Vous êtes chanteurs ou instrumentistes et vous souhaitez vous engager au service de la liturgie traditionnelle, n’hésitez pas à nous rejoindre !

La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Programme de la fête de la Très-Sainte Trinité

La Tres-Sainte TriniteSaint-Eugène, le dimanche 7 juin 2020, grand’messe de 11h. Secondes vêpres & salut du Très-Saint Sacrement à 17h45.

> Catéchisme sur la Trinité.

A l’origine à Rome, comme avait eut lieu la veille la longue messe du Samedi des Quatre-Temps, laquelle commençait à none pour s’achever très tard dans la nuit en raison de toutes les ordinations à faire, il n’y avait pas de messe en ce dimanche (de mêmes qu’aux autres dimanches suivant les samedi des Quatre-Temps) : Dominica vacat – dimanche vacant. Vers le VIIIème siècle cependant, on commença à y célébrer une octave de la Pentecôte (premier dimanche après la Pentecôte). L’institution relativement récente et non universellement reçue de celle-ci fit que la place laissée vide fut aussi utilisée pour y célébrer la messe votive de la Sainte Trinité composée au VIIIème siècle par Alcuin. En 920, Etienne, évêque de Liège, consacra cette pratique en instituant en ce dimanche pour son diocèse la fête de la Trinité et en faisant composer un office complet en l’honneur de ce mystère. La célébration de cette fête se répandit rapidement dans tout l’Occident, en particulier sous l’action des moines clunisiens.

Rome refusa dans un premier temps cet usage, estimant bien moderne l’idée de célébrer liturgiquement un mystère plutôt qu’un évènement historique de l’histoire du Salut. Alexandre II, pape de 1061 à 1073, tout en constatant que la fête est déjà répandue en beaucoup de lieux, déclare dans une de ses Décrétales que “ce n’est pas l’usage de Rome de consacrer un jour particulier à honorer la très sainte Trinité, puisqu’à proprement parler elle est honorée chaque jour” par la répétition de la petite doxologie : Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, et dans un grand nombre d’autres formules de louange. C’est le pape français Jean XXII qui finalement accepta la fête dans un décret daté de 1334 et l’étendit à toutes les Eglises d’Occident. La fête de la Trinité se substitua dès lors au premier dimanche après la Pentecôte (qui fut commémoré à l’office jusqu’en 1960 et dont la messe devait être célébrée un des trois premiers jours de la semaine non empêché par une fête du rite double. Cette messe peut continuer à se dire dans les féries de la semaine qui suit ce dimanche).

La Très-Sainte Trinité par Artus Wolffort MuehlbauerLa fête de la Trinité fut, comme nous le disions, d’une grande popularité un peu partout en Occident dès le XIème – XIIème siècle. Les Anglais & les Dominicains comptent d’ailleurs les dimanches non “après la Pentecôte” mais “après la Trinité”. Dans beaucoup d’usages diocésains, l’hymne des vêpres “O lux beata Trinitas” acquis une telle popularité qu’il fut chantée aux premières & secondes vêpres de tous les dimanches après l’Epiphanie & après la Pentecôte, faisant disparaître deux des sept hymnes d’un cycle qui initialement chantait les sept jours de la création sur les sept vêpres de la semaine (le rit romain ne le fit que pour les premières vêpres du dimanche). Dans le même ordre d’idée, un décret au XVIIIème siècle de la Sacrée Congrégation des Rites étendit pour le rit romain la préface de la Trinité à tous les dimanches après l’Epiphanie & la Pentecôte (on disait auparavant la préface commune ces dimanches-là).

Le choix de faire la célébration du mystère de la Trinité au jour octave de la Pentecôte était toutefois d’une grande cohérence théologique : c’est en effet l’effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte qui nous révèle l’amour du Père et du Fils et nous manifeste glorieusement le mystère de la Trinité. Du reste, le rit byzantin a suivi la même intuition, puisqu’il a fini par ajouter à la fête de la Pentecôte elle-même la célébration de la Trinité, combinant les deux fêtes en une seule : dans l’office de ce rit, à une couche hymnographique ancienne chantant la Pentecôte on a ajouté une seconde chantant la Trinité. Dans la mentalité des orientaux byzantins, la Pentecôte est bien la fête de la Trinité, et on a fini par consacrer le lundi de Pentecôte plus particulièrement au Saint-Esprit.

Nous avons célébré la venue de l’Esprit sanctificateur, annoncé comme devant venir perfectionner l’œuvre du Fils de Dieu. Nous l’avons adoré et reconnu distinct du Père et du Fils, qui nous l’envoyaient avec la mission de demeurer avec nous. Il s’est manifesté dans des opérations toutes divines qui lui sont propres ; car elles sont l’objet de sa venue. Il est l’âme de la sainte Église, il la maintient dans la vérité que le Fils lui a enseignée. Il est le principe de la sanctification dans nos âmes, où il veut faire sa demeure. En un mot, le mystère de la sainte Trinité est devenu pour nous, non seulement un dogme intimé à notre pensée par la révélation, mais une vérité pratiquement connue de nous par la munificence inouïe des trois divines personnes, adoptés que nous sommes par le Père, frères et cohéritiers du Fils, mus et habités par l’Esprit-Saint.
Dom Guéranger.

Quel Catholique ignore que le Père est vraiment Père, le Fils vraiment Fils, et l’Esprit-Saint vraiment Esprit-Saint ? Ainsi que le Seigneur lui-même l’a dit à ses Apôtres : « Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » C’est là cette Trinité parfaite dans l’unité d’une unique substance, à laquelle nous faisons profession de croire. Car nous n’admettons point en Dieu de division à la manière des substances corporelles ; mais à cause de la puissance de la nature divine qui est immatérielle, nous faisons profession de croire, et à la distinction réelle des personnes que nous nommons, et à l’unité de la nature divine.
Homélie de saint Grégoire de Nazianze, évêque, VIIème leçon des vigiles nocturnes de ce dimanche, au troisième nocturne..

IIndes vêpres de la fête de la Trinité. Au salut du Très-Saint Sacrement :

  • Motet d’exposition : Panis angelicus, du Ier ton
  • A la Bienheureuse Vierge Marie : Salve Regina, du Ier ton
  • Prière pour Notre Saint Père le Pape : Tu es Petrus, du VIIème ton
  • A la bénédiction du Très-Saint Sacrement : Tantum ergo, du IIIème ton
  • Chant d’action de grâces : Benedicta sit sancta Trinitas, du IInd ton

Télécharger le livret de cette messe au format PDF.
Télécharger le livret des secondes vêpres et du salut du Très-Saint Sacrement au format PDF.

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Cf. aussi : Plain-chant de la Trinité dans le graduel de Nivers (1679)

Programme de la sainte Pentecôte – Fête patronale de l’Eglise catholique russe de Paris

La sainte Pentecôte est la fête patronale de la Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité:

  • le samedi 6 juin 2020 du calendrier grégorien – 24 mai 2020 du calendrier julien, vigile de toute la nuit (grandes vêpres & matines) à 18h.
  • le dimanche 7 juin 2020 du calendrier grégorien – 25 mai 2020 du calendrier julien, à 8h55, heures de tierce & sexte puis à 9h15 divine liturgie de saint Jean Chrysostome.
  • Pique-nique paroissial organisé ensuite dans les jardins de l’Abbaye de La Source.
  • Vers 15h, vêpres de l’agenouillement (fin du temps pascal).

La Pentecôte est l’une des douze grandes fêtes de l’année. Le cinquantième jour après Pâques célèbre la descente du Saint-Esprit sur les disciples au Cénacle, à l’heure de Tierce.

L’Eglise de Jérusalem, au témoignage de la pèlerine Egérie au IVème siècle, célébrait à la Pentecôte non seulement la descente du Saint-Esprit – en se rendant à Sion à la troisième heure – mais également l’Ascension en se rendant au Mont des Oliviers pour les vêpres. A la suite du second Concile œcuménique, à la fin du IVème siècle, la fête de l’Ascension fut célébrée au quarantième jour après Pâques. Cependant, comme l’atteste le Lectionnaire arménien au début du Vème siècle, la station au Mont des Oliviers fut maintenue à Jérusalem à la dixième heure où l’on faisait trois prières solennelles d’agenouillement après des lectures, ce qui est l’origine des actuelles vêpres de l’agenouillement au soir de la Pentecôte. Cet agenouillement solennel à la clôture du temps pascal rappelle que – conformément au dernier canon du Ier concile de Nicée de 325 -, les chrétiens ne doivent pas s’agenouiller lorsqu’ils célèbrent la résurrection du Christ, savoir les dimanches et durant tout le temps de la cinquantaine pascale.

Dans le rit byzantin, la fête de la Pentecôte est également celle de la Très-Sainte Trinité, l’Esprit-Saint nous faisans adorer en vérité un seul Dieu en trois personnes par la révélation qu’il nous fait de la vie divine.

De ce fait, c’est donc la fête patronale de la paroisse catholique russe de Paris, dont l’église est dédiée à la Très-Sainte Trinité.

Par les prières de tes Apôtres, Christ notre Dieu, aie pitié de nous. Amen.

VIGILE DE LA PENTECOTE : GRANDES VEPRES & MATINES – SAMEDI 6 JUIN A 18h

Evangile de matines :
De la fête :Jean (§ 65) XX, 19-23.
Ayant dit ces mots, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit.

Télécharger le livret des choristes pour la vigile de ce dimanche.

DIVINE LITURGIE – DIMANCHE 7 JUIN A 9h15

Aux heures
Tropaire de la fête. Gloire au Père. Et maintenant. Theotokion de l’heure. Kondakion : de la fête.

A la divine liturgie

Les psaumes des typiques ainsi que les Béatitudes, au début de la liturgie dominicale, sont remplacées par les trois antiennes suivantes :

Première antienne, ton 2 – Psaume XVIII
℣. Les cieux racontent la gloire de Dieu, * et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce.
℟. Par les prières de la Mère de Dieu, * Sauveur, sauve-nous.
℣. Le jour au jour proclame la Parole, * et la nuit à la nuit annonce la connaissance.
℟. Par les prières de la Mère de Dieu, * Sauveur, sauve-nous.
℣. Leur son a retenti par toute la terre, * et leur parole jusqu’aux extrémités du monde.
℟. Par les prières de la Mère de Dieu, * Sauveur, sauve-nous.
℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit, * Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
℟. Par les prières de la Mère de Dieu, * Sauveur, sauve-nous.

Seconde antienne, ton 2 – Psaume XIX
℣. Que le Seigneur t’exauce au jour de la tribulation, * que le Nom du Dieu de Jacob te protège.
℟. Sauve-nous, Consolateur, Dieu bon, * nous qui te chantons : “Alléluia !”
℣. Que du sanctuaire, il t’envoie son secours, * et que de Sion il t’apporte son soutien.
℟. Sauve-nous, Consolateur, Dieu bon, * nous qui te chantons : “Alléluia !”
℣. Qu’il te donne selon ton cœur * et qu’il accomplisse tous tes desseins.
℟. Sauve-nous, Consolateur, Dieu bon, * nous qui te chantons : “Alléluia !”
℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit, * Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
Fils unique & Verbe de Dieu, qui es immortel & qui, pour notre salut, as voulu t’incarner de la sainte Mère de Dieu & toujours Vierge Marie, qui, sans changer, t’es fait homme, as été crucifié, Christ-Dieu, et par ta mort as vaincu la mort, l’un de la sainte Trinité, glorifié avec le Père et le Saint-Esprit, sauve-nous.

Troisième antienne, ton 8 – Psaume XX
℣. Seigneur, en ta force le roi se réjouit ; * et pour ton salut, il exulte grandement.
℟. Béni es-tu, Christ, notre Dieu, * qui a rendu très-sages des pécheurs, * leur envoyant le Saint-Esprit, * & qui par eux, pris au filet le monde entier, ** Ami des hommes, gloire à toi.
℣. Tu lui as accordé ce que son cœur désirait ; * tu ne lui a pas refusé ce que souhaitaient ses lèvres.
℟. Béni es-tu, Christ, notre Dieu, * qui a rendu très-sages des pécheurs, * leur envoyant le Saint-Esprit, * & qui par eux, pris au filet le monde entier, ** Ami des hommes, gloire à toi.
℣. Car tu l’as prévenu de bénédictions pleines de douceur, * tu as posé sur sa tête une couronne de pierres précieuses.
℟. Béni es-tu, Christ, notre Dieu, * qui a rendu très-sages des pécheurs, * leur envoyant le Saint-Esprit, * & qui par eux, pris au filet le monde entier, ** Ami des hommes, gloire à toi.

A la petite entrée :
1. Isodikon de la fête : Sois exalté, Seigneur, dans ta puissance, nous chanterons et jouerons des psaumes pour tes grandes œuvres.
2. Tropaire de la Pentecôte, ton 8 : Béni es-tu, Christ, notre Dieu, * qui a rendu très-sages des pécheurs, * leur envoyant le Saint-Esprit, * & qui par eux, pris au filet le monde entier, ** Ami des hommes, gloire à toi.
3. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
4. Kondakion de la Pentecôte, ton 8 : Lorsque Tu descendis pour confondre les langues, * Tu dispersas les nations, ô Très-Haut ; * mais lorsque Tu distribuas les langues de feu, * Tu nous appelas tous à l’unité. ** Aussi d’une seule voix glorifions-nous le très saint Esprit.

A la place du Trisaghion :
℟. Vous tous qui avez été baptisés en Christ, * vous avez revêtu le Christ. * Alléluia. (3 fois)

Prokimenon :
De la fête, ton 8 :
℟. Leur son a retenti par toute la terre, et leur parole jusqu’aux extrémités du monde (Psaume 18, 5).
℣. Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce (Psaume 18, 2).

Epître :
De la fête :Actes des Apôtres (§ 3) II, 1-11.
Aussitôt ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils commencèrent à parler diverses langues, selon que le Saint-Esprit leur mettait les paroles en la bouche.

Alleluia :
De la fête, ton 1 :
℣. Par la Parole du Seigneur, les cieux ont été affermis, et par l’Esprit de sa bouche, toute leur puissance.
℣. Depuis les cieux, le Seigneur a regardé, il a vu tous les fils des hommes.

Evangile :
De la fête :Jean (§ 27) VII, 37-52 ; VIII, 12.
Ce qu’il entendait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui : car l’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié.

A la commémoraison de la Très-Sainte Mère de Dieu durant l’anaphore eucharistique (de la fête)
Mégalynaire : Les Apôtres, contemplant la descente du Consolateur, étaient frappés d’admiration, lorsque, sous la forme de langues de feu, leur apparut le Saint-Esprit.
Hirmos : Réjouis-toi, Reine, tu as la gloire d’être Vierge et Mère. Les langues les plus habiles et les plus éloquentes ne peuvent discourir ni te chanter dignement. Toute intelligence est impuissante à comprendre ton enfantement. Aussi te glorifions-nous d’une même voix.

Verset de communion
De la Pentecôte : Ton Esprit bon me conduira dans la terre de rectitude (Psaume 142, 10). Alléluia, alléluia, alléluia.

Télécharger le livret des choristes pour la divine liturgie de ce dimanche.

VEPRES DE L’AGENOUILLEMENT – DIMANCHE 7 JUIN VERS 15h

Télécharger le livret des choristes pour les vêpres de l’agenouillement, lesquelles marquent la fin du Temps pascal.

Simplex in essentia : une séquence parisienne d’Adam de Saint-Victor pour le mercredi de l’octave de la Pentecôte

Alors que dans l’usage de Rome, la prose (ou séquence) Veni, Sancte Spiritus sert pour le jour de la Pentecôte & pour toutes les messes de son octave, l’ancien usage de Paris voyait chacune des messes de l’octave de la Pentecôte s’orner d’une prose différente chaque jour.

Voici comment Paris chantait les proses durant l’octave de la Pentecôte :

  1. Le dimanche de la Pentecôte : Fulgens præclara Paraclyti Sancti,
    subdivision d’une ancienne prose française de Pâques, antérieure à l’an 1000.
  2. Le lundi de la Pentecôte : Sancti Spiritus adsit nobis gratia,
    de Notker le Bègue (c. 840 † 912).
  3. Le mardi de la Pentecôte : Lux jucunda, lux insignis,
    d’Adam de Saint-Victor († 1146).
  4. Le mercredi de la Pentecôte : Simplex in essentia,
    d’Adam de Saint-Victor.
  5. Le jeudi de la Pentecôte : Qui procedis ab utroque,
    d’Adam de Saint-Victor.
  6. Le vendredi de la Pentecôte : Alma chorus Domini,
    composition anonyme française antérieure à l’an 1000.
  7. Le samedi de la Pentecôte : Veni, Sancte Spiritus,
    d’Etienne Langton (c. 1150 † 1228).

Il est notable que trois de ces proses soient des compositions de l’illustre hymnographe Adam, qui avant de finir ses jours dans l’abbaye de Saint-Victor, au pied de la Montagne Sainte-Geneviève, avait surtout été le préchantre de la cathédrale de Paris dès 1107 et jusque vers 1134. Les compositions d’Adam franchirent tôt les frontières du diocèse de Paris et se répandirent très vite dans toute l’Europe latine. Elles présentent toutes un ambitus vocal important, typique de l’école cathédrale de Paris, indice du très haut art vocal qui devait alors régner dans notre cité. De nombreuses proses furent par la suite modelés sur les rythmes & chants d’Adam, celle qui est parvenue jusqu’à nous est bien sûr le Lauda Sion de la Fête-Dieu, modulé par saint Thomas d’Aquin sur le Laudes crucis d’Adam de Saint-Victor.

La prose que nous choisissons de présenter ici le texte et le chant est celle du mercred dans l’octave de la Pentecôte pour l’Eglise de Paris : simplex in essentia, d’Adam de Saint-Victor. Elle était chantée le jeudi de Pentecôte à l’Abbaye de Saint-Victor de Paris, et le mardi de Pentecôte à sa fondation de l’Abbaye de Sainte-Geneviève de Paris.

Les textes liturgiques à l’Esprit Saint sont devenus au fil du temps relativement rares dans l’Eglise latine. A ce titre il peut être intéressant de redonner vie à cet ancien répertoire hymnographique médiéval de haute qualité tant spirituelle & théologique que musicale.

Voici le chant de la prose Qui procedis ab utroque restitué par nous d’après les anciens missels parisiens médiévaux. Sa mélodie est calquée sur celle de la célèbre prose pascale Mane prima Sabbati (dont s’inspire aussi la séquence de la fête de Saint Denys) :

 

Prose Simplex in essentia au Saint-Esprit d'Adam de Saint-Victor

Prose Simplex in essentia au Saint-Esprit d'Adam de Saint-Victor

Prose Simplex in essentia au Saint-Esprit d'Adam de Saint-Victor

Livret imprimable au format PDF.

Texte & traduction d’après une version française versifiée du XVème siècle :

Simplex in esséntia,
Septiformis grátia,
Nos refórmet, Spíritus.
Le Saint-Esprit, simple en essence,
Don de grâce en sept manières,
Nous réforme par sa présence.
Cordis lustret ténebras,
Et carnis illécebras
Lux emíssa cœlitus.
En muant ténèbres en lumières ;
De tout péché nous soit absence
Par ce don et par ce mystère !
Lex præcéssit in figúra,
Lex pœnális, lex obscúra,
Lumen Evangélicum.
La Loi fut avant en figure,
Loi pénible, loi trop obscure,
Mais l’Evangile est lumière.
Spiritális intelléctus,
Litteráli fronde tectus,
Pródeat in públicum.
Le spirituel entendement,
Couvert de lettre seulement,
Soit mis en commun pour matière !
Lex de monte pópulo,
Paucis in cœnáculo,
Nova datur grátia.
La Loi fut sur le Mont donnée :
La Grâce de Dieu fut donnée
A ces gens unis au Cénacle.
Situs docet nos locórum,
Præceptórum vel donórum
Quæ sit eminéntia.
Des dons, des commandements
Nous donnent enseignements
Leur siège et leur habitacle.
Ignis, clangor buccínæ,
Fragor cum calígine,
Lámpadum discúrsio,
Feu ardant, trompe, cri, frainte,
Obscurté, lampes ardants,
Ne sont pas amour, mais crainte
Terrórem incútiunt,
Nec amórem nútriunt,
Quem effúdit únctio.
Engendrée aux regardants :
Mais du Saint Esprit l’ointure
Répand en nous amour pur.
Sic in Sina
Lex dívina
Reis est impósita,
Ainsi fut la Loi donnée
En Sinai et imposée
De par la divinité :
Lex timóris
Non amóris,
Púniens illícita.
Loi de doute, & non d’amour,
Qui punissait chaque jour
Des mauvais l’iniquité.
Ecce patres præelécti,
Dii recéntes effécti :
Culpæ solvunt víncula.
Voici les pères élus,
Comme dieux nouveaux promus
Pour nos péchés déliant ;
Pluunt verbo, tonant nimis :
Novis linguis et doctrínis
Cónsonant mirácula.
Ils pleuvent, tonnent & accordent
Les personnes qui se discordent,
En parlant, œuvrant, menaçant.
Exhibéntes ægris curam,
Morbum damnant non natúram,
Persequéntes scélera.
Quant ils montrent la maladie,
La nature ne blâment mie,
Mais les péchés tant seulement.
Reos premunt est castígant :
Modo solvunt, modo ligant,
Potestáte líbera.
Les mauvais, des péchés, châtient,
Maintenant lient et délient,
Par leur puissance franchement.
Typum gerit jubiléi
Dies iste, si diei
Requíris mystéria :
De ce jour cherche le mystère
Il porte figure et manière
De ce jour-là de jubilée
In quo tribus míllibus
Ad fidem curréntibus,
Púllulat Ecclésia.
Durant lequel trois mille gens
Courants aux saints sacrements
L’Eglise fut augmentée.
Jubiléus est vocátus
Vel dimíttens vel murátus,
Ad prióres vocans status
Res distráctas líbere.
Jubilée, il est appelé,
Car le fautif est rappelé
Qui son état avait perdu ;
Nos distráctos sub peccátis,
Líberet lex charitátis
Et perféctæ libertátis
Dignos reddat múnere. Amen.
Et nous purgés d’iniquités,
Nous soit de Dieu par charité
Le don du Saint Esprit rendu ! Amen.

Sources :

* Missel parisien du XIIIème siècle de l’ancienne bibliothèque de Notre-Dame de Paris – Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. Latin 1112, f° 271 r°.
* Missel parisien du XIIIème siècle à l’usage probable de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés ou de Saint-Germain-L’Auxerrois – Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. Latin 830, f° 317 v°.

Lux iocunda, lux insignis : une séquence parisienne d’Adam de Saint-Victor pour le mardi de l’octave de la Pentecôte

Alors que dans l’usage de Rome, la prose (ou séquence) Veni, Sancte Spiritus sert pour le jour de la Pentecôte & pour toutes les messes de son octave, l’ancien usage de Paris voyait chacune des messes de l’octave de la Pentecôte s’orner d’une prose différente chaque jour.

Voici comment Paris chantait les proses durant l’octave de la Pentecôte :

  1. Le dimanche de la Pentecôte : Fulgens præclara Paraclyti Sancti,
    subdivision d’une ancienne prose française de Pâques, antérieure à l’an 1000.
  2. Le lundi de la Pentecôte : Sancti Spiritus adsit nobis gratia,
    de Notker le Bègue (c. 840 † 912).
  3. Le mardi de la Pentecôte : Lux jucunda, lux insignis,
    d’Adam de Saint-Victor († 1146).
  4. Le mercredi de la Pentecôte : Simplex in essentia,d’Adam de Saint-Victor.
  5. Le jeudi de la Pentecôte : Qui procedis ab utroque,
    d’Adam de Saint-Victor.
  6. Le vendredi de la Pentecôte : Alma chorus Domini,
    composition anonyme française antérieure à l’an 1000.
  7. Le samedi de la Pentecôte : Veni, Sancte Spiritus,
    d’Etienne Langton (c. 1150 † 1228).

Il est notable que trois de ces proses soient des compositions de l’illustre hymnographe Adam, qui avant de finir ses jours dans l’abbaye de Saint-Victor, au pied de la Montagne Sainte-Geneviève, avait surtout été le préchantre de la cathédrale de Paris dès 1107 et jusque vers 1134. Les compositions d’Adam franchirent tôt les frontières du diocèse de Paris et se répandirent très vite dans toute l’Europe latine. Elles présentent toutes un ambitus vocal important, typique de l’école cathédrale de Paris, indice du très haut art vocal qui devait alors régner dans notre cité. De nombreuses proses furent par la suite modelés sur les rythmes & chants d’Adam, celle qui est parvenue jusqu’à nous est bien sûr le Lauda Sion de la Fête-Dieu, modulé par saint Thomas d’Aquin sur le Laudes crucis d’Adam de Saint-Victor.

La prose que nous choisissons de présenter ici le texte et le chant est celle du mardi dans l’octave de la Pentecôte pour l’Eglise de Paris : Lux iocunda, lux insignis, d’Adam de Saint-Victor. Elle était chantée le lundi de Pentecôte à l’Abbaye de Saint-Victor de Paris, et à sa fondation de l’Abbaye de Sainte-Geneviève de Paris.

Les textes liturgiques à l’Esprit Saint sont devenus au fil du temps relativement rares dans l’Eglise latine. A ce titre il peut être intéressant de redonner vie à cet ancien répertoire hymnographique médiéval de haute qualité tant spirituelle & théologique que musicale.

Voici le chant de la prose Qui procedis ab utroque restitué par nous d’après les anciens missels parisiens médiévaux :

 

Prose Lux iocunda, lux insignis au Saint-Esprit d'Adam de Saint-Victor

Prose Lux iocunda, lux insignis au Saint-Esprit d'Adam de Saint-Victor

Prose Lux iocunda, lux insignis au Saint-Esprit d'Adam de Saint-Victor

Prose Lux iocunda, lux insignis au Saint-Esprit d'Adam de Saint-Victor

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Texte & traduction par dom Guéranger :

Lux iocúnda, lux insígnis,
Qua de throno missus ignis
In Christi discípulos,
Une lumière joyeuse, éclatante, un feu lancé du trône céleste sur les disciples du Christ,
Corda replet, linguas ditat ;
Ad concórdes nos invítat
Cordis linguem módulos.
Remplissent les cœurs, fécondent les langues, et nous invitent à unir dans un concert mélodieux & nos langues & nos cœurs.
Christus misit quod promísit
Pignus sponsem quam revísit
Die quinquagésima.
Le gage que le Christ avait promis à son Epouse, il le lui envoie au cinquantième jour ;
Post dulcórem mélleum
Petra fudit óleum
Petra iam firmíssima.
Devenu ferme comme un rocher, Pierre répand dans ses discours le miel le plus doux, l’huile la plus généreuse.
In tabéllis sáxeis,
Non in linguis ígneis,
Lex de monte pópulo.
Sur la montagne, l’ancien peuple reçut la loi, non dans des langues de feu, mais gravée sur la pierre ;
Paucis cordis nóvitas,
Et linguárum únitas
Datur in cœnáculo.
Dans le Cénacle, un petit nombre d’hommes reçoit un cœur nouveau, & revient à l’unité des langues.
O quam felix, quam festíva
Dies in qua primitíva
Fundátur Ecclésia.
O jour heureux, jour solennel, où l’Eglise primitive est fondée !
Vivæ sunt primítiæ
Nascéntis Ecclésiæ,
Tria primum míllia.
Trois mille hommes sont les prémices de cette Eglise à sa naissance.
Pane Legis primitívi,
Sub una sunt adoptívi
Fide duo pópuli.
Les deux pains offerts en prémices dans la loi, figuraient les deux peuples adoptés en ce jour dans une même foi :
Se duóbus interiécit :
Sicque duos unum fecit :
Lapis caput ánguli.
La pierre placée à la tête des l’angle s’interpose entre les deux, & des deux ne fait plus qu’un seul peuple.
Utres novi non vetústi
Sunt capáces novi multi,
Vasa parat vídua.
De nouvelles outres, non plus les anciennes, sont remplies d’un vin nouveau : la veuve prépare ses vases,
Liquórem dat Helisæus,
Nobis sacrum rorem Deus,
Si corda sint cóngrua.
Tandis qu’Elisée multiplie l’huile en abondance : ainsi Dieu répand aujourd’hui la céleste rosée, autant qu’il trouve de cœurs préparés à la recevoir.
Non hoc musto vel liquóre,
Non hoc sumus digni rore,
Si discórdes móribus.
Nous ne serions pas dignes de recevoir ce vin précieux, cette rosée divine, si notre vie était déréglée :
In obscúris vel divísis
Non potest hæc Paraclísis
Habitáre córdibus.
Ce Paraclet ne saurait habiter dans des cœurs remplis de ténèbres ou divisés.
Consolátor alme veni :
Linguas rege, corda leni :
Nihil fellis aut venéni
Sub tua præséntia.
Viens donc à nous, auguste Consolateur ! gouverne nos langues, apaises nos cœurs : ni fiel, ni venin n’est compatible avec ta présence.
Nil iocúndum, nil amœnum,
Nil salúbre, nil serénum,
Nihil duce, nihil plenum,
Nisi tua grátia.
Sans ta grâce, il n’est ni délice, ni salut, ni sérénité, ni douceur, ni plénitude.
Tu lumen es & unguéntum :
Tu cœléste condiméntum,
Aque ditans eleméntum,
Virtúte mystérii.
Tu es lumière et parfum ; tu es ce principe céleste qui confère à l’élément de l’eau une puissance mystérieuse :
Nova facti creatúra :
Te laudámus mente pura,
Grátiæ nunc, sed natúra
Prius iræ fílii.
Nous qui sommes devenus une création nouvelle, d’abord enfants de colère par nature, maintenant enfants de la grâce, nous te louons d’un cœur purifié.
Tu qui dator es & donum,
Tu qui cordis omne bonum,
Cor ad laudem redde pronum,
Nostræ linguæ formans sonum
In tua præcónia.
Toi qui donnes et qui es en même temps le don, toi qui verse sur nous tous les biens, rends nos cœurs capables de te louer, forme nos langues à célébrer tes grandeurs.
Tu purga nos a peccátis,
Author ipse puritátis,
Et in Christo renovátis
Da perféctæ novitátis
Plena nobis gáudia. Amen.
Auteur de toute pureté, purifie-nous du péché : renouvelle-nous dans le Christ, & fais nous goûter la joie entière que donne à l’âme la vie nouvelle. Amen.

Sources :

* Missel parisien du XIIIème siècle de l’ancienne bibliothèque de Notre-Dame de Paris – Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. Latin 1112, f° 270 r°.
* Missel parisien du XIIIème siècle à l’usage probable de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés ou de Saint-Germain-L’Auxerrois – Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. Latin 830, f° 316 v°.
* A titre de comparaison : Tropaire-prosaire de Saint-Martial de Limoges du XIIème-XIIIème siècle – Bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. Latin 1139, f° 225 v°.