Pour la troisième année consécutive, l’association Enjeux de l’Etude du Christianisme des Origines (EECHO), organiste pour la Semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens, un grand concert des chœurs liturgiques provenant des Eglises d’Orient & d’Occident (syriaques, coptes, arméniens, chaldéens, byzantins, latins).
Le concert de cette année a pour thème les Martyrs.
L’an passé, 16 chœurs participaient. Parmi les nombreux chœurs de cette année, les chœurs de la paroisse catholique russe de Paris & de la paroisse Saint-Eugène – Sainte Cécile participent à ce concert avec les pièces suivantes :
1. Kondakion des saints Boris & Gleb, premiers martyrs de Russie, ton 3 :
En ce jour resplendit votre illustre mémoire * Nobles martyrs du Christ Boris & Gleb, * nous invitant à la louange du Christ notre Dieu ; * en vénérant vos reliques sacrées, * nous y trouvons la guérison *par vos prières, ô saints ; * car vous êtes pour nous d’excellents médecins.
Boris & Gleb sont à la fois les premiers saints & les premiers martyrs de la Russie. Ils étaient fils de Vladimir Ier, premier prince chrétien de Kiev. et furent assassinés par leur cousin Sviatopolk le Maudit en 1015, acceptant leur mort avec une soumission toute chrétienne, à l’image de l’agneau conduit à l’abattoir. Ils sont fêtés le 24 juillet & le 2 mai (translation de leurs reliques en 1115). Le pape Benoît XIII a confirmé au XVIIIème siècle leur culte immémorial pour tous les catholiques, tant en Orient qu’en Occident.
Le Kondakion est une hymne centrale dans l’office byzantin, décrivant en général les circonstances extérieures de la fête, et placé après la 6ème ode du canon de matines. Les Kondakia furent les hymnes les plus anciennes de l’office byzantin, elles sont une adaptation grecque de la forme syriaque des Madrashé développés par saint Ephrem. De nos jours, il sont réduits le plus souvent au refrain (kondakion) et à la première des très nombreuses strophes (ikos) qui constituaient ces compositions en grande vogue au VIème siècle. Saint Romain le Mélode († 556) – qui naquit en Syrie & fut diacre de l’église de Beyrouth avant de s’établir à Constantinople – est le plus connu des compositeurs de Kondakia.
2. Koinonikon des saints martyrs, ton Znamenny :
Réjouissez-vous, justes, dans le Seigneur ; aux cœurs droits convient la louange (Psaume 32, 1). Alleluia, alleluia, alleluia.
Le Koinonikon est le verset de communion de la divine liturgie byzantine. Il se chante plus précisément pendant la communion du clergé derrière l’iconostase. Nous le donnons ici en vieux plain-chant monodique russe, en chant dit “Znamenny”. Le chant Znamenny est la plus fameuse et la plus connue des anciennes traditions cantorales de Russie. On peut dire que c’est l’équivalent du chant grégorien en Russie.
* Paroisse Saint-Eugène – Sainte-Cécile (rit romain en latin) :
1. Introït de la fête de saint Denys, premier évêque de Paris et de ses compagnons, Rustique, prêtre & Eleuthère, diacre, martyrs, patron du diocèse de Paris
Les peuples racontent la sagesse des Saints, & l’Eglise proclame leur louange ; leurs noms en effet vivent dans les siècles des siècles.
℣. Exultez, justes, en le Seigneur ; aux droits est due la louange.
℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit, comme il était au commencement, & maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
L’introït est la première pièce du propre de la messe au rit romain, elle accompagne l’entrée du célébrant & de ses ministres au sanctuaire et leur montée à l’autel.
Saint Denys martyr fut décapité à Montmartre (=le Mont des martyrs). Sur sa sépulture fut édifiée au Vème siècle par sainte Geneviève l’abbaye royale, plus tard basilique qui devint la nécropole des rois de France.
Le chant que nous employons est tiré des livres même de l’Abbaye royale de Saint-Denis. Ce chant a la particularité d’être bilingue, latin & grec. En effet, à plusieurs reprises dans l’année, les moines de saint Denis chantaient de larges parts de leur liturgie en grec, comme cela est attesté par les plus anciens antiphonaires & graduels de l’abbaye, en hommage à saint Denys, venu de Grèce porter l’évangile en France. Rappelons que la tradition de l’Abbaye – concordant en cela avec les plus anciens Ménées byzantins – fait de saint Denys l’un des convertis de Paul à l’Aréopage.
La prononciation grecque que nous employons est une transcription notée dans les livres de chant de l’Abbaye par les moines de Saint-Denis au XVIIIème siècle. Elle représente leur usage, assez éloigné de la prononciation du grec dans la liturgie byzantine.
2. O Sancta cœlicolis
Invocation des musiciens à sainte Cécile, extraite de « La Céciliade ou martyre sanglant de sainte Cécile, patronne des musiciens », tragédie en musique représentée à Paris en 1606 – vers de Nicolas Soret – musique d’Abraham Blondet, chanoine & maître de chapelle de Notre-Dame de Paris.
O Sancta cœlicolis quæ præstas cætibus ampla
Ampla chori Charitum Castalidumque pharus.
O Sainte qui paraît dans ta splendeur face aux célestes assemblées, splendeur du chœur des Grâces, éclat des Muses.
Vt pharus es martyr constans, ut lactea virgo,
Virgo sic martyr bis quoque palmifera.
Comme tu es splendeur, tu es martyre sans faillir : comme tu es vierge sans tache, ainsi tu portes, vierge & martyre, la double palme.
Palmifera nostras igitur percipe fronte,
Fronte libensque preces cælica Cæcilia,
Cæciliaque Deus fac cantica sint tibi grata,
Grata quæ psallit Musica turba die.
Toi donc qui porte cette palme, accueille nos prières d’un air doux & bienveillant, ô céleste Cécile ; & toi, ô Dieu, fais que nos chants te soient agréables par l’intercession de Cécile. Qu’ils te soient agréables, ô Dieu, ô Cécile, ces chants qu’une foule musicienne fais retentir en ce jour.