Ce plain-chant hollandais dans le goût des plains-chants musicaux des XVIIème et XVIIIème siècle est tiré d’un ouvrage très intéressant anonyme de 1761 (réédité en 1762) – Messis copiosa, de fait dû au travail éditorial de Jean Baptiste Scheepen, curé à Amsterdam. Il est difficile de discerner dans cet ouvrage la part entièrement composée par ce prêtre et celle reprenant des tons plus anciens, répandus dans la sphère germanique rhénane. La plupart des airs sont assez simples, aux tournures parfois franchement populaires (c’est le cas de ce Pange lingua) et permettaient une diffusion facile des textes de la liturgie catholique sur des terres de mission difficiles depuis longtemps gagnés par le protestantisme.
L’édition a manifestement omis le bémol sur le seul Si du chant (dans l’avant-dernière mesure), qui sera facilement rétabli.
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Pange lingua gloriósi Córporis mystérium, Sanguinísque pretiosi, Quem in mundi prétium Fructum ventris generosi Rex effúdit géntium. |
Chante, chante ma langue, un mystère terrible, Mystère aux sens inaccessible, Du corps rempli de gloire, & du sang précieux, Que, pour prix infini de l’univers coupable, Versa le monarque adorable. Fruit d’un très chaste sein d’une fille des cieux, |
Nobis datus, nobis natus Ex intácta Vírgine, Et in mundo conversátus, Sparso verbi sémine, Sui moras incolátus Miro clausit órdine. |
Ce roi se donne à nous ; le Verbe né du Père, Nait pour nous d’une Vierge mère : Et parmi les mortels, mortel passe ses jours : Il sème dans les cœurs sa parole féconde ; Et près de partir de ce monde, Par un ordre admirable il achève son cours. |
In suprémæ nocte cœnæ, Recúmbens cum frátribus, Observáta lege plene Cibis in legálibus, Cibum turbæ duodénæ Se dat suis mánibus. |
Assis avec les siens, la nuit qui fut suivie De la triste fin de sa vie, Il accomplit la loi dans ce dernier festin, En mangeant de l’agneau la Pâque désirée, A ceux de la troupe sacrée, Se donne, en pain vivant, Lui-même de sa main. |
Verbum caro, panem verum Verbo carnem éfficit : Fitque sanguis Christi merum, Et si sensus déficit, Ad firmándum cor sincérum Sola fides súfficit. |
Du Verbe, rendu chair, la parole ineffable Rend le pain sa chair véritable, Et le vin se transforme au sang de notre roi ; Et quoique tous les sens combattent ce mystère, Pour affermir un cœur sincère Il suffit de l’armer d’une invincible foi. |
Tantum ergo Sacraméntum Venerémur cérnui : Et antíquum documéntum Novo cedat rítui : Præstet fides suppleméntum Sénsuum deféctui. |
Adorons avec crainte au pied de cette table, Un sacrement si vénérable ; Et que l’ancienne loi cède aux nouveaux présents, Que la vérité même en efface les ombres ; Et que nos yeux étant sombres, Notre foi nous éclaire au défaut de nos sens. |
Genitóri, Genitóque Laus et jubilátio, Salus, honor, virtus quoque Sit et benedíctio : Procedénti ab utróque Compar sit laudátio. Amen. |
Au Dieu Père éternel, au Fils, égal au Père, Louange en ce jour salutaire, Gloire, chant d’allégresse, honneur, force, grandeur : Qu’ils soient bénis sans cesse, & qu’on bénisse encore L’Esprit Saint que le ciel adore, Dieu procédant des deux, souffle brûlant de leur cœur. Ainsi soit-il. |