D. Quelle fête l’Eglise célèbre-t-elle le jeudi après la fête de la Sainte Trinité ?
R. L’Eglise célèbre la fête du Très Saint Sacrement, autrement dit la Fête du Corps & du Sang de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, vulgairement appelée la Fête-Dieu.
D. Quand Jésus-Christ a-t-il institué cet admirable Sacrement ?
R. Jésus-Christ l’a institué le Jeudi Saint, la veille de sa mort.
D. Pourquoi l’Eglise ne fait-elle pas la Fête du Saint Sacrement le Jeudi Saint ?
R. Parce qu’elle est alors occupée de la Passion & de la mort de Jésus-Christ.
Explication. L’Eglise fait néanmoins cette Fête le Jeudi Saint, autant que les circonstances peuvent le lui permettre mais elle est alors trop occupée pour la célébrer comme elle le désirerait ; c’est ce qui l’a engagée à transférer la fête de l’institution du Saint Sacrement, afin qu’elle fût célébrée avec toute la pompe & l’éclat qui lui conviennent. Cette fête est, à proprement parler, le supplément de celle du Jeudi Saint.
D. Dans quel temps a-t-on célébré cette fête au jour où elle est maintenant ?
R. Elle a été célébrée d’abord à Liège en 1246 puis ordonnée pour tout l’Occident par le pape Urbain IV en 1264.
D. Pourquoi l’Eglise a institué cette fête particulière ?
R. Pour quatre raisons principales.
D. Quelle est la première raison de l’institution de la Fête du Saint Sacrement ?
R. C’est pour remercier Jésus-Christ de l’institution de ce sacrement adorable.
D. Quelle est la seconde raison ?
R. C’est pour rendre à Jésus-Christ dans ce sacrement adorable les honneurs qui lui sont dus.
D. Quelle est la troisième raison ?
R. C’est pour s’opposer aux hérétiques qui ont osé attaquer Jésus-Christ dans le Saint Sacrement.
Explication. Cette raison est une des causes principales de l’institution de cette auguste solennité. C’est la coutume de l’Eglise de défendre le dogme par quelque rit ou cérémonie, par des fêtes, des usages, des pratiques ; en un mot par quelque chose d’extérieur qui prémunisse les chrétiens & les avertisse de prendre garde aux séductions des hérétiques, & c’est ce qu’elle fait dans cette occasion.
D. Quelle est la quatrième raison ?
R. C’est pour réparer les outrages que Jésus-Christ reçoit dans le Sacrement de son amour.
Explication. Combien d’outrages ce divin Sauveur ne reçoit-il pas dans ce Sacrement ineffable de la part des hérétiques qui le blasphèment, de la part de tant de chrétiens qui communient indignement & profanent ainsi le plus redoutable de nos Mystères ? Combien d’horribles sacrilèges n’ont pas commis les sectaires contre le Saint Sacrement de l’Autel, surtout durant les guerres que l’hérésie excita pendant le seizième siècle ? On ne peut penser qu’avec horreur à ce que firent les Zwingliens, les Calvinistes et les autres sectateurs. L’histoire de ces temps n’est remplie que des impiétés qu’ils commirent de toutes parts, surtout en Allemagne & en France.
D. Pourquoi l’Eglise a-t-elle établi la procession de la Fête du Très Saint Sacrement ?
R. Pour trois raisons.
D. Quelle est la première raison pour laquelle on fait la procession du Saint Sacrement ?
R. C’est pour marquer la victoire & le triomphe que Jésus-Christ remporte sur les ennemis de ce Sacrement adorable.
Explication. C’est la raison que donne le saint Concile de Trente. Il était en effet bien juste de dédommager en quelque sorte le Sauveur des outrages des hérétiques ; de là vient la pompe & la magnificence avec lesquelles tout l’univers catholique s’empresse de faire ces augustes processions. Elles se font surtout à Angers avec toute la solemnité possible, parce que c’est dans cette ville que Béranger attaqua le premier le dogme de l’Eucharistie, le plus grand des bienfaits de Dieu, ce bien par excellence que les premiers chrétiens appelaient le bien parfait, bonum perfectum.
D. Quelle est la seconde raison ?
R. C’est pour sanctifier nos places publiques, nos rues & nos maisons par la présence adorable de Jésus-Christ.
Explication. Si les anciens patriarches regardaient comme sacrés les lieux où les anges leur avaient apparu, s’ils y dressaient des autels, s’ils y offraient des victimes, si Moïse même ne devait approcher que pieds nus du buisson ardent par respect pour la présence de Dieu, que devraient faire des chrétiens pénétrés de la réalité de la présence de Jésus-Christ ? Avec quelle religieuse frayeur ne devraient-ils pas regarder les lieux que sa présence auguste a sanctifié ?
D. Quelle est la troisième raison ?
R. C’est pour exciter par cet auguste spectacle la foi & la piété des chrétiens.
D. Avec quels sentiments faut-il assister aux processions du Très Saint Sacrement ?
R. Il faut y assister avec les sentiments d’une foi vive & d’une adoration profonde.
D. Quelle pratique de piété peut-on faire le jour de la Fête-Dieu ?
R. Il faut faire une visite à Jésus-Christ par manière d’amende honorable pour lui demander pardon de tous les outrages qu’il reçoit dans le Saint Sacrement.
D. Pourquoi visite-t-on le Saint Sacrement le soir du Jeudi Saint ou même pendant la nuit ?
R. Pour faire amende honorable à Jésus-Christ de tout ce qu’il a souffert pour nous dans sa passion, & qu’il souffre encore tous les jours dans le Sacrement adorable de son amour.
Explication. Une coutume bien louable & bien salutaire que plusieurs chrétiens observent, est de dire souvent ces paroles remarquables : Loué & adoré soit Jésus-Christ dans le Très Saint Sacrement de l’Autel. C’est une pratique sainte qui ne peut trop se répandre, parce que quelques louanges que nous donnions à Jésus-Christ sur les prodiges de puissance & d’amour qu’il opère dans la divine Eucharistie, nous n’en dirons jamais assez, & il sera toujours infiniment au-dessus de toutes nos louanges.
D. Que faut-il faire pendant l’octave du Très Saint Sacrement ?
R. Il faut, autant qu’on le peut, assister tous les jours à la sainte Messe & aux offices où l’on donne la bénédiction du Très Saint Sacrement.
Explication. Les bénédictions du Très Saint Sacrement n’ont été en usage que depuis que les sectaires se sont déchaînés contre ce Sacrement auguste : elles ont été principalement établies pour marquer de plus en plus la foi de la présence réelle, & rien n’est plus propre à attirer sur nous les grâces du ciel que cette sainte cérémonie ; car si les bénédictions des anciens patriarches étaient désirées avec tant d’ardeur, comme nous le voyons par les plaintes d’Esaü, & par l’empressement de Sara à procurer celle d’Isaac à son cher Jacob, combien ne devons-nous pas souhaiter davantage les bénédictions de Jésus-Christ, le principe & la source de toutes les grâces ? avec quel respect ne devons-nous pas les recevoir ?
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