15 juillet 2012 : le patriarche Cyrille de Moscou – en visite pastorale dans son ancien diocèse de Smolensk – s’est rendu au mémorial de Katyń (à 20 km de Smolensk).
Entre le 3 avril et le 13 mai 1940, 4 404 prisonniers polonais – essentiellement des officiers mais également des personnalités, des étudiants (officiers de réserve), des médecins et des membres des élites polonaises – furent transportés de Kozielsk, dans la forêt de Katyń, près de Smolensk, située à environ 50 kilomètres de la frontière biélorusse, où ils furent abattus d’une balle dans la nuque et ensevelis dans des fosses communes.
Pour différentes raisons, dont notamment l’exploitation au début de l’année 1943 par la propagande allemande du massacre de Katyń découvert en 1941 lors de l’avance allemande en Russie, l’histoire a retenu ce massacre particulier comme emblématique de l’ensemble de ces crimes commis à l’encontre de la nation polonaise par l’URSS, et – plus largement – comme un symbole de la puissance monstrueuse du totalitarisme. L’URSS a nié sa responsabilité dans le massacre dès qu’il fut révélé par les nazis, ainsi que durant toute la Guerre froide et en a rendu l’Allemagne nazie responsable. En 1990, la Russie a reconnu que ce massacre avait été ordonné par les responsables soviétiques.
Outre les victimes polonaises du printemps 1940, la forêt de Katyń servit dès 1918 au pouvoir soviétique comme lieu d’exécution pour ses propres concitoyens. On estime à plus de 10 000 morts les victimes du communisme dans les charniers de Katyń, et ce en plusieurs vagues : 1918 (exécution de membres du clergé), 1922, 1929-1930 et surtout 1937-1938 (180 personnes exécutées en moyenne chaque jour, dont le métropolite Séraphin de Smolensk).
Cette visite du patriarche Cyrille de Moscou est perçue comme un prélude à sa prochaine visite en Pologne du 16 au 19 août, laquelle s’annonce comme historique : outre le fait que ce sera la première visite d’un patriarche de Moscou dans la catholique Pologne, cette visite devrait voir la signature avec la hiérarchie catholique polonaise d’une déclaration commune invitant les catholiques & les orthodoxes de ces deux pays à se réconcilier. La rédaction de ce texte – dont le contenu est pour l’instant encore inconnu – aura tout de même demandé 3 années de travail tant le moindre mot a été soigneusement pesé ; cette déclaration visera à réunir deux peuples différents, que l’histoire a longtemps opposés, sur la base de l’Évangile et des valeurs chrétiennes communes aux catholiques & aux orthodoxes.
Ce jour, le patriarche de Moscou a également procédé à la dédicace d’une église sur le site de Katyń, placée sous le vocable de la Résurrection du Christ. Alors qu’il était à la tête du diocèse de Smolensk, le patriarche Cyrille avait pris très à cœur la construction de cette église commémorative, dont la construction avait débuté en 2010, la première pierre ayant été posée par les premiers ministres russes & polonais Vladimir Poutine & Donald Tusk. “Cet endroit – avait alors déclaré le patriarche – devrait être un lieu de souvenirs sacrés, qui nous aident à comprendre clairement le sens du processus historique, et en même temps être un lieu de prière. Rien ne rassemble les gens comme une commune douleur. A propos des relations des peuples frères polonais et russe – frères, parce que nous sommes slaves, – il nous faut une réconciliation complète.” Le patriarche Cyrille, dans son homélie lors de la dédicace de la nouvelle église, a notamment déclaré, a propos des massacres : “Finalement, la vérité a prévalu sur les mensonges” et “La tragédie de Katyń a uni les Russes & les Polonais, et les deux peuples devraient toujours rester frères”.
Le 16 juillet, les autorités de l’Eglise catholique en Pologne ont tenu une conférence de presse pour exprimer leur enthousiasme pour la prochaine venue du patriarche Cyrille en Pologne.