Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 10 octobre 2021 du calendrier grégorien – 27 septembre 2021 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.
Dimanche du ton VII de l’Octoèque. Nous fêtons aussi en ce jour le hiéromartyr Pierre de Kroutitsy, locum tenens du Patriarche de Moscou, martyrisé par les Bolcheviques.
Saint Pierre de Kroutitsy est né Pierre Polyansky, fils de Théodore (Pyotr Fyodorovich Polyansky / Пётр Фёдорович Поля́нский) le 28 juin (/ 10 juillet) 1862 dans le village de Storozhevoye, dans l’uyezd de Korotoyaksky, gouvernement de Voronej. Son père était prêtre de paroisse.
Pierre Polyansky fit des études poussées de théologie, d’abord au séminaire de Voronej puis à l’Académie de théologie de Moscou, où il soutint sa thèse de doctorat en 1897. Après celle-ci, il choisit de rester simple laïc au service de l’Eglise, et de ne pas recevoir les ordres ecclésiastiques. De 1906 à 1918, Pierre fut secrétaire du Comité pour l’Education du Saint Synode de l’Eglise russe (avec rang de “conseiller d’Etat véritable” – classe IV sur XIV de la Table des Rangs de l’Empire, équivalent d’un général major ou d’un contre-amiral). Sa fonction l’appelait à voyager en permanence dans l’Empire afin d’inspecter toutes les facultés de théologie. De cette époque date sa grande amitié avec le futur patriarche saint Tikhon, alors métropolite de Yaroslav (puis de Vilnius après 1913).
Lors des tourments de la Révolution russe, l’Eglise russe organisa le Concile de Moscou, premier concile depuis le XVIIème> siècle qui décida le 28 octobre 1917, quelques jours après la prise du pouvoir par les Bolcheviques à Saint-Pétersbourg, du rétablissement du patriarcat qui avait été supprimé par le tsar Pierre le Grand en 1721. Le concile élut alors saint Tikhon comme nouveau patriarche de Moscou et de toutes les Russies.
En 1920, tandis que démarrait les persécutions anti-chrétiennes des Communistes, le saint patriarche Tikhon demanda à Pierre Polyanski d’accepter – afin de rendre service à l’Eglise – de recevoir la tonsure monastique et l’épiscopat, afin de l’assister dans l’administration de l’Eglise. A cette occasion Pierre déclara au patriarche Tikhon :
“Je ne peux pas refuser. Si je refuse, je serai traître à l’Eglise, mais je sais qu’en acceptant, je signe ma propre peine de mort.”
Pierre reçut rapidement les degrés de l’ordre et fut consacré évêque de Podolsk par le patriarche Tikhon le 8 octobre 1920. Presque aussitôt, il fut arrêté par la police soviétique et passa les trois années suivantes en exil dans le Nord à Veliki Oustioug. De retour d’exil en 1923, il devint le principal soutien du patriarche Tikhon qui l’éleva au rang d’archevêque puis en 1924 de Métropolite titulaire de Kroutitsy (un monastère fondé en 1262 dans la banlieue Sud-Est de Moscou, qui devint au siècle suivant le siège d’un évêché par suite de la résidence de l’évêque de Saraï et de Podonski qui s’y était réfugié). La résidence de Kroutitsi en Russie – de par l’histoire de sa fondation – s’était vu attribuer un rôle particulier : être la représentante auprès du Seigneur de tous les chrétiens souffrant dans des pays étrangers. Elle assurait le lien entre l’Église orthodoxe russe et le monde extérieur, remplissant une mission originale dans le domaine spirituel.
Sentant sa fin venir, le saint patriarche Tikhon nomma à Noël 1924 trois possibles successeurs après sa mort. Cette procédure inédite, contraire aux canons ecclésiastiques et aux statuts de l’Eglise russe, était dictée par les circonstances, car une élection libre d’un nouveau patriarche par une assemblée ecclésiastique indépendante du pouvoir communiste paraissait alors improbable. Les trois successeurs possibles nommés par saint Tikhon étaient les métropolites Cyrille de Kazan, Agathange de Yaroslav et Pierre de Krutitsy. Comme Pierre était le seul des trois candidats qui n’était pas en prison ou en exil au moment de la mort de saint Tikhon le 25 mars 1925. Le jour des funérailles du patriarche, 12 avril 1925, Pierre de Kroutitsy fut confirmé comme Locum tenens patriarcal (Патриарший местоблюститель).
Assumant cette nouvelle fonction avec courage, le Métropolite Pierre subit immédiatement des pressions intenses du gouvernement soviétique et des services secrets, qui exigeaient de lui non seulement d’exprimer une loyauté inconditionnelle à l’Etat soviétique, mais encore de se réconcilier avec les schismatiques de la prétendue “Eglise vivante”, une pseudo Eglise progressiste favorable à l’idéologie communiste et soutenue par le pouvoir, ce que Pierre refusa catégoriquement, sauf si une repentance des schismatiques intervenait. Le 28 juillet 1925, Pierre publia une lettre encyclique dans laquelle il confirmait les positions de l’Eglise sur la pseudo “Eglise vivante” des Rénovationistes schismatiques et communistes. Sentant que son bras de fer avec le pouvoir bolchevique allait lui être fatal, Pierre, imitant le patriarche Tikhon, désigna à son tour trois successeurs potentiels à la charge de Locum tenens au cas où il serait arrêté. Cette arrestation arriva le 10 décembre 1925, le métropolite Serge de Nijni-Novgorod devint alors vicaire du Locum tenens du Patriarche et Pierre passa le reste de sa vie en exil et en prison, épuisé par les dures conditions et le harcèlement constant des autorités soviétiques.
D’abord déporté dans l’Oural de 1926 à 1930, saint Pierre réprimanda alors son vicaire le Métropolite Serge des libertés qu’il avait prise dans la gouvernance de l’Eglise (Serge avait assuré de l’absolue loyauté de l’Eglise russe au gouvernement soviétique dans une lettre encyclique retentissante en juillet 1927), lui rappelant que tant qu’il était en vie, Pierre était toujours le chef de l’Eglise. Arrêté de nouveau, on lui proposa de devenir un agent de la police politique (Guépéou / ГПУ), ce qu’il refusa, lui valant encore six ans de prison à Verkhneouralsk. Les conditions de détention lui valurent de souffrir de paralysies partielles. En juillet 1936, on annonça officiellement sa mort, afin que le Métropolite Serge – plus malléable par le pouvoir – devienne le Locum tenens patriarcal et le chef de fait de l’Eglise.
Saint Pierre fut condamné à mort par la Troïka du NKVD de l’oblast de Tcheliabinsk le 2 octobre 1937. Il fut fusillé le 10 octobre suivant (27 septembre 1937 dans le calendrier julien) et enterré à Magnitogorsk, ville de l’oblast de Tcheliabinsk.
Il fut glorifié comme hiéromartyr et confesseur de la foi par le concile de l’Eglise russe le 23 février 1997, sa fête étant fixé le jour de sa naissance au ciel, lorsqu’il reçut les palmes du martyre. Depuis 2005, il est aussi fêté chaque 5 octobre à la fête commune des saints métropolites et patriarches de Moscou, thaumaturges de Russie.
Aux heures
A tierce : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire du Hiéromartyr. Et maintenant. Theotokion de tierce. Kondakion : du dimanche.
A sexte : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire du Hiéromartyr. Et maintenant. Theotokion de sexte. Kondakion : du Hiéromartyr.
Tropaires des Béatitudes : 6 tropaires du dimanche, ton 7, 4 tropaires de la 3ème ode du canon du Hiéromatyr :
1. Il est beau à voir & bon à manger, * le fruit qui a causé mon trépas ; * mais le Christ est cet arbre de vie * dont je puis manger sans mourir ; * & je crie avec le bon Larron : ** Souviens-toi de moi, Seigneur, dans ton royaume.
2. Dieu de tendresse, mis en croix, tu effaças * la cédule de l’antique péché d’Adam ; * de l’erreur tu sauvas l’ensemble des mortels : ** aussi nous te chantons, Bienfaiteur & Seigneur.
3. Sur le croix, Dieu de tendresse, tu clouas nos péchés, * par ta mort tu triomphas de la mort ; * d’entre les morts tu éveillas les trépassés ; ** aussi nous nous prosternons devant ta sainte Résurrection.
4. Dans les oreilles d’Eve le serpent injecta son venin, * mais le Christ sur l’arbre de la croix * fit jaillir pour le monde la douceur de la vie. ** Souviens-toi de moi, Seigneur, dans ton royaume.
5. Au sépulchre on te dépose comme un mortel, * ô Christ, universelle Vie, * mais de l’Enfer ayant brisé les verrous, * tu ressuscites le troisième jour * avec gloire & puissance, illuminant le monde entier : ** gloire, Seigneur, à ta sainte Résurrection.
6. Ressuscité d’entre les morts le troisième jour, * le Seigneur donne aux Disciples sa paix ; * les bénissants, il les envoie et leur dit : ** Amenez tous les hommes au royaume de Dieu.
A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 7 : Tu as détruit la mort par ta croix, * ouvert au Larron le Paradis ; * changé en joie les pleurs des myrrophores * et ordonné aux apôtres de prêcher. * Tu es ressuscité, ô Christ Dieu, ** donnant au monde ta grande miséricorde !
2. Tropaire du Hiéromartyr, ton 2 : Selon le dessein divin, appelé au ministère épiscopal * par le saint patriarche Tikhon, * tu fus du troupeau du Christ, un gardien vigilant * et un défenseur intrépide * ô hiéromartyr Pierre ; * la violente incarcération et les exils lointains,* les souffrances et la mort, tu les subis de la part des ennemis de Dieu,* recevant la couronne du martyre,* tu te réjouis maintenant dans les cieux. * Prie le Dieu miséricordieux * qu’il préserve notre Église des troubles, * qu’il accorde la concorde et la paix à son peuple, ** et qu’il sauve nos âmes.
3. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
4. Kondakion du Hiéromartyr, ton 4 : Ayant acquis la paix et la douceur de l’esprit, * ayant un ferme espoir dans la miséricorde de Dieu,* tu veillas fidèlement sur l’Église de Russie, * et tu fus un confesseur du Christ,* ô hiéromartyr Pierre,* toi qui pries toujours pour nous auprès de Dieu ** et intercèdes pour nos âmes.
5. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
6. Kondakion du dimanche, ton 7 : La puissance de la mort ne peut plus retenir les hommes, * car le Christ est descendu pour briser et détruire sa force. * Les enfers sont enchaînés, * les prophètes en chœur se réjouissent et disent : * Le Sauveur est apparu aux croyants. ** Venez, fidèles, prendre part à la Résurrection.
Prokimen
Du dimanche, ton 7 :
℟. Le Seigneur donne la puissance à son peuple, le Seigneur bénit son peuple dans la paix (Psaume 28, 11).
℣. Rendez au Seigneur, fils de Dieu, rendez au Seigneur la puissance & la gloire (Psaume 28, 1).
[Du Hiéromartyr, ton 7 :
Les justes jubilent de gloire, ils tressaillent sur leur couche (Psaume 149, 5).]
Epîtres
Du dimanche : II Corinthiens (§ 181) VI, 1-10.
Mais agissant en toutes choses comme des ministres de Dieu, nous nous rendons recommandables par une grande patience dans les maux, dans les nécessités, et dans les extrêmes afflictions.
[Du Hiéromartyr : Romains (§ 99) VIII, 28-39.
Qui donc nous séparera de l’amour du Christ ? Sera-ce l’affliction, ou les déplaisirs, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou les périls, ou le fer, ou la violence ?]
Alleluia
Du dimanche, ton 7 :
℣. Il est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter pour ton Nom, ô Très-Haut, (Psaume 91, 1)
℣. de publier au matin ton amour, ta fidélité au long des nuits (Psaume 91, 2).
[Du Hiéromartyr, ton 2 :
℣. Que tes prêtres soient revêtus de justice, et que tes saints tressaillent de joie. (Psaume 131, 9)]
Evangiles
Du dimanche : Luc (§ 17) V, 1-11.
Et ayant ramené leurs barques à bord, ils quittèrent tout, et le suivirent.
[Du Hiéromartyr : Luc (§ 106) XXI, 12-19.
Car je vous donnerai moi-même une bouche et une sagesse à laquelle tous vos ennemis ne pourront résister, et qu’ils ne pourront contredire]
Verset de communion
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux.
[Du Précurseur : La mémoire du juste sera éternelle (Psaume 111, 6).] Alleluia, alleluia, alleluia.