Cette miniature représentant le dimanche des Rameaux, autrement dit l’entrée glorieuse du Christ dans Jérusalem avant d’y souffrir sa passion, est tirée d’un manuscrit français du début du XVIème siècle (aux alentours des années 1510-1515), et intitulé le “Saint mistere de la glorieuse piteuse et angoisseuse passion de notre seigneur et saulveur Ihesucrist”.
“A l’honneur et reuerence de la saincte trinite et de la glorieuse vierge Marie et de tous les esperis sains et de sainct Iehan baptiste”, ainsi débute ce traité de la Passion écrit en français, dont l’auteur reste anonyme, et qui présente un commentaire des différents épisodes de la Passion du Christ en traduisant des passages des Pères de l’Eglise et de quelques auteurs plus récents, dont Hugues de Saint-Victor († 1141) et le chancelier Jean Charlier de Gerson (1363 † 1429). L’auteur anonyme de ce curieux traité donne toutefois quelques indications sur sa biographie : il est membre d’un ordre religieux (f° 32), a étudié à Toulouse (f° 132 v°) et est en lien avec le roi d’Aragon à Barcelone (f° 32).
Ce traité de la Passion comporte 23 miniatures en demi-pages, de l’Entrée à Jérusalem à la Descente aux Enfers.
Notre miniature illustrant donc le début de la Passion forme la première miniature de l’ouvrage (f° 1). C’est curieusement la seule du manuscrit a ne pas être entourée d’un cadre en or.
Une note f° 186 indique le nom du commanditaire et premier propriétaire du manuscrit : “Ce liure est a frere Nicole de Montmirel, commandeur de sainct Mauluy”, ce qui est confirmé au bas de la première page grâce aux deux blasons représentant les armes de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (de gueules à la croix d’argent) et celle des Montmirail (d’azur, à la bande indentée d’argent et de gueules, au chef de gueules à la croix d’argent) accompagnée de la devise “Domine in te confido” (Seigneur, en toi je me confie) : il s’agit bien de Nicolas de Montmirail, chevalier de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem (futur Ordre de Malte), commandeur de Saint-Maulvis en Picardie.
Ce manuscrit figurait dès 1542 dans l’inventaire de livres de la bibliothèque de l’Abbaye de Westminster puis passa dans les collections du roi d’Angleterre. Le manuscrit fut offert à la British Library par le roi Georges II en 1757 et y figure toujours sous la côte Royal 19 B VI.