Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 17 juillet 2022 du calendrier grégorien – 4 juillet 2022 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.
Dimanche du ton IV de l’Octoèque. Nous fêtons aussi en ce jour le saint empereur Nicolas II de Russie, la sainte impératrice Alexandra, le saint tsarevitch Alexis, les saintes grandes duchesses Olga, Tatiana, Marie & Anastasie, martyrisés le 17 juillet 1918 à Iekaterinbourg.
Très vite, dès les années 20, les membres de la famille impériale tombés sous les coups des communistes furent inscrits dans le martyrologe de l’émigration russe et dans certaines Eglises orthodoxes en dehors de la Russie, comme en témoigne par exemple cette fresque du saint empereur Nicolas II peinte du monastère serbe de Zicha en 1935, qui dut être badigeonnée en 1945 lors de l’accession des communistes au pouvoir :
Le 1er novembre 1981, le Saint Synode de l’Eglise russe hors frontière procéda à la “glorification” (=canonisation) des membres de la famille impériale assassinés à Iekaterinbourg, ainsi que de leurs serviteurs qui subirent le même sort funeste :
- le médecin de la famille, Ievgueni Botkine,
- le valet de chambre, Alekseï Egorovitch Trupp (qui du reste était catholique),
- le cuisinier, Ivan Kharitonov,
- la femme de chambre de la tsarine, Anna Stepanovna Demidova
- ainsi que deux servantes qui furent exécutées peu après en septembre 1918, Anastasia Hendrikova et Catherine Adolphovna Schneider (laquelle était luthérienne).
Voici une vidéo de cette canonisation, présidée par le métropolite Philarète de New-York :
80 ans après, jour pour jour, le 17 juillet 1998, les reliques de ces néomartyrs (la famille impériale – moins celles du tsarevitch et d’une des grandes duchesses, qui ne furent retrouvées qu’en 2007 – mais avec le médecin Botkine, le valet de chambre catholique Trupp, la femme de chambre Anna Demidova, et le cuisinier Ivan Kharitonov) ont été déposées dans une chapelle de la cathédrale Pierre-&-Paul (Петропавловский собор) de Saint-Pétersbourg, nécropole traditionnelle des Romanov, puis, le 14 août 2000, le patriarcat de Moscou procéda à son tour à la canonisation de Nicolas II & de sa famille.
Voici une vidéo de la cérémonie de la glorification d’août 2000, présidée par le patriarche Alexis II de Moscou dans la cathédrale du Christ-Sauveur :
A noter que les livres liturgiques russes qualifient ces nouveaux saints non de martyrs de la foi (en slavon мученики) mais d’un autre terme peu commode à rendre français, celui de страстотерпцеви, littéralement : “ceux qui souffrirent la passion”, à l’image de Notre Seigneur Jésus-Christ, soulignant leur grande piété face à l’adversité (la tsarine et la grande duchesse Olga firent le signe de la croix avant de mourir). Plusieurs autres saints reçoivent aussi ce qualificatif dans les livres liturgiques russes, le précédent notable (qui explique cette attribution à Nicolas II et à sa famille) est celui du saint tsarévitch Dimitri au XVIème siècle. Néanmoins, lors de la cérémonie à Moscou d’août 2000 les nouveaux saints furent aussi qualifiés de néomartyrs et l’usage courant aujourd’hui en Russie est de les honorer comme martyrs.
Selon le fameux aphorisme du pape saint Pie X lors de la création de l’Eglise catholique russe – “nec plus, nec minus, nec aliter” – cette Eglise catholique orientale suit l’ordo liturgique du patriarcat de Moscou. Elle se souvient par ailleurs que c’est le tsar Nicolas II qui par l’oukase du 30 avril 1905 avait libéralisé la pratique du catholicisme dans l’empire russe. Après la toute première divine liturgie de l’Eglise catholique russe, célébrée le jour de Pâques 29 avril 1909 à Saint-Pétersbourg, la jeune communauté avait adressé au tsar Nicolas II ses vœux pascaux par télégramme et avait reçu peu après une réponse tout à fait cordiale, qui fut affichée dans la chapelle de Saint-Pétersbourg.
Notons que le saint empereur Nicolas II est le cinquième chef de l’Etat russe à recevoir les honneurs des saints autels, avec :
- saint Vladimir le Grand, grand prince de Kiev (958 † 1015), qui a christianisé la Russie par son baptême reçu en 988,
- saint Alexandre Nevski, grand prince de Vladimir (1220 † 1263),
- saint Daniel de Moscou, fils de saint Alexandre Nevsky et premier grand prince de Moscou (1261 † 1303) qui finit sa vit comme moine,
- et saint Dimitri Ier Donskoï, grand prince de Moscou & de Vladimir (1350 † 1389), qui vainquit les Tatars.
Comparé aux millions d’être humains qui furent mis à mort par les communistes dans les années qui suivirent, le meurtre de la famille impériale Romanov pourrait sembler ne pas être d’une importance extraordinaire. Et cependant, l’événement revêt une profonde signification symbolique et manifeste déjà la haine mortifère pour motif idéologique, haine qui ira grandissante et conduira à l’élimination de près de 62 millions de citoyens soviétiques de 1917 à 1991, au point que les historiens durent former le néologisme de “démocide” pour qualifier ce long déchaînement totalitaire du communisme.
Aux heures
A tierce : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire de Ceux qui souffrirent la passion. Et maintenant. Theotokion de l’heure. Kondakion : du dimanche.
A sexte : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire de ceux qui souffrirent la passion. Et maintenant. Theotokion de l’heure. Kondakion : de Ceux qui souffrirent la passion.
Tropaires des Béatitudes : 6 tropaires du dimanche, ton 3, & 4 tropaires de la 3ème ode de Ceux qui souffrirent la passion :
1. A cause de l’arbre défendu * Adam fut exilé du Paradis, mais par l’arbre de la croix le Larron y entra ; * car l’un, goûtant de son fruit, méprisa le commandement du Créateur, * l’autre, partageant ta crucifixion, confessa ta divinité : ** Souviens-toi de moi dans ton royaume.
2. Seigneur exalté sur la Croix, * tu as brisé la puissance de la mort, * effaçant la cédule écrite contre nous ; * accorde-nous la repentance du Larron * et donne à tes fidèles serviteurs, ô Christ notre Dieu, * de te crier comme lui : ** Souviens-toi de nous aussi dans ton royaume.
3. D’un coup de lance, sur la croix * tu as déchiré la cédule écrite contre nous ; * et, compté parmi les morts, tu as enchaîné le prince de l’Enfer, * délivrant tous les hommes des liens de la mort * par ta Résurrection, dont la lumière a brillé sur nous ; * Seigneur ami des hommes, nous te crions : ** Souviens-toi de nous aussi dans ton royaume.
4. Crucifié & ressuscité du tombeau, * Dieu tout-puissant, le troisième jour, * avec toi, seul Immortel, tu ressuscitas le premier homme, Adam ; * donne-moi, Seigneur, de prendre aussi la voie du repentir * afin que, de tout mon cœur * & dans l’ardeur de ma foi, je te crie : ** Souviens-toi de moi, Sauveur, en ton royaume.
5. Pour nous l’Impassible devient homme de douleur * et sur la croix se laisse clouer, * afin de nous ressusciter avec lui ; * aussi nous glorifions avec la Croix * les Souffrances & la sainte Résurrection * par lesquelles nous fûmes rénovés, * obtenant le salut en criant : ** Souviens-toi de nous aussi dans ton royaume.
6. Ressuscité d’entre les morts * et dépouillant l’empire de la Mort, * il apparut aux Myrrophores, leur annonçant la joie ; * et nous fidèles, prions-le * d’épargner à nos âmes la corruption, * lui répétant sans cesse la parole du bon Larron : ** Souviens-toi de nous aussi dans ton royaume.
7. Sur l’ordre de Dieu, l’ange gardien fut ôté de la terre de la Russie, * ses ennemis la dominèrent, & ceux qui la méprisaient prospérèrent, * en raison de la multitudes des impiétés de ce qui était auparavant une terre pieuse ;* et ses princes languirent au milieu des peuples étrangers. * Ne méprise pas plus avant les souffrances de ton peuple, Seigneur, ** mais tourne-toi et établis-les sur le roc de tes commandements.
8. Combien de temps, Seigneur, prospèrera la voie des méchants ? * Combien de temps pleurera la terre à cause du mal de ceux qui y habitent ? * Hiérarques, prêtres, princes et fidèles ont été terrassés et tués. * Combien de temps, Seigneur, vrai et saint Maître, t’abstiendras-tu de condamner tes ennemis pour leur sang ? * Aie pitié et délivre-nous tous de tes ennemis, ** et sauve nos âmes.
9. Privée de salut, la terre qui était appelée Chrétienne * a été remplie de tribulations et de gémissements, disant au milieu de ses souffrances : * Nous avons péché et transgressé, tombant loin de toi, Seigneur, * et nous n’avons pas obéi à tes commandements, ni gardé ceux-ci. * Conduis-nous à la repentance, ô Dieu, ** et établis-nous sur le roc inébranlable de tes commandements.
10. Tu es notre espérance et notre confiance, ô toute sainte Dame. * Sauve notre patrie souffrante etton peuple qui supplie ** et fait appel à ton nom.
A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 4 : Ayant appris de l’Ange la prédication lumineuse de la Résurrection, * et le terme de l’ancestrale condamnation, * les femmes disciples du Seigneur * dirent, pleines de fierté, aux Apôtres : * “Renversée est la mort ! * Le Christ Dieu est ressuscité, ** donnant au monde sa grande miséricorde !”
2. Tropaire de Ceux qui souffrirent la passion, ton 5 : Tu enduras avec douceur * la privation de la royauté terrestre, * les liens et les souffrances de toutes sortes, * ayant confessé le Christ jusqu’à la mort même de la main des ennemis de Dieu, * ô grand Tsar ayant souffert la passion, couronné de Dieu Nicolas ; * ayant pour cela reçu du Christ Dieu la couronne des martyrs dans les cieux, * avec la tsarine, tes enfants et tes serviteurs, * prie Le de faire miséricorde à la terre russe ** et de sauver nos âmes.
3. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
4. Kondakion de Ceux qui souffrirent la passion, ton 4 : Affermis l’espérance du tsar martyr avec la tsarine, ses enfants et ses serviteurs, * et donne-leur de voler vers ton amour, * toi qui leur annonças le repos à venir ; ** par leurs prières, Seigneur, fais nous miséricorde.
5. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
6. Kondakion du dimanche, ton 4 : Mon sauveur & mon libérateur, * au sortir du tombeau * a libéré et ressuscité tous les habitants de la terre, car il est Dieu. * Il a brisé les portes des enfers, ** et lui le Maître, il est ressuscité le troisième jour.
Prokimen
Du dimanche, ton 4 :
℟. Que tes œuvres sont grandes, Seigneur ! Toutes, avec sagesse tu les fis (Psaume 103, 24).
℣. Bénis le Seigneur, mon âme ! Seigneur, mon Dieu, tu es si grand ! (Psaume 103, 1).
De Ceux qui souffrirent la passion, ton 7 :
℟. Seigneur ! le roi se réjouira dans ta force ; * et il sera transporté de joie, à cause du salut que tu lui as procuré. (Psaume 20, 1).
Epîtres
Du dimanche : Romains (§ 103) X, 1-10.
Parce que si vous confessez de bouche que Jésus est le Seigneur, et si vous croyez de cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, vous serez sauvé.
De Ceux qui souffrirent la passion : Romains (§ 99) VIII, 28-39.
Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les futures, ni la puissance, ni tout ce qu’il y a de plus haut, ou de plus profond, ni toute autre créature, ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu, en Jésus-Christ notre Seigneur.
Alleluia
Du dimanche, ton 4 :
℣. Va, chevauche pour la cause de la vérité, de la piété & de la justice (Psaume 44, 5).
℣. Tu aimes la justice, tu hais l’impiété (Psaume 44, 8).
De Ceux qui souffrirent la passion, ton 1 :
℣. Parce que le roi espère dans le Seigneur, la miséricorde du Très-Haut le rendra inébranlable. (Psaume 20, 7).
Evangiles
Du dimanche : Matthieu (§ 28) VIII, 28 à IX, 1.
Deux possédés qui étaient si furieux que personne n’osait passer par ce chemin-là, sortirent des sépulcres, et vinrent au-devant de lui ; ils se mirent en même temps à crier, et à lui dire : Jésus, fils de Dieu ! qu’y a-t-il entre vous et nous ?
De Ceux qui souffrirent la passion : Jean (§ 52) XV, 17 – XVI, 2.
Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi.
Verset de communion
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux. (Psaume 148, 1).
De Ceux qui souffrirent la passion : Seigneur, sauve le Roi, & exauce-nous au jour où nous t’invoquerons (Psaume 19, 9). Alleluia, alleluia, alleluia.