Le XVème siècle a été une période charnière dans l’histoire de l’Europe, marquée par des événements majeurs tels que les débuts de la Renaissance et les prémices de l’ère des Grandes Découvertes. Au cœur de cette époque dynamique, les images gravées ont émergé comme un moyen révolutionnaire de diffuser l’art et la théologie chrétienne inhérente à travers le continent, plus rapidement que ne le faisait jusqu’à présent les miniatures (et plus globalement les vitraux et les décorations peintes et sculptées des églises). Avec l’avènement des images gravées, il est devenu possible de reproduire des illustrations et de les intégrer dans des livres en plus grand nombre et à moindre coût.
Les toutes premières gravures sur bois de dévotion sont devenues extrêmement rares aujourd’hui, alors qu’elles furent si typiques de la vie religieuse européenne au XVème & au XVIème siècles. Imprimées par milliers, elles étaient vendues par des colporteurs, dans les foires, ou encore distribuées par les moines et le clergé dans les sanctuaires de pèlerinage.
Ces images pieuses étaient portées sur soi, parfois cousues dans les vêtements, ou bien sûr comme ornement des murs des maisons afin d’y soutenir la prière domestique. Les quelques rares exemplaires qui nous sont parvenus avaient généralement étant collés sur les plats intérieurs de couvertures de livres.
La gravure sur bois et la gravure sur métal étaient les deux principales techniques utilisées pour produire des images gravées à cette époque. La gravure sur bois était la plus couramment utilisée, et elle consistait à sculpter l’image souhaitée sur une planche de bois, généralement en bois de buis ou en bois de tilleul. Une fois la gravure terminée, de l’encre était appliquée sur la surface sculptée, et la planche était ensuite pressée sur du papier pour transférer l’image.
L’œuvre que nous présentons aujourd’hui est une gravure sur bois. Seules deux impressions de cette Crucifixion sont connues aujourd’hui (cette photographie reproduit celle détenue par le Minneapolis Institute of Art aux Etats-Unis). Cette estampe est parmi les premières à mentionner en bas le nom, sans doute de l’artisan ou bien de l’éditeur -Firabet – et semble-t-il son adresse – la ville de Rapperswil en Suisse.
La partie centrale de la composition – le crucifix avec les 4 symboles des 4 évangélistes – reproduit très probablement une croix processionnelle, pièce d’orfèvrerie médiévale faite d’argent ou d’or.