Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.
Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.
Saint-Eugène, le samedi 21 janvier 2023, Requiem solennel de 19h.
Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France”. Louis XVI.
Introït : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles – verset de la messe de Requiem de l’Abbé Louis Homet (1691 † 1767), maître de chapelle de la cathédrale d’Orléans puis de Notre-Dame de Paris
Kyrie : de la messe de Requiem de Louis Homet
Epître : II Macchabées XII, 43-46 : Car s’il n’avait espéré que ceux qui avaient été tués ressusciteraient un jour, il eût regardé comme une chose vaine et superflue de prier pour les morts.
Graduel : de la messe de Requiem de Louis Homet
Trait : plain-chant grégorien
Séquence Dies iræ : de la messe de Requiem de Louis Homet
Evangile : jean VI, 37-40 : Or la volonté de mon Père qui m’a envoyé, est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour.
Offertoire : : de la messe de Requiem de Louis Homet
Sanctus & Benedictus : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
Agnus Dei : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
Pendant la communion : De profundis – grand motet de Michel-Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la Chapelle des rois Louis XIV & Louis XV (extraits)
Communion : de la messe de Requiem de Louis Homet
Absoute : Libera me de l’abbé Auguste Chérion (1854 † 1904), maître de chapelle de La Madeleine
Sortie : Domine salvum fac Regem – Prière pour le roi, de la Messe “Gaudete in Domino semper” du Sacre de Louis XVI (célébré en la Cathédrale de Reims, le dimanche de la Trinité, 11 juin 1775), par François Giroust (1737 † 1799), son maître de chapelle
Comme chaque 21 janvier depuis 1993, la messe solennelle de Requiem pour le repos de l’âme de Sa Majesté le Roi Louis XVI fut célébrée ce 21 janvier 2022 à Saint-Eugène, en ce 229ème anniversaire de sa mort.
La messe de 19h fut enregistrée et vous pouvez retrouver celle-ci sur YouTube sur la chaîne Ite Missa Est) :
https://youtu.be/btGUtjNkcHk
Voici quelques photos qui rendent compte de la beauté de cette cérémonie, qui avait attiré encore en ce 21 janvier 2022 une grande foule de fidèles, avec des extraits du Testament du roi :
21 janvier 2022 – A l’élévation du Corps du Christ.
Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre, mil sept cent quatre-vingt-douze, moi Louis XVIème du nom Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un procès, dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser ; je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.
21 janvier 2022 – A l’absoute finale.
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
21 janvier 2022 – A la messe solennelle de Requiem.
Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église catholique, apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés ; je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église catholique les enseigne et les a toujours enseignés ; je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques, unis à la Sainte Église catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ ; je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité chrétienne nous l’enseigne.
21 janvier 2022 – Avant la communion des fidèles.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés ; j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence ; ne pouvant me servir du ministère d’un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église catholique, à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur ; je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du ministère d’un prêtre catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
21 janvier 2022 – Avant la communion.
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
21 janvier 2022 – Le catafalque du Roi.
Je prie tous ceux qui ont de la charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur, à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu m’ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
21 janvier 2022 – Les tentures de deuil de l’église aux armes de France.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi ; je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
21 janvier 2022 – L’élévation du Corps du Seigneur.
Requiem pour le Roi 2022 – A la tribune de la schola.
Requiem pour le Roi 2022 – Blason des tentures de deuil de Saint-Eugène.
Requiem pour le Roi 2022 – Le catafalque lors de l’absoute.
Requiem pour le Roi 2022 – Le célébrant, le diacre et le sous-diacre.
Requiem pour le Roi 2022 – L’autel de Saint-Eugène et du catafalque.
Requiem pour le Roi 2022 – L’autel décoré de fleurs de lys.
Requiem pour le Roi 2022 – La messe pour le Roi de France.
Requiem pour le Roi 2022 – La Schola Sainte Cécile chante le Requiem de Campra.
Requiem pour le Roi 2022 – La Schola Sainte Cécile chante le Requiem de Campra.
Requiem pour le Roi 2022 – Le catafalque du Roi.
Requiem pour le Roi 2022 – Le catafalque pour Louis XVI.
Requiem pour le Roi 2022 – Le catafalque.
Requiem pour le Roi 2022 – La messe solennelle de Requiem.
Requiem pour le Roi 2022 – Non intres in judicium.
Saint-Eugène, le vendredi 21 janvier 2022, Requiem solennel de 19h.
Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France”. Louis XVI.
Introït : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
Kyrie : plain-chant grégorien
Epître : II Macchabées XII, 43-46 : Car s’il n’avait espéré que ceux qui avaient été tués ressusciteraient un jour, il eût regardé comme une chose vaine et superflue de prier pour les morts.
Graduel & trait : plain-chant grégorien
Séquence Dies iræ : de la Missa pro defunctis de l’Abbé Homet, maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et de Saint-Germain L’Auxerrois (XVIIIème siècle)
Evangile : jean VI, 37-40 : Or la volonté de mon Père qui m’a envoyé, est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour.
Offertoire : plain-chant grégorien
Sanctus & Benedictus : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
Agnus Dei : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
Pendant la communion : De profundis – grand motet de Michel-Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la Chapelle des rois Louis XIV & Louis XV (extraits)
Communion : plain-chant grégorien
Sortie : Domine salvum fac Regem – Prière pour le roi, de la Messe “Gaudete in Domino semper” du Sacre de Louis XVI (célébré en la Cathédrale de Reims, le dimanche de la Trinité, 11 juin 1775), par François Giroust (1737 † 1799), son maître de chapelle
Comme chaque 21 janvier depuis 1993, ce n’était pas une mais deux messes solennelles de Requiem pour Sa Majesté le Roi Louis XVI qui étaient célébrées cette année à Saint-Eugène, en ce 228ème anniversaire de la mort.
La messe de 19h fut enregistrée et vous pouvez retrouver celle-ci sur YouTube sur la chaîne Ite Missa Est) :
Voici quelques photos qui rendent compte de la beauté de ces deux cérémonies, avec des extraits du Testament du roi :
Requiem du 21 janvier 2021 : l’absoute finale.
Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre, mil sept cent quatre-vingt-douze, moi Louis XVIème du nom Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un procès, dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser ; je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.
Requiem du 21 janvier 2021 : le catafalque
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Requiem du 21 janvier 2021 : l’élévation du Corps du Seigneur
Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église catholique, apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés ; je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église catholique les enseigne et les a toujours enseignés ; je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques, unis à la Sainte Église catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ ; je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité chrétienne nous l’enseigne.
Requiem du 21 janvier 2021 : les prières au bas de l’autel
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés ; j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence ; ne pouvant me servir du ministère d’un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église catholique, à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur ; je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du ministère d’un prêtre catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Requiem du 21 janvier 2021 : le chant de l’épître par le sous-diacre
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
Requiem du 21 janvier 2021 : les encensements de l’offertoire
Je prie tous ceux qui ont de la charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur, à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu m’ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
Requiem pour Louis XVI du 21 janvier 2021.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi ; je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Requiem du 21 janvier 2021 : l’absoute de la première messe
Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France”. Louis XVI.
Entrée du clergé : De profundis parisien – psaume 129 – faux-bourdon attribué à André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et de Louis XV à Versailles
Messe de Requiem de Claudio Casciolini (1697 † 1760), chantre de Saint-Laurent in Damaso à Rome
Sortie : Domine salvum fac Regem – Prière pour le roi, de la Messe “Gaudete in Domino semper” du Sacre de Louis XVI (célébré en la Cathédrale de Reims, le dimanche de la Trinité, 11 juin 1775), par François Giroust (1737 † 1799), son maître de chapelle
Comme chaque 21 janvier depuis 1993, une messe solennelle de Requiem pour Sa Majesté le Roi Louis XVI fut célébrée à Saint-Eugène, en présence d’un grand concours de fidèles, dont c’était le 227ème anniversaire de la mort.
Cette messe fut enregistrée et vous pouvez retrouver celle-ci sur YouTube (elle est devenue en quelques jours la vidéo la plus visionnée de la chaîne Ite Missa Est) :
Voici quelques photos qui rendent compte de la beauté de cette cérémonie, avec des extraits du Testament du roi :
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque
Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre, mil sept cent quatre-vingt-douze, moi Louis XVIème du nom Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un procès, dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser ; je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.
Requiem du 21 janvier 2020 : la couronne du catafalque, avec l’ordre du Saint-Esprit
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Requiem du 21 janvier 2020 : chant de l’épître par le sous-diacre
Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église catholique, apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés ; je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église catholique les enseigne et les a toujours enseignés ; je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques, unis à la Sainte Église catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ ; je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité chrétienne nous l’enseigne.
Requiem du 21 janvier 2020 : la prédication en chaire de M. le Chanoine Guelfucci
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés ; j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence ; ne pouvant me servir du ministère d’un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église catholique, à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur ; je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du ministère d’un prêtre catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Requiem du 21 janvier 2020 : l’offrande du vin à l’offertoire
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
Requiem du 21 janvier 2020 : au début du canon
Je prie tous ceux qui ont de la charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Requiem du 21 janvier 2020 : au début du canon
Je pardonne de tout mon cœur, à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu m’ont fait beaucoup de mal.
Requiem du 21 janvier 2020 : après la communion
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
Requiem du 21 janvier 2020 : à la fin de la messe
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Requiem du 21 janvier 2020 : l’absoute finale
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi ; je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Requiem du 21 janvier 2020 : l’absoute finale
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque & la couronne
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque & la couronne
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque & la couronne
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque
Requiem du 21 janvier 2020 : la couronne du catafalque, avec l’ordre du Saint-Esprit
Requiem du 21 janvier 2020 : l’offrande du vin à l’offertoire
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque & la couronne
Saint-Eugène, le mardi 21 janvier 2019, procession solennelle des reliques de sainte Geneviève puis Requiem solennel de 19h.
Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France”. Louis XVI.
Introït : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
Messe pour les Trépassés à 8 voix (H. 2) de Marc-Antoine Charpentier (c. 1643 † 1704), maître de la musique de Marie de Lorraine, duchesse de Guise, des Jésuites, du Dauphin, fils de Louis XIV & de la Sainte Chapelle
Epître : II Macchabées XII, 43-46 : Car s’il n’avait espéré que ceux qui avaient été tués ressusciteraient un jour, il eût regardé comme une chose vaine et superflue de prier pour les morts.
Séquence Dies iræ : de la Missa pro defunctis de l’Abbé Homet, maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et de Saint-Germain L’Auxerrois (XVIIIème siècle)
Evangile : jean VI, 37-40 : Or la volonté de mon Père qui m’a envoyé, est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour.
Pendant la communion : De profundis – grand motet de Michel-Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la Chapelle des rois Louis XIV & Louis XV (extraits)
Sortie : Domine salvum fac Regem – Prière pour le roi, de la Messe “Gaudete in Domino semper” du Sacre de Louis XVI (célébré en la Cathédrale de Reims, le dimanche de la Trinité, 11 juin 1775), par François Giroust (1737 † 1799), son maître de chapelle
Saint-Eugène, le lundi 21 janvier 2019, Requiem solennel de 19h.
Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France”. Louis XVI.
Entrée du clergé : De profundis parisien – psaume 129 – faux-bourdon attribué à André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et de Louis XV à Versailles
Messe de Requiem de Claudio Casciolini (1697 † 1760), chantre de Saint-Laurent in Damaso à Rome
Pendant la communion : De profundis – grand motet de Michel-Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la Chapelle des rois Louis XIV & Louis XV (extraits)
Sortie : Domine salvum fac Regem – Prière pour le roi, de la Messe “Gaudete in Domino semper” du Sacre de Louis XVI (célébré en la Cathédrale de Reims, le dimanche de la Trinité, 11 juin 1775), par François Giroust (1737 † 1799), son maître de chapelle
Saint-Eugène, le lundi 22 janvier 2018, Requiem solennel de 19h.
Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France”. Louis XVI.
Miseremini – plainte des âmes du Purgatoires – Texte tiré du livre de Job lu aux matines des défunts (Job XIX, 21 – 3ème nocturne, 8ème leçon) – motet jésuite anonyme du XVIIème siècle
Absoute : Libera me – plain-chant & polyphonie de l’abbé Auguste Chérion (1854 † 1904), maître de chapelle de La Madeleine
Sortie :
Ego sum resurrectio & vita (Jean XI, 25-26) – antienne de Benedictus de l’office des morts – extrait de l’oratorio Mors & Vita de Charles Gounod
Domine salvum fac Regem – Prière pour le roi, de la Messe “Gaudete in Domino semper” du Sacre de Louis XVI (célébré en la Cathédrale de Reims, le dimanche de la Trinité, 11 juin 1775), par François Giroust (1737 † 1799), son maître de chapelle
Ce 21 janvier pour la 24ème année successive (depuis le bicentenaire de 1993), une messe solennelle de Requiem pour le roi Louis XVI était célébré à Saint-Eugène.
REQUIEM POUR LOUIS XVI, 21 JANVIER 2017
ORAISON FUNEBRE
Une fois encore, nous venons d’entendre ce texte admirable que la piété d’un prince malheureux nous a légué en testament. Un texte qui révèle une grande noblesse d’âme et une profonde délicatesse de cœur, dignité et humanité qui apparaissent comme l’écho fidèle de cet autre Testament, chanté par le diacre, celui où le Verbe manifeste, dans le langage hiératique de S. Jean, toute sa grandeur dans son obéissance au Père, motivée par sa compassion pour l’homme égaré, « gisant à l’ombre de la mort » (Lc 1, 79).
Plus je relis le testament du Roi, plus j’y retrouve les accents d’une foi, d’une espérance et d’une charité qui placent certainement son auteur au nombre des saints qui honorent le Corps mystique du Christ qu’est l’Église. Et c’est le pasteur suprême de cette même Église, son compagnon d’infortune, pourrait-on dire, en cette fin de 18e siècle, le pape Pie VI, qui, quelques mois plus tard, déclarait ceci au Collège des cardinaux : « Les prières funèbres peuvent paraître superflues quand il s’agit d’un chrétien qu’on croit avoir mérité la palme du martyre, puisque S. Augustin dit que l’Église ne prie pas pour les martyrs mais qu’elle se recommande plutôt à leurs prières ». Pie VI laissait entendre, au lendemain de la mort du Roi, ce que beaucoup n’ont cessé de penser depuis : c’est en rouge, et non en noir, que nous devrions célébrer sa mémoire, son dies natalis. Car il n’a pas seulement suivi le Christ, il s’est identifié à lui, non seulement par les tribulations qu’il a endurées, mais aussi par la magnanimité dont il a fait preuve dans l’adversité. Magnanimité qui a revêtu les traits du pardon, à l’image du Crucifié. Un pardon qui revient comme leitmotiv tout au long de son testament. Citons-en, par exemple, le dernier passage : “Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes : que celles-là jouissent, dans leur cœur, de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser”. Quelle délicatesse, quelle humanité, quelle charité, dans ce pardon dont on sent bien qu’il jaillit du cœur, qu’il n’est pas une pose ostentatoire et contrainte ! Quelle absence d’aigreur, de repli sur soi, d’orgueil ! Quelle leçon pour notre époque où la haine est revendiquée et s’impose de plus en plus, en dépit des cris d’orfraie d’un politiquement correct souvent à sens unique ! “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font”. Il est certains êtres que l’épreuve révèle, alors qu’elle confond habituellement la plupart des autres. Louis XVI appartient à la première catégorie : il est devenu une figure christique au moment où la tempête s’est déchaînée sur lui, au moment où tant d’autres cédaient les uns à la cruauté, les autres à la lâcheté.
Louis XVI, figure du Crucifié. Cela explique peut-être pourquoi sa réhabilitation tarde tant alors que la Reine a connu un regain de faveur ces dernières années. Louis et Marie-Antoinette sont deux figures tragiques. L’une est pour ainsi dire ignorée, voire brocardée, l’autre reconnue, voire récupérée. C’est que dans la figure de la Reine, aussi tragique soit-elle, il y a un aspect glamour, dirait-on aujourd’hui, qui est bien du goût de notre époque. La princesse jeune, brillante, séduisante, soudain terrassée, quel beau sujet de film en effet ! Mais pour Louis, quel contraste souligner, quelle dialectique exploiter ? N’a-t-il pas toujours été un être réputé terne, un perdant ? Le prince dont le lustre était éclipsé par celui de son épouse, le souverain à la volonté hésitante, à la fermeté chancelante, à l’indécision flagrante ? Et même si l’historiographie républicaine a joué ad nauseam de cette image, aujourd’hui sérieusement remise en question par les historiens, n’avons-nous pas entendu tout de même sous sa propre plume cet aveu poignant : « Un roi ne peut faire respecter les lois et faire le bien qui est dans son cœur qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile » ? Comme le « serviteur souffrant » de la prophétie d’Isaïe, « il a grandi comme un surgeon, sans beauté ni éclat pour attirer nos regards et sans apparence qui nous eût séduits ; objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu’un devant qui on se voile la face » (Is 53, 2-3).
De même que le serviteur biblique était une préfiguration du Christ, Louis en est le reflet. On trouve chez lui le même refus d’user des moyens du monde pour affirmer sa royauté, le même refus de lutter contre la violence en faisant usage de la violence. Louis est une effigie de l’agneau pascal. Comme le dit encore Isaïe, « maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme la brebis muette devant les tondeurs » (Is 53, 7). N’est-ce pas cette similitude avec le Christ en sa passion qui nous rend la figure de Louis XVI si étrangement saisissante ? N’est-ce pas cette similitude qui explique à quel point aujourd’hui encore il est dans notre pays un « signe de contradiction », une « pierre qui fait achopper » ? Parler de Louis XVI, en France, c’est encore déchaîner les passions. A la différence de bien d’autres figures royales au destin pathétique, d’où vient-il que la sienne continue d’émouvoir les uns et d’irriter les autres ? Je crois que cela tient à sa proximité avec Christ, le Christ qui « est le même hier, aujourd’hui et à jamais », le Christ qui est toujours actuel, toujours contemporain. Le Christ qui appelle toujours à prendre parti pour lui ou contre lui, c’est-à-dire pour la vérité ou contre la vérité, pour l’amour ou contre l’amour. Le Christ qui ainsi “dévoile les pensées secrètes d’un grand nombre”.
C’est à cause de son identification au Christ que la figure de Louis XVI est toujours une figure actuelle. Elle l’est d’abord parce qu’elle pose une question politique. Pas nécessairement celle de la meilleure forme de gouvernement, même si, anthropologiquement, la forme royale présente de nombreux atouts. Elle pose une question politique, contenue dans la citation que j’ai faite plus haut : comment concilier autorité et charité, comment « faire le bien qui est dans son cœur » dans un monde marqué par le mal ? Nul doute que Frédéric de Prusse ou Napoléon s’y seraient pris autrement que Louis XVI, pour autant que ces cyniques aient réellement aimé leur peuple d’un amour désintéressé. C’est ce qui nous les rend, eux et leurs émules d’aujourd’hui, finalement d’un autre âge, celui de la vieillerie du péché, celui de l’homme ancien qui va à sa perte. Alors que Louis nous paraît toujours actuel, porté par l’hodie, l’aujourd’hui pascal du Christ ressuscité, vainqueur de la mort et du mal.
Oui, nous sommes confrontés à une redoutable question politique. Une question que ces disciples du Christ que la naissance et la foi ont rendu responsables du véritable bien de leurs concitoyens ne cessent de rencontrer, comme naguère le roi Baudouin face à l’avortement. Une question à laquelle j’avoue ne pas avoir de réponse. Une question qui dans l’histoire n’a jamais trouvé de réponse vraiment satisfaisante. Car c’est une question qui se pose en fait, vous l’aurez compris, à un niveau bien plus fondamental, au niveau spirituel. Lorsqu’un chrétien parvient aux affaires – ce qui est plus facile à un prince qu’à quelqu’un obligé de briguer des suffrages –, il est aussitôt confronté aux fondements mêmes de l’agir politique : la vérité et la charité. Dans un « monde » dont le prince est « menteur et homicide dès l’origine », le choc est inévitable. Ce fut l’expérience dramatique que connut cette autre figure christique à bien des égards proche de celle que nous commémorons ce soir : l’empereur Charles d’Autriche. Voilà un prince qui chercha sa vie durant à lutter avec les armes de la vérité et de la charité et qui ne rencontra qu’incompréhension et échec. Pourquoi faut-il que les princes chrétiens échouent ? Serait-ce que « le monde est indigne d’eux », pour reprendre les paroles du livre de la Sagesse et de l’épître aux Hébreux, comme le fut le 18e siècle libertin pour Louis et le 20e, franc-maçon et ivre de nationalisme pour Charles ? C’est dans la mort, prématurément et presque au même d’ailleurs, que Charles Ier tout comme Louis XVI manifestèrent toute la vérité de leur être et toute la profondeur de leur charité. D’une certaine manière, l’un et l’autre expièrent pour les fautes de leur temps, victimes de substitution, récapitulant en leur personne la foule des innocents anonymes, broyés avec eux, et dont ils devenaient la personnification et le symbole.
C’est de là sans doute que vient ce sentiment qui nous étreint lorsque nous pensons à de tels souverains : nous nous ressentons orphelins, comme si quelque chose de nous-mêmes nous était arraché. Nous prenons conscience, en particulier, de ce que signifie la charité politique. Et nous nous apercevons que nous sommes privés de ses bienfaits, exposés comme nous le sommes aux méfaits du cynisme et de l’ambition. En France, ce sentiment se teinte de la honte propre au parricide. Je me demande même si les convulsions politiques et les haines inexpiables qui ont cours dans notre pays – ranimées en ces temps d’élection – n’ont pas quelque chose à voir avec cet acte qui n’est jamais vraiment devenu du passé, précisément parce qu’il s’est porté non point contre un tyran, coupable de fautes réelles, mais contre un innocent, un innocent qui une fois encore porte en lui la ressemblance de la Victime par excellence, elle dont le sacrifice nous est toujours contemporain, notamment dans la liturgie.
La mise à mort d’un tel roi demeure une question posée à notre pays. Puisse-t-elle provoquer nos concitoyens à une prise de conscience salutaire, à une conversion – post eventum – à la vérité et à la charité. « Français, je suis innocent, je pardonne aux auteurs de ma mort, je prie Dieu que le sang qui va être répandu ne retombe jamais sur la France! » Toute révérence gardée et sachant que tout martyr chrétien est effigie du Christ, j’emprunterai ma conclusion au prophète Isaïe : « Méprisé, nous n’en faisions pas cas. Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui et dans ses blessures nous trouvons la guérison » (Is 53, 3-5). Que ce sang qui a coulé il y a 224 ans, et qui n’est qu’une goutte dans un océan de crimes, puisse servir à notre rachat. Ainsi soit-il.