supporter la mort, * afin de ressusciter les morts ** par sa glorieuse Résurrection.
2. Tropaire de la Dormition, ton 1 : Dans l’enfantement, tu as gardé la virginité ; * dans ta dormition, tu n’as pas abandonné le monde, ô Mère de Dieu. * Tu as été transférée à la Vie, étant Mère de la Vie, ** & par tes prières, tu délivres nos âmes de la mort.
3. Tropaire du prophète Samuel, ton 2 : De ton prophète Samuel, * célébrant, Seigneur, la mémoire, * par ses prières, nous t’en supplions, ** sauve nos âmes.
4. Kondakion du dimanche, ton 5 : Tu es descendu aux enfers, ô mon Sauveur, * tu as brisé leurs portes, comme Tout-Puissant, * avec toi tu as ressuscité les morts, comme Créateur ; * et tu as brisé l’aiguillon de la mort * et Adam a été délivré de la malédiction, ô Ami des hommes. * Aussi te clamons-nous : ** Sauve-nous, Seigneur.
6. Kondakion du prophète Samuel, ton 8 : Comme un don précieux tu fus offert à Dieu avant ta conception, * & dès l’enfance comme un Ange le servant, ô Bienheureux, * tu fus jugé digne de prédire l’avenir ; ** c’est pourquoi nous te disons : réjouis-toi, Samuel, prophète de Dieu & grand prêtre.
7. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
8. Kondakion de la Dormition, ton 2 : La Mère de Dieu qui jamais ne se lasse d’intercéder pour nous * et dont la protection ne pouvait cesser d’être notre espérance * ne se laissa pas vaincre par la mort ni le tombeau, * puisqu’elle est la Mère de la Vie et qu’elle a rejoint la Source de la vie : ** celui qui demeura dans son sein toujours vierge.

Prokimen
Du dimanche, ton 5 :
℟. Toi, Seigneur, tu nous prends en garde, tu nous protèges d’une telle engeance, à jamais (Psaume 11, 8).
℣. Sauve-moi, Seigneur, il n’est plus de saints (Psaume 11, 2).
De la Dormition, ton 3 :
℟. Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur (Luc 1, 46).

Epître
Du dimanche : II Corinthiens (§ 170) I, 21 – II, 4.
Et c’est lui aussi qui nous a marqués de son sceau, et qui pour arrhes nous a donné le Saint-Esprit dans nos cœurs.

Alleluia
Du dimanche, ton 5 :
℣. Ton amour, Seigneur, à jamais je le chante, d’âge en âge ma parole annonce ta fidélité (Psaume 88, 2).
℣. Car j’ai dit : l’amour est bâti à jamais, aux cieux tu as fondé ta fidélité (Psaume 88, 3).
De la Dormition, ton 2 :
℣. Lève-toi, Seigneur, vers ton repos, toi & l’arche de ta sainteté (Psaume 131, 8).

Evangile
Du dimanche : Matthieu (§ 89) XXII, 1-14.
Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.

A la commémoraison de la Très-Sainte Mère de Dieu durant l’anaphore eucharistique, mégalinaire de la Dormition, ton 4 & 1
Lorsque les Anges virent la Dormition de la Toute-Sainte et Immaculée, ils furent émerveillés, admirant que la Vierge pût monter de la terre jusqu’aux cieux. (Et en ton 1 : ) Les lois de la nature ont été vaincues, * en toi, Vierge immaculée : * tu gardes la virginité dans ton enfantement * et ta mort préfigure la Vie. * Après l’enfantement, tu es vierge * et après la mort, tu es vivante, * garde pour toujours, ** ô Mère de Dieu, ton héritage.

Verset de communion
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux (Psaume 148, 1).
De la Dormition : J’élèverai le calice du salut & j’invoquerai le nom du Seigneur (Psaume 115, 13). Alleluia, alleluia, alleluia.

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Programme du XIIIème dimanche après la Pentecôte

Saint-Eugène, le dimanche 19 août 2018, grand’messe en rit romain traditionnel de 11h. Secondes vêpres & salut du Très-Saint Sacrement à 17h45.

La guérison des 10 lépreux.

On peut donc, sans absurdité, penser que les lépreux représentent ceux qui, sans avoir la science de la vraie foi, professent en conséquence les doctrines variées de l’erreur. Loin de cacher leur ignorance, ils la produisent au grand jour comme la science suprême et dans des discours pleins de jactance, ils en font étalage. Or, il n’est si fausse doctrine qui ne soit mêlée de quelque vérité. Dans une seule et même discussion ou récit d’un homme, les vérités s’entremêlent sans ordre aux erreurs comme si elles apparaissaient dans la coloration d’un seul corps. Ainsi en va-t-il de la lèpre, elle altère et flétrit les corps humains, mêlant aux teintes vraies des fausses couleurs.”
Homélie de saint Augustin, évêque, VIIIème leçon des vigiles nocturnes de ce dimanche, au troisième nocturne.

A la messe :

IIndes vêpres du XIIIème dimanche après la Pentecôte. Au salut du Très-Saint Sacrement :

  • Motet d’exposition : O salutaris du VIème ton de l’Abbé du Gué, maître de chapelle de Saint-Germain-L’Auxerrois (1768 -1780) puis de Notre-Dame de Paris (1780 – 1790)
  • A la Bienheureuse Vierge Marie : Ave Maria du Ier ton
  • Prière pour Notre Saint Père le Pape : Tu es Petrus du VIIème ton
  • A la bénédiction du Très-Saint Sacrement : Tantum ergo du IIIème ton
  • Chant d’action de grâces : Adoremus in æternum du VIème ton

Organiste invité : Philippe Ourcelin.

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Portrait d’église, histoire de retable : Notre-Dame de l’Assomption de Termignon – le baroque savoyard (12)

Termignon - église Notre-Dame de l'Assomption

Le village de Termignon est situé sur la route du Col du Mont-Cenis, sa population qui dépassait les 1000 habitants rendit nécessaire l’agrandissement de son église, Notre-Dame de l’Assomption.

L’histoire du retable est sinueuse et révèle bien la volonté de la communauté paroissiale, avec à sa tête le curé, d’embellir son église. En 1669, le chœur est achevé et on fait appel au sculpteur Claude Rey pour la réalisation du retable du maitre-autel. Cependant le prix est jugé trop élevé. Après diverses tractations, Claude Rey estime qu’il ne peut faire le travail seul. Il propose de faire également appel au “maître de Bessans” mais finalement le curé finit par se rendre à Saint-Jean de Maurienne et décide de faire appel à Claude et Jean Rey, père et fils, ainsi que nous pouvons le lire dans le prix-fait signé le 25 avril 1675 devant Me Jean Duport, notaire : “l’émolument de l’acte du prix-fait baillé à Claude et Jean Rey père et fils pour la prix-facture de la corniche du grand autel étant la somme de 170 pistoles”, soit 3257 florins, ce qui représente une somme très élevée.

Le retable est achevé en 1678 mais le paiement a encore posé problème et il semble que les statues ne soient pas de leurs mains. Au dos de la statue de saint Philibert se trouve le nom de Sébastien Rosaz qui les auraient toutes sculptées au début du XVIIIème siècle.

Termignon - église Notre-Dame de l'Assomption - le retable du maître-autel.

Le retable est organisé selon trois registres horizontaux.

Le registre inférieur avec, en son centre, le tabernacle à colonnes torses, le Christ en croix est sur la porte tandis que dans les niches de part et d’autre se trouvent saint Pierre et saint Paul. La monstrance avec ses colonnes torses est surmontée d’une couronne sur laquelle repose une statuette du Christ dans la gloire de sa Résurrection.

Sur un registre inférieur toujours, nous avons de part et d’autres les statues de saint Etienne, saint Laurent, saint Nicolas, saint François de Sales, saint Benoit et saint Philibert.

Termignon - église Notre-Dame de l'Assomption - le retable du maître-autel.

Sur le registre médian, le tableau central offre à nos regards l’Assomption de la Vierge Marie par Gabriel Dufour. De part et d’autre, des colonnes torses, ornées de grappes de raisin et de sarments, encadrent des niches qui abritent les statues de saint Jean-Baptiste et de saint Joseph.

Au dernier registre au dessus de l’entablement, le fronton brisé, en ailerons à volutes rentrantes sur lesquelles se trouvent des angelots ; en son centre, contemplant les fidèles, Dieu le père ouvre grands les bras.

L’autel du Rosaire a été réalisé par Sébastien Rosaz en 1705. Le tableau central sculpté en bas-relief présente en son centre la Vierge remettant le rosaire à saint Dominique tandis qu’une nouvelle fois l’Enfant-Jésus fait de même à saint François d’Assise.

Termignon - église Notre-Dame de l'Assomption - retable de l'autel du Rosaire

La Vierge est comme protégée par une nuée d’angelots. Tous les panneau sont recouverts de feuilles d’argent et d’or, et de glacis. Les triples colonnes torses ornées de raisin, lauriers et roses limitent la largeur du retable. Au registre supérieur, Dieu le Père ouvre les bras entouré de deux angelots acrobates.

Termignon - église Notre-Dame de l'Assomption - retable de l'autel du Rosaire

Portrait d’église, histoire de retable : Notre-Dame de l’Assomption de Bramans – le baroque savoyard (11)

Une fois de plus lorsque l’on franchit le porche, qui plus est en béton, de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Bramans, on est ébloui par le retable doré qui s’offre à notre regard. Mgr Berzetti a consacré l’église originelle le 2 août 1677. L’église bâtie sur un filon de gypse présentait des fondations peu robustes et malgré de nombreuses et successives réparations au cours des siècles, elle menaçait de s’effondrer. On décide en 1935 de rebâtir entièrement l’église et d’y disposer tout les décors et  mobiliers anciens.

Notre-Dame de l'Assomtion de Bramans : le retable majeur

Le retable du maître-autel est l’œuvre de Jean Simond, élève de Jean Rey, qui le réalise entre 1717 et 1720.

Il est composé de trois panneaux, quatre colonnes encadrent le tableau central représentant l’Assomption de la Vierge-Marie. La toile de droite représente saint François de Sales et celle de gauche un saint de la maison de Savoie. Le retable regorge encore une fois de multiples anges et angelots. La ressemblance est certaine avec ceux que l’ont peut observer dans l’église de Sollières sur le retable de sainte Madeleine et qui sont de la main de Claude Rosaz. Les colonnes torses sont truffées de petits anges porteurs des instruments de la passion : fouets, clous, couronne d’épines, tunique de Jésus et voile de Sainte Véronique… Le tabernacle et la monstrance ont été refaits en 1875 mais ils s’intègrent parfaitement dans l’ensemble. Un baldaquin couronne l’ensemble.

L’église abrite deux autres retables : Notre-Dame de la Salette et le rosaire. Enfin à l’arrière se situe la chapelle de la confrérie dont on sait grâce à un document de 1630 qu’elle était consacrée à Saint Roch et saint Sébastien, la chapelle a été remaniée à plusieurs reprises. 

Le Baroque savoyard

Portrait d’église, histoire de retable : Notre-Dame de l’Assomption à Valloire – le baroque savoyard (10)

Valloire, église Notre Dame de l'Assomption.

Notre-Dame de l’Assomption, édifiée entre 1630 et 1682, est une église halle à nef unique qui abrite neuf retables. Le village a été rendu célèbre dès le VIème siècle par une jeune fille originaire de la bourgade, Thècle, qui entreprend un pèlerinage à Alexandrie. Elle en rapporte des reliques de saint Jean-Baptiste. Au XVIIIème siècle, Valloire compte, en plus de l’église paroissiale, 17 chapelles sur son territoire.

L’église paroissiale est probablement la plus riche de décors de toute la vallée de Maurienne. Sa nef unique avec voûtes et arêtes est dotée d’un chœur au plafond richement orné.

Notre-Dame de l'Assomption à Valloire : la nef et le chœur.
Notre-Dame de l’Assomption à Valloire : la nef et le chœur.

La  nef possède six chapelles latérales toutes marquées par des pilastres. L’entablement continu qui les surmonte reçoit les arcs en doubleaux de la voûte. Cette même voûte est ornée de panneaux peints illustrants les cinq mystères joyeux, ils sont entourés de moulures en stucs, moulures que l’on retrouvera surtout dans le chœur.

Le chœur possède deux travées voûtées d’arêtes dont une rendue plus complexe puisque divisée de voûtement à grands et petits quartiers : un ensemble de gypseuses guirlandes et rinceaux qui encadrent une triple rangée d’angelots. Ils convergent tous vers la couronne centrale.

Les sept premiers portent un instrument de la passion de Notre-Seigneur. Plus avant, vers l’arc de gloire soutenues par deux anges sont les armoiries de Mgr Hercule Berzet : «  de sable et d’argent, lampassé de gueule »

A la naissance de la voûte du chœur, nous avons les quatre évangélistes, chacun avec leur attribut : l’aigle pour saint Jean, le lion pour saint marc, le bœuf pour saint Mathieu et l’ange pour saint Luc.

Entre eux se faisant face les bustes de saint Bernard de Menthon, protecteur des égarés , il tient en main un horrible démon symbole des dangers de la montagne, et de saint Antoine, protecteur du bétail (il porte une clochette).

Notre-Dame de l'Assomption à Valloire : le retable du maître-autel.

Le retable du maître-autel, œuvre de François Rymellin, se présente sous la forme d’un triptyque, chacun des trois panneaux encadrés de colonnes torsadées qui ont été réalisées en pin cimbro. Elles sont ornées de guirlandes de vignes, de raisins et de roses. Le tableau central représente l’Assomption de la Sainte Vierge entourée d’angelots, il est daté de 1870. Les panneaux latéraux sont quant à eux l’écrin de statues de saint Pierre et sainte Thècle, surmontés d’angelots qui semblent vouloir déposer une couronne sur leurs têtes.

Le tabernacle est en bois doré, sa porte convexe est sculptée d’un ostensoir, de part et d’autre les 4 évangélistes.

Notre-Dame de l'Assomption à Valloire :  coté du tabernacle, saint Matthieu.
Coté du tabernacle, saint Matthieu.

Au dessus de l’architrave, l’œil de bœuf qui donnait un contre-jour dommageable a été masqué par par un panneau sculpté qui représente le baptême du Christ par Saint Jean-Baptiste.

Notre-Dame de l'Assomption à Valloire :  le baptême du Christ.
Le baptême du Christ.

L’autel date de 1852. La dormition de la Vierge au centre est entourée des 3 vertus théologales : la Foi, l’Espérance, la Charité, accompagnées par la Piété.

L’autel de Saint Antoine dans le transept est presque aussi riche de décoration que le maître-autel. Le tableau central déjà très grand est souligné par un encadrement de quatre colonnes torsadées et deux cariatides qui soutiennent un entablement aux nombreux décrochés.

Notre-Dame de l'Assomption à Valloire :  le retable de l'autel de saint Antoine.
Le retable de l’autel de saint Antoine.

La toile est datée de 1714. Le peintre Portaz d’Avrieux a réalisé une composition à deux niveaux : au niveau supérieur on observe le transport de la Sainte Maison de Nazareth à Lorette. Dieu n’aura pas voulu que la maison natale de la Vierge-Marie soit aux mains des musulmans après l’échec des croisades, ce saint transport ayant été assuré par des anges. Au premier plan, les saints déjà présents dans le chœur, les plus vénérés en Savoie : sainte Thècle, saint Grat, saint Clair, saint Antoine abbé et sainte Agathe. Ce tableau est aussi un parfait résumé de la vie des habitants des villages d’altitude.

Saint Antoine est le protecteur des mulets, saint Grat protège les récoltes. Sainte Thècle, elle, montre les doigts de saint Jean-Baptiste qui a donné son nom à la ville Saint-Jean-de-Maurienne. Enfin, tout à droite du tableau, sainte Agathe, patronne des nourrices, est invoquée contre les incendies. Saint Clair, invoqué pour la bonne vue, est aussi prié contre les avalanches et les glissements de terrain.

Notre-Dame de l'Assomption à Valloire : détail de l'autel de saint Antoine.

Dernier détail : les feuilles de chêne, symbole de force et de sagesse qui sont entremêlés dans les colonnes torses, feuilles de chênes et glands…nourriture utile des cochons !

Le Baroque savoyard

Programme de la fête de l’Assomption de la B. V. Marie

L'Assomption de la Vierge par Guillaume CourtoisLe mercredi 15 août 2018, grand’messe de 11h. Secondes vêpres de l’Assomption & procession du vœu de Louis XIII, suivies du salut du Très-Saint Sacrement à 17h (attention l’horaire habituel des vêpres est avancé en raison de la procession du vœu).

> Catéchisme sur la fête de l’Assomption

La fête de l’Assomption de la Vierge est sans doute la plus ancienne des fêtes mariales et est universellement célébrée par les Eglises d’Orient & d’Occident. Il est probable que son institution fut faite au début du Vème siècle à Jérusalem (la fête est attestée dans le lectionnaire de 415-417) et de là se soit diffusée partout ailleurs. Dans l’Empire d’Orient, un net décret de l’empereur Maurice (582 † 602) en imposa la célébration. Rome reçut la célébration de la fête sous le pontificat du pape Théodore (642 † 649), qui était d’origine constantinopolitaine (aussi retrouvait-on, avant les réformes de 1951, le même évangile à Rome qu’à Byzance pour la messe de la fête). Vers l’an 700, le Pape d’origine syrienne saint Serge Ier ordonne 4 grandes processions en l’honneur de Marie, aux 4 grandes fêtes mariales de l’Annonciation, de l’Assomption, de la Nativité & de la Purification de la Sainte Vierge. Il convient de citer ici l’oraison composée par saint Serge Ier par laquelle débutait cette procession de l’Assomption, en raison de sa remarquable formulation :

Veneranda nobis, Domine, hujus est diei festivitas, in qua sancta Dei Genetrix mortem subiit temporalem, nec tamen mortis nexibus deprimi potuit, quæ Filium tuum, Dominum nostrum, de se genuit incarnatum.
Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête qui commémore ce jour en lequel la sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais néanmoins ne put être retenue par les liens de la mort, elle qui avait engendré de sa substance votre Fils, notre Seigneur incarné.

La magnifique procession romaine qui précédait la messe de l’Assomption disparut hélas du rit romain lors de l’exil à Avignon, du moins dans l’usage de la Curie, duquel est issu le Missel romain actuel. Cependant, la France en conserve un lointain souvenir avec la procession dite du vœu de Louis XIII. En effet, par lettres patentes du 10 février 1638, le pieux roi déclarait consacrer à Marie sa personne, son état, sa couronne, ses sujets et demandait l’instauration à cet effet d’une procession solennelle après les secondes vêpres de l’Assomption. On y chante d’ordinaire les litanies de la Sainte Vierge et le psaume 19 sur le ton royal. Plusieurs indices rendent probable que le fameux ton psalmique néo-gallican appelé “ton royal” (qu’on a longtemps cru être de la composition du roi Louis XIII mais que l’on trouve déjà dans des manuels de procession de la Ligue sous le règne d’Henri III) ait été employé à Notre-Dame de Paris dès la première procession de 1638. Il figure depuis parmi les pièces les plus fameuses & les plus traditionnelles du répertoire de la cathédrale.

A la messe :

IIndes vêpres de la fête de l’Assomption.

  • Procession du vœu de Louis XIII selon le propre de Paris :
    • Litanies de la Sainte Vierge
    • A la station à l’autel de la Sainte Vierge, chant du Sub tuum præsidium
    • Retour au chœur au chant de l’Exaudiat – Psaume 19, sur le ton royal, faux-bourdon traditionnel à Paris depuis le XVIIème siècle
  • Au salut du Très-Saint Sacrement :
    • Motet d’exposition : Adoro te supplex, Vème ton
    • A la Bienheureuse Vierge Marie : Exaltata est, du IVème ton (antienne de l’Antiphonaire de Notre-Dame de Paris du XIIIème s. pour le premier nocturne l’Assomption & antique psalmodie ornée du psaume XLIV)
    • Prière pour Notre Saint Père le Pape : Tu es pastor ovium du Ier ton
    • A la bénédiction du Très-Saint Sacrement : Tantum ergo du Vème ton “Moderne”
    • Chant d’action de grâces : In voce exultationis, VIème ton (antienne de Antiphonaire de Notre-Dame de Paris du XIIIème s. pour le second nocturne de la Fête-Dieu & psaume CXVI)

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Télécharger le livret des IIndes vêpres de l’Assomption, de la Procession du vœu de Louis XIII & du salut.

Iconographie, avec les 9 leçons des nocturnes du bréviaire traditionnel de cette fête, sur notre page Facebook

Une brève présentation des rits ambrosien et eusébien

La liturgie propre de l’Eglise de Milan : saint Ambroise à l’origine du rit ambrosien

Extension actuelle du rit ambrosienLe rit ambrosien – autrement appelée rit milanais – est celle propre de l’Eglise de Milan et de certaines Eglises qui gravitent dans son orbite proche. Ce rit occidental particulier est actuellement pratiqué par environ cinq millions de fidèles qui vivent dans le diocèse de Milan (à l’exception de quelques parties de ce diocèse qui suivent depuis longtemps le rit romain, la plus notable étant la ville de Monza) ainsi que dans certaines parties des diocèses voisins de Côme, Bergame, Novare, Lodi, et du diocèse de Lugano en Suisse. Au Moyen-Age, le rit dut avoir une extension un peu plus large, et on note même qu’il y eut des tentatives pour le faire adopter à Prague et à Augsbourg !

Le qualificatif d’ambrosien signifie évidemment que l’origine et le patronage de ce rit remonte à saint Ambroise (†397), le grand évêque de Milan au IVème siècle. Il est certain que ce saint, l’un des quatre grands docteurs de l’Eglise latine d’Occident, a organisé en effet la liturgie de son Eglise. Au témoignage de saint Augustin (Confessions IX, 7) et de Paulin, diacre & secrétaire de saint Ambroise, nous savons que le saint évêque introduisit dans son Eglise la psalmodie antiphonée à l’instar de ce qui se pratiquait en Orient dans le ressort du patriarcat d’Antioche : deux chœurs chantent les psaumes en dialoguant en alternance verset par verset. Saint Ambroise était alors en affrontement ouvert avec l’impératrice Justine qui voulait prendre l’une des basilique de Milan afin de la donner aux hérétiques ariens, et notre saint évêque eut l’idée de faire occuper pacifiquement cette église par le peuple de Milan, en organisant des offices chantés nuit et jour, jusqu’à ce que le danger soit passé. Jusqu’alors, l’Occident latin ne connaissait pour le chant des psaumes que les deux formes archaïques, directanée (les versets sont tous chantés d’un trait à la suite sans principe d’alternance) et responsoriale (un chantre chante seul des versets auxquels tous répondent par un refrain, le répons). A l’occasion de l’instauration de ces offices nuit et jour, saint Ambroise composa également des hymnes qu’il fit chanter à son peuple, là encore sur le modèle de ce qui se pratiquait en Orient, et ce fut là aussi une innovation majeure dans l’histoire de toute la liturgie occidentale. Plusieurs de ces hymnes composées par saint Ambroise – toutes en strophes de quatre octosyllabes, rythmées en dimètres iambiques acatalectiques, rythme simple et vif aisé à mémoriser – ont été reçues ultérieurement dans la liturgie romaine et nous les chantons toujours aujourd’hui : par exemple, Æterne rerum Conditor, citée par saint Augustin et utilisée par le rit romain aux laudes du dimanche, elle figure au début de l’office nocturne dans le bréviaire ambrosien :

Ætérne rerum Conditor,
Noctem diémque qui regis,
Et témporum das témpora
Ut álleves fastídium.

Saint Ambroise de Milan - gravure d'un missel du XVIIIème siècleOn pourra s’étonner de ce que saint Ambroise – qui semble n’être jamais allé en Orient – innove pour la liturgie de son Eglise en reprenant ce qui se pratiquait à Antioche ou plus largement dans l’Orient. On remarquera aussi que globalement il existe de nombreux points de contacts entre la liturgie ambrosienne et les liturgies orientales, antiochienne et byzantine. Il n’est pas impossible qu’il faille aussi déceler l’influence du prédécesseur de saint Ambroise, Auxence de Milan, hérétique arien imposé par le pouvoir impérial, un Cappadocien ordonné prêtre par son compatriote Grégoire de Cappadoce, archevêque arien d’Alexandrie, mais ce point demeurera toujours mystérieux.

Dans deux traités célèbres, De Mysteriis et De Sacramentis, saint Ambroise explique aux catéchumènes les sacrements de l’initiation chrétienne : baptême, chrismation et eucharistie, et donne incidemment des détails sur la façon dont ces sacrements étaient administrés à Milan. Le rit ambrosien actuel conserve de nombreux traits décrits par ces ouvrages. Plus particulièrement, un passage du IVème livre du De Sacramentis nous livre le texte le plus ancien connu du canon de la messe. Ce canon – dont la parenté avec la liturgie égyptienne est sans doute à relier à la prédication de l’évangéliste Marc à Aquilée puis à Alexandrie, fut adopté très tôt par les Eglises d’Italie et deviendra par la suite notre fameux « canon romain » dont Milan utilise toujours une version propre néanmoins très proche de celle en usage à Rome. On pourra glaner aussi dans d’autres œuvres de saint Ambroise, en particulier dans sa correspondance, de nombreux détails relatifs à la liturgie ou plus largement à la discipline ecclésiastique, comme les ordinations, la consécration des vierges (cérémonie d’une grande ampleur), les prières pour les morts, la dédicace des églises.

Les successeurs de saint Ambroise continuèrent son œuvre, en particulier saint Simplicien, son successeur immédiat et saint Lazare (438 † 451) qui plaça les trois jours des rogations après l’Ascension (avant donc leur adoption en Gaule par saint Mamert en 474).

Néanmoins, à part ces éléments épars tirés principalement de la vie de saint Ambroise, aucun document majeur sur le rit ambrosien n’apparait avant le IXème siècle, voyons maintenant pourquoi.

La lutte pour la préservation du rit ambrosien

Charlemagne qui avait continué la politique de son père Pépin le Bref et avait éradiqué l’antique liturgie des Gaules de ses états au profit du rit de l’Eglise de Rome, voulu faire de même pour le rit milanais. Aux dires d’un chroniqueur du XIème siècle, Landulphe, la lutte pour la suppression du rit ambrosien fut rude, mais le peuple de Milan résista tant et si bien qu’on décida d’une ordalie : on plaça deux livres, l’un romain, l’autre ambrosien, sur l’autel de saint Pierre à Rome, et l’on décida que celui qui serait trouvé ouvert au bout de trois jours gagnerait. Mais tous deux s’ouvrirent & grâce à ce prodige, l’ambrosien mérita de continuer de vivre. Cependant, tous les livres ambrosiens avaient déjà été détruits, mais des clercs de Milan rédigèrent alors de mémoire un manuel complet de leur liturgie. Quoiqu’on puisse dire de l’exactitude historique de ces faits rapportés par Landulphe, on peut toutefois constater qu’en effet, contrairement au rit romain, pas le moindre document que nous possédions sur le rit ambrosien n’est antérieur au règne de Charlemagne, et que de ce fait, il est assez délicat de retracer son histoire ancienne et de comprendre les étapes de son développement.

Breviarium Ambrosianum : bréviaire ambrosien , édition de 1764 qui suit l'édition de saint Charles BorroméeLa lutte ne fut pas gagnée pour autant : le pape Nicolas II, qui avait tenté en 1060 d’abolir le rit mozarabe, tenta de faire de même avec l’ambrosien, secondé dans cette triste tâche par saint Pierre Damien mais le rit fut sauvé par son successeur le pape Alexandre II. Le pape saint Grégoire VII (1073 † 1085) réitéra la tentative de suppression mais en vain. Branda de Castiglione († 1443), cardinal et légat du pape en Lombardie, échoua encore dans la romanisation du Milanais. La pérennité du rit ne sera finalement définitivement acquise que grâce au travail acharné de saint Charles Borromée († 1584), le grand archevêque de Milan, héros de la contre-réforme catholique, qui s’intéressa beaucoup à la mise en forme du rit de son diocèse : on pourra comparer son travail à celui qu’accomplissait simultanément saint Pie V pour le rit romain, en établissant des standards d’édition.

La messe ambrosienne et ses principales caractéristiques

Messe ambrosienne au Panthéon
Messe ambrosienne au Panthéon célébrée par Mgr Amodeo en 2010 pour le 25ème anniversaire du rétablissement de la liturgie ambrosienne traditionnelle.

Disons-le tout de suite, la liturgie de la messe ambrosienne a conservé de nombreux traits d’archaïsmes et témoigne souvent de la pratique des Eglises italiques au IVème siècle. Du reste, son étude permet d’entrevoir ce que pouvait être le rit romain avant l’époque de saint Grégoire le Grand (VIème siècle).

Comme dans toutes les Eglises de l’ancien espace carolingien, la messe commence par des prières au bas de l’autel qui permettent au célébrant & à ses assistants de se mettre dans les dispositions nécessaires pour la célébration des saints mystères. Plus courtes qu’au rit romain, ces prières comportent principalement la confession des péchés.

La messe des catéchumènes commence par le chant d’une antienne appelée ingressa qui correspond à l’introït romain. Mais cette antienne est chantée seule, sans psaume ni Gloria Patri (l’ajout d’un psaume à l’introït pour tenir le temps des longues processions du clergé romain autour du Pape paraît être une innovation du pape saint Célestin Ier († 432), nous n’en conservons que le premier verset, mais tout le psaume était chanté). Notons que cette antienne correspond à l’antienne de la Petite Entrée byzantine, importée du rit syrien d’Antioche.

Le célébrant salue le peuple par un Dominus vobiscum (ils sont très nombreux dans le rit ambrosien) puis on chante le Gloria in excelsis Deo, lequel est suivi d’un premier (il y en aura de nombreux autres) triple Kyrie eleison (sans Christe eleison, particularité romaine inconnue ailleurs). Suit alors une première oraison, l’Oratio super populum, qui correspond à la collecte romaine (de nombreux textes de cette oraison sont du reste communs aux deux rits).

La messe comprend alors trois lectures – une prophétie, une épître et un évangile, ce qui est attesté par les écrits de saint Ambroise et correspond à l’antique pratique des Gaules et de l’Espagne (Rome suit Byzance en ne gardant que deux lectures). Notons qu’aux fêtes des saints, la prophétie peut être une leçon racontant la vie du saint. La prophétie est suivie d‘un psalmellus, pièce de bravoure pour les chantres, qui correspond par sa structure responsoriale au graduel romain, au prokimenon byzantin, au mesbak éthiopien, etc. Un « Halleluia » (pour respecter la graphie des livres ambrosiens) avec un verset est chanté avant l’évangile, son chant, surtout à la reprise finale, donne lieu à des développements parfois extraordinaires, avec des mélismes bien plus longs que les alléluias grégoriens & qui évoquent bien le jubilus, cette jubilation décrite par saint Augustin.

Messe pontificale du cardinal Schuster au Dôme de Milan. Les chanoines de la cathédrale de Milan sont mitrés.
Messe pontificale du cardinal Schuster au Dôme de Milan. Les chanoines de la cathédrale de Milan sont mitrés.

Après l’évangile commence la messe des fidèles, par un Dominus vobiscum suivi du triple Kyrie eleison. Le chœur chante alors une antienne nommée post evangelium mais qui correspond à la première pièce d’offertoire, tandis que le pain & le vin sont apportés au célébrant (initialement par dix vieillards et dix vieilles femmes nourris aux frais de l’église). Cette antienne répond à la grande entrée de la liturgie byzantine (notons que le Jeudi Saint, l’antienne post evangelium du jour est justement le fameux Cœnæ tuæ, qui est aussi la grande entrée de ce jour dans le rit byzantin).

Le diacre chante ensuite : Pacem habete, auquel le peuple répond : Ad te, Domine. Ici avait lieu originellement le baiser de paix, comme dans toutes les liturgies chrétiennes, à l’exception notable de la romaine et de l’africaine, qui placent ce baiser de paix après le canon et avant la communion. Le prêtre dit ensuite une seconde oraison, super sindonem, « sur le suaire » (le grand corporal qui recouvrait les oblats et figurait le suaire de l’ensevelissement du corps du Christ). Cette oraison, qui existait dans l’ancien rit des Gaules, correspond au l’oraison du voile des liturgies orientales d’Alexandrie, d’Antioche ou de Jérusalem.

Le chœur chante alors l’offertorium du jour, dont la forme est proche de la pièce correspondante de la liturgie romaine. Pendant ce chant, le célébrant présente l’oblation du pain et du vin, en disant à voix basse des prières d’offertoire typiques des Eglises de l’ancien espace carolingien et proches de celles employées par le rit romain. Il encense les oblats également, le rit romain le fait au même endroit (mais les rotations à 360° de l’encensoir qui a gardé sa forme antique, sans couvercle, sont très spectaculaires).

Messe solennelle en rit ambrosien : oraison sur les oblats et préface. Notez la position du diacre et du sous-diacre aux cardes (coins) de l'autel.
Messe solennelle en rit ambrosien : oraison sur les oblats et préface. Notez la position du diacre et du sous-diacre aux cardes (coins) de l’autel.

L’offertoire achevé, le célébrant salut par un Dominus vobiscum le peuple puis l’on chante le symbole de Nicée-Constantinople. La place du Symbole correspond à celle dans les rits orientaux, juste avant l’anaphore eucharistique. Le rit romain a – un peu maladroitement – anticipé le Credo avant l’offertoire, avant donc le (théorique) renvoi des catéchumènes, ce qui trahit son introduction relativement tardive dans cette liturgie (i.e. le XIème siècle, il n’y avait plus de catéchumènes à cette époque). Le Credo milanais diffère du romain par une légère variante textuelle : ascendit ad cœlos au lieu d’ascendit in cœlum. Après le Credo, le célébrant dit une troisième oraison, super oblata, qui correspond à la secrète romaine et s’enchaîne de même avec le dialogue de la préface (identique à Rome) et au début du canon. Contrairement à la sobriété du rit romain depuis saint Grégoire le Grand, la préface change à quasiment toutes les messes, comme dans les rits gallican et mozarabe. Le canon en revanche est plutôt fixe et ressemble fort au canon romain, avec quelques variantes de détails. Comme nous l’avons indiqué plus haut, les canons romain et ambrosien sont certainement deux formes du canon répandu en Italie au IVème siècle, probablement à partir d’Aquilée.

Le canon terminé, le célébrant procède à la fraction du Corps du Seigneur, pendant que le chœur chante une antienne appelée confractorium (le texte de ces antiennes se retrouve souvent dans celui des antiennes de communion romaines, dont l’introduction est un peu tardive à Rome : VIème siècle). Suit ensuite le chant du Pater. On sait qu’à Rome c’est le pape saint Grégoire le Grand qui déplaça le Pater et le mit en conclusion du canon, avant la fraction, à l’imitation de Constantinople. Il est probable que suite à cette réorganisation, les anciennes antiennes qui accompagnaient la fraction du pain à Rome ont été recyclées en antienne pour accompagner la communion des fidèles.

A l’imitation de Rome, le rit milanais a aussi introduit un second baiser de paix à cet endroit, faisant doublon avec celui au début de l’offertoire. Pendant que la paix se transmet, le chœur peut chanter une antienne pour la paix (« Pax in cœlo, pax in terra, pax in omni populo, pax Sacerdotibus Ecclesiarum Dei. »), non absolument prescrite, mais qui a son pendant dans l’antiphona ad pacem de l’ancien rit des Gaules et l’Agnus Dei romain.

Messe solennelle en rit ambrosienLe chœur accompagne le déplacement des fidèles pour la communion par une pièce assez curieuse et souvent très originale appelée Transitorium, et dont le style différe beaucoup de ce que l’on peut trouver dans le rit romain à cet endroit, tant par les textes que par la musique. Une dernière oraison, post communionem, est chantée par le célébrant. Après trois Kyrie eleison, le renvoi est fait, il n’utilise pas l’Ite missa est mais enchaîne les réponses suivantes : ℣. Procedamus in pace ℟. In nomine Christi. ℣. Benedicamus Domino. ℟. Deo gratias. Notons que Benedicamus Domino doit être une formule plus ancienne que Ite missa est : le rit ambrosien ne connait que lui et il est employé à l’office romain ainsi qu’aux messes romaines de pénitence (Avent, Carême) qui conservent en général des éléments plus anciens.

A l’instar de la messe romaine, on a ajouté après le renvoi une bénédiction trinitaire des fidèles par le célébrant ainsi que le dernier évangile, qui est comme à Rome le commencement de l’Evangile selon Jean.

L’année liturgique ambrosienne

Messe de requiem pour Mgr Amodeo - Abbaye de Meda, 10 novembre 2012.
Messe de requiem pour Mgr Amodeo – Abbaye de Meda, 10 novembre 2012.

Nous décrirons plus brièvement celle-ci. L’année liturgique, comme en Gaule ou en Espagne, commence par la fête de saint Martin le 11 novembre : l’Avent ambrosien comprend en effet six dimanches (contre quatre à Rome) et peut commencer au plus tôt le 12 novembre.

Précédé de la Septuagésime, le Carême commence au lundi qui suit le premier dimanche, In capite Quadragesimæ (comme c’était aussi le cas à Rome avant saint Grégoire le Grand qui l’anticipa au Mercredi des Cendres). Les dimanches suivants sont désignés par l’évangile qui y est lu : de la Samaritaine, d’Abraham, de l’Aveugle-Né, de Lazare, puis viennent les Rameaux. La Semaine Sainte est radicalement différente dans son organisation de celle pratiquée à Rome. On ne jeûne pas les samedi, contrairement à Rome et conformément à l’Orient.

Les dimanches après la Pentecôte sont au nombre de quinze, puis viennent cinq dimanches « après la décollation » (de saint Jean-Baptiste) et deux dimanches d’octobre. Le troisième dimanche d’octobre célèbre la dédicace de la cathédrale, puis est suivi de trois dimanches « post Dedicationem ». Les pièces de chant du propre de tous ces dimanches sont choisis dans un répertoire commun (« Commune dominicale ») et peuvent servir plusieurs fois.

Le sanctoral comporte évidemment de nombreux saints milanais, mais également beaucoup de martyrs romains des premiers siècles dont plusieurs ne sont plus célébrés par le rit romain (tel saint Genès, martyr romain, dont nous chanterons la fête le 25 août prochain).

L’office divin ambrosien

Vêpres ambrosiennes à Saint-André du Quirinal - 1er mai 2010.
Vêpres ambrosiennes à Saint-André du Quirinal – 1er mai 2010.

Finissons par un rapide mot sur l’office divin.

La structure la plus originale est celle de l’office de nuit, comportant trois nocturnes unis à un office du matin, qui a été formellement séparé en deux parties distinctes – sous les appellations plus modernes de matines et laudes – par saint Charles Borromée. Les vigiles nocturnes du samedi et du dimanche ont des structures propres et comportent beaucoup de cantiques de l’Ancien Testament, à l’instar de l’office palestinien ou de celui décrit par la règle de saint Benoît. L’office nocturne du samedi emploie le psaume 118, comme l’office byzantin. Les psaumes des autres jours de la semaine, du lundi au vendredi, sont répartis sur un cycle de deux semaines. Le Benedictus démarre les laudes, dont la psalmodie se finit, comme dans toute liturgie chrétienne, par le chant quotidien des psaumes 148, 149, 150 auxquels Milan ajoute le psaume 116.

Les autres heures (prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies) sont proches de la pratique romaine, qui devait être commune à l’Italie (la règle de saint Benoît se présente du reste comme un aménagement de cette pratique commune avec quelques simplifications – comme la réductions des vêpres à quatre psaumes – pour faciliter le travail des moines) : le psaume 118 est – comme à Rome – chanté tous les jours, réparti sur les petites heures, les vêpres s’ouvrent par un répons du lucernaire puis comportent les cinq psaumes comme à Rome (les vêpres des fêtes ont une structure beaucoup plus complexe et originale, avec le retour régulier des psaumes 132, 133 & 116). A la fin des laudes et des vêpres, le chant de versets psalmiques choisis sont à rapprocher des apostiches byzantins (dont l’origine provient de la liturgie du Saint-Sépulchre à Jérusalem). Les complies comportent tous les jours six psaumes (4, 30, 90, 132, 133, 116), un peu à la manière des grandes complies byzantines.

La version latine des textes bibliques employés par le rit milanais ne suivent pas la Vulgate ordinaire de saint Jérôme ni son psautier dit gallican.

Le plain-chant ambrosien

Ce panorama très rapidement brossé des richesses et particularités du rit ambrosien serait incomplet sans aussi évoquer le chant ambrosien – à la saveur si étrange et si particulière. Contentons-nous de noter que ce chant est très clairement plus archaïque dans ses constructions modales que le chant grégorien et qu’il présente en revanche des points de ressemblance nombreux avec le chant dit vieux-romain. Le chant grégorien résulte en effet d’une réforme postérieure, avec une volonté de simplification et de systématisation, alors que les chants ambrosien et vieux-romain ont manifestement préservé un état plus archaïque de l’antique cantilène des Eglises d’Italie.

Antiphonaire ambrosien du XIVème siècle. Houghton Library, Harvard University, Cambridge.
Antiphonaire ambrosien du XIVème siècle. Houghton Library, Harvard University, Cambridge. Vêpres de saint Maurice et de ses compagnons : lucernaire et antienne de Magnificat.

Un rit voisin, le rit eusébien

Reliquaire de saint Eusèbe dans la cathédrale de Verceil.
Reliquaire de saint Eusèbe dans la cathédrale de Verceil.

Grand ami de saint Ambroise et comme lui champion de la lutte contre les horreurs de l’hérésie arienne, saint Eusèbe de Verceil fut évêque de cette cité d’Italie du Nord jusqu’à sa mort en 371. Ce diocèse comprenait alors tout l’arc cisalpin et était suffragant de l’archevêque de Milan. Contrairement à Milan, Verceil semble n’avoir pu maintenir son rit propre originel et Charlemagne paraît avoir réussi à lui imposer la liturgie romaine, là où il avait échoué avec la liturgie milanaise. Comme dans tous les autres diocèses de l’Empire carolingien, la liturgie romaine se développa par la suite de façon autonome, de sorte qu’on pouvait parler d’une liturgie romaine à l’usage de Verceil (comme étaient de fait tous les usages particuliers de l’espace carolingien, tels le rit lyonnais, le rit parisien, le rit de Nidaros, celui de Sarum, etc, etc.).

Cette liturgie médiévale de Verceil fut surnommée « rit eusébien » à l’imitation du rit ambrosien voisin. Elle nous est connue par les archives exceptionnelles du chapitre de la cathédrale de Verceil, d’une grande richesse en manuscrits de premier plan. Si elle est foncièrement romaine par sa structure, la liturgie de Verceil comportait aussi de nombreux emprunts au rit ambrosien voisin et gardait de très nombreux traits propres, qui soit témoignaient d’un état archaïque du rit romain, soit étaient totalement originaux et pouvaient remonter avant la romanisation carolingienne (telle la fameuse antienne orientale Sub tuum præsidium, dont le texte eusébien est une version latine différente des traductions romaine comme milanaise). Feu M. l’Abbé Quoëx († 2007) avait bien compris le grand intérêt de l’étude des livres liturgiques de Verceil pour comprendre l’histoire de la liturgie romaine, il en avait fait le recensement, la classification et l’étude pour l’Ecole Pratique des Hautes Etudes mais la mort n’a pu faire aboutir ce projet.

Constantin brûle les livres ariens après le Concile de Nicée. Verceil, Bibliothèque capitulaire, MS CLXV (c. 825).
Constantin brûle les livres ariens après le Concile de Nicée. Verceil, Bibliothèque capitulaire, MS CLXV (c. 825).

N’ayant eu le temps que d’imprimer son bréviaire en 1504, Verceil vit son rit propre supprimé en 1575 : d’une part, la Savoie, qui venait de conquérir ce territoire, voulait unifier les sujets de ses états par la pratique commune du seul rit romain selon les livres tridentins, d’autres part, comme tant de diocèses à cette époque, la raison économique fut la plus forte : les frais d’édition et d’impression de tous les livres liturgiques propres étaient fabuleusement élevés pour un diocèse, les imprimeurs étant confrontés à un débouché commercial faible sur un marché diocésain forcément restreint, alors que les livres romains se répandaient vites et n’étaient pas chers. Le rit disparut donc, mais certains éléments se sont conservés longtemps par tradition populaire pour la fête de saint Eusèbe.

Nous chanterons néanmoins le 21 août prochain un office de vêpres dans l’octave de l’Assomption selon les anciens usages de Verceil, le chant ayant été reconstitué sur les fameux manuscrits médiévaux du chapitre. Nous utiliserons aussi pour ces vêpres des polyphonies composées par un maître de chapelle de la cathédrale de Verceil au XVIème siècle, Orazio Colombani.