Entre 885 et 1947, on dénombre 95 processions extraordinaires des reliques de sainte Geneviève. Celles-ci étaient exceptionnelles, elles étaient spécialement organisées par les autorités civiles et religieuses dans des cas de graves calamités publiques, en souvenir de la préservation miraculeuse de Paris obtenue par sainte Geneviève lors de l’invasion des Huns. De nombreux miracles furent recensés au cours de ces processions, parmi lesquels le plus célèbre est celui de la guérison du mal des Ardents.
Par la suite, la grande dévotion & le grand amour des Parisiens envers leur sainte patronne fit que la basilique changea rapidement de nom et devint la basilique Sainte-Geneviève, sur la montagne qui prit elle aussi ce même nom. Un chapitre de chanoine y fut établi, avec à leur tête un abbé, la basilique Sainte-Geneviève devint l’abbatiale de ce monastère. L’église de Saint-Etienne-du-Mont fut construite accolée à l’Abbatiale, afin de servir de paroisse aux habitants du quartier qui se développa sur la Montagne Sainte-Geneviève.
Dès le VIIème siècle, les reliques de sainte Geneviève furent exhumées et placées au dessus du maître-autel dans une châsse splendide conçue par saint Eloi, évêque de Noyon et conseiller du roi Dagobert.
Si en 846, sous le règne de Charles le Chauve, la châsse de sainte Geneviève fut mise en sureté à Athis pour échapper aux premiers pillages des Normands païens, la première procession connue eut lieu en 886, lors du 6ème siège de Paris que les Normands avaient démarrés le 25 novembre 885. Les chanoines de Sainte-Geneviève portèrent la châsse là où le combat était le plus difficile, on fit de même avec la châsse contenant les reliques de saint Germain. Cette action revigora le courage des défenseurs, Paris ne fut pas prise et fut par la suite définitivement délivrée de la fureur des Normands.
La seconde procession connue fut aussi la plus fameuse : elle eut lieu le 26 novembre 1130, alors que le Mal des Ardents – épidémie due à l’ingestion d’ergot de seigle – décimait Paris, ayant déjà fait plus de 14 000 morts. L’évêque de Paris ordonne des jeûnes & des prières publiques, puis conduit la procession avec la châsse de sainte Geneviève, depuis sa basilique jusqu’à Notre-Dame. 100 malades sur 103, après avoir effleuré la châsse lors de son passage, furent miraculeusement guéris (les trois sceptiques moururent) : c’est le fameux Miracle des Ardents, qui est fêté à Paris par une fête particulière chaque 26 novembre, fête instituée l’année suivante, 1131, par le pape Innocent II.
C’est sur le modèle de cette procession de 1130 que toutes les processions subséquentes furent organisées, selon un cérémonial précis qui ne changea guère jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Ainsi, en 1239, lorsque saint Louis demanda que toutes les châsses des saints parisiens vinssent au devant des reliques de la Passion pour les accueillir, les religieux de Sainte-Geneviève refusèrent de sortir la leur, prétextant que sainte Geneviève ne pouvait aller que de l’Abbaye à Notre-Dame (et accompagnée de saint Marcel, comme on le verra ci-après).
La première châsse de sainte Geneviève, conçue par saint Eloi au VIIème siècle, fut remplacée par une seconde en 1242, œuvre de l’orfèvre parisien Bonnard ; celle-ci, en vermeil et rehaussée de pierres précieuses, était décorée de médaillons et d’arcades abritant les statues des 12 Apôtres, et pesait 193 marcs d’argent et sept marcs et demi d’or.
La châsse de Bonnard de 1242 fut restaurée en 1614 par l’orfèvre Pierre Nicolle, sur ordre de Benjamin de Brichanteau, 34ème abbé de Sainte-Geneviève et évêque de Laon.
La châsse fut alors posée sur un socle, au dessus du maître-autel, portées par 4 cariatides dessinées par Le Mercier (actuellement au Musée du Louvre) et entourée d’œuvres de Germain Pilon (les statues de saint Denis et de sainte Geneviève).
La châsse était originairement portée par les Génovéfains, les chanoines réguliers de l’Abbaye de Sainte-Geneviève. En 1412, à la demande des habitants de Paris, une confrérie de sainte Geneviève fut érigée en vertu d’un bref du Pape et de lettres patentes de Charles VI. Puis en 1524, ses membres obtinrent le privilège de porter la châsse aux processions. Cependant, aux premières processions qui suivirent, quatre chanoines génovéfains posaient la main à chaque extrémité du brancard, pour maintenir leur droit.
La Compagnie des porteurs de la châsse fut limitée à 16 membres. Ceux-ci étaient choisis au sein des six corporations marchandes de la ville de Paris : drapiers, épiciers, merciers, pelletiers, bonnetiers, orfèvres, puis quelques temps après, libraires-imprimeurs et marchands de vin. La châsse devait être portée tête nue, pieds nus et sans barbe, en habit de pénitent public (une aube de toile blanche), avec un chapelet à la ceinture. Les membres de la Compagnie, cooptés, étant nommés à vie, on institua rapidement 14 puis 24 “attendants” afin de subvenir aux difficultés physiques des plus âgés. Ces “attendants” portaient des cierges devant la châsse lorsque leur aide n’était pas requise.
L’archevêque de Paris et l’abbé de Sainte-Geneviève ne pouvaient organiser de procession qu’à la suite d’un arrêt du Parlement les y autorisant expressément. Souvent, c’était du reste le Parlement de Paris lui-même qui décidait de la date retenue pour faire la procession.
Avant la procession extraordinaire, chaque paroisse parisienne venait à tour de rôle en procession jusqu’à la basilique-abbaye de Sainte-Geneviève pour y prier ; la veille de la procession, un jour de jeûne général était ordonné par l’archevêque de Paris (les chanoines de Sainte-Geneviève devaient quant à eux démarrer ce jeûne trois jours avant).
La veille, au chant des sept psaumes de pénitence, on procédait à la cérémonie de la descente de la châsse. Celle-ci était ôtée de son piédestal au dessus du maître-autel de la basilique-abbaye, au moyen d’un système de cordes et de poulies, comme le décrit cette une estampe du XVIIème siècle :
La chasse déposée, le clergé passait la nuit en prière autour d’elle, en chantant les saints offices.
La châsse de sainte Geneviève ne sortait jamais en procession sans être accompagnée de celle de saint Marcel, selon l’ancien dicton : “sainte Geneviève ne sort que si saint Marcel la va quérir”. Saint Marcel avait été au IVème siècle l’évêque de Paris qui avait consacré la jeune sainte dans l’ordre des vierges de sa cité. L’usage voulait que la châsse de saint Marcel, venue de Notre-Dame et portée par des membres de la confrérie des orfèvres, rejoigne d’abord celle de sainte Geneviève dans le chœur de l’Abbaye, où ses porteurs l’inclinait comme pour saluer la sainte, puis la posait sur le maître-autel. Après une oraison, les deux châsses se rendaient en procession, via la rue du Faubourg Saint-Jacques et le Petit-Pont, jusqu’à Notre-Dame. Sur le trajet de la procession, les rues étaient tapissées & décorées, des reposoirs dressés, les boutiques étaient fermées. Arrivés au Petit-Pont, les porteurs des châsses de sainte Geneviève et de saint Marcel échangeait leurs châsses (un pareil échange avait déjà eut lieu sur le parvis de l’Abbaye, car pour sortir, chaque groupe de porteur s’était d’abord chargé de la châsse de l’autre) puis on entrait dans la cathédrale où une messe solennelle était chantée (il s’agissait de la messe votive de la Sainte Vierge).
Le cérémonial de la procession suivait un ordre protocolaire somme toute classique en liturgie :
- en tête du cortège, les ordres religieux,
- puis le clergé de certaines paroisses parisiennes – en particulier des deux filles de Sainte-Geneviève : Saint-Médard et Saint-Etienne-du-Mont, avec leurs croix, bannières et reliquaires,
- portée par les orfèvres, la châsse de saint Marcel,
- en fin de procession, la châsse de sainte Geneviève, portée par ses confrères pieds nus,
- suivie des chanoines de Sainte-Geneviève, pieds nus, et de ceux de Notre-Dame de Paris,
- auxquels succèdent l’abbé de Sainte-Geneviève, pieds nus, & Monseigneur l’archevêque de Paris,
- enfin les membres des trois cours souveraines (Parlement, Chambre des Comptes, Cour des Aides), le Gouverneur de Paris, les officiers de la Ville (Prévôt des Marchands (l’équivalent du Maire) et les échevins de Paris (l’équivalents des conseillers municipaux), suivis toujours d’un grand concours de peuple.
Après la messe, une procession similaire ramenait la châsse de sainte Geneviève en son Abbaye. Toutefois le clergé de Notre-Dame et la châsse de saint Marcel ne l’accompagnaient que jusqu’à la petite église de Sainte-Geneviève-des-Ardents, située sur le parvis de la cathédrale, où, après les avoir fait se saluer, un échange des deux châsses, similaire à ceux de l’aller, était fait (les porteurs de saint Marcel étaient en effet sortis du chœur de Notre-Dame avec la châsse de sainte Geneviève, et vice et versa). La procession empruntait un autre chemin, passant par la rue Galande, la place Maubert et la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Une fois la châsse de la sainte patronne replacée sur son piédestal au son des cloches & des orgues, l’Abbé de Sainte-Geneviève donnait sa bénédiction pontificale. Durant toute une octave, la châsse restait découverte pour permettre au peuple parisien de venir rendre grâce à Dieu & à sa sainte patronne.
Lors de ces processions extraordinaires, tout ce que Paris comportait comme châsses (celles de saint Lucain, saint Merry, sainte Aure, saint Clément, saint Landry, saint Honoré, sainte Opportune, saint Paxent, saint Magloire, sainte Avoye, saint Papan, saint Médéric) s’adjoignaient en général au cortège, dans un déploiement de cérémonies civiles & religieuses fastueux, comme le représente cette gravure ci-après. Notez l’Abbé de sainte Geneviève et ses chanoines suivant la procession pieds nus.
Parmi les processions d’Ancien Régime, évoquons celle de 1239, demandée par saint Louis pour la guérison de son frère le comte d’Artois. Celui-ci, alité à Gonesse, guérit instantanément au moment même où l’on sortait la châsse de l’Abbatiale. Ou bien la procession de janvier 1496, ordonnée en raison de graves inondations, au cours de laquelle Erasme reçut une guérison personnelle. Ou encore celle du 22 juin 1567, ordonnée pour une grande sécheresse : la pluie se mit à tomber avec une telle abondance que la procession eut peine à avancer.
Citons enfin celle du 27 mai 1694, ordonnée en raison d’une terrible sécheresse tandis que la guerre faisait rage : avant la fin de la procession, les nuages s’amoncelèrent et la pluie tomba ; au même moment, le maréchal de Noailles remportait la victoire de la rivière Ter en Espagne (l’annonce n’en parvint à Paris que 3 jours plus tard). Le prévôt des marchands et les échevins de Paris, reconnaissants, commandèrent à Nicolas de Largillière un grand tableau en guise d’ex-voto, peint en 1695 : Sainte Geneviève intercédant pour faire tomber la pluie, tableau conservé aujourd’hui à Saint-Etienne-du-Mont.
En 1744, Louis XV promis le financement d’une nouvelle église abbatiale pour Sainte-Geneviève. Les travaux débutèrent en 1754 selon les plans de Soufflot. En 1762, la crypte était terminée et, le 6 septembre 1764, lors de la pose première pierre de l’église supérieure (l’actuel Panthéon) devant le roi, on déposa la châsse de saint Geneviève dans la nouvelle crypte.
C’est de cette nouvelle basilique Sainte-Geneviève que partit la dernière procession d’Ancien Régime, le 16 décembre 1765, procession organisée pour demander à Dieu la santé du Dauphin.
Lors de la Révolution dite française, les Révolutionnaires, dans leur hargne à détruire par tous moyens l’attachement des Français à la foi catholique de leurs pères, décidèrent le crime inouï de détruire les précieuses reliques de la jeune fille qui avait tant de fois par le passé sauvé Paris. Ce crime fut effectué après plusieurs étapes. Tout d’abord, le 4 avril 1791, la nouvelle basilique Sainte-Geneviève avait été sécularisée en Panthéon. Le 14 août 1792, les révolutionnaires n’osant encore détruire la châsse de sainte Geneviève, la firent transporter à l’église Saint-Etienne-du-Mont malgré les protestations de Louis XVI, rapportées dans son procès. Après la mort du roi, la châsse de saint Geneviève fut enlevée et déposée à la Monnaie où l’on pilla toutes les pierres précieuses qui y étaient ensachées (beaucoup d’entre elles étaient des cadeaux de reines de France). Le 6 novembre 1793, les membres de la commune de Paris, escortés de volontaires, entrèrent à l’ancienne Abbaye de Sainte-Geneviève à 10 heures du matin pour procéder à l’enlèvement de tous objets de culte. N’y trouvant plus rien, ils y détruisirent les vitraux, les boiseries et les statues. Ils pénétrèrent ensuite dans la crypte, où, ne trouvant rien non plus, ils brisèrent les tombeaux de saint Prudence et saint Céraune. Le 3 décembre 1793, sur ordre du Conseil Général de Paris on brûla en place de Grève, de nuit, le reliquaire de Bonnard qui avait traversé les siècles et les précieux ossements qu’il contenait, avec un ensemble d’ornements ecclésiastiques, étoles, chasubles, mitres et chapes, puis leurs cendres furent jetées à la Seine.
Après la révolution, on réunit des reliques de sainte Geneviève qui avaient été données à différents sanctuaires au cours des âges, et qui avaient pu échapper à la fureur christianophobe des Révolutionnaires, en raison de leurs tailles plus discrètes.
Au cours du XIXème siècle, pas moins de 5 châsses de sainte Geneviève furent recrées, recevant les différentes reliques qui avaient été rassemblées après la Révolution :
- En 1803, on retrouve dans la crypte de l’ancienne Abbatiale une partie de l’antique sarcophage de sainte Geneviève qui y avait été conservé depuis le Vème siècle. En 1807, on la déplaça dans une chapelle latérale de Saint-Etienne-du-Mont (la destruction de l’ancienne Abbatiale, en trop mauvais état, ayant démarré), où elle fut placée dans une grande châsse. Cette châsse ne se déplace pas.
- Le 12 décembre 1821, la basilique construite par Soufflot fut rendue au culte catholique. Le 3 janvier 1822, sous l’impulsion de Monseigneur de Quelen, archevêque de Paris, une nouvelle châsse, créée par le célèbre orfèvre Poussielgue-Rusand, fut déposée sur le maître-autel de la nouvelle basilique. On déposa dans cette chasse quelques petits os de sainte Geneviève provenant de divers reliquaires d’églises parisiennes. Le 26 août 1830, Louis Philippe désacralisant le Panthéon, ce reliquaire fut ramené à Notre-Dame, puis revint de nouveau à Sainte-Geneviève lorsque Napoléon III y rétablit le culte en 1854, avant de repartir à Notre-Dame quand la basilique fut à nouveau désacralisée en 1885 par la IIIème République. Ce reliquaire est toujours à Notre-Dame (il vient d’être restauré dans le cadre du 850ème anniversaire de la cathédrale) et est porté en procession.
- Une châsse en bois dorée de grandes dimensions provenant de l’abbaye de Chelles (monastère fondé en 657 par sainte Bathilde, épouse de Clovis II) fut placée au début du XIXème siècle au dessus du jubé de Saint-Etienne-du-Mont, entre les colonnes formant l’extrémité du choeur. Cette châsse contient des reliques de sainte Geneviève, mais aussi de saint Charles Borromée, saint Vincent de Paul et de plusieurs autres saints. La reconnaissance des reliques fut faite le 25 mars 1854. Cette châsse n’est pas portée en procession.
- On retrouva en 1853 à Notre-Dame, un petit reliquaire oblong en cristal contenant un petit os de Sainte Geneviève. Une châsse, plus légère en bois doré, fut donc offerte par souscription, et commandée à l’orfèvre Chartier. Elle se trouve, très abîmée, dans les réserves de Notre-Dame de Paris.
- Une dernière châsse, inaugurée le 3 janvier 1896, est l’oeuvre de l’orfèvre parisien Louis Favier. Elle est placée à Saint-Etienne-du-Mont à côté de la grande châsse du tombeau. Cette châsse est portée en procession.
Si la Compagnie des porteurs de la châsse de sainte Geneviève fut refondée le 11 janvier 1854, il fallut attendre le XXème siècle pour voir de nouveau des processions extraordinaires parcourir les rues de Paris, en dehors des translations des reliques.
Le 8 septembre 1914, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie, alors que rien ne semblait pouvoir arrêter l’armée allemande qui s’approchait dangereusement de Paris, une procession solennelle précédée de trois jours de prières est conduite sur ordre de S.E. le cardinal Amette, archevêque de Paris. Quatre jours après, le 12 septembre (fête du Saint Nom de Marie), la victoire de la Marne permettait d’écarter définitivement le danger de la chute de la capitale.
Une autre procession pour la préservation de Paris fut menée le 19 mai 1940 par S.E. le cardinal Suhard, archevêque de Paris, en présence des membres du gouvernement de M. Paul Reynaud, alors que les Panzerdivisions allemandes déferlaient sur la France par suite de la percée de Sedan du 15 mai.
Une troisième procession eut lieu en janvier 1947 sous la conduite du nonce apostolique Monseigneur Roncalli (futur saint Jean XXIII, qui devait en 1962 placer la Gendarmerie française sous le patronage de sainte Geneviève), assisté de Monseigneur Evrard, ancien évêque de Meaux.
Depuis 2007, de nouvelles processions sont organisées qui ont lieu autour de la fête de sainte Geneviève le 3 janvier, de façon régulière (et non plus extraordinaire), par dévotion et sans référence à une calamité publique précise.
Date | Motifs | Commentaires |
885 | Invasions normandes | |
26 novembre 1130 | Mal des ardents | 100 des 103 malades ayant touché la châsses sont guéris. Le Pape Innocent II institue la fête parisienne de sainte Geneviève du Mal des Ardents chaque 26 novembre. |
1196 | Inondations de 16 jours | Processions multiples, en particulier de saint Denis, suivies par Philippe Auguste (rapporté par Rigord) |
1206 | Inondations | Passage de la procession sur le Petit-Pont déjà ébranlé par les flots ; après son passage, il s’écroula et les eaux se retirèrent. |
1233 | Pluies | |
1239 | Guérison du comte d’Artois | Le comte d’Artois est guéri dès le départ de la procession. |
1240 | Pluies | |
1242 | Pluies | Nouvelle châsse réalisée par Bonnard, qui remplace celle de saint Eloi |
1283 | Une colombe blanche suivit la procession tout au long de son cours et disparut à la fin. | |
1296 | ||
1303? | Inondations | |
juillet 1325 | Pluies | |
6 juin & 10 juillet 1347 | Lendemain de la bataille de Crecy et de la perte de Calais | En présence de Jeanne de Bourgogne |
août 1366 | Pluies | En présence de Charles V |
juillet 1377 | En présence de Charles V et des ducs d’Orléans et de Bourgogne | |
septembre 1380 | Minorité de Charles VI | Après la mort de Charles V, le 16 septembre. |
décembre 1410 | Guerres civiles Armagnacs – Bourguignons | |
juillet 1412 | Paix de Bourges | |
août 1417 | Guerre civile et peste | |
1418 | Contre les Bourguignons | |
12 août 1421 | Calamités publiques | |
25 octobre 1423 | Pour la paix | |
2 juillet 1427 | ||
7 janvier 1436 | Pluies | |
avril 1436 | Pluies | |
9 janvier 1437 | ||
11 janvier 1438 | Pluies | |
28 octobre 1443 | Pluies | |
31 août 1456 | Calamités publiques | |
septembre 1466 | Contagions | 40 000 morts |
juin 1478 | Calamités publiques | |
12 juin 1481 | Maladie de Louis XI | |
1er septembre 1481 | Maladie de Louis XI | Rémission qui ne durera que deux ans, jusqu’à sa mort. |
janvier 1496 | Inondations | Procession où participa Erasme pour une guérison personnelle. |
juillet 1505 | Pluies | |
juin 1509 | Pour le succès des armées de Louis XII | |
juillet 1512 | Pour obtenir la paix | |
juillet 1513 | Contre les Anglais | |
juin 1517 | Sécheresse | |
mai 1521 | Famine | Arrivée à Paris de cinq bateaux de blé. |
juin 1522 | Péril militaire aux frontières | Charles Quint et Henri VIII se présentaient simultanément au Sud et au Nord. |
août 1523 | Pour le succès des armes de François Ier en Italie | |
mai 1524 | Sécheresse | |
mai 1527 | Pluies continuelles | |
juillet 1529 | Guerre et famine | Signature du traité de Cambrai en août 1529. |
janvier 1530 | Inondations | |
avril 1535 | En l’honneur de Dieu, de Nostre Dame et de tous les sainctz et sainctes du Paradis | Contre les blasphèmes des Luthériens avec la participation du roi François Ier et de la reine Eléonore. |
juillet 1535 | Pluies diluviennes | |
août 1536 | Pluies diluviennnes | |
juillet 1541 | Calamités publiques | |
juillet 1542 | Calamités publiques, pour la paix et contre les hérésies | |
juillet 1543 | Pluies continuelles | |
octobre 1548 | Sécheresse | |
juillet 1549 | Arrêter les progrès de l’hérésie | |
juin 1551 | Pluies et grêle | |
novembre 1551 | Pour la conservation de la religion catholique | Grande procession avec la participation du roi Henri II. |
juin 1552 | Prospérité des armes | |
juillet 1555 | Calamités publiques et guerres | |
juillet 1556 | Chaleur et sécheresse | |
septembre 1557 | Calamités publiques et guerres | |
juillet 1559 | Guerison de Henri II après un tournois | Henri II décède quelques jours après |
juin 1560 | Calamités publiques | |
1563 | Délivrer Orléans des Huguenots | |
juillet 1564 | Pluies continuelles | |
juillet 1566 | Mauvais temps | |
22 juin 1567 | Sécheresse | La pluie se met à tomber avec une telle abondance que la procession peine à avancer. |
novembre 1567 | Prospérité des armes | |
septembre 1568 | Grande procession pour la santé du roi Charles IX | |
septembre 1570 | Pluies continuelles | |
septembre 1572 | Pour la défaite des Huguenots | |
juin 1573 | Pour la récolte des blés | |
juillet 1577 | Mauvais temps | |
décembre 1582 | Pour une descendance pour le roi Henri III | Le roi, mort sans enfant, laissa le trône à Henri IV qui se convertit en 1593 |
juin 1584 | Calamités publiques | |
juillet 1587 | Pour la récolte des blés | |
mai 1589 | Pour la conservation de la religion catholique | |
avril 1590 | Pour la conservation de la religion catholique | |
mars 1594 | Mauvais temps | |
juillet 1594 | Pluies continuelles | |
août 1599 | Sécheresse | |
juin 1603 | Pluies continuelles | Rupture spontanée des chaînes d’un galérien dévôt. |
juin 1611 | Sécheresse | |
juin 1615 | Sécheresse | |
juillet 1625 | Pluies continuelles | |
13 juin 1652 | Grande procession pour la paix | Description dans les mémoires d’André d’Ormesson (fol. 327). |
juillet 1675 | Calamités publiques, pluies continuelles | Madame de Sévigné y assiste. |
27 mai 1694 | Grande procession contre la sécheresse, et contre la guerre | Dès la fin de la procession, le ciel se couvre et la pluie tombe. A l’occasion de ce miracle, le Prévôt des Marchands commande à Largillière le tableau “Sainte Geneviève intercédant pour faire tomber la pluie” encore présent à Saint-Etienne-du-Mont. A l’heure de la procession, le maréchal de Noailles remporte la victoire de la rivière Ter en Espagne. |
août 1696 | Sécheresse | |
mai 1709 | Pour la récolte des blés | |
juin 1725 | Grande procession en raison des pluies continuelles et du froid | |
16 décembre 1765 | Pour la santé du Dauphin | Dernière procession de l’Ancien Régime. |
8 septembre 1914 | Pour préserver Paris | La victoire de La Marne, qui stoppe l’avancée des troupes allemandes vers la capitale, est remportée 4 jours plus tard. |
19 mai 1940 | Pour préserver Paris | En présence du gouvernement. Paris ne subira que peu de dommages au cours de la Seconde Guerre mondiale. |
janvier 1947 | Reprise des neuvaines à sainte Geneviève | Monseigneur Roncalli, nonce apostolique (futur saint Jean XXIII, qui devait en 1962 placer la Gendarmerie française sous le patronage de sainte Geneviève) conduit la procession. |
Un grand merci pour cette belle histoire instructive de la dévotion à Ste Geneviève à Paris!
Pour les amateurs de littérature, je vous livre l’extrait de la lettre de Madame de Sévigné, où elle relate la procession de juill. 1675 à laquelle elle a assisté. On reconnaît bien le style de l’Epistolière.
DE Mme DE SÉVIGNÉ À Mme DE GRIGNAN.
À Paris, vendredi 19 juillet 1675.
Devinez d’où je vous écris, ma bonne : c’est de chez M. de Pomponne ; vous vous en apercevrez par le petit mot que madame de Vins vous dira ici. J’ai été avec elle, l’abbé Arnauld et d’ Hacqueville, voir passer la procession de Sainte-Geneviève ; nous en sommes revenus de très-bonne heure, il n’était que deux heures ; bien des gens n’en reviendront que ce soir. Savez-vous que c’est une belle chose que cette procession ? Toutes les religions, toutes les paroisses, toutes les châsses, tous les prêtres des paroisses, tous les chanoines de Notre-Dame, et M. l’archevêque pontificalement, qui va à pied, bénissant à droite et à gauche jusqu’à la cathédrale ; cependant il n’a que la main gauche ; et à la droite, c’est l’abbé de Sainte-Geneviève, nu-pieds, précédé de cent cinquante religieux, nu-pieds aussi, avec sa crosse, sa mitre, comme l’archevêque, et bénissant aussi, mais modestement et dévotement, et à jeun, avec un air de pénitence qui fait voir que c’est lui qui va dire la messe dans Notre-Dame. Le parlement en robes rouges, et toutes les compagnies supérieures, suivent cette châsse, qui est brillante de pierreries, portée par vingt hommes habillés de blanc, nu-pieds. On laisse en otage à Sainte-Geneviève le prévôt des marchands et quatre conseillers, jusqu’à ce que ce précieux trésor soit rendu. Vous m’allez demander pourquoi on l’a descendue : c’était pour faire cesser la pluie, et pour demander le chaud. L’un et l’autre étaient arrivés dès qu’on en a eu ce dessein, de sorte que, comme c’est en général pour nous apporter toutes sortes de biens, je crois que c’est à elle que nous devons le retour du Roi. Il sera ici dimanche; je vous manderai mercredi tout ce qui se peut mander. (…) (texte établi par Roger Duchêne – nrf gallimard)
Pour la procession de 1652, vous précisez qu’elle a été relatée par André d’Ormesson. En voici un extrait du descriptif qu’il en fait:
« Les religieux de Sainte-Geneviève, ayant jeûné trois jours et fait les prières ordonnées, descendirent la châsse ledit jour du mardi 13 (1652, fëte de saint Barnabé), à une heure après minuit. Le lieutenant civil… le lieutenant criminel, le lieutenant particulier et le procureur du Roi la prirent en leur garde. Les quatre mendiants marchaient les premiers, savoir : les cordeliers, les jacobins, les augustins et les carmes, et puis les sept paroisses filles de Notre-Dame, avec leurs bannières ; puis furent portées les châsses de saint Papan, saint Magloire, saint Méderic, saint Landry, sainte Avoie, sainte Opportune et autres reliquaires ; puis la châsse de saint Marcel, évêque de Paris, qui fut portée par les orfèvres. Celle de sainte Geneviève fut portée par des bourgeois de Paris, auxquels cet honneur appartient. À l’entour et à la suite d’icelle étoient les officiers du Châtelet, qui l’avaient en garde. Le clergé de Notre-Dame marchoit à gauche, et l’abbé de Sainte-Geneviève avoit la droite, marchoit les pieds nus comme tous les religieux de Sainte-Geneviève. Ceux qui portaient la châsse de sainte Geneviève étoient aussi pieds nus. M. l’archevêque de Paris [l’oncIe de Retz] étoit assis dans une chaire à cause de son indisposition, avoit à côté de lui ledit sieur abbé, et donnoient tous deux des bénédictions au peuple. Le parlement suivoit après […]. La châsse de saint Marcel était très belle et très riche; celle de sainte Geneviève l’était encore plus, y ayant de grosses perles, rubis et émeraudes en grande quantité, qui avaient été données par la feue reine Marie de Médicis. »
Mémoires d’André d’Ormesson (citées dans Sévigné – Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3)