Nous vous signalons la sortie de ce dernier disque de Marcel Pérès consacré aux propres des quatre messes de Noël (vigile, minuit, aurore et jour) dans les manuscrits de chant vieux romains.
L’audition de ce disque est particulièrement émouvante et passionnante pour les participants du stage avec Marcel Pérès de septembre dernier, puisque ce sont les mêmes pièces que nous avons étudiées et travaillées d’arrache-pied durant ce stage.
Voici une bonne idée de cadeau pour Noël. 🙂
Vous pouvez écouter des très larges extraits de ce CD sur le site de l’éditeur, Zig-Zag Territoires (liste complète des pistes ici).
Le chant vieux romain n’est connu que par cinq manuscrits (trois graduels et deux antiphonaires provenant des grandes basiliques romaines) ayant survécu à sa suppression au XIIIème siècle et son remplacement par le chant grégorien (en usage dans le reste de l’Europe par suite des réformes carolingiennes), par conséquence du transfert de la papauté en Avignon. La notation neumatique du vieux romain parait extrêmement précise dans la notation de l’ornementation au regard des autres systèmes de notation en usage en Europe à la même époque. C’est cette précision que rend parfaitement Marcel Pérès et l’Ensemble Organum dans cette enregistrement.
L’épineuse question des rapports entre les deux répertoires vieux romain et grégorien a fait déjà couler beaucoup d’encre. La lecture ornementale faite par Marcel Pérès pourrait parfaitement illustrer ce texte de Paul Diacre au XIème siècle :
“Les Germains et les Francs, entre autres nations européennes, eurent l’occasion, tant et tant, d’apprendre à la perfection (insigniter) ce beau chant. Ils ne réussirent pas toutefois à en conserver la pureté originelle, tant à cause de leur légèreté – ils mêlèrent des chants de leur propre crû à ceux de saint Grégoire – que de leur rusticité naturelle. Les races transalpines, en effet, avec leurs voix rauques et tonitruantes, sont incapables de rendre correctement la beauté du chant qu’ils ont reçu : à cause de la grossièreté de leurs gosiers ivrognes, lorsqu’ils s’efforcent d’exécuter l’admirable cantilène romaine avec les inflexions et les répercussions, c’est comme si leurs voix rustres faisaient vibrer l’air du vacarme confus de chariots grinçant en déboulant des marches !” (cf. notre article de la semaine dernière).