Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 3 mai 2020 du calendrier grégorien – 20 avril 2020 du calendrier julien – la divine liturgie n’est plus assurée publiquement en raison de l’épidémie, les textes ici publiés le sont pour nourrir la prière des fidèles avec la prière liturgique de l’Eglise.
Le dimanche de la troisième semaine de Pâques, l’Eglise byzantine honore les saintes femmes Myrrhophores (porteuses de myrrhe), qui ont embaumé le corps du Seigneur, ainsi que ceux qui contribuèrent à son ensevelissement : Joseph d’Arimathie et Nicodème. Ce dimanche constitue donc une synaxe de tous les témoins de l’ensevelissement et de la résurrection du Christ (comme la synaxe de la Mère de Dieu suit le jour de Noël ou la synaxe de Jean le Baptiste suit la Théophanie). L’évangile de la divine liturgie de ce jour est tiré de Marc XV, 43 à XVI, 8, et relate l’ensevelissement & la résurrection du Christ. Il constitue une dérogation dans la lecture continue de l’évangile de saint Jean pendant le temps pascal. L’origine de cette fête est Constantinopolitaine (à l’origine, à Jérusalem, Marc XV, 43 – XVI, 8 était précisément l’évangile du jour de Pâques – on y lisait Jean II, 1-11 le troisième dimanche de Pâques).
Joseph d’Arimathie était membre du Sanhédrin (Luc XXIII, 50 – Marc XV, 43). En cette qualité, il a dû prendre part au jugement qui a condamné Jésus, “mais il n’avait pas donné son assentiment à leur décision & à leur acte, car c’était un homme bon & juste” (Luc XXIII, 51). Il s’était fait disciple de Notre Seigneur (Matthieu XXVII, 57), mais en secret, par crainte des Juifs (Jean XIX, 38). Il était riche (Matthieu XXVII, 57), notable & grand (Marc XV, 43), aussi la liturgie byzantine le désigne sous l’appellation du “noble Joseph”. Il était originaire d’Arimathie (aujourd’hui Rentis, au Nord-Est de Lydda), mais devait habiter Jérusalem puisqu’il s’y était fait tailler son tombeau dans le roc, à la manière des riches.
Quoique craintif de se déclarer pour Jésus au milieu du Sanhédrin, Joseph ose entreprendre la démarche auprès de Pilate pour ensevelir le corps de Jésus. D’après la coutume juive, les corps des suppliciés devaient être jetés dans des fosses communes qui étaient la propriété des tribunaux. Aussi Joseph s’adresse-t-il à Pilate, car la loi romaine concédait le cadavre d’un supplicié aux amis ou aux parents qui le réclamaient. Pilate, étonné de ce que Jésus fut décédé si tôt, ne fit pas de difficulté pour accorder à Joseph la faveur de rendre les derniers devoirs au corps du Christ.
Joseph descendit donc le corps de Jésus de la Croix, aidé vraisemblablement par les quelques disciples encore présents, probablement saint Jean, mais surtout Nicodème, explicitement nommé (Jean XIX, 39). Comme Joseph, Nicodème fait partie du Sanhédrin (Jean III, 1). Pendant que Joseph faisait les démarches auprès de Pilate, Nicodème avait dû aller acheter précipitamment les aromates nécessaires à l’ensevelissement, en se souciant semble-t-il de la quantité plus que de la qualité : environ 100 livres (soit 32 kg 700) d’une mixture de myrrhe & d’aloès.
Le corps de Jésus, descendu de la Croix, a probablement d’abord été lavé. On y versa les aromates et on l’enveloppa dans un suaire propre (Matthieu XXVII, 59) avec plusieurs autres linges (bandelettes & pièces de linceuls cf. Jean XIX, 40 – Luc XXIII, 53 – Marc XV, 46 – Matthieu XXVII, 58). Les saintes femmes durent prêter main forte à Joseph & Nicodème pour la toilette funéraire, mais celle-ci dû être faite à la hâte et de façon incomplète, car le crépuscule approchait et l’on entrait dans le grand Sabbat de la Pâques où tout travail de ce genre était prohibé.
Jésus n’ayant pas de tombeau, Joseph d’Arimathie lui céda le sien (Matthieu XXVII, 60) : un tombeau aristocratique tout neuf qui venait d’être taillé dans le roc, dans un enclôt tout près du Golgotha. Le corps de Jésus fut placé sur la banquette de pierre et Joseph roula la grande pierre prévue pour servir de fermeture au tombeau.
Les saintes femmes qui avaient aidé à la toilette funéraire observèrent soigneusement où on avait placé le corps de Jésus : elles étaient décidées à accomplir à nouveau la toilette mortuaire plus dignement et plus complètement, avec des onguents de grand prix, très tôt le dimanche matin, une fois le Sabbat de Pâques passé.
Dans la tradition orientale, ces saintes femmes myrrhophores – au nombre de 7 – sont les suivantes :
1. Marie Madeleine (Marie de Magdala) (la seule mentionnée par Jean XX, 1), de qui Jésus avait chassé sept démons, la première arrivée au tombeau le dimanche matin (peut-être parce que les autres avaient été retardées par l’achat de nouvelles aromates),
2. Marie de Jacques, femme de Cléophas (ou Clopas dit aussi Alphée) et mère de Jacques le Mineur et de Joseph (ou Joset), sœur de la Sainte Vierge (en réalité sa belle-sœur, Cléophas étant frère de Joseph) et donc tante de Jésus (cf. Jean XIX, 25). Ses quatre fils Jacques, Joseph, Simon & Jude sont les cousins germains de Jésus, que l’évangile, à la manière sémite, désigne sous le nom de “frères” du Seigneur.
3. Salomé (ou Marie Salomé), femme de Zébédée et mère des apôtres Jacques le Majeur & Jean l’Evangéliste, vraisemblablement eux aussi de la parenté de la Sainte Vierge et de saint Joseph.
Ces trois myrrhophores – appelées en Occident “les 3 Marie” – sont spécialement mentionnées par les 4 évangiles (Matthieu XXVII, 56 et XXVIII, 1 – Marc XV, 40 et XVI, 1 – Luc XXIV, 10 – Jean XIX, 25). Cependant, elles n’étaient pas les seules (cf. Luc XXIV, 10 : “celles qui leur firent ce rapport étaient Marie-Madeleine, Jeanne & Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles”), et la tradition leur associe les suivantes :
4. Jeanne, femme de Chusa qui était intendant d’Hérode Antipas (citée nommément donc par Luc XXIV, 10).
5. Suzanne, citée parmi les femmes qui accompagnaient Jésus et l’assistaient de leurs biens (Luc VIII, 3).
6. & 7. Marthe & Marie, les deux sœurs de Lazare.
La tradition iconographique leur associe également la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, qui, ayant assisté avec saint Jean à la mort de son fils, dût être présente lors de la déposition de la croix et des cérémonies de l’ensevelissement, conduites par Joseph d’Arimathie assisté de Nicodème.
Les femmes myrrhophores furent parmi les premières à suivre Jésus et soutenaient la troupe apostolique de leurs services & de leurs ressources. Elles lui furent fidèles jusqu’au bout, malgré l’échec apparent, au pied de la Croix, tandis que les disciples se tenaient loin. En récompense de la constance inébranlable de leur amour et de leur fidélité, c’est à elles qu’est confiée la première annonce de la résurrection.
Aux heures
A tierce & à sexte : Tropaire du dimanche, ton 2. Gloire au Père. Tropaire de la fête (Le Noble Joseph). Et maintenant. Theotokion de l’heure. Kondakion de la fête.
Tropaires des Béatitudes : 4 tropaires du dimanche, ton 2, & 4 tropaires de la 6ème ode du canon de la fête du Triode fleuri (dimanche des Myrrhophores), œuvre de saint André de Crète, évêque de Gortyne (c. 660 † 740) :
1. Reprenant la prière du bon Larron, * ô Christ, nous te disons : * Souviens-toi de nous, Seigneur, ** quand tu entreras dans ton royaume.
2. Ta croix, nous te l’offrons * pour la rémission de nos péchés : * Seigneur, tu l’as supportée ** par amour pour les hommes.
3. Devant ta Sépulture & ta sainte Résurrection, * Maître, nous nous prosternons : * par elles tu rachetas de la corruption, ** Ami des hommes, le monde entier.
4. Seigneur, l’empire de la Mort * par ta mort fut englouti, * & par ta sainte Résurrection, ** Dieu sauveur, tu as sauvé l’univers.
5. Au plus profond de l’Enfer, * lorsqu’ils virent ta clarté, * ceux qui dormaient dans les ténèbres de la mort, ** ô Christ, se levèrent, ressuscités.
6. Ressuscité du tombeau, * tu vins au-devant des Myrrhophores, * et les Disciples reçurent la mission ** de proclamer ta Résurrection.
7. Ressuscité du tombeau, toi qui pillas l’Enfer, * tu vivifias les morts et par ta résurrection * m’ouvris les immortelles sources : * délivre-moi, Sauveur, du lien de mes passions, ** car tout ce que tu veux, tu le peux accomplir.
8. Que rougissent les méchants, puisque le Christ * est ressuscité, réveillant les morts et leur criant : * “Courage, j’ai vaincu le monde !” * Croyez en lui ou bien restez muets, ** vous qui rejetez sa résurrection !
9. Aux Myrrhophores tu as dit : Réjouissez-vous ! * lorsque du sépulcre tu fus ressuscité, * et tu fis proclamer ta Résurrection par les Apôtres ; * délivre-moi, Sauveur, du lien de mes passions, ** car tout ce que tu veux, tu le peux accomplir.
10. Honorons le noble Joseph, partisan de la piété, * membre du Conseil et disciple du Seigneur, * chantons aussi les Myrrhophores et les Apôtres ; * avec eux tous, fidèles, célébrons ** joyeusement la Résurrection du Sauveur.
A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 2 : Lorsque tu descendis jusqu’en la mort, * ô Vie immortelle, * l’Enfer fut tué par la splendeur de ta divinité. * Lorsque tu relevas les morts des bas-fonds, * toutes les vertus célestes te clamèrent : ** Donateur de vie, Christ Dieu, gloire à toi !
2. Tropaire de Joseph d’Arimathie, ton 2 : Le noble Joseph, * ayant descendu de la croix ton corps immaculé, * l’enveloppa d’un linceul blanc avec des aromates * et le coucha avec soin dans un tombeau neuf ; * mais tu es ressuscité le troisième jour, Seigneur, ** faisant au monde grande miséricorde.
3. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
4. Kondakion des Myrrhophores, ton 2 : Ayant dit aux Myrrhophores “Réjouissez-vous”, * tu fis cesser par ta Résurrection, ô Christ Dieu, * les gémissements d’Eve, notre première mère. * Mais à tes apôtres tu as donné l’ordre de prêcher : ** “Le Sauveur est ressuscité du tombeau”.
5. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
6. Kondakion de Pâques, ton 8 : Tu es descendu dans le tombeau, ô Immortel, * mais Tu as détruit la puissance des enfers * et Tu es ressuscité en vainqueur, ô Christ-Dieu. * Aux femmes myrrhophores Tu as annoncé : Réjouissez-vous ! ** & à Tes Apôtres Tu as donné la paix.
Prokimen
Des Myrrhophores, ton 6 :
℟. Sauve, Seigneur ton peuple * et béni ton héritage.
℣. Vers Toi, Seigneur, j’appelle : mon Dieu, ne sois pas sourd envers moi.
Epître : Actes des Apôtres (§ 16) VI, 1-7 (L’institution des diacres par les Apôtres).
Choisissez donc, frères, sept hommes d’entre vous d’une probité reconnue, pleins de l’Esprit-Saint et de sagesse, à qui nous commettions ce ministère.
Alleluia
Des Myrophores, ton 8 :
℣. Tu aimes ton pays, Seigneur, tu fais revenir les captifs de Jacob.
℣. Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent.
Evangile : Marc (§ 69) XV, 43 à XVI, 8.
Joseph d’Arimathie, qui était un homme de considération et sénateur, et qui attendait aussi le royaume de Dieu, s’en vint hardiment trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus.
A la commémoraison de la Très-Sainte Mère de Dieu durant l’anaphore eucharistique
L’ange chanta à la Pleine de grâce : Réjouis-toi, Vierge très pure, je répète, réjouis-toi ! Ton Fils en vérité est ressuscité après trois passés dans le tombeau ; et Il a redressé les morts : fidèles, soyez dans l’allégresse !
Hirmos : Resplendis, resplendis, nouvelle Jérusalem, car sur toi la gloire du Seigneur s’est levée. Réjouis-toi et exulte, Sion, et toi, Mère de Dieu très pure, réjouis-toi, car ton Fils est ressuscité ! Alléluia !
Verset de communion
De Pâques : Recevez le corps du Christ, goûtez à la source immortelle.
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux (Psaume 148, 1). Alleluia, alleluia, alleluia.
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