L’antienne Refecti Christi corpore et sanguine est chantée à la fin de la messe dans le rit hispanique, dit aussi rit wisigothique ou rit mozarabe (rappelons que le qualificatif mozarabe signifiait “ce qui n’est pas arabe” et désignait les communautés chrétiennes de la péninsule ibérique qui avaient gardé la foi de leurs pères sous la domination musulmane).
Refécti Christi córpore et sánguine, te laudámus, Dómine, alleluia, alleluia, alleluia. | Restaurés par le corps & le sang du Christ, nous te louons, Seigneur. Alléluia, alléluia, alléluia. |
Cette courte antienne de la liturgie mozarabe est une pièce propre à ce rit, qui exprime avec un bref mais intense mouvement de louange, la gratitude des fidèles après la réception du Christ dans l’Eucharistie. Cette pièce doit remonter à une haute ancienneté puisque l’antienne fait encore clairement allusion à la communion sous les deux espèces. Elle est commune à toutes les messes et ne varie pas.
La plupart des autres liturgies chrétiennes n’ont pas de chant immédiatement après la communion (le plus souvent, la pièce prévue par les livres liturgiques était chantée pendant la communion, non après). Cependant, son thème général — l’action de grâce et la louange après le don du Corps et du Sang du Christ — se retrouve dans d’autres traditions liturgiques chrétiennes, bien qu’avec des formulations et des contextes différents.
Cette Antiphona Post Communionem est immédiatement suivie de la dernière oraison de la messe mozarabe, appelée Completuria, qui correspond extactement à l’oraison appelée Post Communion de la messe romaine.
L’oraison Completuria comporte souvent une allusion au chant qui vient d’être exécuté. Voici à titre d’exemple la Completuria d’une des messes dominicales après la Pentecôte :
Refécti Christi córpore, sanguinéque páriter sanctificáti, Deo Patri omnipoténti grátias referámus ; ut in eádem refectióne sanctificatiónem habéntes hic, in futúro sæculo glóriam percipiámus. | Restaurés par le Corps du Christ et pareillement sanctifiés par son sang, rendons grâces à Dieu le Père tout-puissant ; qu’en vertu de la sanctification que nous avons reçue en cette communion nous accédions à la gloire du siècle à venir. |
℟. Amen. | ℟. Amen. |
Per grátiam pietátis ejus qui est benedíctus in sæcula sæculórum. | Par la grâce de sa bonté, lui qui est béni dans les siècles des siècles. |
℟. Amen. | ℟. Amen. |
Si Refecti Christi corpore et sanguine est propre au rit mozarabe dans son expression littéraire et musicale, son esprit d’action de grâce universel se retrouve dans toutes les traditions chrétiennes, car il reflète la centralité de l’Eucharistie dans la vie chrétienne.
Source : Cantoral mozarabe manuscrit de la Chapelle du Corpus Christi de la cathédrale de Tolède.