1. Beáta nobis gáudia Anni redúxit órbita, Cum Spíritus Paráclitus Effúlsit in discípulos. |
C’est une bienheureuse joie Que le cours de l’année nous ramène, Quand l’Esprit Paraclet Fulgura sur les disciples. |
2. Ignis vibránte lúmine Linguæ figúram détulit, Verbis ut essent próflui, Et caritáte férvidi. |
Il répandit de vibrants rais de feu Sous la forme de langues Afin qu’ils fussent prodigues en paroles Et débordants d’amour. |
3. Linguis loquúntur ómnium, Turbæ pavent Gentílium : Musto madére députant Quos Spíritus repléverat. |
Ils parlent toutes les langues, Etonnant la foule des Gentils ; Lesquels croient ivres d’un vin nouveau Ceux que l’Esprit a remplis. |
4. Patráta sunt hæc mystice, Paschæ perácto témpore, Sacro diérum número, Quo lege fit remíssio. |
Cela fut accompli Quand s’acheva le temps de Pâques Cycle de cinquante jours qui figurent Mystiquement le jubilé de la Loi. |
5. Te nunc Deus piíssime Vultu precámur cérnuo, Illápsa nobis cœlitus Largíre dona Spíritus. |
Et maintenant, Dieu très bon, Nous te prions, en prosternant nos faces, De nous dispenser les dons de l’Esprit Que tu répandis depuis les cieux. |
6. Dudum sacráta péctora Tua replésti grátia : Dimítte nostra crímina, Et da quiéta témpora. |
Tu emplis jadis leurs cœurs De ta sainte grâce ; Remets-nous nos crimes Et donne-nous des temps paisibles. |
7. Glória Patri Dómino, Natóque, qui a mórtuis Surréxit, ac Paráclito, In sæculórum sæcula. Amen. |
Gloire au Seigneur : au Père Et au Fils, qui des morts Est ressuscité, et au Paraclet, Dans les siècles des siècles. Amen. |
Source : Antiphonaire de Notre-Dame de Paris (c. 1300) – F-Pn lat. 15181 f°343 r°. – Cantus ID: 008273.
Cette hymne de la Pentecôte est de saint Hilaire de Poitiers, Père de l’Eglise du IVème siècle.
Le Bréviaire de Paris l’emploie pour les Ières et IIndes vêpres de la Pentecôte, ainsi que pour les vêpres de chaque jour de l’octave de la Pentecôte. Les Dominicains l’emploient de même pour les deux vêpres de la Pentecôte, comme l’ancien usage d’York, tandis que ceux de Sarum & de Canterbury ne l’ont qu’aux secondes vêpres.
Le rit romain emploie la même hymne pour l’office du matin, de même que le rit mozarabe (et pour toute l’octave). Cette hymne était employée à l’office nocturne dans l’usage de Worchester, tandis que les Cisterciens la chantent aux complies. L’ancien rit de Bénévent ne l’utilisait que pour le jour octave de la Pentecôte. L’ancien hymnaire des Chartreux ne la connait pas.
Le plain-chant parisien ci-dessus est typiquement français et diffère notablement du chant en usage dans les livres romains ou dominicains. Il est intéressant de noter que c’est ce plain-chant qui est systématiquement utilisé par les compositeurs français du XVIIème siècle :
- Charles de Courbes (c. 1580 † après 1628) l’utilise clairement pour une mise en polyphonie de l’hymne à 4 voix,
- on peut attribuer à Guillaume Bouzignac (c. 1587 † après 1643) une alternance polyphonique à 5 voix écrite pour les strophes paires de cette hymne,
- Louis Couperin (1629 † 1661) a laissé de belles alternances d’orgue sur ce chant.
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