Paris possédait au Moyen-Age ses traditions liturgiques propres ; aussi, lorsque le Pape saint Pie V promulgua sa bulle Quo primum tempore le 14 juillet 1570, les livres liturgiques de Paris, existants depuis plus de 200 ans, purent légitimement continuer à être utilisés. A dire vrai, ce “rit parisien” n’était qu’une variante locale du rit romain. Comme dans chaque diocèse de l’ancien empire de Charlemagne, le rit romain avait été adopté à Paris au IXème siècle. Cette adoption des livres romains concernait l’ordonnance générale de la messe, – le canon en particulier -, les pièces chantées de l’antiphonaire et du graduel, le cursus de l’année et le choix des leçons scripturaires à la messe. Les prières secrètes du prêtres (à savoir les prières avant la messe, celles au bas de l’autel, celles de l’offertoire, celles d’avant la communion, celles des ablutions et celles d’après la messe) n’étaient à cette époque pas totalement fixées, et une certaine variété existait d’un diocèse à l’autre. Le détail du cérémonial, de même, variait au sein de l’espace carolingien. Au cours du Moyen-Age, la plupart des diocèses occidentaux utilisant le canon romain ont peu à peu cristallisé leurs traditions propres, formant de nouveaux rits – le rit parisien, le rit de Sarum, le rit lyonnais, le rit de Braga, le rit de Nidaros, etc, etc… – qui ne sont après tout que le même rit romain à l’usage de Paris, de Sarum, de Lyon, de Braga ou de Nidaros.
Le rit romain que nous connaissons actuellement est l’héritier de la liturgie telle qu’elle était pratiquée par la curie romaine lors de l’exil en Avignon, usage alors fortement influencé par les franciscains. Il s’agit d’un rit simplifié et rendu pratique pour un corps administratif qui n’avait plus à sa disposition les vastes basiliques romaines pour se déployer. L’étude des divers usages diocésains européens est intéressante, car elle nous livre souvent des états plus anciens des cérémonies du rit romain. L’usage de Paris par exemple fournit de nombreux exemples – dans le déploiement des cérémonies en particulier – d’anciennes traditions authentiquement romaines (les vêpres stationnales du jour de Pâques en constituent un type parfait), souvent de saveur antique (comme le baiser de l’évangéliaire après le chant de l’évangile par tous les membres du chœur) qui ont cessé d’être pratiquées à Rome même.
Paris a abandonné son rit au cours du XIXème siècle, en raison de l’uniformisation liturgique qui triomphait alors en faveur du rit romain. Ce passage vers la liturgie romaine ne s’est pas accompli brutalement ; au contraire, une quarantaine d’années se sont écoulées entre la prise de décision du changement de rit en son entrée en vigueur. Diverses instructions épiscopales l’ont progressivement accompagné qui ont établi les étapes nécessaires, en précisant ce qui pouvait ou devait être maintenu des antiques traditions parisiennes.
Sans entrer ici dans le détail de l’étude du rit parisien et de ses évolutions néo-gallicanes à partir de la fin du XVIIème siècle, étude sans doute trop vaste pour la nature de ce blog, il peut être intéressant de fournir au lecteur un état de ce qui doit être conservé des anciennes pratiques parisiennes selon une instruction de 1874 dont voici le texte. Parmi les nombreux points de détails abordés par l’instruction, on notera par exemple le chant de l’O salutaris hostia à la consécration, la possibilité de recourir à de simples clercs ou laïcs (les “induts”) pour servir comme diacres ou sous-diacres, le maintien de l’usage des chapes pour les chantres, même laïcs, tant aux vêpres qu’à la messe, etc… Le détail des positions du chœur (dont l’ordonnance générale est foncièrement romaine du reste) est aussi d’une rare précision, qui pourrait se résumer rapidement par l’énoncé de la simple règle suivante : on est tourné vers l’Autel pendant les oraisons, en Chœur lorsqu’on chante.
Outres les notes de l’instruction, je me suis permis d’insérer quelques annotations afin que le lecteur puisse saisir quelques unes des modifications évoquées.
Instruction pour faciliter aux prêtres du diocèse de Paris le passage de la liturgie parisienne à la liturgie romaine, imprimée par ordre de Son Eminence Mgr le Cardinal Guibert, archevêque de Paris. Paris, Adrien Le Clerc & Cie, 1874.
DE QUELQUES CEREMONIES ET USAGES PARTICULIERS AU DIOCESE DE PARIS
1. – Cet article comprend les points sur lesquels on est autorisé à s‘écarter des divers Cérémoniaux ; ce sont ceux qui ont pour objet : 1° les privilèges accordés par le Saint-Siège au diocèse de Paris ; 2° les usages conformes à l’esprit de l’Eglise et qui sont præter et non contra rubricas, selon l’expression des auteurs ; 3° enfin les questions laissées à la libre discussion des rubricistes et sur lesquelles nous n’admettons pas l’opinion adoptée par l’un ou l’autre des Manuels de Cérémonies les plus répandus. Dans le choix de ces opinions, nous suivrons autant que possible le principe admis par la Commission du Cérémonial : Dans les questions controversées entre les rubricistes romains, on devra adopter l’opinion conforme à ce que prescrivait le Cérémonial parisien.
Un cérémonial fait pour l’Eglise universelle, quelque parfait qu’on le suppose, n’a pas à entrer dans ces détails qui ne regardent qu’un diocèse en particulier.
Des choses nécessaires au saint Sacrifice.
§ 1. DE L’AUTEL ET DE SES ORNEMENTS.
2. – On n’aura rien à changer à la forme des nappes et des parements de l’autel ;
3. – On conservera les chandeliers égaux en hauteur.[1]
4. – Le tabernacle où réside le Saint-Sacrement doit être couvert d’un voile de couleur blanche[2] ; il est à désirer que les deux parties du voile qui couvrent le devant du Tabernacle soient maintenues séparées pendant la messe pour faciliter l’ouverture de la porte au moment de la communion des fidèles. On peut aussi les laisser séparées, même en dehors de la Messe, si la porte est très ornée ou en métal doré.
5. – Il est interdit de couvrir d’un voile noir le Tabernacle où réside le très-saint Sacrement.[3]
6. – Les chasubles, dalmatiques, tuniques, étoles, manipules, chapes, etc., conserveront la forme admise jusqu’ici[4] ; il en sera de même de la pale, à l’exception de celles qui sont recouvertes en noir et qui demeurent interdites. On remplacera les noires par des pales blanches des deux côtés, ou recouvertes en violet sur l’une de leurs faces.
7. – L’habit de chœur en été (c’est-à-dire depuis les Complies du Samedi-Saint inclusivement jusqu’aux Complies du jour de l’octave de S. Denis) consistera en une barrette telle qu’elle a été portée depuis l’ordonnance de 1840 et un surplis à grandes manches. La largeur de ces manches sera la même dans toute leur longueur. (On trouvera le modèle au Séminaire de Saint-Sulpice.) Elles ne devront pas être plissées.
8. – Depuis le lendemain de l’Octave de S. Denis[5] jusqu’aux Complies du Samedi-Saint exclusivement (et aux Matines de Pâques, si on les chante de grand matin), on portera l’habit de chœur d’hiver ; il est le même que celui d’été, auquel on surajoute un camail de drap semblable à la mozette des Chanoines. Les Ecclésiastiques de la banlieue, que leurs fonctions obligent souvent à des courses assez longues, sont autorisés à porter le camail à capuchon, tel qu’il a été en usage jusqu’ici.
9. – Le rochet à manches étroites, exclusivement réservé aux Prélats et aux Chanoines, ne sera jamais porté au Chœur, aux Offices, ni en chaire, par ceux qui ne sont pas Chanoines.
10. – Les prédicateurs, qui ne sont pas Chanoines, se serviront du surplis à grandes manches et sans camail.
11. – Le rochet sans manches pourra être porté sous la chape, au confessionnal et lorsqu’on ira administrer un malade, mais on ne s’en servira jamais au Chœur.
12. – Ce rochet sans manches sera le seul permis aux laïques dans les fonctions qu’ils ont à remplir à l’église ou à la sacristie, à l’exception de celui qu’on sera dans la nécessité de charger des fonctions de Cérémoniaire.
13. – Le costume de MM. les Curés sera déterminé dans le Cérémonial ; ils continueront en attendant à porter l’étole comme marque distinctive de leur dignité.
14. – Les enfants de chœur conserveront jusqu’à nouvel ordre le costume qu’ils portent actuellement.[6]
15. – On conservera l’usage de donner des chapes pendant la grand’Messe aussi bien qu’aux vêpres aux chantres qui sont tonsurés, et même à ceux qui ne le sont pas, s’ils sont autorisés à porter la soutane dans la Communauté où ils sont admis.[7]
16. – Les autres chantres ne pourront être revêtus que de la soutane et du rochet sans manches.[8]
17. – Les chantres en chape observeront à la messe les règles prescrites aux chantres dans le Cérémonial. Quel que soit leur ordre ou leur dignité, ils ne se promèneront plus dans le Chœur ni pendant la Messe chantée.[9]
18. – Le Sous-Diacre et les Acolytes sont debout pendant que le Diacre va porter la bourse. A l’autel à l’Oblation du calice, le Diacre le soutient avec la main droite.
19. On conservera l’usage de chanter l’O salutaris hostia pendant l’Elévation. Outre le motif tiré de son antiquité et des circonstances qui l’ont fait établir[10], cet usage a de plus en sa faveur un décret de la Sacrée Congrégation des Rites ainsi conçu : “An in Elevatione SS. Sacramenti, in Missis solemnibus, cani possit Tantum ergo etc. vel aliqua antiphona tanti Sacramenti propria ? ad 6 Affirmative et amplius.”
20. – Le Sous-Diacre ne salue pas le chœur quand il va porter la paix, ni quand il retourne à l’Autel, à cause de la présence du Saint-Sacrement. Celui qui donne la paix approche sa joue gauche de la joue gauche de celui qui la reçoit, sur les épaules duquel il met les mains, tandis que celui qui la reçoit met les siennes sous les coudes de celui qui la donne.
21. – Le Sous-Diacre va lui-même prendre le livre pour le porter au coin de l’Evangile, quand on ne dit pas celui de S. Jean à la fin de la Messe.
22. – Le Célébrant et les ministres ne saluent le Chœur que lorsqu’ils y entrent ou qu’ils en sortent.
23. – On chantera l’Epître et l’Evangile aux endroits où on les a chantés jusqu’ici ; le livre sera placé sur un pupitre, et le Sous-Diacre posera ses mains sur les bords du livre, au lieu de les tenir jointes. Il en sera de même à l’Evangile, pendant lequel il se placera derrière le pupitre. Il ne fera ni les inclinations ni les génuflexions que doit faire le Diacre en diverses circonstances.[11]
24. – En se rendant au lieu où l’on chante l’Evangile, le Sous-Diacre précèdera le Diacre, au lieu de se mettre à sa gauche.
25. – Tous les ministres se tiennent debout pendant que le Diacre se rend à la crédence et jusqu’à ce qu’il soit revenu s’asseoir à côté du Célébrant, après avoir placé le corporal sur l’Autel.
26. – Quand il y aura Offrande, elle aura lieu immédiatement après la lecture de l’Offertoire, et le Célébrant présentera à baiser aux fidèles, non la patène, mais un crucifix ou un instrument de paix.[12]
27. – Vers la fin de la Préface, le Sous-Diacre fait une génuflexion en même temps que le Diacre et monte à l’Autel, à la gauche du Célébrant ; là il récite le Sanctus ; après quoi il tourne, avec la main gauche, le feuillet du Missel, s’il en est besoin, fait la génuflexion conjointement avec le Diacre et retourne à sa place.
28. – Après avoir versé les ablutions et remis les burettes à l’Acolyte, le Sous-Diacre passe du côté de l’Evangile, sans mettre le purificatoire sur les doigts du Célébrant.
29. – Quand on doit donner la communion, deux des porte-flambeaux accompagnent le Célébrant.
30. – Si l’on dit un autre Evangile que celui de S. Jean, à la fin de la Messe, le S.-Diacre va prendre le Missel sur l’Autel et le transporte au côté de l’Evangile.
31. Aux Doubles de 1re et de 2e classe, on pourra admettre les Induts à la grand’Messe, mais à la condition : 1° qu’ils seront Clercs ou autorisés à porter la soutane dans la Communauté où ils sont admis, et 2° qu’ils ne feront aucune des fonctions que les Rubriques réservent au Diacre et au Sous-Diacre[13].
32. – Aux Vêpres, on doit prendre la chape dès le commencement, ou si on ne la prend pas, on ne peut encenser au Magnificat. Néanmoins, aux Doubles majeurs et au-dessous, mais non aux Doubles de 1re et de 2e classe, on pourra jusqu’à nouvel ordre conserver la coutume établie de ne prendre la chape que pour l’encensement ; la raison en est que cette coutume est immémoriale, et que d’un autre côté il existe un décret de la Sacrée Congrégation, 1er septembre 1607, Theatinor., n°208, ainsi conçu : An (Theatinorum) hebdomadarius, quando celebrat Vesperas, debeat accipere pluviale a principio Vesperarum, illudque, durantibus Vesperis, usque ad finem retinere, vel satis sit illud accipere ad Capitulum, et retinere usque ad finem Vesperarum, prout deferendum ad Vesperes, respondit, servandam esse eorum consuetudinem.
33. – Les Versets etc. non chantés, mais joués par l’orgue, doivent être récités, ou par un chantre qui les lit à haute voix, ou par chaque particulier obligé à l’office.
34. – Les Antiennes seront annoncées par un seul chantre, conduit par le Cérémoniaire (Cærem. Episc. l. II, c. 1, n° 7 et seq.), à l’exception de celle qui doit être annoncée à l’Officiant : celle-ci exige la présence de tous les Chapiers.
35. – Le 1er Verset de chaque Psaume est entonné par les chantres, et le côté du Chœur opposé à celui qui a entonné l’Antienne, reprend le second Verset.
36. – Dans les Eglises où le Clergé est nombreux, on peut employer deux thuriféraires pour l’encensement du Chœur au Magnificat.
37. – On dira le Fidelium animæ après le Benedicamus Domino, à la fin des Vêpres, quoiqu’elles soient suivies d’un Salut du Saint-Sacrement.
38. – Aux Vêpres à la suite desquelles on doit donner la Bénédiction du Saint-Sacrement, l’Officiant prendra l’étole sur le surplis et sous la chape.
Des cérémonies générales du Chœur.
39. – Le mot Révérence s’appliquant à toute espèce de salutation, les Liturgistes supposent les règles suivantes, quand ils prescrivent de faire la révérence convenable.
40. – La génuflexion à deux genoux (ou prostration) est prescrite quand on passe devant le Saint-Sacrement présent sur l’Autel, ou exposé sur le Trône, ou enfermé dans le Tabernacle du reposoir, le Jeudi saint et le Vendredi avant la Procession.
41. – La génuflexion simple se fait :
1° Quand on passe devant le Tabernacle où l’on conserve le Saint-Sacrement ;
2° Quand on passe devant la relique de la vraie Croix exposée à la vénération des Fidèles.
3° Aux mots : Flectamus genua.
4° A Venite adoramus et procidamus de l’Invitatoire.
5° Lorsqu’on prononce à l’Epître ou à l’Evangile des paroles pour lesquelles la Rubrique ordonne la génuflexion, par ex. Et procidentes, adoraverunt eum.
6° A Verbum caro factum est.
7° Devant la Croix, pendant la durée des Offices, depuis l’entrée jusqu’à la sortie du Chœur inclusivement.[14]
42. – Les chanoines, le Célébrant et ses assistants s’ils sont en chape, quand ils saluent la Croix en même temps que lui, sont seuls exceptés et ne font qu’une inclination ; à la Messe le Diacre et le Sous-Diacre font une génuflexion en accompagnant le Célébrant à l’Autel pour l’Encensement, et aussi après la Messe, à l’absoute des défunts.
43. – 8° Le Vendredi saint, sans aucune exception pour personne, à partir du moment où la Croix est découverte.
44. – 9° Lorsqu’à la fin d’une leçon, on prononce ces paroles : Tu autem etc. Cette génuflexion tient lieu de la salutation qu’on devrait faire en quittant le pupitre.
45. – 10° Quand on passe devant l’évêque du Diocèse (Cette génuflexion sera remplacée, jusqu’à nouvel ordre, à Paris, par une inclination profonde).
46. – L’inclination profonde se fait : 1° à la Croix en dehors des Offices ; 2° pendant le Confiteor, à Prime et à Complies.
47. – L’inclination médiocre se fait quand on salue les Supérieurs, les égaux et le Chœur.
48. – L’inclination de tête se fait : 1° au mot Trinitas, quand les trois Personnes sont nommées par leurs noms propres et dans l’ordre des processions divines ; ainsi elle n’a pas lieu à la doxologie : Jesu, tibi sit… cum Patre et almo Spiritu.
2° Au saint nom de Jésus.
3° A ces mots du Gloria in excelsis Deo : Adoramus te, Gratias agimus, Suscipe deprecationem nostram.
4° Pendant le Symbole à Deum, Homo factus est, Adoratur.
5° Aux mots Deo nostro du Gratias agamus de la Préface.
6° Au Gloria Patri.
7° Aux doxologies des hymnes où les Trois Personnes de la sainte Trinité sont nommées, comme il a été dit plus haut.
8° Aux noms de la Sainte Vierge, du Saint dont on fait la Fête ou une Mémoire proprement dite, et non aux Suffrages.
9° Aux mots : Sanctum et terribile nomen ejus ;
Sit nomen Domini benedictum ;
Non nobis Domine, etc.;
Sed nos qui vivimus, benedicimus, etc.
Deus misereatur nostri et benedicat nobis.
Benedicat nos Deus.
Benedicamus Patrem, etc., à la fin du Benedictite omnia opera.
10° Au nom du Souverain Pontife.
49. – L’entrée du Clergé au Chœur en procession n’a lieu qu’aux grandes solennités : obligatoire pour les Chapitres ces jours-là, elle n’est que de conseil dans les autres Eglises. Elle se fait ainsi : en tête se trouvent deux Acolytes avec leurs cierges allumés ; après eux, viennent deux à deux les divers membres du Clergé, tenant la barrette des deux mains ; après avoir fait à l’Autel la révérence convenable, ils se saluent réciproquement, se rendent à leurs places en ayant soin de ne pas passer devant de plus dignes, et se mettent à genoux dès que tout le monde est arrivé.[15]
50. – En dehors des plus grandes solennités, le Clergé se rend au Chœur comme il veut ; néanmoins dans les Eglises où il est d’usage que tous se rassemblent en un même lieu pour, de là, se rendre au Chœur, on se conduit comme à l’entrée solennelle, avec cette différence que la Croix et les cierges ne précèdent pas, que les plus dignes marchent les premiers et qu’on fait quatre à quatre la révérence à l’Autel, si le Clergé est nombreux.
51. – Celui qui entre au Chœur quand l’Office est commencé ou qui en sort avant la fin[16] fait la génuflexion prescrite en passant devant le Tabernacle, salue ensuite le Célébrant et le Chœur, en commençant par le côté le plus digne (celui où se place le plus haut dignitaire du Clergé), se rend à sa place, en ayant soin de ne pas passer devant de plus dignes, et se conforme immédiatement à ce que fait le Chœur.
52. – Tous ceux qui sont d’un ordre égal ou inférieur à celui qui salue le Chœur, rendent le salut (les Chanoines exceptés, qui ne saluent pas un simple Prêtre) ; tous se lèvent pour rendre le salut au Curé ou au Supérieur du lieu.
53. – Les saluts au Chœur s’omettent 1° devant le Saint-Sacrement exposé, 2° depuis l’Elévation jusqu’après la Communion, 3° aux Offices des défunts[17].
54. – On ne doit pas jamais marcher dans le Chœur pendant qu’on y chante quelque parole à laquelle il faut s’incliner, par ex. Gloria Patri, et on s’arrête jusqu’à ce qu’elle soit terminée.
55. – On agit de même quand le chœur est momentanément à genoux ou tourné vers l’Autel, et pendant que chante le Célébrant.
56. – On a la tête entièrement découverte :
1° Devant le Saint-Sacrement présent sur l’Autel, ou exposé sur le Trône, ou porté en Procession ; 2° quand on fait le génuflexion ; 3° quand on chante seul ou si l’on entonne avec un autre ; 4° quand on est encensé ; 5° quand on reçoit l’eau bénite ; 6° pendant l’Evangile ; 7° lorsqu’on donne ou reçoit la paix, qu’on adore les Croix, qu’on fait la sainte Communion, qu’on reçoit les Cendres, les Rameaux, les Cierges à l’Autel, etc.
57. – On se couvre la tête avec la barrette :
1° Toutes les fois qu’on est assis, en ayant soin de se découvrir chaque fois que l’on s’incline. 2° Aux Processions hors de l’Eglise, pourvu qu’on n’y porte ni le Saint-Sacrement, ni la vraie Croix.
58. – On s’incline, et on se découvre aux moments indiqués ci-dessus.
59. – Quand on est découvert, il faut garder la barrette à la main et ne pas la déposer sur les stalles ou ailleurs.
60. – On peut garder la calotte pendant tous les Offices, à l’exception des moments indiqués plus haut.
61. – Quand tout le Clergé est entré au Chœur, on se met à genoux et on se lève au signal donné par celui qui préside.
62. – Au commencement de la Messe, on se met à genoux, à moins qu’on ne fasse partie d’un Chœur chargé de chanter, par ex. dans un Séminaire. Dans ce cas, on demeure debout et tourné en Chœur[18]. Les Prélats et les Chanoines dans leur Eglise demeurent également debout au commencement de la Messe.
63. – Quand le Célébrant monte à l’Autel, on se lève.
64. – Quand le Célébrant s’assied, ou, s’il demeure debout, dès que le Kyrie est entonné, on s’assied.
65. – A l’intonation du Gloria in excelsis, on se lève et on se tourne du côté de l’autel.
66. – Après l’intonation, on se tourne en Chœur.
67. – Quand le prêtre a fini de réciter le Gloria, on s’assied.
68. – Après l’Amen du Gloria, dans les Eglises où le Chœur est derrière l’Autel, et à Cum S. Spiritu, dans les autres, on se lève et on se tourne vers l’Autel.
69. – Après l’Amen de la dernière Collecte, on s’assied.
70. – A l’Evangile, on est debout et tourné vers le Diacre.
71. – A l’Intonation du Credo, on est tourné vers l’Autel. Pendant tout le Credo, on restera debout et tourné en Chœur, selon le louable usage de Paris ; (ceux qui sont dans les stalles s’appuieront sur la miséricorde, comme il a été dit plus haut).
72. – Au Dominus vobiscum, on se tourne du côté de l’Autel.
73. – Après l’intonation de l’Offertoire, on s’assied.
74. – A l’Encensement, on se tient debout et tourné en Chœur[19].
75. – A la Préface, dès que l’Encensement est fini, on se tourne vers l’Autel.
76. – Après l’Intonation du Sanctus, on se met à genoux ; si le chœur chante, il demeure debout et tourné face à face jusqu’à l’Elévation. Il en est de même des Chanoines.
77. – Après l’élévation du Calice, on se lève et on demeure debout tourné en Chœur jusqu’à la fin du Benedictus[20], et alors on se tourne vers l’Autel.
78. – A l’Agnus Dei, on se tourne en Chœur.
79. – Après l’Agnus Dei jusqu’à l’intonation de l’Antienne de la Communion, on demeure tourné vers l’Autel.
80. – Quand il y a communion du clergé, tous ceux qui doivent la recevoir sont à genoux pendant le Confiteor qui la précède. Ils doivent donc, autant que possible, se rendre au milieu du Sanctuaire ou du Chœur avant la récitation du Confiteor.
81. – Après l’intonation de l’Antienne de la Communion, on s’assied.
82. – Au Dominus vobiscum, on se lève et on demeure tourné vers l’autel jusqu’à la Bénédiction.
83. – A la bénédiction du Prêtre, on se met à genoux, à l’exception des Prélats et des Chanoines.
84. – Pendant le dernier Evangile, on demeure debout, excepté à Verbum caro factum est, où l’on fait une génuflexion.
85. – S’il y a un Office immédiatement après la grand’Messe, ceux qui n’y restent pas s’en vont après l’intonation du premier Psaume et sans se mettre à genoux.
86. – Si la messe n’est pas suivie d’un autre Office, le Chœur se met à genoux avant le départ, qui a lieu au signal donné par celui qui préside.
87. – NOTA. Aux Messes des Défunts, des Féries de l’Avent et du Carême, des Quatre-Temps et des Vigiles où l’on ne jeûne plus, aussi bien qu’à celles où le jeûne est encore observé, on est à genoux, comme aux autres Messes, et de plus, pendant les Oraisons (à l’exception de celles qui se disent après les Leçons qui précèdent quelquefois l’Epître[21]), depuis le Sanctus jusqu’à l’Agnus Dei et aux Postcommunions[22].
Sont exceptées de cette règle les Vigiles de Noël, de l’Epiphanie, de Pâques, de l’Ascension, de la Pentecôte et les Quatre-Temps de la Pentecôte[23].
88. – Pendant l’Aperi, on est à genoux.
Quand l’Officiant se rend à son siège et s’assied, on s’assied.
Pendant le Pater, l’Ave et jusqu’à l’Alleluia ou Laus tibi… inclusivement, on est debout tourné vers l’Autel.
A Deus in adjutorium, on fait sur soi le signe de la croix.
Depuis la première Antienne et jusqu’au Capitule, on est tourné en chœur, ou face à face et appuyé sur la miséricorde, si l’on a une stalle, excepté quand se lève celui auquel on porte une Antienne : car alors tous ceux qui sont du même côté se lèvent aussi, à moins qu’ils ne soient d’un ordre supérieur. (Les Chanoines ne se lèvent pas non plus, s’il s’agit d’un simple prêtre.)
89. – Pendant le Capitule, on se lève et on se tourne vers l’Autel.
Pendant l’Hymne, on est debout et tourné en chœur, à l’exception des strophes suivantes : première strophe du Veni Creator et de l’Ave maris stella, O Crux ave du Vexilla, O salutaris, et au Tantum ergo (si le Saint-Sacrement est dans le tabernacle), pendant lesquelles on est à genoux.
Pendant l’Antienne du Magnificat, on est assis.
A l’intonation du Cantique de la sainte Vierge, on fait un signe de croix sur soi-même.
Pendant le Magnificat, on est debout, sans s’appuyer sur la miséricorde.
Pendant l’Antienne après le Magnificat, on est assis, à moins que l’encensement du Clergé ne soit pas terminé ; les Prêtres même peuvent alors s’asseoir, s’il n’y a plus à encenser que les simples clercs.
(Aux grandes Prières fériales et aux Prières pour les défunts, ainsi qu’à leur Oraison, on se tient à genoux.)
A l’Oraison, on est debout et tourné vers l’Autel.
Pendant le chant des Mémoires, on est debout tourné en Chœur.
Pendant les Oraisons des Mémoires, on est tourné vers l’Autel.
Au Benedicamus Domino et jusqu’à la fin de l’Office, on est debout et tourné en Chœur. Pendant l’Antienne à la sainte Vierge, comme à Complies (n°94).
Avant de partir, si les Complies ne se disent pas immédiatement après, on se met à genoux.
90. – Aux Matines et aux autres Heures, on agit comme aux Vêpres, avec ces différences :
91. – A MATINES. A ces mots de l’Invitatoire : Venite, adoremus et procidamus ante Deum, on se met à genoux.
Après la dernière Antienne de chaque Nocturne, on est debout et tourné vers l’Autel.
A l’Absolution et à la première Bénédiction de chaque Nocturne, on est debout et tourné en Chœur.
Aux Leçons et aux Répons, on est assis.
A la Leçon tirée de l’Evangile, jusqu’à et reliqua, on se tient debout et tourné vers le lecteur. On agit de même à la Leçon chantée par l’Officiant.
A Te ergo, quæsumus, jusqu’après redemisti, on se tient à genoux.
A LAUDES, on agit comme aux Vêpres ; en outre, au verset Benedicamus Patrem et Filium cum sancto Spiritu, on se découvre et on s’incline.
A l’Antienne de la sainte Vierge, comme à la fin de Complies, ci-après n°94.
92. – AUX PETITES HEURES. Au Répons bref, on est debout et tourné en Chœur.
Au Verset avant l’Oraison et pendant l’Oraison qui n’est pas précédée des grandes prières fériales, on est debout tourné du côté de l’Autel.
Aux Grandes Prières fériales et à l’Oraison qui les suit, on se tient à genoux.
A la lecture du Martyrologe et de la Leçon brève, à Prime, on est assis.
93. – A COMPLIES. Au Jube domne, on est debout et tourné vers l’Autel.
A la Leçon brève, on est debout et tourné en Chœur.
A l’Adjutorium, jusqu’au Confiteor, on est tourné vers l’Autel et debout.
Au Confiteor, on est debout et tourné en Chœur, incliné, et tourné vers l’Officiant à Tibi, Pater, et Te, Pater.
A Converte nos, on se tourne vers l’Autel et on fait un signe de croix sur son cœur.
A l’imposition de l’Ant. Miserere ou à l’Alleluia, on se tourne en Chœur.
Après l’intonation du premier Psaume, on s’assied.
A l’Hymne, on est debout tourné en Chœur.
Au Capitule, on se tourne vers l’Autel.
A l’In manus tuas, on se tourne en Chœur.
A Nunc dimittis, il convient de faire sur soi le signe de la croix.
A l’Oraison, on se tourne vers l’Autel ; mais s’il y a des Prières aux Vêpres, on est à genoux depuis le Kyrie des Prières jusqu’à la fin de l’Office.
94. – Pendant l’Antienne finale à la sainte Vierge, l’Oraison et les Prières qui suivent, on est debout et tourné vers l’Autel, au Temps pascal et à tous les Dimanches de l’Année, depuis les premières Vêpres, le samedi, (même quand elles se disent avant midi, comme en Carême) jusqu’au crépuscule du Dimanche soir, lors même qu’on réciterait les Laudes du Lundi.
Cette Antienne se dit à genoux, tous les jours de la semaine en dehors du temps pascal, quand même on dirait l’Office d’un Dimanche ou qu’on célébrerait une des plus grandes fêtes, Noël par exemple ou l’Assomption.[24]
95. – Aux Saluts. Depuis le moment où l’on ouvre le tabernacle jusqu’à celui où l’on y remet le Saint-Sacrement, on est à genoux, sauf pendant les Proses et autres prières en l’honneur de la Sainte Vierge, des Saints, etc., pendant lesquelles on est dans l’usage à Paris d’être debout.
Pendant le Tantum ergo et le Pange lingua, si on le chante, on est à genoux et de plus on s’incline profondément jusqu’à cernui ; mais l’inclination cesse dès que ce mot a été prononcé une fois, quand on le chante en musique.
Si on chante le Te Deum, on demeure debout, à l’exception du moment où l’on dit le verset Te ergo quæsumus pendant lequel on se met à genoux.
Aux Versets et aux Oraisons qui suivent les prières pendant lesquelles on est debout, on se tourne du côté de l’Autel.
Pendant la Bénédiction, on est à genoux et profondément incliné ; on reste à genoux jusqu’à ce que le Saint-Sacrement soit remis dans le tabernacle.
Propre du Temps.
On suivra le Cérémonial pour le Propre du Temps, quand l’Ordo n’aura rien déterminé.
96. – Les trois derniers jours de la Semaine Sainte, on célébrera la Messe et l’Office même dans les Chapelles de Communauté, si l’on peut réunir les trois enfants de chœur qu’exige le Manuel de Benoît XIII pour les petites églises ; si l’on n’a pas de chantres, le Célébrant récitera les prières ; si l’on ne peut réunir ces trois clercs, on se bornera à une Messe basse le Jeudi Saint, et on ne fera aucun Office les deux jours suivants.
97. – Aux Ténèbres, les chantres commencent eux-mêmes les Antiennes, parce qu’elles ne doivent pas être annoncées.
98. – La Rubrique exige que les cierges soient de cire jaune[26].
99. On suivra le Cérémonial du P. Levavasseur pour les cérémonies des grandes et des petites églises, sauf ce qui suit.
100. Il n’y a de droit commun qu’une seule Messe et elle se chante solennellement. Tout le Clergé y communie de la main du Célébrant ; mais à Paris le nombre des Fidèles dans chaque paroisse et l’exiguïté d’un grand nombre d’églises rendent impraticable l’observation de cette Rubrique. Aussi Son Eminence accorde-t-elle, en vertu des pouvoirs qu’Elle a reçus, l’autorisation de faire dire une ou deux Messes basses dans chaque Paroisse, laissant à MM. les Curés le soin de déterminer l’heure à laquelle elles se diront, à la condition toutefois qu’elles ne seront pas célébrées après la Messe solennelle.
101. – Si quelques-uns de MM. les Curés croient que, vu le nombre des Communiants et l’exiguïté de leur église, deux Messes basses ne peuvent suffire au besoin des Fidèles, ils devront s’adresser à Son Eminence, qui examinera quel nombre de Messes il est nécessaire de leur accorder.
102. – Après la Communion, le Célébrant conservera un nombre suffisant d’hosties pour les malades qui auraient besoin de communier en Viatique. Cette réserve de la sainte Eucharistie sera déposée dans le tabernacle du reposoir et derrière le Calice qui contient la sainte Hostie réservée pour le lendemain.
103. – Le Reposoir sera décoré aussi magnifiquement que possible, orné de tentures blanches et rouges (et non de couleur noire ou violette), garni de fleurs et de cierges allumés, comme aux reposoirs de la Fête-Dieu ; il n’y aura ni reliquaires ni images de Saints ou de la Sainte Vierge.
104. – Après la Messe des présanctifiés, le Vendredi Saint, on enlève la réserve de la sainte Eucharistie, si on l’a placée la veille dans le tabernacle, on la porte sans solennité dans le tabernacle de la Sacristie ou d’une autre chapelle et on enlève tous les ornements qui décoraient la chapelle de l’exposition. C’est ainsi que le veut le Rit Romain.
105. – Mais si l’on considère la multitude de Fidèles qui se font un devoir de visiter ce jour-là le Saint-Sacrement au reposoir ; si, de plus, on réfléchit sur la fâcheuse impression que, par le fait, l’observation du Rit Romain a produite sur les fidèles lorsque, il y a deux ans, une paroisse de Paris crut devoir le suivre, on restera convaincu que le passage brusque du Rit Parisien au Rit Romain dans cette circonstance est absolument impraticable ; il faut donc préparer insensiblement les Fidèles. Aussi Son Eminence a ordonné de faire cette année comme les années précédentes ; c’est-à-dire de laisser la réserve de la sainte Eucharistie dans le tabernacle du reposoir jusqu’au Vendredi soir ou au Samedi matin, selon l’usage de chaque Eglise, et de déposer en outre sur un coussin l’image de N.S. en croix que les fidèles pourront baiser. Elle verrait aussi volontiers qu’il y eût quelque paroisse qui préparât deux chapelles : l’une pour le Jeudi-Saint, et l’autre pour le Vendredi. Cette dernière chapelle, n’ayant pas la réserve de la sainte Eucharistie qu’on aura placée la veille dans la sacristie, pourra être ornée de tentures noires et violettes et de tout ce qui est propre à rappeler la mort de Notre-Seigneur sur la Croix ; on y placera sur un coussin un Crucifix, que les Fidèles viendront adorer : et en outre on y fera, comme dans les autres Eglises, tous les exercices de piété en usage les années précédentes. L’essai que désire Son Eminence donnera vraisemblablement le moyen de connaître comment les années suivantes on pourrait insensiblement habituer les Fidèles au Rit Romain, sans diminuer en rien l’élan qui pousse à Paris des milliers de Fidèles à la visite des Eglises pendant ces deux jours[27].
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- Théoriquement, dans le rit romain, les six chandeliers de l’autel doivent monter en pointe vers la croix et donc ne pas être de la même auteur. L’usage contraire existe partout, y compris à Rome même. On pourra conserver aussi à Paris un nombre de chandeliers supérieur au six : le texte de l’instruction ne le précise pas, mais peut se déduire du point précédant. L’usage parisien plaçait fréquemment 12 chandeliers sur l’autel (c’est le cas de Saint-Eugène, qui pourtant célébra dès sa dédicace le rit romain et non pas le parisien dont la suppression avait déjà été décidée), voire 18 chandeliers (comme à Saint-Eustache).↵
- L’instruction note ici : “Cette obligation ne s’applique pas aux Tabernacles très-précieux et très-richement décorés ; à Rome, le tabernacle des quatre grandes basiliques de Saint-Jean de Latran, de Saint-Pierre, de Saint-Paul, de Sainte-Marie-Majeure, celui de l’église du Gesù et quelques autres n’ont pas de voile.” Les usages français prévoyaient des conopées accordés à la couleur liturgique du jour, comme les autres parements de l’autel. L’usage purement romain ne s’est du reste pas acclimaté dans notre pays.↵
- Dom Guéranger était parti en guerre au XIXème siècle contre l’usage français d’utiliser le noir aux offices et messes des morts pour la paramentique touchant de près au Saint-Sacrement : conopée, antepandium, pale et voile huméral étaient souvent en noirs dans les usages diocésains français. Si l’usage du conopée noir pour le tabernacle a fini par disparaître, celui de l’antepandium noir s’est maintenu un peu partout. L’article 6 reviendra sur la question des pales noires.↵
- Les chasubles parisiennes portent sur leur dos une croix assez caractéristique appelée du reste autrefois Croix parisienne, qui était du reste en usage un peu partout en France sauf à Lyon. L’usage romain strict ne connaît pas de croix sur le dos de la chasuble.↵
- L’instruction note ici : “Dans les églises où existe l’usage de ne prendre le camail qu’aux premières vêpres de la Toussaint, on pourra conserver cette coutume.”↵
- A Paris, les enfants de chœur portaient soutanelle rouge, surplis, calotte et ceinture rouges. cf. https://schola-sainte-cecile.com/2007/06/08/sortie-de-procession-par-turpin-de-crisse/↵
- L’usage pour les chantres de porter la chape – même s’ils sont laïcs, et même à la messe – est immémorial en France. Lorsque la plupart des diocèses français adoptèrent les livres romains au cours du XIXème siècle, l’indult autorisant la poursuite de cet usage s’est vu partout accordé, y compris dans le très ultramontain diocèse de Langres, fer de lance de l’adoption de l’usage romain en France. Voyez des chantres parisiens en chapes ici : https://schola-sainte-cecile.com/2007/06/08/sortie-de-procession-par-turpin-de-crisse/↵
- Tel était l’usage parisien, qui ne connaît pas le surplis pour les chantres. Voyez des chantres sans chapes en rochets sans manches ici : https://schola-sainte-cecile.com/2007/06/08/sortie-de-procession-par-turpin-de-crisse/↵
- La rédaction de cet article est sans doute incomplète (“ni pendant les Vêpres” manque peut-être à la fin). L’usage existait un peu partout en France que durant certaines pièces chantées, deux chantres “battent le chœur” (ou “se promènenent dans le chœur”), c’est à dire remontent en sens inverse les stalles du chœur, chacun de son côté, en tapant de leur bâtons cantoraux le pavé. Cela permettait de régler la mesure du chant (c’est l’origine de la baguette du chef d’orchestre !!!) et aussi de frapper tel clerc qui se serait permis de s’endormir dans sa stalle… 🙂↵
- L’instruction note ici : “On sait que cet usage date du règne de Louis XII qui, voyant son royaume attaqué de toutes parts par les puissances liguées contre lui, eut recours à Dieu pour réprimer leurs efforts, et demanda aux Evêques de faire chanter l’O salutaris hostia à l’Elévation.” En fait, l’instruction ignore que cet usage typiquement français est bien plus ancien : en effet, dès le XIVème siècle, une ordonnance du roi Charles V ordonnait le chant de l’O Salutaris à l’élévation de toutes les messes hautes du royaume. Le roi Louis XII en fait renouvela cette ordonnance et ajouta le chant de la strophe pour la France O vere digna Hostia, strophe qu’il avait composée à la suite d’un vœu fait au cours des guerres d’Italie. Cette décision fut alors entérinée par les évêques de France au cours de l’Assemblée du clergé de 1512. En France, les compositeurs de musique sacrée joignirent souvent l’O Salutaris au reste de l’ordinaire des messes qu’ils composaient en plain-chant musical ou en polyphonie ; Gounod est l’un des derniers témoins de cet usage au XIXème siècle pour Paris : la plupart de ses messes comportent encore l’O salutaris hostia. Notez que l’instruction précise bien que le chant de la strophe se fait pendant l’élévation et non après (on chantait souvent le Benedictus du Sanctus après l’élévation et donc après l’O salutaris hostia. Pour ma part, j’ai restauré cet ancien usage français d’abord à la direction du chœur du Pèlerinage de Chartres puis à Saint-Eugène, toutefois en faisant démarrer le chant après l’élévation. Il parait difficile pour l’heure de restaurer le chant de l’O salutaris hostia pendant l’élévation elle-même, tant l’observation du silence pendant la consécration s’est instaurée et ancrée fermement dans la pratique durant le XXème siècle.↵
- Notez l’usage des pupitres dans le rit parisien, alors qu’au romain le livre est tenu. Beaucoup de nos églises conservent encore ces pupitres, l’un orienté au Nord pour l’Evangile, l’autre au Sud pour l’Epître (voyez par exemple, ceux de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ou de Saint-Germain-L’Auxerrois). L’usage parisien prévoyait également la possible lecture de l’épître sur l’aigle. Notez que jamais cette lecture avait lieu face au peuple, conformément à l’ancien usage synagogal du béma.↵
- C’est une perte regrettable que l’antique cérémonie de l’offrande ait disparu de l’usage. Elle s’était maintenue assez fermement en France jusqu’au XIXème siècle, peut-être en raison du rôle important qu’elle avait dans l’ancienne liturgie des Gaules d’avant Charlemagne. Je ne l’ai vue réalisée qu’une seule fois à la campagne pour des funérailles dans les années 1990.↵
- On appelle Induts (du latin Indutum, revêtu) un clerc ou un laïc qui remplit une fonction qu’il ne possède pas (et en revêt donc les ornements, dalmatique ou tunique). L’usage de faire tenir la fonction de Diacre ou de Sous-Diacre par de pieux laïcs est ancien en France. Voici du reste la note de l’instruction sur ce point : “Nous n’avons pu trouver la date de l’introduction des Induts dans la Liturgie Parisienne. Le Missel de 1666 les mentionne comme servant à l’Eglise Métropolitaine. – Dans le diocèse de Reims, où Son Eminence le Cardinal Gousset les a conservés sous le nom de procédents, les Induts sont mentionnés dans les plus anciens Missels imprimés, notamment dans celui du Card. de Lorraine qui assista au Concile de Trente ; ils sont donc bien antérieurs à la Liturgie que Paris abandonne aujourd’hui (i.e, celle de Mgr de Vintimille, remontant à 1736-1738, note d’H. de V.) pour celle de l’Eglise mère et maîtresse de toutes les autres.”↵
- Donc lorsqu’on célèbre à un autel où le Saint Sacrement n’est pas conservé – idem pour l’article suivant. L’usage parisien employait plutôt l’inclination profonde. L’instruction se conforme au Romain pour les différents points énumérés, sauf le dernier (45. – 10°).↵
- En liturgie, on distingue deux marches du clergé : la procession – dans laquelle on marche du moins digne au plus digne – et le cortège – où l’on suit l’ordre inverse.
Depuis le Moyen-Age en France, on faisait avant la grand’Messe des dimanches et jours de fête une grande procession générale pendant laquelle on chantait des répons. Cette procession s’ouvrait par la Croix accompagnée des cierges des Acolytes. Le souvenir s’en ait conservé jusqu’à nos jours par la procession qui ouvre les messes dominicales en France. Le rit romain strict ignore ces cérémonies : le clergé se rend très simplement de la sacristie à l’autel par le chemin le plus court, la croix de procession n’est pas utilisée. L’instruction conseille de fait le maintien de cette procession solennelle, même si elle n’est pas très bien rédigée ici, puisqu’elle omet de parler de la Croix, alors qu’elle en parle dans l’article 50.↵ - L’instruction note ici : “S’il entrait pour la première fois il ferait d’abord une courte prière, et irait ensuite faire la génuflexion.”↵
- L’instruction note ici : “La Sacrée Congrégation des Rites (12 septembre 1857 ad 31 in Molin) prescrit le salut à ces derniers offices ; mais elle avait décidé, le 12 août 1854, qu’on n’est pas tenu de le faire dans les diocèses où il y a une coutume contraire ; c’est le cas où se trouve celui de Paris.↵
- Il y a de fait cinq positions pour les membres d’un Chœur : soit à genoux, soit debout tourné en Chœur (la moitié du Chœur fait face à l’autre), soit debout vers l’Autel (qu’il faut davantage entendre comme une position vers l’Orient et ne pas comprendre stricto sensu par une orientation physique vers l’Autel – l’usage parisien faisait que le clergé se tourne alors vers l’Orient liturgique, c’est la position des oraisons, souvenir de la prière antique qui était orientée ; notons que le maître-autel de Notre-Dame est assez éloigné des stalles), soit vers la Croix de l’Autel (pour les salutations), soit vers l’Evangile (vers le lieu physique où l’évangile et le second évangile sont lus). La règle est simple : on se tourne vers l’Autel dès que le Célébrant prie une oraison, en Chœur lorsqu’on chante ou qu’on est censé chanter en commun.
Par ailleurs, l’instruction note ici : “Quand le clergé est debout tourné en Chœur, ceux qui sont dans les stalles s’appuient sur la miséricorde excepté quand ils reçoivent l’eau bénite et l’encens, pendant les Cantiques évangéliques, le Confiteor, à Prime et à Complies, et quand on lit à Matines les paroles de l’Evangile qui précèdent l’Homélie.
Ceux dont les stalles sont tournées vers l’autel suivent la même règle ; ils ne s’appuient pas sur la miséricorde lorsque le Chœur est tourné vers l’autel.
On abaisse la stalle toutes les fois qu’on doit s’asseoir.↵ - L’instruction note ici : Les Chanoines peuvent s’asseoir dès que le dernier d’entre eux a été encensé, quoique le Chœur soit toujours debout. Il en est de même des Prêtres qui peuvent s’asseoir quand on encense les Clercs.↵
- L’usage prévalait encore de chanter le Benedictus après la consécration. Notons que cet usage a été rappelé encore en 1960 par la Congrégation des Rites comme étant la norme.↵
- Il s’agit bien entendu de toutes les oraisons qui sont précédées du dialogue Flectamus genua. Levate. En dehors de celles-ci, toutes les oraisons sont à genoux, y compris, par exemple, celles de l’absoute aux Messes des morts.↵
- Le chanoine Lesage, cérémoniaire de l’Archevêque de Paris, précise dans son Dictionnaire pratique de liturgie Romaine (Paris, 1952, article Agenouillement page 34) que ce grand agenouillement du canon aux Féries de pénitence et aux Messes de Requiem s’étend du Sanctus jusqu’au Pax Domini inclusivement.↵
- Les Quatre-Temps de la Pentecôte ayant été inclus dans le Temps pascal, la pénitence n’y est pas marquée. Par ailleurs, une règle antique remontant au Concile de Nicée de 325 interdit l’agenouillement durant tout le Temps Pascal, ainsi que les Dimanches.↵
- Voilà une stricte application du 20ème et dernier canon du saint Concile de Nicée de 325, premier concile œcuménique :
“Qu’il ne faut pas plier le genou aux jours de dimanche et au temps de la pentecôte.
Comme quelques-uns plient le genou le dimanche et aux jours du temps de la pentecôte, le saint concile a décidé que, pour observer une règle uniforme dans tous les diocèses, tous adresseront leur prières à Dieu en restant debout.”
Cette règle liturgique propose en fait d’honorer la résurrection du Christ (resurrexit signifiant il s’est levé ou il s’est tenu debout). Or chaque dimanche et pendant tout le Temps pascal, on fête la résurrection de Notre Seigneur.
La règle de Nicée subsiste en filigrane dans le rit romain, comme on peut le voir pour le chant de l’Antienne finale de la Sainte Vierge (notez que les mêmes rubriques s’appliquent aussi toujours pour la prière de l’Angélus). A partir du XVIème siècle, la règle posée à Nicée a eu tendance à s’oublier à Rome. La France l’a observée strictement plus longtemps, le rit parisien contenait des dispositions similaires en plus grand nombre.↵ - L’instruction précise ici : “Nous parlons ici de ce que doivent faire ceux qui assistent à ces Offices, et non des ministres qui servent à l’Autel.”↵
- De fait, pour le chandelier de Ténèbres, les commentateurs du rit romain prévoient que les 14 cierges représentant les disciples soient de cire jaune, mais que le 15ème cierge représentant le Christ soit de cire blanche ; l’usage de Paris a toujours été de n’y utiliser que 15 cierges de cire jaune. A ce propos le Cérémonial Parisien de Martin du XVIIème siècle témoigne qu’à Paris on suivait alors la tradition d’utiliser un chandelier de 13 cierges à Ténèbres. Le Cérémonial Parisien du cardinal de Noailles au XVIIIème siècle passe aux 15 cierges à Ténèbres.↵
- Pour comprendre cet ultime paragraphe, il faut savoir qu’un peu partout en Europe depuis le Moyen-Age, on procédait après la Messe des Présanctifiés à un ensevelissement symbolique du Christ au tombeau, en apportant le Saint-Sacrement dans une chapelle transformée en sépulcre. Lles nombreuses Mises au tombeau qu’on peut trouver dans les églises servaient à cette cérémonie : en général, la statue du Christ est creuse et s’ouvre pour pouvoir y déposer l’hostie consacrée. Le dimanche de Pâques, très tôt le matin, on chantait joyeusement les matines pascales puis on faisait une procession triomphale qui ramenait le Saint-Sacrement du sépulcre au tabernacle du maître-autel. Cette cérémonie, qui marquait la résurrection, existe toujours au rit dominicain (le rit byzantin procède lui aussi toujours à un ensevelissement du Christ aux vêpres du Vendredi Saint). Paris a connu par le passé de telles cérémonies, qui n’existaient pas dans le rit de la curie d’où est issu l’actuel rit romain. La suppression de ces manifestations de piété populaire posait donc problème au XIXème siècle, d’où la suggestion du cardinal Guibert.↵
“C’est une perte regrettable que l’antique cérémonie de l’offrande ait disparu de l’usage. Elle s’était maintenue assez fermement en France jusqu’au XIXème siècle, peut-être en raison du rôle important qu’elle avait dans l’ancienne liturgie des Gaules d’avant Charlemagne. Je ne l’ai vue réalisée qu’une seule fois à la campagne pour des funérailles dans les années 1990.”
Qu’entendez-vous par “offrande, s’il vous plait ?
Merci en tous cas pour cet article remarquable.
Au lieu que quelqu’un passe parmi les fidèles avec un panier pour leur demander des sous (couramment en français “faire la quête”), les fidèles allaient jusqu’à l’entrée du chœur en deux files, comme pour la communion et y donnaient leurs offrandes, qui longtemps furent des offrandes en nature (dont des cierges, du pain, du vin, etc…) et pas qu’en numéraire ; le clergé leur donnait à baiser l’instrument de paix (“baiser de paix”) en remerciement. En français ancien, on disait “aller à l’offrande”. Dans le rit romain, cela ne s’est conservé que pour les canonisations des saints, les sacres des évêques et les bénédictions des Abbés.