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Cérémonial Parisien 1662 – De la vigile, de la nuit et du jour de la Nativité du Seigneur

Après celui sur le temps de l’Avent, voici le chapitre relatif à Noël du Cæremoniale Parisiense publié en 1662 par le chanoine Martin Sonnet, avec une traduction française et quelques notes explicatives.

La Nativité - bandeau

PARS TERTIA.
De Vigilia, nocte & die Nativitatis Domini.
CAPVT II.
TROISIEME PARTIE.
De la vigile, de la nuit et du jour de la Nativité du Seigneur.
CHAPITRE II.
Et Verbum caro factum est, & habitavit in nobis.
Ioannis. cap. I. v. 14.
Et le Verbe s’est fait chair, & il a habité parmi nous.
Jean chap. I. v. 14.
6. Hora 7. vespertina pulsatur signum Salutationis Angelicæ. Hora octava datur primum Matutini signum. Hora nona incipiuntur Matutinæ, more annuali : in quibus Lectiones & Responsoria cantantur in cappis ad Ambonem. 6. A 7h du soir, on sonne le signal de la salutation angélique. A 8h, on donne le premier signal des Matines. A 9h on commence les matines, à la façon des annuels, dans lesquelles les leçons et les répons sont chantés en chapes à l’ambon.
Voici quelques indications précieuses sur les horaires (et donc la durée) des offices. L’Angelus est sonné à 7h du soir après les complies.

Les matines sont chantées selon le rite des fêtes annuelles (sous ce vocable est désigné les fêtes les plus importantes de l’année liturgique). Le chapitre XXIV de la première partie du Cérémonial parisien de 1662 renseigne sur la célébration solennelle des matines des fêtes annuelles, dont voici quelques éléments : ces matines annuelles sont précédées de cinq sonneries de cloches annonciatrices (la première sonnerie pour les matines de Noël commence donc à 20h) ; on doit allumer 12 cierges sur l’autel, on porte les chapes, le célébrant dans les paroisses doit porter également l’étole de la couleur de la fête ; le chant doit être grave ; le célébrant est accompagné de six chapiers qui se tiennent en ligne d’abord devant l’autel au milieu du chœur puis se séparent : les deux plus dignes des chapiers vont modérer les deux moitiés du chœur, tandis que les quatre autres restent en ligne à l’aigle au milieu du chœur pour chanter l’invitatoire ; l’orgue figure la première reprise de l’invitatoire, les quatre chantres en chapes chantent le premier verset du Psaume Venite exultemus et le chœur répète l’invitatoire, tandis que les deux premiers chantres en chapes déambulent pour modérer le chœur ; la suite des versets du psaume est distribué alternativement à deux chantres sur quatre ; l’orgue intervient aussi pour des alternances à l’hymne, figure le neume de la troisième antienne de chaque nocturne, alterne le troisième répons de chaque nocturne et le Te Deum final ; il y a encensement de l’autel pendant le chant de l’hymne ; les antiennes du premier nocturne sont entonnées par des enfants de chœur, celles du second nocturne par des chantres ou des chapelains, celles du troisième nocturne par des bénéficiers ou des prêtres anciens, celles des laudes par des chanoines ou les plus dignes après le célébrant ; les leçons sont chantées en chapes, chaque lecteur ne la prenant que pour remplir cette fonction ; les répons sont chantés par deux enfants de chœur en chape au premier nocturne, par deux chantres ou chapelains ou bénéficiers en chape au second nocturne, par deux chanoines ou bénéficiers ou prêtres parmi les plus anciens, en chape, au troisième nocturne. Toutefois le neuvième répons est toujours chanté à 4 (chanoines, ou chapelains prêtres parmi les plus anciens, ou par les quatre chantres en chapes qui ont chanté l’invitatoire – on peut faire de même pour le troisième et le neuvième répons dans les grandes églises).

7. Tres ultimæ Lectiones de Homilia in tria Evangelia cantantur a tribus Sacerdotibus in Choro dignioribus, in ornamentis Sacerdotalibus, hoc est, amictu, alba, cingulo, manipulo & casula albi coloris, cum Cruce, Ceroferariis, & Thuriferario, ac etiam cum Diacono & Subdiacono indutis Sacris Missæ vestibus : qui omnes tempore oportuno in Sacristia necessaria ornamenta induunt : ad quamlibet Homiliam mutantur ornamenta & officiarii, si fieri possit, secundum dignitatem & qualitatem eorum qui eas sunt cantaturi. 7. Les trois dernières leçons, tirées des homélies sur les trois évangiles, sont chantées par les trois plus dignes prêtres du chœur, en ornements sacerdotaux, c’est-à-dire, amict, aube, cordon, manipule et chasuble de couleur blanche, avec la croix, les céroféraires et le thuriféraire, et avec même le diacre et le sous-diacre vêtus des vêtements sacrés de la messe : tous ce sont revêtu à la sacristie des ornements nécessaire en temps opportun ; à n’importe laquelle homélie, on changera d’ornements et d’officiants, si cela peut se faire, selon la dignité et la qualité de ceux qui doivent les chanter.
Les trois dernières leçons des matines des fêtes (et la fête de la Nativité n’y déroge pas), sont constitués d’un premier verset de l’évangile suivis d’une homélie d’un Père de l’Eglise sur cet évangile.

Traditionnellement, après la neuvième leçon et le neuvième répons, l’usage antique et médiéval (que les Bénédictins ont conservé) faisait suivre le chant solennel d’un évangile par le célébrant (à Noël, il s’agissait de l’évangile de la Généalogie du Christ selon saint Matthieu). Le rit parisien a perdu au cours du XVIIème siècle le chant de cette généalogie, par volonté d’alignement progressif sur les livres tridentins opéré par trois générations d’évêques issus de la famille italienne de Gondy : supprimé dans le Bréviaire parisien de 1653, ce chant de la généalogie de Noël sera rétabli en 1736 à Paris.

Notez que le diacre et le sous-diacre ont déjà revêtu les ornements de la messe de minuit pour le troisième nocturne des matines. C’est un usage médiéval courant qui voulait que le prêtre et ses ministres qui allaient célébrer la messe de minuit assistassent avec leurs ornements à tout l’office des matines.

8. Celebrans cantata ultima Lectione descendit cum ministris de Ambone & vadit ad sedem suam in faldistorio prope maius Altare a parte Epistolæ præparato, ubi sedet cum suis officiariis, factis prius Altari inclinationibus mediocriter, interim cantatur ultimum Responsorium, & cum idem repetitur, primus Chorista ad eum accedit, & flexis genibus annuntiat Te Deum laudamus. Finito Responsorio Celebrans intonat Te Deum laudamus, ad quem stat cum ministris, quo finito accedit ad Altare, & incipit primam Missam in media nocte de more, quæ Celebratur more annuali, ut in Missali habetur. 8. Le célébrant, une fois chantée la dernière leçon, descend avec ses ministres de l’ambon et va à son siège au faldistoire, proche de l’autel majeur, préparé côté Epître, où il s’assoit avec ses officiers, ayant fait d’abord une inclinaison médiocre à l’autel, tandis qu’est chanté l’ultime répons, & lorsque celui-ci est répété, le premier choriste s’approche de lui, et à genoux lui annonce le Te Deum laudamus, pour lequel il se tient debout avec ces ministres, lequel fini, il s’approche de l’autel et commence la première messe de minuit, selon l’usage, qu’il célèbre de façon annuelle, comme il est marqué dans le missel.
Fait marquant de la tradition parisienne, les matines ne s’achèvent pas par l’oraison ni le Benedicamus Domino mais s’enchaînent directement avec la messe de minuit après le chant du Te Deum.

La banquette est inconnue à Paris, le célébrant est assis sur un fauteuil (faldistoire) même s’il n’est que simple prêtre et ce fauteuil est encadré de deux petits sièges ou tabourets pour ses ministres.

Noter aussi que l’intonation du Te Deum qui clôt les matines revient au célébrant, comme au rit romain.

La messe de minuit est célébré selon le rite dit annuel. En voici quelques éléments saillants : la messe est annoncée par cinq sonneries de cloches ; l’autel est orné des parements les plus précieux, y sont déposé le Missel parisien, l’Evangéliaire et l’Epistolier, deux instruments de paix ; deux choristes en chapes modèrent le chœur ; le chant doit être très grave, si possible en musique ou en contrepoint ; l’orgue peut figurer les versets impairs de l’ordinaire de la messe ; l’Alleluia et son verset est chanté par quatre chanoines, bénéficiers, prêtres chapelains ou chantres, au milieu du chœur, revêtu de chapes qu’ils prennent pour accomplir ce rit et déposent ensuite ; le plus ancien des enfants de chœur porte la croix en chape à l’entrée, à l’évangile et à la sortie ; l’évangile qui a été chanté est non seulement baisé par le célébrant, mais le sous-diacre, une fois chanté l’Et incarnatus est du Credo, porte l’évangile à baiser à tous les membres du clergé présent, accompagné du thuriféraire qui encense ensuite chaque clerc ayant baisé l’évangile ; lorsque commence le Sanctus, le plus ancien des enfants de chœur se revêt du soc (sorte de chape mise à l’envers) pour tenir la patène.

A suivre.

Cérémonial Parisien 1662 – Du temps de l’Avent, et des fêtes occurrentes

Pour une meilleure connaissance à titre documentaire de l’ancien rit parisien, et en commençant par le temps de l’Avent, nous publierons les différents chapitres du Cæremoniale Parisiense publié en 1662 par le chanoine Martin Sonnet, avec une traduction française et quelques notes explicatives.

Martin Sonnet - Le temps de l'Avent

PARS TERTIA.
De Tempore Adventus, & Festis
in eo occurrentibus.
CAPVT PRIMVM.
TROISIEME PARTIE.
Du Temps de l’Avent, & des fêtes
qui y surviennent.
CHAPITRE PREMIER.
Rorate cœli desuper, & nubes pluant iustum : aperiatur terra, & germinet salvatorem.
Esaiæ cap. 45. v. 8.
Répandez, ô cieux, votre rosée, et vous nuées, faites pleuvoir le Juste.
Isaïe chap. 45. v. 8.
ADVENTUS Domini semper inchoatur Dominica proximiore festo sancti Andreæ, vel ipso die S. Andreæ si occurrat in Dominica. Huius temporis Officium partim lætitiæ est, & ideo dicitur Alleluya, in Dominicis, & in Antiphonis : partim mœroris, & ideo omittitur Hymnus Te Deum, & Hymnus Angelicus Gloria in excelsis. L’Avent du Seigneur est toujours commencé le dimanche le plus proche de la fête de saint André, ou le jour même de saint André, s’il tombe le dimanche. L’office de ce temps est en partie [un temps] de joie, et pour cette raison on dit l’Alléluia, les dimanches et dans les antiennes, en partie [un temps] d’affliction, et pour cette raison on omet l’hymne Te Deum, et l’hymne angélique Gloria in excelsis.
Jusque là, tout est commun avec le rit romain. Comme le note incidemment Sonnet et comme le pratique le rit romain, l’Alleluia n’est chanté à la messe que le dimanche, il est de ce fait omis lorsque la messe dominicale est reprise en semaine.
2. Dominica prima Adventus, Initium est anni Ecclesiastici & omnium Festorum vel Officiorum, quare est duplex maius & Dominica primæ Classis, ideoque quodlibet Festum in ea occurentes transfertur semper, & habet primas & secundas Vesperas super Festum S. Andreæ Sabbato vel Feria secunda occurens. 2. Le premier dimanche de l’Avent est le commencement de l’année ecclésiastique & de toutes les fêtes et offices, c’est pourquoi il est double majeur et dimanche de première classe, et c’est pour cette raison qu’on transfère toute fête qui y surviendrait, et qu’il possède des premières et secondes fêtes, qui surpassent [celles] de la fête de saint André qui surviendrait un samedi ou un lundi.
Dans le Missel romain de saint Pie V, le premier dimanche de l’Avent est un dimanche semi-double de première classe. Tant au romain qu’au parisien, ce dimanche ne possédait pas réellement de premières vêpres complètes : depuis le haut Moyen-Age, on chantaient en effet d’abord les antiennes fériales du samedi soir puis l’Avent ne commençait véritablement qu’à partir du capitule. La réforme de saint Pie X de 1911 a modifié cet usage antique et universel en reprenant les antiennes des laudes pour les cinq psaumes de ces nouvelles premières vêpres (lesdits psaumes étant aussi modifiés). Contrairement au parisien, dans les rubriques romaines tridentines, les vêpres du premier dimanche de l’Avent cédaient face à celles de saint André tombant un samedi ou un lundi, on faisait alors mémoire du dimanche, et ce jusqu’aux réformes de 1955 (le rit romain suit depuis lors ce que faisait autrefois Paris).
3. Per totum Adventum Color albus, in omnibus Dominicis & Feriis, in Festis vero Color conveniens : prout notatur in Missali Parisiensi cap. 18. de coloribus paramentorum. 3. Pour tout l’Avent [on use de] la couleur blanche pour tous les dimanches et féries, mais pour les fêtes [on use] de la couleur convenable, selon ce qui est noté dans le Missel parisien au chapitre 18 : de la couleur des parements.
Cet usage parisien du blanc pendant l’Avent – à la place du violet que notent les livres romains – pourra vivement surprendre. Un élément de réponse se déduit de l’observation suivante : le Processionnal parisien utilise la grande antienne Missus est Angelus Gabriel pour la procession qui précède la grand-messe dominicale, dès le premier dimanche de l’Avent et pour les trois suivants. L’Avent parait dès lors conçu dans son ensemble comme une vaste célébration des mystères de l’Annonciation et de l’Incarnation, d’où Paris a probablement déduit la couleur blanche pour tout ce temps liturgique.
4. Vesperæ in Sabbato cantantur graviter eodem plane modo, quo & in Festis Solemnibus : cæteri Ritus observantur tam ad Vesperas, Matutinum cum Laudibus, quam ad Missam, ut in Festis Duplicibus maioribus. Hymni Vesperarum, Matutini, & Laudum cantantur graviter, similiter & Responsoria brevia horarum per totum Adventum. 4. Les vêpres du samedi sont chantées gravement, de la même façon intelligible qu’aux fêtes solennelles. Les autres rites sont observés, tant aux vêpres, aux matines avec les laudes, qu’à la messe, comme aux fêtes doubles majeures. Les hymnes des vêpres, matines et laudes sont chantés gravement, et de même les répons brefs des heures pendant tout l’Avent.
C’est une tradition constante dans l’Eglise latine de chanter plus lentement et plus gravement les offices les plus solennels.
Les premières vêpres du dimanche, chantées le samedi soir, sont ici indiquées comme les offices les plus solennels de l’Avent parisien. Cette dignité leur vient de la plus haute antiquité, lorsqu’il n’y avait encore pas encore de secondes vêpres, et que tous les jours liturgiques s’ouvraient la veille par l’office des vêpres. Les autres offices de l’Avent parisien sont chantés selon une dignité moindre. Ces deux degrés d’offices sont marqués par de menus détails : des sonneries de cloches différentes (5 sonneries solennelles / 3 sonneries), le nombre de cierges sur l’autel (douze cierges / six cierges), l’ornement du célébrant (il porte une étole / il n’en porte pas), l’usage de la polyphonie, du contrepoint et des faux-bourdons (les premier, troisième et cinquième psaumes, l’hymne et le Magnificat peuvent se chanter en musique ou en faux-bourdon, et le répons en contrepoint / le Magnificat seul est chanté en faux-bourdon), la façon d’entonner les antiennes (par les chanoines, les prêtres, les bénéficiers, les chapelains ou les chantres / par les chantres et les bénéficiers), le chant des répons (par quatre chantres en chape/par deux choristes), les encensements (par le célébrant et un prêtre assistant puis par deux thuriféraires, le peuple et la nef sont encensés / par le célébrant puis par un seul thuriféraire, le peuple et la nef ne sont pas encensés), le collectaire (on le présente au célébrant / on ne le présente pas), les stations (on en fait une en l’honneur de la Sainte Vierge / on n’en fait pas).
5. Ad Completorium, post Orationem Antiphonæ Alma, quæ dicitur etiam ad Laudes usque ad Purificationem inclusive, cantatur sexdecies NOEL, sub cantu Conditor, Celebrante antera inchoante, ut in Directio Chori Parisiensis habetur. Quod observatur quotidie usque ad diem vigesimum tertium Decembris inclusive, tam in officio de tempore quam de Sanctis. Hodie sero clauduntur Nuptiæ. A complies, après l’oraison de l’antienne Alma, qu’on dit de même à laudes jusqu’à la Purification incluse, on chante seize NOEL, sous le chant de Conditor, le célébrant l’ayant précédemment entonné, comme on le trouve dans le Directoire de chœur parisien. Ce qui s’observe chaque jour jusqu’au 23 décembre inclus, tant à l’office du temps qu’à celui des saints.
Le chant de seize Noël sur le ton de l’hymne de l’Avent, Conditor alme siderum, représente un vieux témoignage de la simplicité des sentiments des chanoines et probablement un souvenir des danses sacrées qu’ils accomplissaient dans les chœurs des cathédrales françaises au Moyen-Age. Voici comment ce chant pour le moins curieux est noté et rythmé dans le Directorium Chori Parisiensis édité en 1656 par les soins du même chanoine Martin Sonnet et qui précise que Noël est une contraction d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous :
Noel Noel : aux complies parisiennes du Temps de l'Avent
Le Cæremoniale Parisiense ne le précise pas, mais le Directorium Chori Parisiensis indique que tout le clergé chante aussi à la fin des laudes, après l’oraison de l’antienne de la Sainte Vierge, trois NOEL (et non seize) en “fleurtis” (ou chant sur le livre, c’est à dire une polyphonie improvisée), en contrepoint ou en polyphonie à quatre voix. Il indique que quelques églises chantent à complies de la même façon trois NOEL au lieu des seize NOEL chantés sur le chant ci-dessus.
6. Ad Matutinum, prima Lectio (quæ est Præfatio S. Hieronimi Presbyteri ad Paulam & Eustichium in Translationem Esaiæ ex Hebraica veritate, quæ etiam sic incipit. Nemo cum Prophetas versibus viderit esse descriptos, &c, cantatur ad aliqua dignitate, vel ab antiquo Canonico, vel antiquo Sacerdote ad aquilam Chori ; Hæc prima Lectio habetur in sacris ante Prophetiam Esaiæ : pro secunda autem Lectione cantabuntur duæ priores Lectiones Breviarii de initio Esaiæ Prophetæ ad modum unius, more solito, ut fit un Ecclesia Metropolitana Parisiensi. 6. A matines, la première leçon (qui est la Préface de saint Jérôme, prêtre, à Paule et Eustochium, de la traduction d’Isaïe faite depuis la vérité hébraique, et qui commence ainsi : Il ne faut pas s’imaginer que les livres des Prophètes sont écrits, etc… Elle est chantée par quelque dignité, ou par un ancien chanoine, ou un ancien prêtre, à l’aigle du chœur ; cette première leçon est mise dans les Livres Sacrés avant le Prophète Isaïe. Mais pour la seconde leçon, on chante les deux premières leçons du bréviaire, le début du Prophète Isaïe, comme une seule, selon l’habitude, ainsi qu’il est fait dans l’Eglise Métropolitaine des Parisiens.
Traditionnellement, le Prophète Isaïe est lu aux matines du temps de l’Avent, dans le rit romain et ses dérivés, en commençant la lecture du début du livre au trois premières leçons du premier nocturne du premier dimanche de l’Avent. Si le Bréviaire parisien découpe ces trois premières leçons exactement comme le romain (première leçon : Isaïe I, 1-3, seconde leçon : Isaïe I, 4-6, troisième leçon : Isaïe I, 7-9), le Cérémonial témoigne de l’usage qui s’était introduit (à Notre-Dame du moins, et manifestement dans les autres églises du diocèse) de chanter d’abord la Préface au Livre d’Isaïe, souvent présente dans les éditions imprimées de la Vulgate en tête du livre de ce prophète, et qui est une lettre de saint Jérôme à sainte Paule et à sa fille sainte Eustochium. Conséquemment à l’introduction de cette nouvelle lecture, la seconde leçon réunit les six versets des deux anciennes premières leçons d’Isaïe en une seule (Isaïe I, 1-6).
7. Primum Responsorium, Aspiciens a longe cantatur à D. Cantore vel ab antiquo Canonico, vel antiquiore Sacerdote in stallo dignitatis, & sub finem primæ Lectionis illud annuntiat chorista eiusdem lateris Sacerdoti cantaturo. Hoc responsorium cantatur solemniter lentè & mensura gravi, ac etiam tres eius versus, Qui regnaturus. Qui regis, & Tollite portas, cum Gloria Patri. Deinde repetitur idem responsorium ab eodem Sacerdote. Reliqua de more. Nonum Responsorium tamen, Lætentur Cœli, reintonatur à celebrante post Gloria Patri, annuntiatumprius eidem Celebranti à Chorista eiusdem lateris, quod in reiteratione cantatur solemniter, lentè & mensura gravi loco Te Deum. Hoc semper observatur quotiescumque omisso Te Deum, eius loco reincipitur nonum Responsorium post Gloria Patri : in omnibus Dominicis, nempe Adventus, & à Dominica Septuagesimæ usque ad Pascha in Officio de tempore, & in Festo Ss. Innocentium, nisi in Dominica acciderit. 7. Le premier des répons, Aspiciens a longe, est chanté par Monsieur le Chantre, ou par un ancien chanoine, ou par un prêtre plus ancien dans une stalle de dignité, et vers la fin de la première leçon, le choriste [placé] du même côté que le prêtre qui doit chanter le lui annonce. Ce répons est chanté solennellement, lentement et d’une mesure grave, et de même ses trois versets Qui regnaturus, Qui regis, & Tollite portas, avec le Gloria Patri. Ensuite ce même répons est répété par le même prêtre. Le reste selon l’habitude. Le neuvième répons cependant, Lætentur Cœli, est ré-entonné par le célébrant après le Gloria Patri, cela lui ayant été d’abord annoncé par le choriste qui est de son côté, cette répétition est chantée solennellement, lentement et d’une mesure grave, à la place du Te Deum. Cela s’observe toujours toutes les fois que le Te Deum est omis, et qu’à sa place on ré-entonne le neuvième répons après le Gloria Patri : à savoir tous les dimanches de l’Avent, et du dimanche de la Septuagésime jusqu’à Pâques à l’office du temps, et en la fête des Saints Innocents, sauf si elle tombe un dimanche.
Pièce célèbre de tout le répertoire grégorien, le célébrissime répons Aspiciens a longe, premier des neuf répons des matines du premier dimanche de l’Avent, est tout particulièrement remarquable avec ses quatre versets et ses différentes réclames, son chant est de ce fait entouré de la plus grande solennité.
Contrairement au rit romain, l’usage parisien a conservé le neuvième répons pour toutes les matines des dimanches et fêtes (les livres romains ont fait disparaître les neuvièmes répons et ont mis à sa place le Te Deum. L’usage parisien a gardé la disposition primitive : le neuvième répons est suivi du Te Deum). En raison de la suppression du Te Deum les jours de pénitence, le Cérémonial parisien demande que la dernière reprise du répons soit lente, afin de tenir lieu du Te Deum.
Notons que le neuvième répons du rit parisien pour le premier dimanche de l’Avent (Lætentur Cœli) n’existe plus au premier dimanche de l’Avent dans les livres romains tridentins.
8. Hora Nona Matutina in Choro sanctæ ac Metropolitanæ Parisiensis Ecclesiæ, D. Canonicus Theologus sermocinaturus est. 8. A neuf heures du matin dans le chœur de l’Eglise sainte et métropolitaine des Parisiens, M. le Chanoine Théologal prêchera.
Le IIIème Concile de Latran, Xème concile œcuménique tenu en 1179, avait institué dans chaque chapitre de cathédrale la fonction de chanoine théologal, qui avait pour mission d’instruire le clergé & les enfants pauvres, en particulier en prêchant et en enseignant publiquement la théologie et l’Ecriture Sainte dans l’église cathédrale.
9. In Missa maiori, Diaconus & Subdiaconus utuntur Dalmatica & Tunica, more solito, quia est duplex, quod observatur in omnibus aliis Dominicis Adventus, quæ sunt duplices. 9. A la grand’messe, le diacre et le sous-diacre usent de la dalmatique et de la tunique, comme d’habitude, parce que [ce dimanche] est double, ce qu’on observe pour tous les autres dimanches de l’Avent, qui sont doubles.
Contrairement au rit romain qui utilise les chasubles pliées comme vêtement du diacre et du sous-diacre pendant l’Avent, le rit parisien conserve les dalmatique et tunique habituelles. La raison évoquée est la grande dignité dans le rang des fêtes des quatre dimanches du temps de l’Avent. Comme on le verra ci-après, les chasubles pliées sont en usage lors des féries de semaine du temps de l’Avent.
10. In Dominicis & Feriis Adventus dicuntur tres Orationes, secunda de Beata, Deus qui de Beata Maria. Tertia pro Ecclesia Ecclesiæ tuæ. In Festis autem secunda Oratio de Adventu. Tertia de Beata, & omittitur, Ecclesiæ tuæ. Non dicitur Gloria in excelsis, per totum Adventum : In Dominicis dicitur Credo, in Feriis non dicitur. In Missa de tempore Adventus, dicitur semper Benedicamus Domino 10. Les dimanches et féries de l’Avent, on dit trois oraisons, le seconde de la Bienheureuse [Vierge Marie], Deus qui de Beata Maria, la troisième pour l’Eglise Ecclesiæ tuæ. Mais les [jours de] fêtes, la seconde est de l’Avent, la troisième de la Bienheureuse [Vierge Marie], et l’on omet Ecclesiæ tuæ. On ne dit pas le Gloria in excelsis pour tout l’Avent ; mais les dimanches, on dit le Credo, que l’on ne dit pas les féries. A la messe du temps de l’Avent, on dit toujours Benedicamus Domino.
Les règles ici énoncées sont rigoureusement les mêmes que celles qui étaient dans les éditions tridentines des livres romains.
Selon l’ancien usage remontant au moins au Moyen-Age, on ajoutait très souvent d’autres oraisons aux trois oraisons de la messe du jour, savoir la collecte, la secrète et la postcommunion. Tout cela fut aboli par les nouvelles rubriques de 1960 et par le Missel romain de 1962, vraisemblablement pour rechercher des gains de temps sur la durée totale de la messe. On regrettera la suppression de ces anciennes oraisons car elles orientaient la prière des fidèles sur des intentions de prières souvent concrètes et précises. La disparition de ces intentions de prières particulières créa un appel d’air que l’on tenta maladroitement de combler bien plus tard par la création des prières dites universelles.
A la fin de la messe, l’Ite missa est remplacé par Benedicamus Domino comme à chaque fois que le Gloria in excelsis Deo n’est pas chanté à la messe.
11. Feria secunda post Dominicam primam Adventus, & aliis Feriis usque ad Nativitatem Domini, Per totum Adventum dicuntur preces feriales ad omnes horas flexis gentibus. Ad Benedictus & ad Magnificat cantantur Antiphonæ propriæ capitula & Responsoria Brevia horarum dicuntur ut in Psalterio, tempore Adventus. Ad minores horas tantum dicuntur Antiphonæ Dominicæ præcedentis per Hebdomadam quarta prætermissa, quando fit de Feria, nisi assignentur propriæ. Non cantatur Officium parvum usque post Purificationem, nec fiunt Commemorationes communes de Cruce, de Ss. & de pace ab hac die usque post octavam Epiphaniæ, & in majori Missa, non cantatur Alleluya, nec versus ejusdem : Diaconus & Subdiaconus in minoribus Ecclesiis non utuntur Dalmatica nec Tunica, sed Albis, manipulis & stola induti ministrant : In magnis autem Ecclesiis Collegiatis & Parochialibus, in quibus magnus & notabilis est Canonicorum, Beneficiatorum, & Sacerdotum Officiariorum numerus, Diaconus & Subdiaconus utuntur Planetis transversus super humeros & stola latiori, more Ecclesiæ Metropolitanæ : quam planetam Subdiaconus antequam de altari accipiat librum Epistolarum ad cantandum Epistolam decenter deponit in cornu Altaris a parte Epistolæ, & cantata Epistola, depositoque libro super Altare eam resumit, ut prius. 11. Le lundi après le premier dimanche de l’Avent, & aux autres féries jusqu’à la Nativité du Seigneur, pendant tout l’Avent on dit les prières fériales à toutes les heures en fléchissant les genoux. Au Benedictus & au Magnificat on chante les antiennes propres, le capitule et le répons bref des heures comme au Psautier, au temps de l’Avent. Aux petites heures seulement on dit les antiennes du dimanche précédent, en négligeant de le faire pour la quatrième semaine, lorsqu’on fait [l’office de] la férie, si il n’en est pas assigné de propres. On ne chante pas le Petit Office [de la Sainte Vierge] jusqu’après la Purification, ni ne fait les commémoraisons communes de la Croix, des Saints et de la paix, depuis ce jour jusqu’après l’octave de l’Epiphanie, et à la grand’messe, on ne chante ni l’Alléluia ni son verset ; le diacre et le sous-diacre, dans les plus petites églises, n’usent point de la dalmatique ni de la tunique, mais ils servent revêtus en aubes, manipules et étole ; mais dans les grandes églises collégiales ou paroissiales, dans lesquelles grand et notable est le nombre des chanoines, bénéficiers et prêtres officiants, le diacre et le sous-diacre utilisent les chasubles transverses sur les épaules & l’étole large, à la façon de l’Eglise métropolitaine : le sous-diacre – avant de recevoir le livre des épîtres pour chanter l’épître – dépose convenablement ladite chasuble au coin de l’autel du côté de l’épître, et, l’épître chantée et le livre déposé sur l’autel, il la remet comme auparavant.
On notera la suppression du petit office de la Sainte Vierge jusqu’au 2 février dans l’usage de Paris.
Les chasubles pliées sont donc en usage pendant les féries de l’Avent à Paris (mais pas les dimanches, qui ont rang de fêtes doubles, cf. supra n°9). Le Cérémonial rappelle un usage très ancien, savoir que le diacre et le sous-diacre peuvent toujours servir en aubes et étoles, notablement pour les petites églises. Ce même rappel se trouve également dans les rubriques du Missel romain de saint Pie V (De qualitate paramentorum tit. XIX, n. 6, 7. “Dans les petites églises, en ces jours de jeûne, ils accomplissent leurs fonctions revêtus simplement de l’aube : le sous-diacre avec le manipule, le diacre portant aussi l’étole sur l’épaule gauche pendant sous le bras droit.”
L’usage de la chasuble pliée par le sous-diacre parisien est tout à fait similaire au romain : il la dépose – comme le diacre – lorsqu’il fait une fonction particulière, à savoir le chant de l’épître. Pour le rit romain, cf. Pio Martinucci, Manuale sacrarum Cæromoniarum, chap. VI, n°14 : “Si les ministres portent la chasuble pliée, le premier acolyte se lèvera durant la dernière collecte avant l’épître et retirera la chasuble pliée du sous-diacre, puis celui-ci recevra le livre, chantera l’épître, et baisera la main du célébrant ; après qu’il a rendu le livre, il revêtira de nouveau la chasuble pliée – soit près de l’autel, soit à la crédence – et transférera du côté de l’évangile le missel avec son coussin ou pupitre.”
12. Similiter & Diaconus suam planetam deponit antequam accipiat de Altari sacrum Evangeliorum codicem, in cornu Altaris, a parte Evangelii, quam non resumit nisi post Communionem celebrantis, immediate antequam deferat Missale celebrantis ad cornu Epistolæ : stola latiori autem idem Diaconus se induit cum aliis ornamentis super aliam stolam communem & ordinariam, qua stola latiori se etiam cingit & nodat super axillam sinistram. 12. Et de même le diacre dépose sa chasuble avant de recevoir à l’autel le livre sacré des Evangiles, au coin de l’autel du côté Evangile, laquelle il ne reprendra qu’après la communion du célébrant, immédiatement avant de rapporter le Missel du célébrant au coin de l’Epître : mais le diacre se revêt alors de l’étole large, avec les autres ornements, au dessus de l’autre étole commune & ordinaire, laquelle étole large il se ceindra et nouera sous l’aisselle gauche.
Rappelons qu’en liturgie, le côté Evangile désigne la partie gauche d’un autel, le côté Epître sa partie droite (quand on le regarde depuis la nef).
Comme pour le sous-diacre, l’usage parisien de la chasuble pliée du diacre est totalement similaire à l’usage romain. Comme étudié dans l’article de ce site sur les chasubles pliées, le diacre roulait initialement sa chasuble, en y faisant parfois un nœud, comme le représente cette gravure tirée de l’Explication simple, littérale et historique des cérémonies de l’église, Volume 2, planche VII p. 315 de Dom Claude de Vert, osb (Paris, 1708)

Diacre portant la chasuble roulée pour chanter l'évangile.
Diacre portant la chasuble roulée pour chanter l’évangile.

Par la suite, pour simplifier cette action de rouler la chasuble transversalement, on remplaça l’ornement par un nouvel destiné à l’évoquer : l’étole large (stola latiori).
13. Feriæ Adventus sunt majores, de quibus fit Officium aut saltem commemoratio, quocumque Festo in iis occurrente, similiter & de dominicis, de quibus fit semper Officium, nisi occurrat Festum Patroni, Titularis & Dedicationis Ecclesiæ in secunda, tertia, & quarta Dominicis, tunc enim fieret Officium de hujusmodi Festo cum commemoratione Dominicæ semper. Sabbati diebus licet Officium fiat de Feria, Missa tamen cantatur de Beata Maria Rorate cœli, cum Gloria in excelsis, in qua secunda oratio erit de feria, & tertia de Sancto Spiritu. 13. Les Féries de l’Avent sont majeures, desquelles on fait l’office ou du moins la commémoraison, quelque soit la fête qui leur est occurente, et de même pour les dimanches, dont on fait toujours l’office, sauf si survient la fête du patron, du titulaire et la dédicace de l’église le second, troisième et quatrième dimanche, alors en effet serait fait l’office de ladite fête toujours avec commémoraison du dimanche. Les samedis, il est permis que l’office soit de la férie, cependant on chante la messe de la Bienheureuse Marie, Rorate cœli, avec Gloria in excelsis, en laquelle la seconde oraison sera de la férie, & la troisième du Saint-Esprit.
Les règles parisiennes sont ici parfaitement similaires au règles romaines, sauf sur un point : seule la fête du patron, du titulaire ou de la dédicace de l’église passe devant les second, troisième et quatrième dimanche de l’Avent à Paris (alors que ces trois dimanches cèdent devant une fête double de première classe au Missel romain de saint Pie V).
14. De vigiliis sancti Andreæ & sancti Thomæ nihil fit in Officio, nisi Missa quæ cantatur de vigilia cum commemoratione Adventus, nisi in vigilia S. Thomæ in quatuor temporibus occurrente, tunc enim de eadem fit tantum commemoratio in Missa. 14. Aux vigiles de saint André et de saint Thomas, rien n’en est fait à l’office, si ce n’est la messe qui est chantée de la vigile avec commémoraison de l’Avent, si ce n’est lorsque la vigile de saint Thomas tombe aux Quatre-Temps, alors en effet il n’est fait seulement commémoraison d’elle à la messe.
Les vigiles des fêtes des apôtres saint André (vigile le 29 novembre, fête le 30 novembre) et saint Thomas (vigile le 20 décembre, fête le 21 décembre) sont des jours de jeûnes et de pénitence préparatoire à ces fêtes majeures. Seule la messe en est chantée à Paris, avec mémoire de l’Avent, sans célébration ni mémoire de la vigile à l’office divin. A Paris, les Quatre-Temps priment sur la vigile de saint Thomas. Les rubriques du Missel de saint Pie V prévoient comme à Paris la mémoire de la férie aux vigiles tombant durant le temps de l’Avent et permettent de ne pas dire l’office de la vigile.
15. Nona cantatur post Missam ante prandium in omnibus feriis Adventus quando fit de Feria, Ideo Missa maior cantatur post sextam. Quando autem fit de aliquo Festo Duplici aut semiduplici, nona cantatur hora solita post prandium. 15. None est chantée après la messe avant le repas à toutes les féries de l’Avent, quand on fait de la férie, donc la grand’messe est chantée après sexte. Mais quand on fait d’une quelconque fête double ou semi-double, none est chantée à l’heure habituelle après le repas.
Le temps de l’Avent est un temps de jeûne. Cet article 15 rend compte de la survie de la discipline antique des premiers chrétiens jusqu’au XVIIème siècle : cette discipline antique du jeûne implique qu’on ne prenne rien avant la communion à la messe du jour. Les jours où on ne jeûne pas, la messe était célébrée après l’office de tierce (9h du matin) et donc avant celui de sexte (12h) (et donc on rompt le jeûne après sexte, vers midi) : les jours de jeûne, l’horaire de la messe était différé dans l’après-midi, entre sexte et none (donc entre midi et 15h selon nos horaires actuels) et on rompait le jeûne ensuite (durant le Carême, le jeûne était plus rigoureux que durant l’Avent, donc la messe était encore reculée, entre none et vêpres). Cette discipline ascétique était observée les jours de semaine (féries), mais pas le dimanche (car on ne jeûne jamais le jour où l’on célèbre chaque semaine la résurrection du Christ) ni les jours de fêtes doubles ou semidoubles. Insensiblement au cours des temps, on garda cette discipline, mais “l’astuce” consista à changer les horaires : on gardait la règle (la messe chantée entre sexte et none puis le déjeuner, mais il suffisait d’avancer l’office de sexte, la messe et l’office de none au matin pour continuer de déjeuner à l’heure habituelle…
16. In festis occurrentibus per Adventum dicitur Gloria in excelsis, adhibetur Color conveniens Albus vel rubeus pro qualitate festi, & in Missa maiori Diaconus & Subdiaconusn utuntur Dalmatica & Tunica. Item semper fit commemoratio de feria Adventus quæ procedit commemorationem festi commemorationis & Missæ, si tale occurrat : sed non legitur Evangelium Feriæ in Missa præterquam Evangelium feriæ quatuor temporum & vigiliæ S. Thomæ occurrentis extra quatuor tempora. 16. Aux fêtes occurrentes pendant l’Avent, on dit le Gloria in excelsis, on utilise la couleur convenable, blanche ou rouge selon la qualité de la fête, & à la grand messe le diacre & le sous-diacre usent de la dalmatique et de la tunique. De même on fait toujours la mémoire de la férie de l’Avent qui suit la mémoire de la fête commémorée & de la messe, si une telle [rencontre] survient ; mais on ne lit pas l’évangile de la férie à la messe, sauf l’évangile de la férie des Quatre-Temps et de la vigile de saint Thomas survenant hors des Quatre-Temps.
Rien de notablement différent avec l’usage romain ici. Pour mieux comprendre ce passage quelque peu elliptique, rappelons que la mémoire d’un jour liturgique se faisait non seulement en ajoutant ses oraisons à celle de la fête qui le supplantait, mais aussi en utilisant son évangile en guise de dernier évangile à la messe – à la place du Prologue de saint Jean -, pratique ancienne que le code des rubriques de 1960 a supprimée pour le rit romain.
Notons enfin que le Missel parisien contient une très ancienne série d’épîtres et d’évangiles propre pour les Mercredis et Vendredis de l’Avent (en dehors de la Semaine des Quatre-Temps) – ces évangiles ne sont donc pas repris à la fin de la messe comme dernier évangile si jamais ce jour-là tombe une fête de saint.
17. Si vigilia sanctæ Andreæ occurrerit in Adventu, nihil fit de ea nec commemoratio in Officio. Missa tamen maior Chori erit de vigilia, cum commemoratione feriæ Adventus, & sancti Saturnini. Si eadem vigilia sancti Andreæ occurrerit ante Adventum, Officium & Missa erunt de Vigilia : in ea secunda Oratio de s. Saturnino, tertia de Beata. 17. Si la vigile de saint André survient durant l’Avent, on ne fait rien d’elle ni on ne la commémore à l’office. La grand messe du chœur cependant sera de la vigile, avec mémoire de l’Avent, & de saint Saturnin. Si la même vigile de saint André survient avant l’Avent, l’office et la messe seront de la vigile ; à la messe la seconde oraison [sera] de saint Saturnin, la troisième de la Bienheureuse [Vierge Marie].
Ce paragraphe explicite les règles posées un peu plus haut (§ 14 & 16). La vigile de saint André est le 29 novembre. L’Avent commençant au plus tôt le 27 novembre, au plus tard le 3 décembre, selon les années la vigile de saint André tombera donc soit dans l’Avent soit encore dans le Temps après la Pentecôte qui précède.
18. Si occurrat festum Duplex aut semiduplex in aliqua vigilia intra Adventum ; in Missa de Festo, secunda Oratio erit de feria Adventus ; tertia de vigilia, (nisi sit Festum primæ classis) quamvis alias Missa vigiliæ præferatur Missæ de Adventu : quia in alia Missa, dignior est Oratio feriæ Adventus, quæ dicitur in Officio, quam oratio vigiliæ : & in fine Missæ legitur Evangelium vigiliæ. 18. Si survient une fête double ou semi-double au jour d’une des vigiles durant l’Avent, à la messe de la fête, la seconde oraison sera de la férie de l’Avent, la troisième de la vigile (excepté à une Fête de première classe), quoique par ailleurs on préfèrera la messe de la vigile à la messe de l’Avent : plus digne est l’oraison de la férie de l’Avent, que l’on dit à l’office, que l’oraison de la vigile ; & à la fin de la messe on lit l’évangile de la vigile.
Ce paragraphe précise qu’en dépit du fait que la messe de la vigile d’un saint a préséance sur celle de l’Avent, si une fête venait à survenir le jour de cette vigile, l’oraison de l’Avent précèderait toutefois celle de la vigile dans l’ordre des oraisons à la messe de la fête. Les fêtes de première classe toutefois suppriment la commémoraison d’autres messes par des oraisons multiples.
Les fêtes doubles et semi-doubles qui peuvent survenir durant le temps de l’Avent à l’époque où Martin Sonnet rédigea le Cérémonial Parisien sont assez nombreuses, les voici :

  • 30 novembre – saint André, apôtre (double)
  • 1er décembre – saint Eloi, évêque & confesseur (semi-double),
  • 2 décembre – sainte Valérie, vierge & martyre (semi-double),
  • 4 décembre – Susception des Saintes Reliques (double),
  • 6 décembre – saint Nicolas, évêque & confesseur (double),
  • 8 décembre – Conception de la Bienheureuse Vierge Marie (double solennel),
  • 9 décembre – saint Nicaise, évêque & martyr, & ses compagnons martyrs (semi-double),
  • 10 décembre – saints Fuscien, Victoric et Gentien, martyrs (semi-double)
  • 13 décembre – sainte Lucie, vierge & martyre (semi-double)
  • 21 décembre – saint Thomas, apôtre (double)

Il n’y a pas de première classe au calendrier diocésain durant cette période, toutefois, une église dont le saint patron serait fêté durant l’Avent célèbrerait sa fête sous le rite de première classe.
Le cas d’une occurence entre une fête double et semi-double avec les deux vigiles de saint André (29 novembre) et de saint Thomas (20 décembre) évoqué par ce § 18 est assez théorique, car cela suppose que cette fête – empêchée à son jour normal – a été translatée à l’une de ces deux dates. Tout ce passage théorique n’a probablement pour but que de renforcer encore la démonstration du principe que Sonnet énonce au paragraphe 13, à savoir que les féries de l’Avent sont majeures.

19. De vigilia sancti Thomæ nihil fit in Officio, sed maior Missa Chori erit de ea cum commemoratione feriæ & de Beata : nisi acciderit in quatuor temporibus, quo casu fit tantum de eam commemoratio in Missa quatuor temporum, nec eius Evangelium legitur in fine Missæ. 19. Au sujet de la vigile de saint Thomas, rien n’en est fait à l’office, mais la grand messe du chœur sera de celle-ci, avec mémoire de la férie et de la Bienheureuse [Vierge Marie] : sauf si elle tombe aux Quatre-Temps, dans quel cas on en fait seulement mémoire à la messe des Quatre-Temps, et son évangile ne sera pas lu à la fin de la messe.
Ce paragraphe précise à nouveau des points déjà évoqués à partir du § 16. Rappelons encore une fois que la vigile de saint Thomas est le 20 décembre – que les Quatre-Temps se célèbrent les mercredi, vendredi et samedi qui suivent le IIIème dimanche de l’Avent. Ils ont préséance sur la messe de la vigile de saint Thomas (qui est alors commémorée par ses oraisons, mais pas par son évangile.
20. In Missa vigiliarum Ss. Andræ in Adventu, & Thomæ, utitur Colore de tempore id est albo, & Diaconus & Subdiaconus utuntur planetis transversis super humeros, & Diaconus præterea stola latiore, more solito. In vigilia vero sancti Andræ extra Adventum, utitur Colore rubeo de tempore. 20. A la messe de vigiles des saints André durant l’Avent & de Thomas, on use de la couleur du temps, c’est-à-dire du blanc, et le diacre & le sous-diacre usent de chasubles transverses sur les épaules, et le diacre en outre de l’étole large, de la façon habituelle. Mais en la vigile de saint André en dehors de l’Avent, on use de la couleur rouge du temps.
Nouvelles précisions sur les deux messes des deux vigiles de saints pouvant tomber durant l’Avent, qui confirment le caractère férial – et non festival – de ces deux messes un peu particulières : on utilise la couleur du temps liturgique (blanc pour l’Avent parisien, cf. § 3 supra, et rouge pour le temps après la Pentecôte parisien) et non celle de la fête du saint. Si cette messe se célèbre durant l’Avent, on utilise les chasubles pliées à la parisienne, c’est-à-dire roulées sur les épaules, comme on l’a vu ci-dessus, § 11.
21. Die quarta Decembris ad Missam exponuntur solemniter sanctorum Reliquiæ, in Ecclesiis in quibus habentur ad expositionem propriæ. Festa S. Andræ, S. Nicolai & Conceptionis B. Mariæ, sancti Thomæ & aliorum, Celebrantur pro qualitate eorum, prout notantur in Calendario Breviarii, juxta Ritus in prima parte hujus Cæremonialis præsciptos. 21. Le 4 décembre à la messe, on expose solennellement les reliques des saints, dans les églises qui en ont de propre à être exposées. Les fêtes de saint André, saint Nicolas & de la Conception de la Bienheureuse Marie, de saint Thomas et autres sont célébrées selon leur qualité, selon ce qui est noté au calendrier du Bréviaire, selon le rit prescrit dans la première partie de ce cérémonial.
Comme nous l’avons vu à la note du § 18, dans la liste des fêtes pouvant tomber durant l’Avent, Paris célébrait le 4 décembre la fête des reliques des saints. Cette fête ancienne était en effet célébrée un peu partout à cette date, puis fut déplacée de façon plus rationnelle dans l’octave de la Toussaint en 1194. Le fait que Paris, comme un petit nombre de diocèses, continua à célébrer cette fête des reliques au 4 décembre cinq siècles après le changement de date est un indice de plus de la volonté ferme du rit parisien de conserver jalousement les formes les plus antiques et primitives de la liturgie occidentale.
22. In secunda, tertia, & quarta Dominicis Adventus, nihil occurrit particulare & extraordinarium : sunt Duplices majories, & Dominicæ secundæ classis : Ideo cantatur Responsorium ad Vesperas. Non dicuntur preces ad Completorium & primam, Invitatorium repetitur more duplici, in prima & secunda Dominica Psalmus Venite, cantatur de tertio tono, in tertia vero & quarta cantatur de quarto tono. Additurque Alleluia, in fine Responsorium Brevium horarum, in omnibus Dominicis Adventus. Hæc omnia ritu Duplici. Die decimo septimo Decembris incipiuntur Antiphonæ propriæ ad laudes & per horas. Et Feria secunda post Dominicam tertiam cantantur Responsoria Clama, & cætera. 22. Au second, troisième et quatrième dimanche de l’Avent, il ne se présente rien de particulier et ni d’extraordinaire : ce sont des Doubles majeurs, et des dimanches de seconde classe, aussi chante-t-on un répons aux vêpres. On ne dit pas les prières à complies et à prime ; l’invitatoire est répété de façon double ; au premier et second dimanche, le psaume Venite est chanté du troisième ton, mais au troisième & quatrième dimanche, il est chanté du quatrième ton. On ajoute Alleluia à la fin des répons des petites heures tous les dimanches de l’Avent. Tout cela est du rite double. Le 17 décembre on commence les antiennes propres à laudes et à vêpres. Et à la seconde férie après le troisième dimanche, on chante le répons Clama, etc.
Remarquons que contrairement au rit romain, rien ne distingue le dimanche de Gaudete, IIIème dimanche de l’Avent, des autres dimanche de ce temps : tout l’Avent parisien étant célébré en blanc, rien n’est précisé pour une éventuelle couleur rose le IIIème dimanche marquant le dimanche de Gaudete – Au livre II, chapitre VI qu’il consacrera aux devoirs de l’organiste, le Cérémonial parisien indiquera que l’orgue n’est pas touché pendant les quatre dimanches de l’Avent.
Conformément à un usage remontant à l’époque carolingienne, un répons (prolixe, et non bref – le plus souvent tiré de l’office nocturne) est chanté après le capitule de vêpres.
Les preces sont des versets ajoutés vers la fin des offices les jours de jeûne et de pénitence, et que l’on chante à genoux : elles sont donc bien logiquement chantées pendant les féries de l’Avent, mais pas le dimanche, car ce ne sont jamais des jours de jeûne.
Le chant de l’invitatoire de matines pour les fêtes solennelles connait – dans le rit de Paris – de savantes alternances entre quatre chantres en chapes, l’orgue et le chœur. Ces alternances sont plus simples pour les fêtes doubles, rang auxquels sont placés les dimanches de l’Avent : deux chantres en chapes alternent avec le chœur, sans intervention de l’orgue.

A suivre…

Instruction pour le passage de la liturgie parisienne à la liturgie romaine – 1874

Paris possédait au Moyen-Age ses traditions liturgiques propres ; aussi, lorsque le Pape saint Pie V promulgua sa bulle Quo primum tempore le 14 juillet 1570, les livres liturgiques de Paris, existants depuis plus de 200 ans, purent légitimement continuer à être utilisés. A dire vrai, ce “rit parisien” n’était qu’une variante locale du rit romain. Comme dans chaque diocèse de l’ancien empire de Charlemagne, le rit romain avait été adopté à Paris au IXème siècle. Cette adoption des livres romains concernait l’ordonnance générale de la messe, – le canon en particulier -, les pièces chantées de l’antiphonaire et du graduel, le cursus de l’année et le choix des leçons scripturaires à la messe. Les prières secrètes du prêtres (à savoir les prières avant la messe, celles au bas de l’autel, celles de l’offertoire, celles d’avant la communion, celles des ablutions et celles d’après la messe) n’étaient à cette époque pas totalement fixées, et une certaine variété existait d’un diocèse à l’autre. Le détail du cérémonial, de même, variait au sein de l’espace carolingien. Au cours du Moyen-Age, la plupart des diocèses occidentaux utilisant le canon romain ont peu à peu cristallisé leurs traditions propres, formant de nouveaux rits – le rit parisien, le rit de Sarum, le rit lyonnais, le rit de Braga, le rit de Nidaros, etc, etc… – qui ne sont après tout que le même rit romain à l’usage de Paris, de Sarum, de Lyon, de Braga ou de Nidaros.

Le rit romain que nous connaissons actuellement est l’héritier de la liturgie telle qu’elle était pratiquée par la curie romaine lors de l’exil en Avignon, usage alors fortement influencé par les franciscains. Il s’agit d’un rit simplifié et rendu pratique pour un corps administratif qui n’avait plus à sa disposition les vastes basiliques romaines pour se déployer. L’étude des divers usages diocésains européens est intéressante, car elle nous livre souvent des états plus anciens des cérémonies du rit romain. L’usage de Paris par exemple fournit de nombreux exemples – dans le déploiement des cérémonies en particulier – d’anciennes traditions authentiquement romaines (les vêpres stationnales du jour de Pâques en constituent un type parfait), souvent de saveur antique (comme le baiser de l’évangéliaire après le chant de l’évangile par tous les membres du chœur) qui ont cessé d’être pratiquées à Rome même.

Paris a abandonné son rit au cours du XIXème siècle, en raison de l’uniformisation liturgique qui triomphait alors en faveur du rit romain. Ce passage vers la liturgie romaine ne s’est pas accompli brutalement ; au contraire, une quarantaine d’années se sont écoulées entre la prise de décision du changement de rit en son entrée en vigueur. Diverses instructions épiscopales l’ont progressivement accompagné qui ont établi les étapes nécessaires, en précisant ce qui pouvait ou devait être maintenu des antiques traditions parisiennes.

Sans entrer ici dans le détail de l’étude du rit parisien et de ses évolutions néo-gallicanes à partir de la fin du XVIIème siècle, étude sans doute trop vaste pour la nature de ce blog, il peut être intéressant de fournir au lecteur un état de ce qui doit être conservé des anciennes pratiques parisiennes selon une instruction de 1874 dont voici le texte. Parmi les nombreux points de détails abordés par l’instruction, on notera par exemple le chant de l’O salutaris hostia à la consécration, la possibilité de recourir à de simples clercs ou laïcs (les “induts”) pour servir comme diacres ou sous-diacres, le maintien de l’usage des chapes pour les chantres, même laïcs, tant aux vêpres qu’à la messe, etc… Le détail des positions du chœur (dont l’ordonnance générale est foncièrement romaine du reste) est aussi d’une rare précision, qui pourrait se résumer rapidement par l’énoncé de la simple règle suivante : on est tourné vers l’Autel pendant les oraisons, en Chœur lorsqu’on chante.

Outres les notes de l’instruction, je me suis permis d’insérer quelques annotations afin que le lecteur puisse saisir quelques unes des modifications évoquées.

*

Instruction pour faciliter aux prêtres du diocèse de Paris le passage de la liturgie parisienne à la liturgie romaine, imprimée par ordre de Son Eminence Mgr le Cardinal Guibert, archevêque de Paris. Paris, Adrien Le Clerc & Cie, 1874.

CHAPITRE PREMIER.
DE QUELQUES CEREMONIES ET USAGES PARTICULIERS AU DIOCESE DE PARIS

1. – Cet article comprend les points sur lesquels on est autorisé à s‘écarter des divers Cérémoniaux ; ce sont ceux qui ont pour objet : 1° les privilèges accordés par le Saint-Siège au diocèse de Paris ; 2° les usages conformes à l’esprit de l’Eglise et qui sont præter et non contra rubricas, selon l’expression des auteurs ; 3° enfin les questions laissées à la libre discussion des rubricistes et sur lesquelles nous n’admettons pas l’opinion adoptée par l’un ou l’autre des Manuels de Cérémonies les plus répandus. Dans le choix de ces opinions, nous suivrons autant que possible le principe admis par la Commission du Cérémonial : Dans les questions controversées entre les rubricistes romains, on devra adopter l’opinion conforme à ce que prescrivait le Cérémonial parisien.
Un cérémonial fait pour l’Eglise universelle, quelque parfait qu’on le suppose, n’a pas à entrer dans ces détails qui ne regardent qu’un diocèse en particulier.

ARTICLE PREMIER
Des choses nécessaires au saint Sacrifice.

§ 1. DE L’AUTEL ET DE SES ORNEMENTS.

2. – On n’aura rien à changer à la forme des nappes et des parements de l’autel ;
3. – On conservera les chandeliers égaux en hauteur.[1]
4. – Le tabernacle où réside le Saint-Sacrement doit être couvert d’un voile de couleur blanche[2] ; il est à désirer que les deux parties du voile qui couvrent le devant du Tabernacle soient maintenues séparées pendant la messe pour faciliter l’ouverture de la porte au moment de la communion des fidèles. On peut aussi les laisser séparées, même en dehors de la Messe, si la porte est très ornée ou en métal doré.
5. – Il est interdit de couvrir d’un voile noir le Tabernacle où réside le très-saint Sacrement.[3]

§ 2. DES ORNEMENTS SACERDOTAUX ET DE L’HABIT DE CHŒUR.

6. – Les chasubles, dalmatiques, tuniques, étoles, manipules, chapes, etc., conserveront la forme admise jusqu’ici[4] ; il en sera de même de la pale, à l’exception de celles qui sont recouvertes en noir et qui demeurent interdites. On remplacera les noires par des pales blanches des deux côtés, ou recouvertes en violet sur l’une de leurs faces.
7. – L’habit de chœur en été (c’est-à-dire depuis les Complies du Samedi-Saint inclusivement jusqu’aux Complies du jour de l’octave de S. Denis) consistera en une barrette telle qu’elle a été portée depuis l’ordonnance de 1840 et un surplis à grandes manches. La largeur de ces manches sera la même dans toute leur longueur. (On trouvera le modèle au Séminaire de Saint-Sulpice.) Elles ne devront pas être plissées.
8. – Depuis le lendemain de l’Octave de S. Denis[5] jusqu’aux Complies du Samedi-Saint exclusivement (et aux Matines de Pâques, si on les chante de grand matin), on portera l’habit de chœur d’hiver ; il est le même que celui d’été, auquel on surajoute un camail de drap semblable à la mozette des Chanoines. Les Ecclésiastiques de la banlieue, que leurs fonctions obligent souvent à des courses assez longues, sont autorisés à porter le camail à capuchon, tel qu’il a été en usage jusqu’ici.
9. – Le rochet à manches étroites, exclusivement réservé aux Prélats et aux Chanoines, ne sera jamais porté au Chœur, aux Offices, ni en chaire, par ceux qui ne sont pas Chanoines.
10. – Les prédicateurs, qui ne sont pas Chanoines, se serviront du surplis à grandes manches et sans camail.
11. – Le rochet sans manches pourra être porté sous la chape, au confessionnal et lorsqu’on ira administrer un malade, mais on ne s’en servira jamais au Chœur.
12. – Ce rochet sans manches sera le seul permis aux laïques dans les fonctions qu’ils ont à remplir à l’église ou à la sacristie, à l’exception de celui qu’on sera dans la nécessité de charger des fonctions de Cérémoniaire.
13. – Le costume de MM. les Curés sera déterminé dans le Cérémonial ; ils continueront en attendant à porter l’étole comme marque distinctive de leur dignité.
14. – Les enfants de chœur conserveront jusqu’à nouvel ordre le costume qu’ils portent actuellement.[6]
15. – On conservera l’usage de donner des chapes pendant la grand’Messe aussi bien qu’aux vêpres aux chantres qui sont tonsurés, et même à ceux qui ne le sont pas, s’ils sont autorisés à porter la soutane dans la Communauté où ils sont admis.[7]
16. – Les autres chantres ne pourront être revêtus que de la soutane et du rochet sans manches.[8]
17. – Les chantres en chape observeront à la messe les règles prescrites aux chantres dans le Cérémonial. Quel que soit leur ordre ou leur dignité, ils ne se promèneront plus dans le Chœur ni pendant la Messe chantée.[9]

§ 3. DES CEREMONIES ET USAGES PENDANT LA MESSE CHANTEE.

18. – Le Sous-Diacre et les Acolytes sont debout pendant que le Diacre va porter la bourse. A l’autel à l’Oblation du calice, le Diacre le soutient avec la main droite.
19. On conservera l’usage de chanter l’O salutaris hostia pendant l’Elévation. Outre le motif tiré de son antiquité et des circonstances qui l’ont fait établir[10], cet usage a de plus en sa faveur un décret de la Sacrée Congrégation des Rites ainsi conçu : “An in Elevatione SS. Sacramenti, in Missis solemnibus, cani possit Tantum ergo etc. vel aliqua antiphona tanti Sacramenti propria ? ad 6 Affirmative et amplius.”
20. – Le Sous-Diacre ne salue pas le chœur quand il va porter la paix, ni quand il retourne à l’Autel, à cause de la présence du Saint-Sacrement. Celui qui donne la paix approche sa joue gauche de la joue gauche de celui qui la reçoit, sur les épaules duquel il met les mains, tandis que celui qui la reçoit met les siennes sous les coudes de celui qui la donne.
21. – Le Sous-Diacre va lui-même prendre le livre pour le porter au coin de l’Evangile, quand on ne dit pas celui de S. Jean à la fin de la Messe.
22. – Le Célébrant et les ministres ne saluent le Chœur que lorsqu’ils y entrent ou qu’ils en sortent.
23. – On chantera l’Epître et l’Evangile aux endroits où on les a chantés jusqu’ici ; le livre sera placé sur un pupitre, et le Sous-Diacre posera ses mains sur les bords du livre, au lieu de les tenir jointes. Il en sera de même à l’Evangile, pendant lequel il se placera derrière le pupitre. Il ne fera ni les inclinations ni les génuflexions que doit faire le Diacre en diverses circonstances.[11]
24. – En se rendant au lieu où l’on chante l’Evangile, le Sous-Diacre précèdera le Diacre, au lieu de se mettre à sa gauche.
25. – Tous les ministres se tiennent debout pendant que le Diacre se rend à la crédence et jusqu’à ce qu’il soit revenu s’asseoir à côté du Célébrant, après avoir placé le corporal sur l’Autel.
26. – Quand il y aura Offrande, elle aura lieu immédiatement après la lecture de l’Offertoire, et le Célébrant présentera à baiser aux fidèles, non la patène, mais un crucifix ou un instrument de paix.[12]
27. – Vers la fin de la Préface, le Sous-Diacre fait une génuflexion en même temps que le Diacre et monte à l’Autel, à la gauche du Célébrant ; là il récite le Sanctus ; après quoi il tourne, avec la main gauche, le feuillet du Missel, s’il en est besoin, fait la génuflexion conjointement avec le Diacre et retourne à sa place.
28. – Après avoir versé les ablutions et remis les burettes à l’Acolyte, le Sous-Diacre passe du côté de l’Evangile, sans mettre le purificatoire sur les doigts du Célébrant.
29. – Quand on doit donner la communion, deux des porte-flambeaux accompagnent le Célébrant.
30. – Si l’on dit un autre Evangile que celui de S. Jean, à la fin de la Messe, le S.-Diacre va prendre le Missel sur l’Autel et le transporte au côté de l’Evangile.
31. Aux Doubles de 1re et de 2e classe, on pourra admettre les Induts à la grand’Messe, mais à la condition : 1° qu’ils seront Clercs ou autorisés à porter la soutane dans la Communauté où ils sont admis, et 2° qu’ils ne feront aucune des fonctions que les Rubriques réservent au Diacre et au Sous-Diacre[13].

§ 4. AUX VEPRES

32. – Aux Vêpres, on doit prendre la chape dès le commencement, ou si on ne la prend pas, on ne peut encenser au Magnificat. Néanmoins, aux Doubles majeurs et au-dessous, mais non aux Doubles de 1re et de 2e classe, on pourra jusqu’à nouvel ordre conserver la coutume établie de ne prendre la chape que pour l’encensement ; la raison en est que cette coutume est immémoriale, et que d’un autre côté il existe un décret de la Sacrée Congrégation, 1er septembre 1607, Theatinor., n°208, ainsi conçu : An (Theatinorum) hebdomadarius, quando celebrat Vesperas, debeat accipere pluviale a principio Vesperarum, illudque, durantibus Vesperis, usque ad finem retinere, vel satis sit illud accipere ad Capitulum, et retinere usque ad finem Vesperarum, prout deferendum ad Vesperes, respondit, servandam esse eorum consuetudinem.
33. – Les Versets etc. non chantés, mais joués par l’orgue, doivent être récités, ou par un chantre qui les lit à haute voix, ou par chaque particulier obligé à l’office.
34. – Les Antiennes seront annoncées par un seul chantre, conduit par le Cérémoniaire (Cærem. Episc. l. II, c. 1, n° 7 et seq.), à l’exception de celle qui doit être annoncée à l’Officiant : celle-ci exige la présence de tous les Chapiers.
35. – Le 1er Verset de chaque Psaume est entonné par les chantres, et le côté du Chœur opposé à celui qui a entonné l’Antienne, reprend le second Verset.
36. – Dans les Eglises où le Clergé est nombreux, on peut employer deux thuriféraires pour l’encensement du Chœur au Magnificat.
37. – On dira le Fidelium animæ après le Benedicamus Domino, à la fin des Vêpres, quoiqu’elles soient suivies d’un Salut du Saint-Sacrement.
38. – Aux Vêpres à la suite desquelles on doit donner la Bénédiction du Saint-Sacrement, l’Officiant prendra l’étole sur le surplis et sous la chape.

ARTICLE II.
Des cérémonies générales du Chœur.

39. – Le mot Révérence s’appliquant à toute espèce de salutation, les Liturgistes supposent les règles suivantes, quand ils prescrivent de faire la révérence convenable.

§ 1. DES GÉNUFLEXIONS.

40. – La génuflexion à deux genoux (ou prostration) est prescrite quand on passe devant le Saint-Sacrement présent sur l’Autel, ou exposé sur le Trône, ou enfermé dans le Tabernacle du reposoir, le Jeudi saint et le Vendredi avant la Procession.
41. – La génuflexion simple se fait :
1° Quand on passe devant le Tabernacle où l’on conserve le Saint-Sacrement ;
2° Quand on passe devant la relique de la vraie Croix exposée à la vénération des Fidèles.
3° Aux mots : Flectamus genua.
4° A Venite adoramus et procidamus de l’Invitatoire.
5° Lorsqu’on prononce à l’Epître ou à l’Evangile des paroles pour lesquelles la Rubrique ordonne la génuflexion, par ex. Et procidentes, adoraverunt eum.
6° A Verbum caro factum est.
7° Devant la Croix, pendant la durée des Offices, depuis l’entrée jusqu’à la sortie du Chœur inclusivement.[14]
42. – Les chanoines, le Célébrant et ses assistants s’ils sont en chape, quand ils saluent la Croix en même temps que lui, sont seuls exceptés et ne font qu’une inclination ; à la Messe le Diacre et le Sous-Diacre font une génuflexion en accompagnant le Célébrant à l’Autel pour l’Encensement, et aussi après la Messe, à l’absoute des défunts.
43. – 8° Le Vendredi saint, sans aucune exception pour personne, à partir du moment où la Croix est découverte.
44. – 9° Lorsqu’à la fin d’une leçon, on prononce ces paroles : Tu autem etc. Cette génuflexion tient lieu de la salutation qu’on devrait faire en quittant le pupitre.
45. – 10° Quand on passe devant l’évêque du Diocèse (Cette génuflexion sera remplacée, jusqu’à nouvel ordre, à Paris, par une inclination profonde).

§ 2. DES INCLINATIONS.

46. – L’inclination profonde se fait : 1° à la Croix en dehors des Offices ; 2° pendant le Confiteor, à Prime et à Complies.
47. – L’inclination médiocre se fait quand on salue les Supérieurs, les égaux et le Chœur.
48. – L’inclination de tête se fait : 1° au mot Trinitas, quand les trois Personnes sont nommées par leurs noms propres et dans l’ordre des processions divines ; ainsi elle n’a pas lieu à la doxologie : Jesu, tibi sit… cum Patre et almo Spiritu.
2° Au saint nom de Jésus.
3° A ces mots du Gloria in excelsis Deo : Adoramus te, Gratias agimus, Suscipe deprecationem nostram.
4° Pendant le Symbole à Deum, Homo factus est, Adoratur.
5° Aux mots Deo nostro du Gratias agamus de la Préface.
6° Au Gloria Patri.
7° Aux doxologies des hymnes où les Trois Personnes de la sainte Trinité sont nommées, comme il a été dit plus haut.
8° Aux noms de la Sainte Vierge, du Saint dont on fait la Fête ou une Mémoire proprement dite, et non aux Suffrages.
9° Aux mots : Sanctum et terribile nomen ejus ;
Sit nomen Domini benedictum ;
Non nobis Domine, etc.;
Sed nos qui vivimus, benedicimus, etc.
Deus misereatur nostri et benedicat nobis.
Benedicat nos Deus.
Benedicamus Patrem, etc., à la fin du Benedictite omnia opera.
10° Au nom du Souverain Pontife.

§ 3. DE L’ENTREE AU CHŒUR ET DE LA SORTIE.

49. – L’entrée du Clergé au Chœur en procession n’a lieu qu’aux grandes solennités : obligatoire pour les Chapitres ces jours-là, elle n’est que de conseil dans les autres Eglises. Elle se fait ainsi : en tête se trouvent deux Acolytes avec leurs cierges allumés ; après eux, viennent deux à deux les divers membres du Clergé, tenant la barrette des deux mains ; après avoir fait à l’Autel la révérence convenable, ils se saluent réciproquement, se rendent à leurs places en ayant soin de ne pas passer devant de plus dignes, et se mettent à genoux dès que tout le monde est arrivé.[15]
50. – En dehors des plus grandes solennités, le Clergé se rend au Chœur comme il veut ; néanmoins dans les Eglises où il est d’usage que tous se rassemblent en un même lieu pour, de là, se rendre au Chœur, on se conduit comme à l’entrée solennelle, avec cette différence que la Croix et les cierges ne précèdent pas, que les plus dignes marchent les premiers et qu’on fait quatre à quatre la révérence à l’Autel, si le Clergé est nombreux.
51. – Celui qui entre au Chœur quand l’Office est commencé ou qui en sort avant la fin[16] fait la génuflexion prescrite en passant devant le Tabernacle, salue ensuite le Célébrant et le Chœur, en commençant par le côté le plus digne (celui où se place le plus haut dignitaire du Clergé), se rend à sa place, en ayant soin de ne pas passer devant de plus dignes, et se conforme immédiatement à ce que fait le Chœur.
52. – Tous ceux qui sont d’un ordre égal ou inférieur à celui qui salue le Chœur, rendent le salut (les Chanoines exceptés, qui ne saluent pas un simple Prêtre) ; tous se lèvent pour rendre le salut au Curé ou au Supérieur du lieu.
53. – Les saluts au Chœur s’omettent 1° devant le Saint-Sacrement exposé, 2° depuis l’Elévation jusqu’après la Communion, 3° aux Offices des défunts[17].
54. – On ne doit pas jamais marcher dans le Chœur pendant qu’on y chante quelque parole à laquelle il faut s’incliner, par ex. Gloria Patri, et on s’arrête jusqu’à ce qu’elle soit terminée.
55. – On agit de même quand le chœur est momentanément à genoux ou tourné vers l’Autel, et pendant que chante le Célébrant.
56. – On a la tête entièrement découverte :
1° Devant le Saint-Sacrement présent sur l’Autel, ou exposé sur le Trône, ou porté en Procession ; 2° quand on fait le génuflexion ; 3° quand on chante seul ou si l’on entonne avec un autre ; 4° quand on est encensé ; 5° quand on reçoit l’eau bénite ; 6° pendant l’Evangile ; 7° lorsqu’on donne ou reçoit la paix, qu’on adore les Croix, qu’on fait la sainte Communion, qu’on reçoit les Cendres, les Rameaux, les Cierges à l’Autel, etc.
57. – On se couvre la tête avec la barrette :
1° Toutes les fois qu’on est assis, en ayant soin de se découvrir chaque fois que l’on s’incline. 2° Aux Processions hors de l’Eglise, pourvu qu’on n’y porte ni le Saint-Sacrement, ni la vraie Croix.
58. – On s’incline, et on se découvre aux moments indiqués ci-dessus.
59. – Quand on est découvert, il faut garder la barrette à la main et ne pas la déposer sur les stalles ou ailleurs.
60. – On peut garder la calotte pendant tous les Offices, à l’exception des moments indiqués plus haut.

§ 4. ORDRE DU CHŒUR PENDANT LA MESSE CHANTEE.

61. – Quand tout le Clergé est entré au Chœur, on se met à genoux et on se lève au signal donné par celui qui préside.
62. – Au commencement de la Messe, on se met à genoux, à moins qu’on ne fasse partie d’un Chœur chargé de chanter, par ex. dans un Séminaire. Dans ce cas, on demeure debout et tourné en Chœur[18]. Les Prélats et les Chanoines dans leur Eglise demeurent également debout au commencement de la Messe.
63. – Quand le Célébrant monte à l’Autel, on se lève.
64. – Quand le Célébrant s’assied, ou, s’il demeure debout, dès que le Kyrie est entonné, on s’assied.
65. – A l’intonation du Gloria in excelsis, on se lève et on se tourne du côté de l’autel.
66. – Après l’intonation, on se tourne en Chœur.
67. – Quand le prêtre a fini de réciter le Gloria, on s’assied.
68. – Après l’Amen du Gloria, dans les Eglises où le Chœur est derrière l’Autel, et à Cum S. Spiritu, dans les autres, on se lève et on se tourne vers l’Autel.
69. – Après l’Amen de la dernière Collecte, on s’assied.
70. – A l’Evangile, on est debout et tourné vers le Diacre.
71. – A l’Intonation du Credo, on est tourné vers l’Autel. Pendant tout le Credo, on restera debout et tourné en Chœur, selon le louable usage de Paris ; (ceux qui sont dans les stalles s’appuieront sur la miséricorde, comme il a été dit plus haut).
72. – Au Dominus vobiscum, on se tourne du côté de l’Autel.
73. – Après l’intonation de l’Offertoire, on s’assied.
74. – A l’Encensement, on se tient debout et tourné en Chœur[19].
75. – A la Préface, dès que l’Encensement est fini, on se tourne vers l’Autel.
76. – Après l’Intonation du Sanctus, on se met à genoux ; si le chœur chante, il demeure debout et tourné face à face jusqu’à l’Elévation. Il en est de même des Chanoines.
77. – Après l’élévation du Calice, on se lève et on demeure debout tourné en Chœur jusqu’à la fin du Benedictus[20], et alors on se tourne vers l’Autel.
78. – A l’Agnus Dei, on se tourne en Chœur.
79. – Après l’Agnus Dei jusqu’à l’intonation de l’Antienne de la Communion, on demeure tourné vers l’Autel.
80. – Quand il y a communion du clergé, tous ceux qui doivent la recevoir sont à genoux pendant le Confiteor qui la précède. Ils doivent donc, autant que possible, se rendre au milieu du Sanctuaire ou du Chœur avant la récitation du Confiteor.
81. – Après l’intonation de l’Antienne de la Communion, on s’assied.
82. – Au Dominus vobiscum, on se lève et on demeure tourné vers l’autel jusqu’à la Bénédiction.
83. – A la bénédiction du Prêtre, on se met à genoux, à l’exception des Prélats et des Chanoines.
84. – Pendant le dernier Evangile, on demeure debout, excepté à Verbum caro factum est, où l’on fait une génuflexion.
85. – S’il y a un Office immédiatement après la grand’Messe, ceux qui n’y restent pas s’en vont après l’intonation du premier Psaume et sans se mettre à genoux.
86. – Si la messe n’est pas suivie d’un autre Office, le Chœur se met à genoux avant le départ, qui a lieu au signal donné par celui qui préside.
87. – NOTA. Aux Messes des Défunts, des Féries de l’Avent et du Carême, des Quatre-Temps et des Vigiles où l’on ne jeûne plus, aussi bien qu’à celles où le jeûne est encore observé, on est à genoux, comme aux autres Messes, et de plus, pendant les Oraisons (à l’exception de celles qui se disent après les Leçons qui précèdent quelquefois l’Epître[21]), depuis le Sanctus jusqu’à l’Agnus Dei et aux Postcommunions[22].
Sont exceptées de cette règle les Vigiles de Noël, de l’Epiphanie, de Pâques, de l’Ascension, de la Pentecôte et les Quatre-Temps de la Pentecôte[23].

§ 5. ORDRE DU CHŒUR AUX VEPRES.

88. – Pendant l’Aperi, on est à genoux.
Quand l’Officiant se rend à son siège et s’assied, on s’assied.
Pendant le Pater, l’Ave et jusqu’à l’Alleluia ou Laus tibi… inclusivement, on est debout tourné vers l’Autel.
A Deus in adjutorium, on fait sur soi le signe de la croix.
Depuis la première Antienne et jusqu’au Capitule, on est tourné en chœur, ou face à face et appuyé sur la miséricorde, si l’on a une stalle, excepté quand se lève celui auquel on porte une Antienne : car alors tous ceux qui sont du même côté se lèvent aussi, à moins qu’ils ne soient d’un ordre supérieur. (Les Chanoines ne se lèvent pas non plus, s’il s’agit d’un simple prêtre.)
89. – Pendant le Capitule, on se lève et on se tourne vers l’Autel.
Pendant l’Hymne, on est debout et tourné en chœur, à l’exception des strophes suivantes : première strophe du Veni Creator et de l’Ave maris stella, O Crux ave du Vexilla, O salutaris, et au Tantum ergo (si le Saint-Sacrement est dans le tabernacle), pendant lesquelles on est à genoux.
Pendant l’Antienne du Magnificat, on est assis.
A l’intonation du Cantique de la sainte Vierge, on fait un signe de croix sur soi-même.
Pendant le Magnificat, on est debout, sans s’appuyer sur la miséricorde.
Pendant l’Antienne après le Magnificat, on est assis, à moins que l’encensement du Clergé ne soit pas terminé ; les Prêtres même peuvent alors s’asseoir, s’il n’y a plus à encenser que les simples clercs.
(Aux grandes Prières fériales et aux Prières pour les défunts, ainsi qu’à leur Oraison, on se tient à genoux.)
A l’Oraison, on est debout et tourné vers l’Autel.
Pendant le chant des Mémoires, on est debout tourné en Chœur.
Pendant les Oraisons des Mémoires, on est tourné vers l’Autel.
Au Benedicamus Domino et jusqu’à la fin de l’Office, on est debout et tourné en Chœur. Pendant l’Antienne à la sainte Vierge, comme à Complies (n°94).
Avant de partir, si les Complies ne se disent pas immédiatement après, on se met à genoux.

§ 6. ORDRE DU CHŒUR A MATINES ET AUX HEURES.

90. – Aux Matines et aux autres Heures, on agit comme aux Vêpres, avec ces différences :
91. – A MATINES. A ces mots de l’Invitatoire : Venite, adoremus et procidamus ante Deum, on se met à genoux.
Après la dernière Antienne de chaque Nocturne, on est debout et tourné vers l’Autel.
A l’Absolution et à la première Bénédiction de chaque Nocturne, on est debout et tourné en Chœur.
Aux Leçons et aux Répons, on est assis.
A la Leçon tirée de l’Evangile, jusqu’à et reliqua, on se tient debout et tourné vers le lecteur. On agit de même à la Leçon chantée par l’Officiant.
A Te ergo, quæsumus, jusqu’après redemisti, on se tient à genoux.
A LAUDES, on agit comme aux Vêpres ; en outre, au verset Benedicamus Patrem et Filium cum sancto Spiritu, on se découvre et on s’incline.
A l’Antienne de la sainte Vierge, comme à la fin de Complies, ci-après n°94.
92. – AUX PETITES HEURES. Au Répons bref, on est debout et tourné en Chœur.
Au Verset avant l’Oraison et pendant l’Oraison qui n’est pas précédée des grandes prières fériales, on est debout tourné du côté de l’Autel.
Aux Grandes Prières fériales et à l’Oraison qui les suit, on se tient à genoux.
A la lecture du Martyrologe et de la Leçon brève, à Prime, on est assis.
93. – A COMPLIES. Au Jube domne, on est debout et tourné vers l’Autel.
A la Leçon brève, on est debout et tourné en Chœur.
A l’Adjutorium, jusqu’au Confiteor, on est tourné vers l’Autel et debout.
Au Confiteor, on est debout et tourné en Chœur, incliné, et tourné vers l’Officiant à Tibi, Pater, et Te, Pater.
A Converte nos, on se tourne vers l’Autel et on fait un signe de croix sur son cœur.
A l’imposition de l’Ant. Miserere ou à l’Alleluia, on se tourne en Chœur.
Après l’intonation du premier Psaume, on s’assied.
A l’Hymne, on est debout tourné en Chœur.
Au Capitule, on se tourne vers l’Autel.
A l’In manus tuas, on se tourne en Chœur.
A Nunc dimittis, il convient de faire sur soi le signe de la croix.
A l’Oraison, on se tourne vers l’Autel ; mais s’il y a des Prières aux Vêpres, on est à genoux depuis le Kyrie des Prières jusqu’à la fin de l’Office.
94. – Pendant l’Antienne finale à la sainte Vierge, l’Oraison et les Prières qui suivent, on est debout et tourné vers l’Autel, au Temps pascal et à tous les Dimanches de l’Année, depuis les premières Vêpres, le samedi, (même quand elles se disent avant midi, comme en Carême) jusqu’au crépuscule du Dimanche soir, lors même qu’on réciterait les Laudes du Lundi.
Cette Antienne se dit à genoux, tous les jours de la semaine en dehors du temps pascal, quand même on dirait l’Office d’un Dimanche ou qu’on célébrerait une des plus grandes fêtes, Noël par exemple ou l’Assomption.[24]

§ 7. AUX SALUTS ET AUX OFFICES EN PRESENCE DU SAINT SACREMENT EXPOSE[25].

95. – Aux Saluts. Depuis le moment où l’on ouvre le tabernacle jusqu’à celui où l’on y remet le Saint-Sacrement, on est à genoux, sauf pendant les Proses et autres prières en l’honneur de la Sainte Vierge, des Saints, etc., pendant lesquelles on est dans l’usage à Paris d’être debout.
Pendant le Tantum ergo et le Pange lingua, si on le chante, on est à genoux et de plus on s’incline profondément jusqu’à cernui ; mais l’inclination cesse dès que ce mot a été prononcé une fois, quand on le chante en musique.
Si on chante le Te Deum, on demeure debout, à l’exception du moment où l’on dit le verset Te ergo quæsumus pendant lequel on se met à genoux.
Aux Versets et aux Oraisons qui suivent les prières pendant lesquelles on est debout, on se tourne du côté de l’Autel.
Pendant la Bénédiction, on est à genoux et profondément incliné ; on reste à genoux jusqu’à ce que le Saint-Sacrement soit remis dans le tabernacle.

ARTICLE III.
Propre du Temps.

On suivra le Cérémonial pour le Propre du Temps, quand l’Ordo n’aura rien déterminé.

§ 1. DES TROIS DERNIERS JOURS DE LA SEMAINE SAINTE.

96. – Les trois derniers jours de la Semaine Sainte, on célébrera la Messe et l’Office même dans les Chapelles de Communauté, si l’on peut réunir les trois enfants de chœur qu’exige le Manuel de Benoît XIII pour les petites églises ; si l’on n’a pas de chantres, le Célébrant récitera les prières ; si l’on ne peut réunir ces trois clercs, on se bornera à une Messe basse le Jeudi Saint, et on ne fera aucun Office les deux jours suivants.
97. – Aux Ténèbres, les chantres commencent eux-mêmes les Antiennes, parce qu’elles ne doivent pas être annoncées.
98. – La Rubrique exige que les cierges soient de cire jaune[26].
99. On suivra le Cérémonial du P. Levavasseur pour les cérémonies des grandes et des petites églises, sauf ce qui suit.

§ 2. JEUDI SAINT.

100. Il n’y a de droit commun qu’une seule Messe et elle se chante solennellement. Tout le Clergé y communie de la main du Célébrant ; mais à Paris le nombre des Fidèles dans chaque paroisse et l’exiguïté d’un grand nombre d’églises rendent impraticable l’observation de cette Rubrique. Aussi Son Eminence accorde-t-elle, en vertu des pouvoirs qu’Elle a reçus, l’autorisation de faire dire une ou deux Messes basses dans chaque Paroisse, laissant à MM. les Curés le soin de déterminer l’heure à laquelle elles se diront, à la condition toutefois qu’elles ne seront pas célébrées après la Messe solennelle.
101. – Si quelques-uns de MM. les Curés croient que, vu le nombre des Communiants et l’exiguïté de leur église, deux Messes basses ne peuvent suffire au besoin des Fidèles, ils devront s’adresser à Son Eminence, qui examinera quel nombre de Messes il est nécessaire de leur accorder.
102. – Après la Communion, le Célébrant conservera un nombre suffisant d’hosties pour les malades qui auraient besoin de communier en Viatique. Cette réserve de la sainte Eucharistie sera déposée dans le tabernacle du reposoir et derrière le Calice qui contient la sainte Hostie réservée pour le lendemain.
103. – Le Reposoir sera décoré aussi magnifiquement que possible, orné de tentures blanches et rouges (et non de couleur noire ou violette), garni de fleurs et de cierges allumés, comme aux reposoirs de la Fête-Dieu ; il n’y aura ni reliquaires ni images de Saints ou de la Sainte Vierge.

§ 3. VENDREDI SAINT.

104. – Après la Messe des présanctifiés, le Vendredi Saint, on enlève la réserve de la sainte Eucharistie, si on l’a placée la veille dans le tabernacle, on la porte sans solennité dans le tabernacle de la Sacristie ou d’une autre chapelle et on enlève tous les ornements qui décoraient la chapelle de l’exposition. C’est ainsi que le veut le Rit Romain.
105. – Mais si l’on considère la multitude de Fidèles qui se font un devoir de visiter ce jour-là le Saint-Sacrement au reposoir ; si, de plus, on réfléchit sur la fâcheuse impression que, par le fait, l’observation du Rit Romain a produite sur les fidèles lorsque, il y a deux ans, une paroisse de Paris crut devoir le suivre, on restera convaincu que le passage brusque du Rit Parisien au Rit Romain dans cette circonstance est absolument impraticable ; il faut donc préparer insensiblement les Fidèles. Aussi Son Eminence a ordonné de faire cette année comme les années précédentes ; c’est-à-dire de laisser la réserve de la sainte Eucharistie dans le tabernacle du reposoir jusqu’au Vendredi soir ou au Samedi matin, selon l’usage de chaque Eglise, et de déposer en outre sur un coussin l’image de N.S. en croix que les fidèles pourront baiser. Elle verrait aussi volontiers qu’il y eût quelque paroisse qui préparât deux chapelles : l’une pour le Jeudi-Saint, et l’autre pour le Vendredi. Cette dernière chapelle, n’ayant pas la réserve de la sainte Eucharistie qu’on aura placée la veille dans la sacristie, pourra être ornée de tentures noires et violettes et de tout ce qui est propre à rappeler la mort de Notre-Seigneur sur la Croix ; on y placera sur un coussin un Crucifix, que les Fidèles viendront adorer : et en outre on y fera, comme dans les autres Eglises, tous les exercices de piété en usage les années précédentes. L’essai que désire Son Eminence donnera vraisemblablement le moyen de connaître comment les années suivantes on pourrait insensiblement habituer les Fidèles au Rit Romain, sans diminuer en rien l’élan qui pousse à Paris des milliers de Fidèles à la visite des Eglises pendant ces deux jours[27].

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Notes :    (↵ reviens au texte)

  1. Théoriquement, dans le rit romain, les six chandeliers de l’autel doivent monter en pointe vers la croix et donc ne pas être de la même auteur. L’usage contraire existe partout, y compris à Rome même. On pourra conserver aussi à Paris un nombre de chandeliers supérieur au six : le texte de l’instruction ne le précise pas, mais peut se déduire du point précédant. L’usage parisien plaçait fréquemment 12 chandeliers sur l’autel (c’est le cas de Saint-Eugène, qui pourtant célébra dès sa dédicace le rit romain et non pas le parisien dont la suppression avait déjà été décidée), voire 18 chandeliers (comme à Saint-Eustache).
  2. L’instruction note ici : “Cette obligation ne s’applique pas aux Tabernacles très-précieux et très-richement décorés ; à Rome, le tabernacle des quatre grandes basiliques de Saint-Jean de Latran, de Saint-Pierre, de Saint-Paul, de Sainte-Marie-Majeure, celui de l’église du Gesù et quelques autres n’ont pas de voile.” Les usages français prévoyaient des conopées accordés à la couleur liturgique du jour, comme les autres parements de l’autel. L’usage purement romain ne s’est du reste pas acclimaté dans notre pays.
  3. Dom Guéranger était parti en guerre au XIXème siècle contre l’usage français d’utiliser le noir aux offices et messes des morts pour la paramentique touchant de près au Saint-Sacrement : conopée, antepandium, pale et voile huméral étaient souvent en noirs dans les usages diocésains français. Si l’usage du conopée noir pour le tabernacle a fini par disparaître, celui de l’antepandium noir s’est maintenu un peu partout. L’article 6 reviendra sur la question des pales noires.
  4. Les chasubles parisiennes portent sur leur dos une croix assez caractéristique appelée du reste autrefois Croix parisienne, qui était du reste en usage un peu partout en France sauf à Lyon. L’usage romain strict ne connaît pas de croix sur le dos de la chasuble.
  5. L’instruction note ici : “Dans les églises où existe l’usage de ne prendre le camail qu’aux premières vêpres de la Toussaint, on pourra conserver cette coutume.”
  6. A Paris, les enfants de chœur portaient soutanelle rouge, surplis, calotte et ceinture rouges. cf. https://schola-sainte-cecile.com/2007/06/08/sortie-de-procession-par-turpin-de-crisse/
  7. L’usage pour les chantres de porter la chape – même s’ils sont laïcs, et même à la messe – est immémorial en France. Lorsque la plupart des diocèses français adoptèrent les livres romains au cours du XIXème siècle, l’indult autorisant la poursuite de cet usage s’est vu partout accordé, y compris dans le très ultramontain diocèse de Langres, fer de lance de l’adoption de l’usage romain en France. Voyez des chantres parisiens en chapes ici : https://schola-sainte-cecile.com/2007/06/08/sortie-de-procession-par-turpin-de-crisse/
  8. Tel était l’usage parisien, qui ne connaît pas le surplis pour les chantres. Voyez des chantres sans chapes en rochets sans manches ici : https://schola-sainte-cecile.com/2007/06/08/sortie-de-procession-par-turpin-de-crisse/
  9. La rédaction de cet article est sans doute incomplète (“ni pendant les Vêpres” manque peut-être à la fin). L’usage existait un peu partout en France que durant certaines pièces chantées, deux chantres “battent le chœur” (ou “se promènenent dans le chœur”), c’est à dire remontent en sens inverse les stalles du chœur, chacun de son côté, en tapant de leur bâtons cantoraux le pavé. Cela permettait de régler la mesure du chant (c’est l’origine de la baguette du chef d’orchestre !!!) et aussi de frapper tel clerc qui se serait permis de s’endormir dans sa stalle… 🙂
  10. L’instruction note ici : “On sait que cet usage date du règne de Louis XII qui, voyant son royaume attaqué de toutes parts par les puissances liguées contre lui, eut recours à Dieu pour réprimer leurs efforts, et demanda aux Evêques de faire chanter l’O salutaris hostia à l’Elévation.” En fait, l’instruction ignore que cet usage typiquement français est bien plus ancien : en effet, dès le XIVème siècle, une ordonnance du roi Charles V ordonnait le chant de l’O Salutaris à l’élévation de toutes les messes hautes du royaume. Le roi Louis XII en fait renouvela cette ordonnance et ajouta le chant de la strophe pour la France O vere digna Hostia, strophe qu’il avait composée à la suite d’un vœu fait au cours des guerres d’Italie. Cette décision fut alors entérinée par les évêques de France au cours de l’Assemblée du clergé de 1512. En France, les compositeurs de musique sacrée joignirent souvent l’O Salutaris au reste de l’ordinaire des messes qu’ils composaient en plain-chant musical ou en polyphonie ; Gounod est l’un des derniers témoins de cet usage au XIXème siècle pour Paris : la plupart de ses messes comportent encore l’O salutaris hostia. Notez que l’instruction précise bien que le chant de la strophe se fait pendant l’élévation et non après (on chantait souvent le Benedictus du Sanctus après l’élévation et donc après l’O salutaris hostia. Pour ma part, j’ai restauré cet ancien usage français d’abord à la direction du chœur du Pèlerinage de Chartres puis à Saint-Eugène, toutefois en faisant démarrer le chant après l’élévation. Il parait difficile pour l’heure de restaurer le chant de l’O salutaris hostia pendant l’élévation elle-même, tant l’observation du silence pendant la consécration s’est instaurée et ancrée fermement dans la pratique durant le XXème siècle.
  11. Notez l’usage des pupitres dans le rit parisien, alors qu’au romain le livre est tenu. Beaucoup de nos églises conservent encore ces pupitres, l’un orienté au Nord pour l’Evangile, l’autre au Sud pour l’Epître (voyez par exemple, ceux de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ou de Saint-Germain-L’Auxerrois). L’usage parisien prévoyait également la possible lecture de l’épître sur l’aigle. Notez que jamais cette lecture avait lieu face au peuple, conformément à l’ancien usage synagogal du béma.
  12. C’est une perte regrettable que l’antique cérémonie de l’offrande ait disparu de l’usage. Elle s’était maintenue assez fermement en France jusqu’au XIXème siècle, peut-être en raison du rôle important qu’elle avait dans l’ancienne liturgie des Gaules d’avant Charlemagne. Je ne l’ai vue réalisée qu’une seule fois à la campagne pour des funérailles dans les années 1990.
  13. On appelle Induts (du latin Indutum, revêtu) un clerc ou un laïc qui remplit une fonction qu’il ne possède pas (et en revêt donc les ornements, dalmatique ou tunique). L’usage de faire tenir la fonction de Diacre ou de Sous-Diacre par de pieux laïcs est ancien en France. Voici du reste la note de l’instruction sur ce point : “Nous n’avons pu trouver la date de l’introduction des Induts dans la Liturgie Parisienne. Le Missel de 1666 les mentionne comme servant à l’Eglise Métropolitaine. – Dans le diocèse de Reims, où Son Eminence le Cardinal Gousset les a conservés sous le nom de procédents, les Induts sont mentionnés dans les plus anciens Missels imprimés, notamment dans celui du Card. de Lorraine qui assista au Concile de Trente ; ils sont donc bien antérieurs à la Liturgie que Paris abandonne aujourd’hui (i.e, celle de Mgr de Vintimille, remontant à 1736-1738, note d’H. de V.) pour celle de l’Eglise mère et maîtresse de toutes les autres.”
  14. Donc lorsqu’on célèbre à un autel où le Saint Sacrement n’est pas conservé – idem pour l’article suivant. L’usage parisien employait plutôt l’inclination profonde. L’instruction se conforme au Romain pour les différents points énumérés, sauf le dernier (45. – 10°).
  15. En liturgie, on distingue deux marches du clergé : la procession – dans laquelle on marche du moins digne au plus digne – et le cortège – où l’on suit l’ordre inverse.
    Depuis le Moyen-Age en France, on faisait avant la grand’Messe des dimanches et jours de fête une grande procession générale pendant laquelle on chantait des répons. Cette procession s’ouvrait par la Croix accompagnée des cierges des Acolytes. Le souvenir s’en ait conservé jusqu’à nos jours par la procession qui ouvre les messes dominicales en France. Le rit romain strict ignore ces cérémonies : le clergé se rend très simplement de la sacristie à l’autel par le chemin le plus court, la croix de procession n’est pas utilisée. L’instruction conseille de fait le maintien de cette procession solennelle, même si elle n’est pas très bien rédigée ici, puisqu’elle omet de parler de la Croix, alors qu’elle en parle dans l’article 50.
  16. L’instruction note ici : “S’il entrait pour la première fois il ferait d’abord une courte prière, et irait ensuite faire la génuflexion.”
  17. L’instruction note ici : “La Sacrée Congrégation des Rites (12 septembre 1857 ad 31 in Molin) prescrit le salut à ces derniers offices ; mais elle avait décidé, le 12 août 1854, qu’on n’est pas tenu de le faire dans les diocèses où il y a une coutume contraire ; c’est le cas où se trouve celui de Paris.
  18. Il y a de fait cinq positions pour les membres d’un Chœur : soit à genoux, soit debout tourné en Chœur (la moitié du Chœur fait face à l’autre), soit debout vers l’Autel (qu’il faut davantage entendre comme une position vers l’Orient et ne pas comprendre stricto sensu par une orientation physique vers l’Autel – l’usage parisien faisait que le clergé se tourne alors vers l’Orient liturgique, c’est la position des oraisons, souvenir de la prière antique qui était orientée ; notons que le maître-autel de Notre-Dame est assez éloigné des stalles), soit vers la Croix de l’Autel (pour les salutations), soit vers l’Evangile (vers le lieu physique où l’évangile et le second évangile sont lus). La règle est simple : on se tourne vers l’Autel dès que le Célébrant prie une oraison, en Chœur lorsqu’on chante ou qu’on est censé chanter en commun.
    Par ailleurs, l’instruction note ici : “Quand le clergé est debout tourné en Chœur, ceux qui sont dans les stalles s’appuient sur la miséricorde excepté quand ils reçoivent l’eau bénite et l’encens, pendant les Cantiques évangéliques, le Confiteor, à Prime et à Complies, et quand on lit à Matines les paroles de l’Evangile qui précèdent l’Homélie.
    Ceux dont les stalles sont tournées vers l’autel suivent la même règle ; ils ne s’appuient pas sur la miséricorde lorsque le Chœur est tourné vers l’autel.
    On abaisse la stalle toutes les fois qu’on doit s’asseoir.
  19. L’instruction note ici : Les Chanoines peuvent s’asseoir dès que le dernier d’entre eux a été encensé, quoique le Chœur soit toujours debout. Il en est de même des Prêtres qui peuvent s’asseoir quand on encense les Clercs.
  20. L’usage prévalait encore de chanter le Benedictus après la consécration. Notons que cet usage a été rappelé encore en 1960 par la Congrégation des Rites comme étant la norme.
  21. Il s’agit bien entendu de toutes les oraisons qui sont précédées du dialogue Flectamus genua. Levate. En dehors de celles-ci, toutes les oraisons sont à genoux, y compris, par exemple, celles de l’absoute aux Messes des morts.
  22. Le chanoine Lesage, cérémoniaire de l’Archevêque de Paris, précise dans son Dictionnaire pratique de liturgie Romaine (Paris, 1952, article Agenouillement page 34) que ce grand agenouillement du canon aux Féries de pénitence et aux Messes de Requiem s’étend du Sanctus jusqu’au Pax Domini inclusivement.
  23. Les Quatre-Temps de la Pentecôte ayant été inclus dans le Temps pascal, la pénitence n’y est pas marquée. Par ailleurs, une règle antique remontant au Concile de Nicée de 325 interdit l’agenouillement durant tout le Temps Pascal, ainsi que les Dimanches.
  24. Voilà une stricte application du 20ème et dernier canon du saint Concile de Nicée de 325, premier concile œcuménique :
    “Qu’il ne faut pas plier le genou aux jours de dimanche et au temps de la pentecôte.
    Comme quelques-uns plient le genou le dimanche et aux jours du temps de la pentecôte, le saint concile a décidé que, pour observer une règle uniforme dans tous les diocèses, tous adresseront leur prières à Dieu en restant debout.”
    Cette règle liturgique propose en fait d’honorer la résurrection du Christ (resurrexit signifiant il s’est levé ou il s’est tenu debout). Or chaque dimanche et pendant tout le Temps pascal, on fête la résurrection de Notre Seigneur.
    La règle de Nicée subsiste en filigrane dans le rit romain, comme on peut le voir pour le chant de l’Antienne finale de la Sainte Vierge (notez que les mêmes rubriques s’appliquent aussi toujours pour la prière de l’Angélus). A partir du XVIème siècle, la règle posée à Nicée a eu tendance à s’oublier à Rome. La France l’a observée strictement plus longtemps, le rit parisien contenait des dispositions similaires en plus grand nombre.
  25. L’instruction précise ici : “Nous parlons ici de ce que doivent faire ceux qui assistent à ces Offices, et non des ministres qui servent à l’Autel.”
  26. De fait, pour le chandelier de Ténèbres, les commentateurs du rit romain prévoient que les 14 cierges représentant les disciples soient de cire jaune, mais que le 15ème cierge représentant le Christ soit de cire blanche ; l’usage de Paris a toujours été de n’y utiliser que 15 cierges de cire jaune. A ce propos le Cérémonial Parisien de Martin du XVIIème siècle témoigne qu’à Paris on suivait alors la tradition d’utiliser un chandelier de 13 cierges à Ténèbres. Le Cérémonial Parisien du cardinal de Noailles au XVIIIème siècle passe aux 15 cierges à Ténèbres.
  27. Pour comprendre cet ultime paragraphe, il faut savoir qu’un peu partout en Europe depuis le Moyen-Age, on procédait après la Messe des Présanctifiés à un ensevelissement symbolique du Christ au tombeau, en apportant le Saint-Sacrement dans une chapelle transformée en sépulcre. Lles nombreuses Mises au tombeau qu’on peut trouver dans les églises servaient à cette cérémonie : en général, la statue du Christ est creuse et s’ouvre pour pouvoir y déposer l’hostie consacrée. Le dimanche de Pâques, très tôt le matin, on chantait joyeusement les matines pascales puis on faisait une procession triomphale qui ramenait le Saint-Sacrement du sépulcre au tabernacle du maître-autel. Cette cérémonie, qui marquait la résurrection, existe toujours au rit dominicain (le rit byzantin procède lui aussi toujours à un ensevelissement du Christ aux vêpres du Vendredi Saint). Paris a connu par le passé de telles cérémonies, qui n’existaient pas dans le rit de la curie d’où est issu l’actuel rit romain. La suppression de ces manifestations de piété populaire posait donc problème au XIXème siècle, d’où la suggestion du cardinal Guibert.