O felícem virum, beátum Joseph ! cui datum est Deum, quem multi reges voluérunt vidére et non vidérunt, audíre et non audiérunt, non solum vidére et audíre, sed portáre et complécti, deosculári, vestíre et custodíre ! |
Oh ! heureux homme, bienheureux Joseph ! à qui il a été donné de voir le Dieu que beaucoup de rois ont voulu voir et n’ont pas vu ; ont voulu entendre et n’ont pas entendu ; il vous a été donné non seulement de le voir et de l’entendre, mais de le porter et de l’étreindre, de l’embrasser, de le vêtir et de le garder. |
Antienne parisienne solennelle en l’honneur de saint Joseph composée vers 1400 par Jean de Charlier de Gerson (“Jean Gerson”) (1358 † 1429), chancelier de l’Université de Paris.
Source : d’après Cantus selecti, Solesmes, 1957, p. 194*.
O felicem virum témoigne de l’intense activité menée par Jean de Charlier de Gerson, chancelier de l’université de Paris, pour mettre en lumière la dévotion envers saint Joseph au début du XVème siècle.
Au mois d’août 1413, Jean de Gerson rédige une Épître sur le culte de saint Joseph qu’il adresse “à toutes les églises, spécialement à celles qui sont dédiées à Notre Dame”. Dans cette lettre, il demande instamment d’instaurer une fête pour commémorer le mariage de la Vierge et de saint Joseph. Ce texte est le premier d’une longue série, écrits pour la plupart entre 1413 et 1416 et dans lesquels le chancelier Gerson développe sa pensée théologique et pastorale sur le père adoptif du Christ, tout en cherchant à développer son culte. Un mois après son premier appel, le 26 septembre 1413, il réitère sa demande d’une fête en l’honneur du mariage de saint Joseph et de la Vierge. Le 23 novembre, il écrit au duc de Berry pour l’exhorter à instituer cette fête en commémoration du mariage de Joseph et Marie dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette demande fut accomplie à partir du siècle suivant, et le propre de Paris contint jusqu’au XXème siècle une fête des épousailles de la Sainte Vierge et de saint Jospeh fixée au 23 janvier.
Probablement à la fin de l’année 1413, Jean Gerson rédige ses Considérations sur saint Joseph, un long texte en français où il précise les raisons qui justifient un développement de son culte. Entre 1414 et 1416, il compose un long poème latin, la Josephina. Enfin, le 8 septembre 1416, jour de la fête de la Nativité de la Vierge, il s’adresse aux pères du concile de Constance par un long sermon sur l’Évangile du jour, Jacob autem genuit Joseph. (Matth. I, 16), sermon qu’il considère lui-même comme l’aboutissement de sa réflexion sur le sujet. Autour de ces grands textes s’articule toute une série de poèmes, d’antiennes (dont O felicem virum), d’oraisons, et de nombreuses allusions dans des sermons ou des lettres.
Le Pape Pie VII a attaché des indulgences aux prêtres qui réciteraient cette antienne suivie du verset Ora pro nobis, beate Ioseph et l’oraison Deus qui dedisti nobis regale sacerdotium, avant de célébrer la messe.
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