Benedícat nos Deus Pater, custódiat nos Jesus Christus, illúminet nos Spíritus Sanctus ómnibus diebus vitæ nostræ : confírmet nos virtus Christi, intercedéntibus sanctíssimi Dionysio, Rústico et Eleuthério : indúlgeat nobis Dóminus univérsa delícta nostra, allelúia. | Que nous bénisse Dieu le Père, que nous garde Jésus-Christ, que nous illumine le Saint-Esprit tous les jours de notre vie. Que la puissance du Christ nous affermisse, par l’intercession des très saints Denis, Rustique et Eleuthère ; que le Seigneur nous efface indulgemment tous nos péchés, alléluia. |
Cette antienne processionnelle est tirée des anciens livres de l’Abbaye de Saint-Denis. Elle comporte une curieuse invocation à la Très-Sainte Trinité – probablement une formule euchologique liturgique mise en musique – à laquelle s’ajoute une demande d’intercession à saint Denys, premier évêque de Paris, et à ses compagnons martyrs le prêtre Rustique et le diacre Eleuthère. Cette antienne curieuse n’appartient pas au répertoire courant de l’antiphonaire grégorien, sa mélodie – splendide – est particulièrement originale, il est donc tout à fait possible qu’elle soit l’un des rares reliquat de l’antique liturgie gallicane et plus spécialement parisienne, d’avant sa suppression par Pépin le Bref et Charlemagne.
Elle fut accommodée – semble-t-il par la suite – en plusieurs Eglises en divers points d’Europe avec d’autres noms de saints, servant la plupart du temps comme antienne processsionnelle. La mystique sainte Elisabeth de Schönau (1129 † 1164) – au témoignage de son frère Eckbert, abbé de Schönau (c. 1120 – 1184) -, reçut dans une de ses extases une vision de saint Jean Baptiste qui lui chantait cette antienne Benedicat nos Deus.
La transcription ci-dessus fut préparée par le fameux musicologue Amédée Gastoué (1873 † 1943), maître de chapelle de Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville, commandeur de Saint Grégoire le Grand, qui supervisa les éditions propres du diocèse de Paris réalisées en 1923 (antiphonaire et pièces pour les saluts du Très-Saint Sacrement) et 1925 (graduel avec le propre de Paris). Il la plaça parmi les pièces de chant pour les Salut du Très-Sacrement du propre de Paris.
Voici cette même antienne manuscrite dans l’Antiphonaire de Saint-Denis datant des années 1140-1160 (F-BnF Latin 17296, f° 340 v° – le bas de la page précédente annonce avant la tourne qu’il s’agit d’une antienne processionnelle). Elle est proche de la source utilisée par Amédée Gastoué pour sa restitution.

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