Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.
Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.
Cette initiale D, découpée d’un graduel, est ornée d’une miniature qui représente la vocation de saint Pierre et de saint André son frère par le Christ, qui fit d’eux ses tous premiers disciples, selon ce passage tiré de l’évangile selon saint Matthieu :
Or Jésus marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient leur filet dans la mer ; car ils étaient pêcheurs ; et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. Aussitôt ils quittèrent leurs filets, et ils le suivirent.
(Matthieu IV, 18-20)
Le début des paroles du Christ dans le texte de saint Matthieu est peint dans un phylactère : Venite post me – suivez-moi.
Au delà de la scène du Christ appelant Pierre et et André son frère à le suivre, l’artiste a représenté les rives du Lac de Galilée dans un paysage idéal peint avec une rare précision (qui le rapproche des travaux similaires exécutés par le Maître de l’Antiphonaire Q de San Giorgio Maggiore et dans les œuvres par Pisanello)
Fait plutôt rare, mais qui se répand en Italie septentrionale au début de la Renaissance, l’artiste a signé sa miniature : Une petite inscription à gauche de l’initiale D indique :
1480
IO[HANNES] AN[TONIUS] DE
DEXIO F[ECIT].
D’une famille d’enlumineurs de Milan, Giovanni Antonio Decio a illuminé des livres de choeur, comme celui auquel appartenait ce découpage, et était également sculpteur. Il est surtout connu pour avoir œuvré comme sculpteur sur le monument funéraire du premier duc de Milan, Gian Galeazzo Visconti (qui régna de 1395 à 1402), tombeau érigé à la Chartreuse de Pavie environ un siècle après la mort du duc.
Cette miniature découpée fait aujourd”hui partie d’une collection privée à San Francisco aux Etats-Unis. On pourrait s’étonner qu’un D puisse être une lettrine pour un office de saint Pierre, car aucuns de ceux-ci ne commencent par cette lettre dans le rit romain. Cependant, l’ingressa (= l’introït) de la messe de la fête de saint Pierre et saint Paul au 29 juin dans le rit ambrosien qui a cours à Milan commence justement par un D (Dicit Dominus Petro – Le Seigneur dit à Pierre). Il est donc probable que cette miniature découpée provienne d’un Antiphonale Missarum Mediolanensis, un graduel de Milan pour le chant de la messe en rit ambrosien.
Cette miniature représentant saint Jean Baptiste enfant aux pieds de son cousin le Christ, tenu par la Vierge Marie et entourés d’Anges, provient d’un Livre d’Heures remarquable qui a dû être réalisé vers 1517 à l’occasion du couronnement de la reine Claude de France. Fille du roi Louis XII et de la duchesse Anne de Bretagne, Claude reçoit à sa naissance en 1499 son prénom en hommage à saint Claude que sa mère avait invoqué lors d’un pèlerinage afin qu’elle puisse donner le jour à un enfant viable (elle avait perdu 12 enfants en bas âge). Succédant à sa mère sur le trône de Bretagne, elle ne peut, du fait de la loi salique, succéder à son père sur le trône de France.
Cependant, elle épouse en 1514 son parent au 5ème degré de la branche Valois-Angoulème, François, qui est sacré roi de France le 25 janvier 1515 sous le nom de François Ier.
Ce merveilleux livre d’heures est de petites dimensions : 6,9 cm de haut par 4,9 cm de large – il tient dans le creux de la main et contient les prières usuelles les plus fréquentes.
Chaque page est une merveille de l’art de la miniature française parvenu à son sommet, avec une finesse de détails proprement extraordinaires. Notre représentation de la Vierge avec saint Jean Baptiste enfant et l’Enfant Jésus occupe le folio 15 v°.
Ce manuscrit extraordinaire est entré dans la collection Morgan en 2008 où il est conservé sous la côte MS M.1166. Sur la page en regard de la scène des deux cousins enfants avec la Vierge est représentée l’annonce à Joachim (folio 16 r°).
La prière Obsecro te Domina est une supplication à la Très-Sainte Vierge lui demandant la grâce d’une bonne mort chrétienne. Elle apparait comme prière de dévotions dans les Livres d’Heures depuis le XVème siècle. Vous en trouverez le texte ici, et ses variantes médiévales ici. En dessous de la scène de principale, l’artiste anonyme a représenté les armes de Claude de France : parti de celles de son époux le roi de France François Ier et parti des siennes propres, lesquelles sont un écartelé des armes de son père et de sa mère, soit les armes de France et de Bretagne.
Le 8 mai 1429, sainte Jeanne d’Arc monte avec ses troupes à l’assaut des Anglais qui assiégeait la ville d’Orléans depuis huit mois. Défaites, les troupes anglo-bourguignonnes lèvent le siège. Cet éclatant succès de la libération d’Orléans valut par la suite à Jeanne son surnom de la Pucelle d’Orléans.
*
Si les Anglo-Bourguignons avaient décidé d’assiéger Orléans, c’était en raison de sa situation stratégique fondamentale : la ville tenait l’unique pont jeté sur la Loire qui permettrait aux ennemis de fondre ensuite sur les possessions du Dauphin Charles au Sud. Ce pont est défendu par la bastide des Tourelles, qui est enlevée par les troupes anglaises le 24 octobre 1428 qui décident ensuite d’entamer le siège de la ville et vont la ceinturer d’une série de bastions fortifiés. Les troupes anglaises sont commandées par Talbot, après que leur premier commandement, Thomas Montagu, comte de Salisbury, fut tué par un boulet de canon tiré par les Français.
Le 12 février 1429 se produit la piteuse et humiliante “Journée des harengs” : les troupes françaises d’Orléans décident une sortie pour attaquer un convoi de trois cents chariots chargés de harengs destinés à ravitailler le camp anglais. Ce convoi était faiblement escorté, mais malgré leur nombre supérieur, les troupes françaises, commandées par Jean Dunois, comte de Longueville, dit le Bâtard d’Orléans (fils illégitime de feu le duc Louis d’Orléans) sont écrasés par la petite escorte anglaise. Après cette défaite cuisante, la chute d’Orléans semble n’être qu’une question de jours.
Quelques jours après, le 25 février 1429, à Chinon, sainte Jeanne d’Arc parvient à convaincre le roi légitime Charles VII de lui accorder une petite troupe afin d’engager la libération d’Orléans. Mais ce n’est qu’en avril suivant qu’elle se présente devant eux dans son armure de capitaine. Lorsqu’elle leur annonce qu’ils vont libérer Orléans de son siège, ses troupes rient dans un premier temps, mais son énergie incroyable va parvenir progressivement à les galvaniser pour l’accomplissement de ce beau projet. Jeanne obtient même de ses troupes qu’ils cessent de jurer & qu’ils renvoient leurs prostituées.
La petite troupe de Jeanne arrive devant Orléans, et parvient à entrer le 29 avril dans la ville en passant au travers des lignes anglaises. Jeanne y défile à la tête de ses troupes, en compagnie du Bâtard d’Orléans qui défend la ville depuis le début du siège. Elle va mener des attaques ciblées sur les lignes anglaises pour les forcer à s’enfermer dans leurs différents bastions. Puis, isolés les uns des autres, ces différents bastions tombent progressivement. Le 7 mai, le dernier bastion anglais, celui du pont des Tourelles, tombe, même si Jeanne est blessée à l’épaule d’une flèche. Le lendemain, les reliefs de l’armée anglaise tente d’imposer une ultime bataille dans la plaine, mais Jeanne refuse car ce jour est un dimanche. Les troupes ennemies decident alors de battre en retraite. La victoire est totale et Orléans est à nouveau reliée aux possessions du roi de France.
Saint Athanase (né vers 298, mort le 2 mai 373) fut évêque (“Pape”, patriarche) d’Alexandrie, il est l’un des Docteurs de l’Eglise. En raison de l’éminence de ses travaux théologiques, il est compté parmi les quatre principaux Pères de l’Eglise grecque, avec saint Basile le Grand, évêque de Césarée, saint Grégoire le Théologien, évêque de Nazianze, et saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople.
Encore jeune diacre, saint Athanase prit part au premier concile œcuménique réunit à Nicée en 325. Il y brilla en défendant la vrai foi – à savoir que le Christ est consubstantiel (“homoousios”) au Père (cf. Jean XIV, 9), et pas une simple créature comme le prétendaient les Ariens. Par la suite, il dû lutter âprement contre le prêtre Arius – qui avait été déposé par son prédécesseur l’évêque saint Alexandre d’Alexandrie – et contre le parti arien, qui eut parfois les faveurs du gouvernement impérial, ce qui lui valut de connaître cinq longues périodes d’exil, le plus souvent en Occident. Il ne put paître en toute quiétude son troupeau alexandrin, qui l’aimait profondément, que quelques années avant sa mort. Ses reliques sont vénérées dans l’église Saint-Zacharie de Venise au-dessus du corps de saint Zacharie, le père de saint Jean-Baptiste. On lui doit probablement le symbole qu’il a pu composer lors de l’un de ses exils en Occident.
Bien connu en Orient, saint Athanase ne fut pas fêté de bonne heure en Occident : sa fête n’apparaît dans le Nord de la France qu’au milieu du XIIème siècle, et elle n’est pas reçue à Rome avant le XVIème siècle. Fête simple inscrite au Bréviaire romain de 1550, elle devient double lors de la publication du Bréviaire romain normatif de saint Pie V en 1568. En raison de cette entrée tardive au sanctoral de l’Eglise romaine, on trouve assez difficilement des représentations de saint Athanase dans les manuscrits médiévaux occidentaux.
Cette belle miniature est extraite d’un Livre d’Heures à l’usage de Rome réalisé probablement à Bruges dans les Flandres vers 1450. Ce riche manuscrit dont toutes les pages sont splendidement décorées ne fut pas possédé par le roi Charles V (ce qui est une attribution fautive – pour ne pas dire frauduleuse – et bien tardive). Par sa reliure, on sait qu’il appartint à Philippe de Béthune (1565 † 1649), comte de Selles, marquis de Chabris, & marquis de Béthune puis à la Chartreuse Saint-Jean du Liget au diocèse de Tours. A la révolution, le volume fut versé dans les collections de la Bibliothèque municipale de Tours où il figure toujours sous la côte 0218.
Saint Athanase est représenté en évêque latin par l’artiste. Il tient sa croix d’archevêque métropolitain et ses gants de pontife, porte une mitre latine, une aube parée, une dalmatique et une chape par dessus, et tient l’un de ses nombreux écrits, signifiant par là son rôle de docteur de l’Eglise.
Si cette miniature figure dans ce manuscrit, c’est qu’elle est au regard du Symbole de saint Athanase. Ce symbole de foi se récite à l’office de prime chaque dimanche matin. En voici le début – les cinq premiers articles -, visible au folio 166 r° :
Quicumque vult salvus esse, * ante omnia opus est ut téneat cathólicam fidem :
Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique.
Quam nisi quisque íntegram inviolatámque serváverit, * absque dúbio in ætérnum períbit.
Celui qui ne la garde pas entière et inviolée, périra sans aucun doute pour l’éternité.
Fides autem cathólica hæc est : † ut unum Deum in Trinitáte, * et Trinitátem in unitáte venerémur :
Or la foi catholique la voici : nous adorons un seul Dieu en trois personnes et la Trinité dans l’unité.
Neque confundéntes persónas, * neque substántiam separántes.
Sans confondre les personnes ni diviser la substance.
Alia est enim persóna Patris, ália Fílii, * ália Spíritus Sancti.
Car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle de l’Esprit Saint.
En ce premier jour du beau mois de mai, nous vous présentons les deux pages consacrées à ce mois dans le calendrier par lequel s’ouvre ce beau livre d’heures du XVIème siècle, peint et réalisé en France, commande de François Manuel de Mello pour sa sœur Marie.
C’est une tradition constante des bréviaires depuis le Moyen-Age, tradition ultérieurement reprise par leur version allégée pour les laïcs que sont ces livres de prières connus sous le nom de livres d’heures, de commencer l’ouvrage par un calendrier qui présente en particulier la liste des saints célébrés chaque jour de chaque mois. D’un diocèse à l’autre, ce sanctoral présentait des variantes, ce qui permet en général de localiser la provenance du livre de façon assez fiable. Le calendrier de ce livre d’heures fait plutôt pencher pour une provenance au Sud de la France.
Voici le sanctoral présenté pour les 31 jours de mai dans le livre d’heures de Marie de Mello, nous présenterons succinctement chacun des saints mentionnés :
Première partie du mois de mai
1er mai : saints Philippe et Jacques le Mineur, Apôtres.
Cette fête est universelle en Occident à cette date jusqu’en 1955 où Pie XII tente de christianiser la fête du travail en instituant une fête de saint Joseph ouvrier. La fête remonte à la dédicace à Rome de la basilique des Saint-Apôtres le 1er mai 570 par Jean III (561-574), que l’on célébra en y déposant les reliques de Philippe et de Jacques le Mineur.
2 mai : saint Sigismond, roi des Burgondes au VIème siècle – saint Athanase, archevêque d’Alexandrie au IVème siècle, père et docteur de l’église.
Saint Sigismond est mort décapité le 1er mai 524. Empêchée par la fête plus ancienne de saint Philippe et saint Jacques, sa fête est traditionnelle au 2 mai. La fête de saint Athanase apparaît dans le nord de la France vers le milieu du XIIème siècle mais elle ne fut pas reçue à Rome avant le XVIème siècle.
3 mai : invention de la Sainte Croix par l’impératrice sainte Hélène.
La fête célèbre la découverte (sens premier du mot “Invention”) le 3 mai 326 par l’impératrice à la suite de fouilles effectuées à Jérusalem.
4 mai : saint Monique, mère de saint Augustin.
La mère de saint Augustin, qui par la constance de ses prières obtint la conversion de son fils, mourrut à Ostie en 387. Les Ermites de St Augustin fêtaient la Conversion de leur saint patron le 5 mai, d’où le choix du 4 mai pour en fêter celle qui en fut l’instrument. La fête se développa au XVème</sup siècle et finit par être inscrite au calendrier romain par le pape saint Pie V en 1568.
5 mai : saint Gothard, évêque et confesseur.
Mort le 5 mai 1038, cet évêque qui fut un propagateur de la réforme clunisienne, fut aussi le premier saint bavarois.
6 mai : saint Jean devant la Porte Latine.
Cette fête commémore le supplice de l’huile bouillante que subit l’Apôtre saint Jean, rapporté par Tertullien. Elle rappelle sans doute la date de la dédicace de la basilique romaine de Saint-Jean-Porte-Latine au début du VIème siècle.
7 mai : saint Clet, pape et martyr.
Clet ou Anaclet, fut le troisième pape, à la suite de saint Pierre et de saint Lin. Il mourut martyr lors de la persécution de Domitien.
8 mai : Apparition de saint Michel Archange.
Cette fête célèbre l’apparition de l’Archange saint Michel au Mont-Gargan en Italie au Vème siècle et la dédicace de la basilique magnifique qui y fut édifiée.
9 mai : saint Grégoire le Théologien, évêque.
Saint Grégoire de Nazianze, l’un des trois Pères cappadociens, est mort en 379-380. Très célèbre en Orient, sa fête ne fait que commencer à se répandre à cette date du 9 mai en Occident, à partir du XVIème siècle.
10 mai : saints Gordien et Epimaque, martyrs.
Ces martyrs romains furent inhumés sur la via Latina dans le cimetière qui portait leur nom. Ils sont mentionnés dès le Martyrologe hiéronymien (IVème siècle. Depuis leur fête est constante dans les livres liturgiques occidentaux.
11 mai : saint Mamert, évêque et confesseur.
Cet archevêque de la ville de Vienne (en Gaule), mort en 475, créa la procession des Rogations ou Litanies mineures qui se tient au cours des trois jours qui précèdent l’Ascension. Sa fête a toujours été célébrée le 11 mai depuis les plus anciens martyrologes. Il est l’un des trois saints de glace, avec saint Pancrace et saint Servais.
12 mai : saints Nérée, Achille et Pancrace, martyrs.
A l’origine à Rome existaient deux fêtes distinctes, celle des saint Nérée et Achille d’une part, celle de saint Pancrace de l’autre, toutes les deux célébrées le même jour (saint Grégoire le Grand a prêché pour les deux fêtes). L’unification des deux fêtes en une ne s’accomplit qu’avec le Missel de la Curie Romaine au XIIIème siècle. Clément VIII y ajouta en 1597 la sainte Vierge Domitille dont Nérée et Achille furent les chambellans. Elle n’est pas encore mentionnée par notre livre d’heures.
13 mai : sainte Théodora, vierge & saint Mucius, martyr.
Ces deux saints sont assez rarement célébrés. Mucius fut un prêtre martyrisé à Byzance lors de la persécution de Dioclétien au IVème siècle. Sainte Théodora est ici probablement la vierge qui souffrit sa passion à Alexandrie, également lors de la persécution de Dioclétien. Elle est normalement fêté le 28 avril.
14 mai : saint Boniface, martyr.
Ce martyr de Tarse en Cilicie lors de la persécution de Dioclétien est honoré à Rome depuis le VIIème siècle par une église qui lui est dédiée, édifiée sur l’Aventin.
15 mai : saint Isidore, martyr glorieux.
Ce martyr fut jeté dans un puis sur l’ile de Chio. L’eau de ce puis, sur lequel on avait édifié une basilique, guérissait les malades.
Seconde partie du mois de mai
16 mai : saint Ubald, évêque & confesseur.
Evêque de Gubbio en Italie, mort en 1160, il fut canonisé en 1192. Sa fête fut reçue à Rome en 1605.
17 mai : saint Tropez, martyr et sainte Maxime, vierge.
Saint Torpet/Torpetius/Tropez est l’un des tous premiers chrétiens de Rome, il est cité dans saint Paul dans son Epître aux Romains. La ville de Saint-Tropez lui est dédiée et célèbre chaque année sa fête par une “bravade” les 16, 17 et 18 mai. La fête de sainte Maxime de Callian, vierge, est selon la tradition la sœur de saint Tropez. Sa fête est normalement le 16 mai.
18 mai : saint Félix, évêque et martyr.
À Salone en Dalmatie, l’an 299, saint Félix reçut la gloire du martyre lors de la persécution de Dioclétien.
19 mai : sainte Pudentienne, vierge, saint Pierre Célestin, pape.
Sainte Potentienne que cite ici notre manuscrit est plus connue sous le nom de sainte Pudentienne. Sa fête est connue à Rome depuis au moins l’an 645. Elle connaîtra une rapide diffusion en France au XIème siècle. L’ermite saint Pierre de Corone devint pape sous le nom de Célestin V. Il renonça à sa charge deux ans avant de mourir et fut canonisé à Avignon par Clément V en 1313.
20 mai : saint Bernardin de Sienne, confesseur.
Mort à l’Aquila le 20 mai 1444, ce célèbre prédicateur fut canonisé en 1450 par Nicolas V. C’est l’un de saints les plus récents inscrits dans le calendrier de ce manuscrit.
21 mai : sainte Hélène, reine, saint Secondat, martyr.
Curieusement, notre manuscrit cite ici sainte Hélène (normalement au 18 août)n au lieu et place de la fête de son époux le saint empereur Constantin. Saint Second fut martyrisé en Egypte le jour de la Pentecôte 357, tué par des Ariens.
22 mai : sainte Julie, martyre glorieuse.
Cette saint patronne de la Corse, avec sainte Dévote, fut martyrisée en subissant le supplice de la crucifixion.
23 mai : saint Didier, évêque et martyr.
Ce saint évêque de Langres fut martyrisé par les Vandales en 407.
24 mai : saint Servule, martyr du Seigneur.
Ce saint – peu célébré – fut martyrisé dans la ville de Trieste en Istrie.
25 mai : saint Urbain, pape et martyr.
Saint Urbain fut le 17ème pape et il mourut martyr en 230.
26 mai : saint Eleuthère, pape et martyr.
13ème pape, Eleuthère mourut en 189.
27 mai : saint Jean, pape et martyr.
Le 27 mai est l’anniversaire de la translation des reliques de saint Jean Ier, 53ème pape, martyrisé par le roi Théodoric des Ostrogoths, qui le fit mourir de faim.
28 mai : saint Germain, évêque et confesseur.
Saint Germain de Paris fut le principal et plus célèbre évêque de Paris au VIème siècle. Il mourut en 576.
29 mai : saint Maxime, évêque de Padoue.
Notre manuscrit assigne ce saint à ce jour, alors qu’il est normalement inscrit au 2 août. Il s’agit probablement d’une confusion avec saint Maxime, évêque de Vérone, qui est bien inscrit par le Martyrologe romain au 29 mai.
30 mai : saint Félix, pape et martyr.
Le 26ème pape fut martyrisé sous l’empereur Aurélien en 274.
31 mai : sainte Pétronille, vierge, saint Crescentien, martyr.
On voyait encore au VIIème siècle au cimetière de Domitille le tombeau de sainte Pétronille, fille de saint Pierre (fille spirituelle car baptisée par lui selon certains). Sa fête se diffusa en France à partir du XIème siècle. Saint Crescentien reçut le martyre à Sassari en Sardaigne sous l’empereur Hadrien.
Quelques détails particulièrement charmants
L’artiste qui a somptueusement peint les miniatures du livre d’heures de Marie de Mello a choisi d’orner le calendrier de scènes profanes, de rinceaux, de fleurs, de plantes et d’animaux. En voici quelques détails qui permettent de juger de la finesse de son travail :
Le manuscrit dans les collections de la Huntington Library
Cet ouvrage fait partie des collections de The Huntington Library, Art Museum, and Botanical Gardens, communément appelé “The Huntington”. Celu-ci est un complexe culturel et éducatif situé à San Marino, en Californie, aux États-Unis. Fondé par Henry E. Huntington au début du XXème siècle, The Huntington est devenu l’un des centres culturels les plus prestigieux du pays.
The Huntington est composé de plusieurs composantes principales :
La bibliothèque : La Huntington Library possède une collection de recherche exceptionnelle comprenant des livres rares, des manuscrits, des cartes, des photographies et des documents historiques. Les collections de la bibliothèque couvrent une vaste gamme de sujets, dont l’histoire de l’Amérique et de l’Europe, la littérature anglaise et américaine, l’histoire de l’art, la science et bien d’autres.
Le musée d’art : Le musée abrite une importante collection d’œuvres d’art européennes et américaines, allant du Moyen Âge au XIXe siècle. Les visiteurs peuvent y admirer des peintures, des sculptures, des arts décoratifs et d’autres formes d’art.
Les jardins botaniques : The Huntington possède environ 120 acres (environ 48 hectares) de magnifiques jardins botaniques, où les visiteurs peuvent se promener et découvrir une grande variété de plantes, de fleurs et de paysages, représentant différentes régions du monde. Parmi les jardins notables, on trouve le jardin chinois, le jardin japonais, le jardin du désert et le jardin de roses.
En plus de ses collections et de ses jardins, The Huntington organise également des expositions spéciales, des conférences, des événements éducatifs et des programmes publics pour promouvoir la recherche, la culture et les arts.
Grâce à la générosité et à la vision de son fondateur, The Huntington continue de jouer un rôle important dans l’enrichissement culturel et éducatif des Etats-Unis.
Saint Georges est né à Lydda en Palestine entre 275 et 285. Tribun militaire et comte de l’empereur, il était un intime de Dioclétien à la cour impériale de Nicomédie. Lorsque Dioclétien publie le premier édit de persécution des chrétiens, le 24 février 303, Georges se déclare ouvertement et courageusement chrétien, ce qui a pour effet de bouleverser l’empereur, qui l’aimait. En dépit de nombreuses propositions de Dioclétien en terres, argent et esclaves s’il sacrifiait aux idoles, Georges refuse de renier le Christ. Il est emprisonné et subit diverses tortures (dont des lacérations par une roue hérissée d’épées, dont il fallut le ranimer trois fois) avant d’être finalement décapité sous les murailles de Nicomédie le vendredi 23 avril 303, devenant ainsi l’une des premières victimes de la terrible persécution.
Sous Constantin eut lieu la translation solennelle du corps de saint Georges jusqu’à sa ville de Lydda en Palestine, où l’empereur lui avait élevé une église magnifique dont les encénies furent célébrées un 3 novembre. La renommée de saint Georges, modèle du courageux soldat chrétien se répandit rapidement dans tout l’univers chrétien, aussi bien en Orient qu’en Occident. Déjà au Vème siècle, le pape saint Gélase Ier avait déclaré que Georges faisait partie de ces saints dont les noms sont justement révéré chez les hommes, mais dont les actions ne sont connues que de Dieu.
Saint Georges est le saint patron de la Georgie, de l’Ethiopie, de l’Angleterre, du Portugal, de la Bourgogne, de l’Aragon, de la Catalogne, de Gênes, de Venise, de Barcelone, etc. Il est le patron d’un très grand nombre de lieux, d’églises et d’organisations (dont les scouts). Très vénéré en Russie, saint Georges à cheval figure sur les armoiries de la Moscovie, reprises sur les armoiries impériales et désormais sur les nouvelles armes de la Russie.
Cette miniature est tirée des collections royales d’Angleterre, pays placé sous le patronage de saint Georges. Le manuscrit qui la contient est conservé à la British Library de Londes, sous la côte MS King’s 9, au f°. 41 verso. Il s’agit d’un livre d’Heures à l’usage de Sarum, la moderne Salisbury, dont la liturgie brillante s’était largement diffusée dans l’Angleterre catholique à la fin du Moyen-Age. Néanmoins l’écriture de ce manuscrit et la peinture de ses miniatures ont été réalisées à Bruges, au Pays-Bas, au tout début du XVIèmesiècle.
Le premier propriétaire du manuscrit fut Henry Reppes († 1558), de Mendham (Suffolk) et sa première épouse Elizabeth. Ce manuscrit fut ensuite offert par le roi Henri VIII d’Angleterre à sa seconde épouse Anne Boleyn, ainsi que l’atteste une dédicace du roi faite en vieux français au folio 231 v° : “Si silon mon affection la sufvenance sera en voz prieres ne seray yers oblie car vostre suis Henry R. a jammays.” (“Si tu te souviens de mon amour dans tes prières aussi fort que je t’adore, je serai à peine oublié, car je suis à toi”.) Anne Boleyn avait écrit quand à elle de sa main au folio 66 v° en vieil anglais : “‘Be daly prove you shall me fynde To be to yu bothe lovynge and kynde” (“Sois la preuve quotidienne que tu me trouveras être à toi à la fois aimante et douce”). Tristes témoignages d’une union houleuse – qui, réprouvée par le Pape – fut la cause du schisme de l’Eglise d’Angleterre avec le reste du monde catholique et qui devait s’achever par l’exécution cruelle d’Anne Boleyn – sur fausses accusations d’adultère – dans la cour de la Tour de Londres au petit matin du 19 mai 1536.
Sur cette miniature, saint Georges est vêtu de sa croix, dont la description héraldique est d’argent à la croix de gueules. Ces couleurs furent celles des croisés (qui firent également de saint Georges leur saint protecteur) et devinrent celles de la Savoie puis le symbole propre de l’Angleterre depuis le XIVème siècle. Sa lance, plantée dans le dragon, porte la même croix. La miniature est encadrée de feuillages, fleurs et oiseaux, sur fond d’or.
Le folio en regard (f° 42 r°), porte le texte de l’antienne de saint Georges chantée en guise de commémoraison (avec verset et oraison, le début du verset termine la page), selon le rit de Sarum :
Georgi Martyr inclite, te decet laus & gloria : prædotatum militia, per quem puella Regia, existens in tristitia, coram Dracone pessimo ; te rogamus corde intimo, salvata est, & animo ut cum cunctis fidelibus, cœli jungamur civibus, nostris abluti sordibus, ut simul cum lætitia, tecum simus in gloria, nostraque reddant labia laudes Christo cum gratia.
Ces deux miniatures que nous vous présentons aujourd’hui représentent l’Annonciation, c’est-à-dire l’annonce par l’ange Gabriel à la Vierge Marie qu’elle concevrait un fils, lequel serait le Sauveur du monde est normalement célébrée chaque année le 25 mars, soit bien logiquement neuf mois avant Noël. Cependant, cette année 2024, le 25 mars coïncide avec le Lundi Saint. L’Eglise latine reporte alors la célébration de la fête de l’Annonciation après la Quinzaine pascale (Semaine Sainte & Octave de Pâques), soit donc ce lundi 8 avril 2024, lendemain du dimanche in Albis.
Ces deux Annonciations sont extraites de deux manuscrits médiévaux anglais, qui ont la particularité d’illustrer la bascule entre l’univers roman et l’univers gothique : deux univers qui ne se traduisent pas uniquement par des techniques architecturales différentes mais également par des évolutions sensibles dans tous les arts picturaux et décoratifs.
Cette première de nos deux Annonciations est tirée d’un psautier anglais, probablement londonien, datable des alentours de l’an 1225. Il est conservé au sein de la collection réunie par J.P. Morgan sous la côte Pierpont Morgan Library MS G.25.
L’Archange Gabriel, nimbé de bleu comme la Vierge, tient une branche de palmier dans la main gauche et tandis que sa main droite tient un phylactère où s’inscrit sa salutation : AVE MARIA GRACIA PLENA (Luc I, 28). La Vierge élève sa main droite et tient un livre de prière dans sa main gauche, alors que la colombe du Saint-Esprit descend sur elle. La scène est peinte sur fond d’or dans un magnifique cadre architectural figurant la maison de la Vierge à Nazareth, dont on remarquera la forme romane des arcs.
Le psautier de Peterborough date quant à lui du début du XIVème siècle – soit un peu moins d’un siècle après le précédent manuscrit – et semble avoir été commandé à l’origine par un laïc, Olivier de Wisset, avant d’être acquis dans les années 1320 par Hughes de Stukeley, prieur de l’abbaye de Peterborough. Ce manuscrit qui appartient à l’âge gothique s’ouvre sur une série de miniatures pleine page particulièrement spectaculaires, illustrant des scènes de la vie de la Vierge Marie et du Christ. Ce manuscrit est conservée sous la côte MS 53 de la Parker Library de Cambridge. Notre Annonciation se trouve au folio 7 v°.
On notera les grandes similitudes entre nos deux Annonciations, mais également quelques dissemblances, dont vous aurez remarqué la principale : la maison de la Vierge connait désormais une architecture à arc brisé caractéristique de l’époque gothique. Le Saint-Esprit et le rameau de Gabriel sont absents, mais une plante figure sans doute l’Arbre de Jessé, dont la Vierge est issue. On remarquera aussi la différence de traitement des attitudes des deux protagonistes : raides car hiératiques dans la première miniature romane, celles-ci connaissent désormais le mouvement, si caractéristique de la statuaire gothique. Les traits des visages gagnent également en humanité.
Le Psautier de Saint-Alban constitue un remarquable chef d’œuvre de l’art de la miniature en Angleterre au XIIème siècle. Il a été peint et écrit dans la fameuse abbaye de Saint-Alban, construite au VIIIème siècle par le roi saxon Offa II de Mercie comme sanctuaire pour abriter les reliques de saint Alban, premier martyr anglais au IVème siècle, martyrisé lors de la persécution de Dioclétien. Cette abbaye constitua l’un des foyers majeurs de la culture anglaise au Moyen-Age. Supprimée lors de la Réforme, elle est devenue depuis cathédrale anglicane.
Ce qui est remarquable avec ce psautier, c’est que l’on connait à la fois l’artiste qui l’a commencé – le sous-diacre Roger d’Aubigny († avant 1118), moine de Saint-Alban devenu ermite à Markyate -, son commanditaire – l’Abbé Geoffroy de Gorham (abbé de Saint-Alban de 1119 à 1146) – et sa destinataire – Christina de Markyate (c. 1098 † c. 1155-1166), prieure de Markyate, nonne et mystique, disciple de l’ermite Roger.
L’incrédulité de Thomas est représentée à la page 52 du psautier de Saint-Alban. La miniature fait partie d’une série de miniatures pleines pages qui forme les pages 17 à 56 du manuscrit et constitue une sorte de Vita Christi. L’épisode est décrit par l’évangile de saint Jean au chapitre XX, 24-29 :
Or Thomas, l’un des douze apôtres, appelé Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans le trou des clous, et ma main dans son côté, je ne croirai point. Huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et il se tint au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous ! Il dit ensuite à Thomas : Porte ici ton doigt, et considère mes mains ; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois point incrédule, mais fidèle. Thomas répondit, et lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Tu as cru, Thomas, parce que tu as vu : heureux ceux qui ont cru sans avoir vu !
Le Christ se tient au centre de la scène de la miniature. Sa figure est plus grande que celle des autres protagoniste. Le Christ montre à ses disciples ses mains et ses pieds transpercés par les clous. Par une ouverture de son vêtement, il laisse aussi voir la plaie de son côté, dans laquelle Thomas met son doigt. Cette disposition centrale de la composition pourrait se rapprocher d’autres exemples provenant de l’Italie méridionale.
La miniature de l’incrédulité de Thomas suit directement – et logiquement – la scène de l’apparition du Christ à sainte Marie Madeleine dans le jardin. En revanche la scène suivante rompt la logique des épisodes de la vie du Christ, puisqu’elle présente en une page plusieurs épisodes de la vie de saint Martin de Tours.
Le manuscrit du Psautier de Saint-Alban a dû être emporté en Allemagne par un bénédictin anglais fuyant les persécutions protestantes, il s’est retrouvé en effet en Basse-Saxe dans l’Abbaye de Lamspringe, refondé vers 1640 par des bénédictins anglais exilés. Une annotation dans le manuscrit indique qu’il se trouve dans ce monastère en 1657 et qu’il appartient alors au frère Benoit, qui pourrait être Robert Meering, moine venu d’Angleterre. Après la sécularisation des monastères allemands par Napoléon en 1803, le manuscrit a été transféré à l’église paroissiale Saint-Gothard d’Hildesheim à 20 km de l’Abbaye de Lamspringe. Il est actuellement conservé par la bibliothèque de la cathédrale d’Hildesheim, mais demeure très étudié par les universitaires britanniques.
Ce même jour, deux des disciples de Jésus faisaient route vers un village du nom d’Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades. Et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé. Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble : Jésus en personne s’approcha, et il faisait route avec eux ; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Et il leurs dit : “Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant et qui vous font tristes ?”. Et lui répondant, l’un d’eux, nommé Cléophas, lui dit : “Tu es bien le seul qui, de passage à Jérusalem, ne sache pas ce qui s’y est passé ces jours-ci !”. Il leur dit : “Quoi ?”. Et ils lui dirent : “Ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en œuvres et en parole devant Dieu et tout le peuple ; et comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié. Quant à nous, nous espérions que ce serait lui qui rachèterait Israël ; mais, en plus de tout cela, on est au troisième jour depuis que cela s’est passé. Mais quelques femmes, des nôtres, nous ont jetés dans la stupeur : étant allées de grand matin au sépulcre, et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire même qu’elles avaient vu une apparition d’anges qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses tout comme les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu !”. Et lui leur dit : “O cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire ?”. Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur interpréta, dans toutes les Ecritures, ce qui le concernait. Ils approchèrent du bourg où ils se rendaient, et lui feignit de se rendre plus loin. Mais ils le forcèrent, disant : “Reste avec nous, car on est au soir et déjà le jour est sur son déclin.” Et il entra avec eux. Et il advint, comme il était à table avec eux, qu’il prit le pain, le bénit et le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent ; et il disparut de leur vue. Et ils se dirent l’un à l’autre : “Est-ce que notre cœur n’était pas brûlant en nous, lorsqu’il nous parlait sur le chemin, tandis qu’il nous dévoilait les Ecritures ?” Sur l’heure même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem ; et ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, qui disaient : “En vérité le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon.” Et eux de raconter ce qui s’était passé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain.
Ces deux miniatures que nous vous présentons en ce soir de Pâques sont extraites d’un manuscrit ne contenant que des miniatures pleines pages – une Vita Christi – qui pourraient avoir initialement orné un livre liturgique – un psautier ou un évangéliaire -, avant d’avoir été réunies en recueil. Une thèse possible serait aussi d’y voir un recueil d’avant-projets pour la réalisation d’un ensemble de vitraux, car le style des personnages (les grands yeux et les draperies) peut être rapprochés en effet des vitraux du XIIème siècle qui nous sont parvenus. On note également une grande parenté avec les tout premiers émaux limousins du XIIème siècle.
Ces miniatures romanes sont en effet datées des années 1175 et sont actuellement conservées à New-York à la Bibliothèque de la collection Morgan, sous la côte M. 44 (J. Pierpont Morgan (1837 † 1913) en avait fait l’acquisition en 1902 avec un ensemble de manuscrits de la collection Bennett). Les deux miniatures par lesquelles l’artiste a représenté l’épisode des Pèlerins d’Emmaüs constituent les recto et verso du 13ème feuillet de cette Vita Christi.
Ce manuscrit comporte un total de 30 miniatures qui constituent un cycle néo-testamentaire commençant par l’Annonciation pour s’achever par le Couronnement de la Vierge au ciel.
Ces miniatures, de par leur style, pourraient avoir été réalisées initialement à la fameuse abbaye de Saint-Martial de Limoges, avant d’être conservées à Corbie en Picardie. Les peintures ont été réalisées sur un fond d’or. Notez le costume de pèlerins, caractérisé par le chapeau et le bourdon, que portent le Christ, Cléophas et l’autre disciple. Les jambes des voyageurs sont bandées mais ils vont pieds nus.
Ces miniatures témoignent de la qualité impressionnante atteint par l’école française de miniature dans la seconde moitié du XIIème siècle.
Cette miniature représentant le dimanche des Rameaux, autrement dit l’entrée glorieuse du Christ dans Jérusalem avant d’y souffrir sa passion, est tirée d’un manuscrit français du début du XVIème siècle (aux alentours des années 1510-1515), et intitulé le “Saint mistere de la glorieuse piteuse et angoisseuse passion de notre seigneur et saulveur Ihesucrist”.
“A l’honneur et reuerence de la saincte trinite et de la glorieuse vierge Marie et de tous les esperis sains et de sainct Iehan baptiste”, ainsi débute ce traité de la Passion écrit en français, dont l’auteur reste anonyme, et qui présente un commentaire des différents épisodes de la Passion du Christ en traduisant des passages des Pères de l’Eglise et de quelques auteurs plus récents, dont Hugues de Saint-Victor († 1141) et le chancelier Jean Charlier de Gerson (1363 † 1429). L’auteur anonyme de ce curieux traité donne toutefois quelques indications sur sa biographie : il est membre d’un ordre religieux (f° 32), a étudié à Toulouse (f° 132 v°) et est en lien avec le roi d’Aragon à Barcelone (f° 32).
Ce traité de la Passion comporte 23 miniatures en demi-pages, de l’Entrée à Jérusalem à la Descente aux Enfers.
Notre miniature illustrant donc le début de la Passion forme la première miniature de l’ouvrage (f° 1). C’est curieusement la seule du manuscrit a ne pas être entourée d’un cadre en or.
Une note f° 186 indique le nom du commanditaire et premier propriétaire du manuscrit : “Ce liure est a frere Nicole de Montmirel, commandeur de sainct Mauluy”, ce qui est confirmé au bas de la première page grâce aux deux blasons représentant les armes de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (de gueules à la croix d’argent) et celle des Montmirail (d’azur, à la bande indentée d’argent et de gueules, au chef de gueules à la croix d’argent) accompagnée de la devise “Domine in te confido” (Seigneur, en toi je me confie) : il s’agit bien de Nicolas de Montmirail, chevalier de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem (futur Ordre de Malte), commandeur de Saint-Maulvis en Picardie.
Ce manuscrit figurait dès 1542 dans l’inventaire de livres de la bibliothèque de l’Abbaye de Westminster puis passa dans les collections du roi d’Angleterre. Le manuscrit fut offert à la British Library par le roi Georges II en 1757 et y figure toujours sous la côte Royal 19 B VI.