Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 19 juillet 2015 du calendrier grégorien, 6 juillet 2015 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.
Dimanche du ton VI de l’Octoèque. Nous fêtons aussi en ce jour notre vénérable Père saint Sisoès le Grand.
Saint Sisoès (ou Sisoy) fut l’un des nombreux Pères du désert d’Egypte. Il quitta le monde dès sa jeunesse et se retira vers le milieu du IVème siècle dans le désert de Scété (l’actuel Ouadi Natroun, à 75 km au Nord-Ouest du Caire) où florissait alors saint Macaire le Grand. Après y avoir fait ses premières armes dans la vie anachorétique sous la direction spirituelle d’Abba Hor, il passa le Nil en 366 pour aller demeurer dans la montagne sur laquelle saint Antoine le Grand était mort onze ans auparavant. Sa réputation de sainteté y fut telle qu’on venait le consulter de loin et qu’on le regardait comme le nouveau saint Antoine. Il mit en déroute des Ariens venus lui rendre visite en leur faisant lire par son disciple un traité de saint Athanase. Voici, pour mieux juger de la perfection de son ascèse, quelques uns des Apophtègmes des Pères du Désert relatifs à saint Sisoès :
1. Abba Sisoès disait : “L’humilité s’acquiert premièrement par l’abstinence, deuxièmement par la prière et troisièmement en s’efforçant de se considérer en toute circonstance comme inférieur à tous les hommes.”
2. Abba Ammon, de Rhaïtou, dit à Abba Sisoès : “Quand je lis la Bible, mon esprit a envie de préparer un beau discours. Alors je pourrai répondre si on m’interroge”. L’ancien lui dit : “Ce n’est pas nécessaire. Essaie plutôt de garder ton esprit pur. Alors tu obtiendras, pour toi-même, d’être sans souci et d’avoir le don de la parole pour enseigner les autres”.
3. Un jour, Abba Sisoès parla en toute liberté. Il dit : “Courage ! Après trente ans, je ne prie plus Dieu pour mes fautes, mais je fais cette prière : ‘Seigneur Jésus, défends-moi contre ma langue !’ Et pourtant, jusqu’à maintenant, chaque jour, je tombe à cause de cette langue et je fais le péché”.
4. Les Sarrasins, dans une de leurs expéditions, pillèrent la demeure de Sisoès et du frère qui était avec lui. Comme tous deux marchaient dans le désert à la recherche de quelque nourriture, Sisoès rencontra du crottin de chameau, et l’ayant mis en pièces il y trouva deux grains d’orge. Il mangea un grain et mit l’autre dans sa main. Son frère l’ayant rejoint s’aperçut qu’il mâchait quelque chose. “Est-ce là ta charité, dit-il, tu trouves un aliment, tu le manges seul, sans m’appeler.” L’abbé Sisoès répondit : “Je ne t’ai pas fait de tort, mon frère, voici ta portion que j’ai gardée dans ma main.”
5. Un frère demanda à l’abbé Sisoès : “Que dois-je faire, abba, car je suis tombé ?” Le vieillard lui dit : “Relève-toi.” Le frère dit : “Je me suis relevé et je suis tombé de nouveau.” Le vieillard dit : “Relève-toi encore et encore.” Alors le frère demanda : “Jusqu’à quand ?” Le vieillard répondit : “Jusqu’à ce que tu sois emporté ou dans le bien ou dans la chute ; car dans l’état où se trouve l’homme, ainsi s’en va-t-il au jugement.”
6. Un frère interrogea abba Sisoès en disant : “Je m’aperçois que le souvenir de Dieu demeure en moi. » Le vieillard lui dit : « Ce n’est pas grande chose que d’être avec Dieu dans la pensée ; mais c’en est une grande que de te voir toi-même inférieur à toute créature. Cela, en effet, joint à la peine corporelle, conduit à l’humilité.”
7. L’un des frères alla trouver Abba Sisoès sur la montagne d’Abba Antoine. Tandis qu’il parlait, il dit à Abba Sisoès : “Es-tu déjà parvenu à la mesure d’Abba Antoine, Père ?” Et le vieillard de lui dire : “Si j’avais l’une des pensées d’Abba Antoine, je deviendrais tout entier comme du feu : pourtant je connais un homme qui, avec peine, peut porter la pensée d’Antoine.”
8. On disait d’Abba Sisoès que lorsqu’il fut près de mourir, les Pères étant assis près de lui, son visage brilla comme le soleil. Et il leur dit : “Voici que vient Abba Antoine”. Et après un petit moment, il dit : “Voici que vient le choeur des prophètes”. Et de nouveau son visage brilla avec plus d’éclat et il dit : “Voici que vient le choeur des apôtres”. Et son visage redoubla encore d’éclat et voici qu’il paraissait parler avec quelques interlocuteurs. Et les vieillards lui demandèrent : “Avec qui parles-tu, Père ?” Il dit : “Voici que des anges viennent me prendre, et je les supplie qu’on me laisse faire un peu pénitence”. Les vieillards lui dirent : “Tu n’as pas besoin de faire pénitence, Père !” Mais le vieillard leur dit : “En vérité, je n’ai pas conscience d’avoir commencé”. Et tous reconnurent qu’il était parfait. Et à nouveau son visage redevint subitement comme le soleil et tous furent saisis de crainte. Il leur dit : “Regardez, le Seigneur vient !” Et aussitôt, il rendit l’esprit. Il y eut alors comme un éclair, et toute la maison fut remplie d’une bonne odeur.
Ainsi mourut glorieusement Abba Sisoès, après avoir passé plus de 60 ans sur la montagne de saint Antoine. C’était l’an 429. Saint Sisoès est fêté au 6 juillet par l’Eglise copte & l’Eglise byzantine et quelquefois au 4 juillet dans certains diocèses latins d’Occident. Il est parfois difficile de le distinguer dans les collections d’Apophtegmes d’un autre saint Sisoès, dit le Thébain, qui florissait vers le milieu du Vème siècle à Calamon près d’Arsinoé et d’un troisième saint Sisoès, de Pétra.
Saint Sisoès le Grand est fréquemment représenté dans l’iconographie byzantine se tenant devant les ossements d’Alexandre le Grand et versant des larmes face à la vanité de la gloire terrestre et sur le sort commun qui attend tout homme.
Cet épisode de la vie de saint Sisoès est très intéressant car il n’a été transmis que par la tradition iconographique et ne se retrouve dans aucun texte des Pères du Désert qui soit parvenu jusqu’à nous, ni dans les textes liturgiques de ce saint. Est-il plausible ? oui, car le corps d’Alexandre était en effet exposé à Alexandrie dans un cercueil de verre dans lequel l’avait placé Ptolémée IX en 89 avant Jésus-Christ. De nombreux personnages rendirent visite à cette dépouille, entre autres les empereurs César, Auguste & Caracalla. Alexandre le Grand était mort à Babylone en 323 avant Jésus-Christ, la procession funéraire qui ramenait sa dépouille en Macédoine fut attaquée par Ptolémée Ier qui l’amena alors sur ses terres égyptiennes. On pense en général que le tombeau d’Alexandre fut détruit lors du terrible raz-de-marée à la suite d’un tremblement de terre qui balaya Alexandrie le 21 juillet 365 et fit plus de 50 000 morts. Saint Jean Chrysostome déclare que de son temps, à la fin du IVème siècle, le tombeau d’Alexandre avait disparu, ce que confirme Théodoret. Saint Sisoès a néanmoins très bien pu le connaître dans sa jeunesse. Il est probable que cet épisode figurait dans un texte aujourd’hui perdu et qu’il ne s’est transmis que par la tradition iconographique.
L’icône de saint Sisoès se lamentant sur le tombeau d’Alexandre connut, on le comprendra aisément, un regain de faveur dans les monastères grecs après la chute de Constantinople en 1453. Cette représentation iconographique est en général placée dans les monastères byzantins sur le mur du fond lorsqu’on sort de l’église afin que l’on puisse garder le souvenir de la mort en quittant l’office. On la trouve parfois au milieu du cimetière, comme dans celui de l’église Saint-Georges-des-Grecs à Venise.
Il est possible que la contemplation de restes d’Alexandre le Grand, qui ne fut grand que par ses fugitives gloires terrestres, entraîna la conversion et inspira la vie de pénitence de saint Sisoès, qui lui devint véritablement “Grand” par l’acquisition de la véritable couronne immortelle. La gloire des armes s’évanouira, mais le Royaume des Cieux est à jamais.
Aux heures
A tierce & à sexte : Tropaire du dimanche, ton 6. Gloire au Père. Tropaire du Vénérable Père. Et maintenant. Theotokion de l’heure. Kondakion : du dimanche.
Tropaires des Béatitudes : 8 tropaires du dimanche, ton 6 :
1. Souviens-toi de moi, Dieu Sauveur, * quand tu entreras dans ton royaume, ** seul Ami des hommes, sauve-moi.
2. Adam fut séduit par l’arbre défendu, * mais par celui de la Croix tu as sauvé * le bon Larron s’écriant : ** Dans ton royaume, Seigneur, souviens-toi de moi.
3. Ayant brisé les portes & les verrous de l’Enfer, * tu as ressuscité, Source de vie, * Sauveur, tous ceux qui s’écrient : ** Gloire à ta sainte Résurrection.
4. Souviens-toi de moi, Seigneur * qui par ta sépulture triomphas de la mort * & comblas de joie l’univers, ** Dieu de tendresse, par ta Résurrection.
5. Les Myrophores venues au tombeau * entendirent l’Ange proclamer : * Il est vraiment ressuscité, ** le Christ qui illumine le monde entier.
6. Le Christ qui fut cloué * sur le bois de la croix * & sauva le monde de l’erreur, ** chantons-le tous d’un même chœur.
7. Glorifions le Père & le Fils * & l’Esprit de sainteté, * disant à l’indivise Trinité : ** sauve nos âmes, nous t’en prions.
8. O Vierge qui a conçu de merveilleuse façon * & mis au monde en ces derniers temps * ton propre Créateur, ** sauve les fidèles qui te magnifient.
A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 6 : Devant ton sépulcre les Puissances des cieux, * autant que les soldats furent frappés d’effroi ; * et Marie Madeleine se tenait près du tombeau, * cherchant ton corps immaculé ; * mais tu brisas l’Enfer sans te laisser vaincre par lui, * tu rencontras la Vierge et nous donnas la vie. * Ressuscité d’entre les morts, ** Seigneur, gloire à toi.
2. Tropaire du Vénérable Père, ton 1 : Le désert fut ta cité, dans la chair tu fus un Ange, * tes miracles signalèrent, notre Père Sisoès théophore ; * par le jeûne, les veilles et l’oraison tu as reçu les charismes du ciel * pour guérir les malades * et les âmes des fidèles qui accourent vers toi. * Gloire à celui qui t’a donné ce pouvoir, * gloire à celui qui t’a couronné, ** gloire à celui qui opère en tous le salut, par tes prières.
3. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
4. Kondakion du Vénérable Père, ton 4 : Sur terre tu as paru, comme un ange de l’ascèse, * illuminant de tes miracles divins l’âme des fidèles chaque jour ; ** c’est pourquoi Sisoès nous te glorifions avec foi.
5. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
6. Kondakion du dimanche, ton 6 : De sa main vivifiante le Seigneur source-de-vie, * le Christ notre Dieu, * a fait surgir tous les morts des ténèbres de l’Enfer, * accordant la résurrection à tout le genre humain ; * il est vraiment notre Sauveur, ** notre vie, notre résurrection et le Dieu de l’univers.
Prokimen
Du dimanche, ton 6 :
℟. Sauve, Seigneur ton peuple, et béni ton héritage (Psaume 27, 9).
℣. Vers Toi, Seigneur, j’appelle : mon Dieu, ne reste pas silencieux en face de moi (Psaume 27, 1).
Epître
Du dimanche : Romains (§ 116) XV, 1-7.
Que chacun de vous tâche de satisfaire son prochain dans ce qui est bon, et qui peut l’édifier.
Alleluia
Du dimanche, ton 6 :
℣. Ton amour, Seigneur, à jamais je le chante, d’âge en âge ma parole annonce ta fidélité (Psaume 88, 2).
℣. Car j’ai dit : l’amour est bâti à jamais, aux cieux tu as fondé ta fidélité (Psaume 88, 3).
Evangile
Du dimanche : Matthieu (§ 33) IX, 27-35.
Or Jésus allant de tous côtés dans les villes et dans les villages, enseignait dans leurs synagogues, et prêchait l’Évangile du royaume, guérissant toutes sortes de langueurs et de maladies.
Verset de communion
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux. (Psaume 148, 1). Alleluia, alleluia, alleluia.