Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.
Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.
Le dimanche 28 juin, IVème dimanche après la Pentecôte, Monsieur l’Abbé Gauthier Guillaume, fssp, ancien cérémoniaire au sein du corps des grands clercs de Saint-Eugène – Sainte Cécile (Paris IX) revenait dans notre paroisse pour y célébrer sa toute première messe, au terme de ses études au séminaire de Wigratzbad. La sainte messe fut précédée comme de coûtume pour une première messe, par le chant du Veni Creator, afin d’implorer la descente du Saint-Esprit sur ce nouveau ministère qui s’inaugure, et suivie du chant du Te Deum en actions de grâces. A l’issue de la messe solennelle, M. l’Abbé Guillaume donna longtemps individuellement aux nombreux fidèles sa bénédiction de nouveau prêtre. L’Abbé officiait ensuite aux vêpres de la fête de saint Pierre et saint Paul dans l’après-midi.
O Jésus, nous t’en prions, règne dans le cœur des prêtres.
Que ton Amour pénètre librement au plus intime de leur cœur et qu’ils soient livrés tout entiers à ton Amour.
Donne leur un zèle ardent pour étendre ton règne et plonger la terre entière dans le brasier de ton Amour.
Qu’ils se rapprochent de toi pour te consoler et te protéger des blessures que t’infligent les prêtres qui se sont égarés loin de toi.
O Marie, protège ceux dont tu es la mère, jette sur eux ton regard compatissant, aide-les à vaincre tous les obstacles qu’il leur faudra surmonter.
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Seigneur, donnez des prêtres !
Seigneur, donnez-nous de saints prêtres !
Seigneur, donnez-nous beaucoup de saints prêtres !
Comme chaque 21 janvier depuis 1993, une messe solennelle de Requiem pour Sa Majesté le Roi Louis XVI fut célébrée à Saint-Eugène, en présence d’un grand concours de fidèles, dont c’était le 227ème anniversaire de la mort.
Cette messe fut enregistrée et vous pouvez retrouver celle-ci sur YouTube (elle est devenue en quelques jours la vidéo la plus visionnée de la chaîne Ite Missa Est) :
Voici quelques photos qui rendent compte de la beauté de cette cérémonie, avec des extraits du Testament du roi :
Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre, mil sept cent quatre-vingt-douze, moi Louis XVIème du nom Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un procès, dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser ; je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église catholique, apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés ; je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église catholique les enseigne et les a toujours enseignés ; je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques, unis à la Sainte Église catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ ; je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité chrétienne nous l’enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés ; j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence ; ne pouvant me servir du ministère d’un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église catholique, à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur ; je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du ministère d’un prêtre catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous ceux qui ont de la charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur, à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu m’ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi ; je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Pour comprendre l’existence de la Basilique de Saint-Denis, nous devons revenir au saint évêque célaphore et à l’histoire de son matyre.
Envoyé par le pape saint Clément en Gaule (selon la plus ancienne Vita que nous possédons), il est le premier évêque missionnaire et évangélisateur de Paris avec ses compagnons Eleuthère, diacre et Rustique, prêtre. Il prêche aux habitants de la ville de Lutèce et obtient de nombreuses conversions. Les autorités romaines ne virent pas d’un bon œil son œuvre et l’arrêtèrent avec ses compagnons. Ils sont traduits devant le préfet Sisinnius qui les soumet à un interrogatoire et les condamne à mort. Ils seront martyrisés. La Tradition nous rapporte qu’ils le furent à Montmartre (mont des martyrs). C’est une aristocrate d’origine romaine, Catulla qui recueille le corps de Denys et procède à son ensevelissement sur les terres qu’elle possède au Nord de la ville. Le culte de Saint Denys va se développer rapidement et l’on attribue à sainte Geneviève (419 † 512) la fondation d’une nouvelle basilique sur les lieux de la sépulture de saint Denys.
La basilique Saint-Denis, telle qu’elle se présente à nous aujourd’hui est la volonté et l’œuvre de Suger (1081 – 1151) ministre des rois Louis VI le gros et Louis VII le jeune et surtout abbé de ladite abbaye à compter de 1122. Connu pour son action politique, pour s’être opposé à saint Bernard de Claivaux, notamment sur l’ornementation à apporter aux églises, il l’est aussi comme bâtisseur. Il entreprend d’agrandir l’église abbatiale dont le portail occidental est consacré le 9 juin 1140.
Pour comprendre le portail qui nous occupe aujourd’hui puisqu’il nous relate les dernières étapes de la vie de saint Denys et de ses compagnons nous devons essayer de nous l’imaginer tel que que le grand Abbé Suger l’avait conçu. Essayer, car le portail occidental a subi de nombreuses modifications : en 1771 notamment on agrandit les portes pour laisser passer les immenses dais des processions et pour se faire, on détruit les statues colonnes, la Révolution française apporte son lot de destructions habituel principalement sur les tympans et les voussures. La basilique sera aussi le théâtre d’expérimentations en matière de restauration au XIXème siècle avec notamment François Debret, prédecesseur d’Eugène Viollet Le Duc !
Le portail était achevé en 1140 au moment de sa consécration, que présente-t-il de nouveau ? L’iconographie est en grande partie renouvelée et le style donné aux sculptures se différencie des façades des abbayes normandes qui ont inspiré l’abbé Suger. La façade en rythme ternaire est un hommage à la Sainte Trinité. Des statues colonnes figurant les rois de l’Ancien Testament avaient été placées à l’entrée du sanctuaire comme pour introduire vers le Nouveau Testament de l’église. Cette réflexion sur les liens entre le l’Ancien et le Nouveau testament dans un programme iconographique sculpté dans la pierre nourrira la réflexion de ceux qui auront la charge d’élaborer les facades des cathédrales de Chartres ou Paris qui sont en cours de réalisation à l’époque.
Les tympans latéraux et du portail royal au Nord ont tous été largement remaniés voire refaits au XIXème siècle. Le portail latéral gauche a été refait par Felix Brin sculpteur, du temps de l’abbé Suger le tympan était recouvert d’une mosaïque.
Le portail royal ou portail Nord achève de nous conter l’histoire de saint Denys et de ses compagnons, et surtout les dernières étapes de leurs martyres. L’histoire se lit comme pour les vitraux du Moyen-Age : de bas en haut.
Un garde amène les trois compagnons enchainés devant le préfet Sisinnius qui doit les juger. La tête du saint nous est présentée aussi de face par le sculpteur, cette face est la seule à subsister du XIIème siècle. La femme qui se traine aux pieds du préfet est très probablement Larcia qui accusa Denys et ses compagnons d’être des magiciens, selon l’abbé Hilduin (abbé de Saint-Denis à compter de l’année 815 jusqu’à sa mort survenue entre 840 et 855).
Au centre de la scène se trouve le bourreau qui s’apprête à executer la première sentence du préfet en flagellant Denys, Eleuthère et Rustique. Denys lui tourne le dos et on peut comparer la posture de Denis à Celle du Christ devant ses bourreaux. Le regard de l’évêque est en fait tout concentré vers la récompense : la communion des mains même du Christ. Depuis leur prison les compagnons de Denys ont entre leurs mains l’un une patène et l’autre ce que l’on pourrait identifier comme une burette. Deux anges au dessus de la scène tiennent l’un un encensoir, l’autre une patène. Un calice entre le Christ et le saint est posé sur le mur de la prison qui prend ainsi une tout autre dimension en devenant un autel.
Le martyre lui même est figuré dans le haut du tympan. La décollation de saint Denys.
Le tympan est consacrée à la partie la plus tragique, le martyre lui-même. Les postures et le réalisme sont saisissants. Malgré les restaurations, les recherches ont permis de s’assurer que la composition est conforme à la conception d’origine. Saint Denys, déjà décapité, occupe le centre de la scène. Tous sont comme arrêtés dans leur geste, comme sidérés de voir le saint évêque se saisir de sa tête. De part et d’autre, les compagnons de saint Denys attendent leur tour. Aux pieds de saint Denys, un feuillage se développe, comme nourri par le sang versé par le martyr. Et enfin au sommet du tympan, la couronne du martyre est apportée par deux colombes.
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Retrouvez l’office complet de saint Denys, premier évêque de Paris, patron de notre diocèse, et de ses compagnons dans le martyre Rustique, prêtre, et Eleuthère, diacre, sur notre site, selon le propre de Paris, en plain-chant parisien (Offices notés de Paris, 1899) :
Hymne des premières et secondes vêpres, du Ier ton : Lux de luce Deus – texte de Jean-Baptiste de Santeuil (1630 † 1697), sous-diacre et chanoine de Saint-Victor de Paris (Hymni sacri et novi, 1689). La musique de cette hymne est reprise de celle de Sacris solemnis, composée par saint Thomas d’Aquin pour l’office de la Fête-Dieu.
Farnborough : Messe solennelle de Requiem pour la famille impériale (LLMMII Napoleon III, Eugenie, Prince Imperial)
L’Abbaye Saint-Michel de Farnborough fut fondée en 1881 par l’impératrice Eugénie qui avait choisi cette abbaye pour abriter les corps de son époux Napoléon III (mort en exil en Angleterre en 1873) et de son fils le Prince impérial Louis-Napoléon (mort tragiquement en 1879 au cours d’une embuscade lors de la guerre anglo-zouloue).
L’Impératrice choisit elle-même en 1895 les moines bénédictins de Solesmes pour remplacer les Prémontrés français initialement installés dans le monastère.
L’aspect gothique flamboyant de l’abbaye est dû à l’architecte français Gabriel-Hyppolite Destailleurs. L’orgue provient de la célèbre facture française Cavaillé-Coll et fut placé derrière le maître-autel de l’abbatiale.
Dans la crypte de l’Abbatiale reposent les corps de Napoléon III et du Prince impérial Louis-Napoléon de part et d’autre de l’autel. La dépouille de l’Impératrice Eugénie fut placée au dessus de cet autel. Morte le 11 juillet 1920 au Palais de Liria à Madrid, elle fut inhumée quelques temps après à Farnborough.
Le père Abbé Dom Cuthbert Brogan, élu en 2006, a reçu la Schola et les grands-clercs de Saint Eugène avec une grande bienveillance, le jeudi 22 août 2019 au cours de notre pèlerinage en Angleterre. Il a célébré la messe de Requiem à l’intention de la famille impériale. Les moines de l’Abbaye avaient tenu à célébrer en utilisant les mêmes ornements sacerdotaux noirs qui avaient été utilisés il y 99 ans pour les funérailles de l’impératrice, ainsi que le drap mortuaire impérial et ses décors héraldiques. Rappelons que l’impératrice Eugénie est la marraine de notre église Saint-Eugène Sainte-Cécile.
Les ornements ont été dessinés dans un esprit de renouveau des formes gothiques typiques des recherches liturgiques intenses activement menées au début du XXème à l’Abbaye de Farnborough, alors gouvernée par un grand liturgique, dom Fernand Cabrol, abbé de 1903 à 1937. Avec la collaboration de dom Henri Leclerc, il rédigea et publia le fameux Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, ouvrage encyclopédique d’une qualité inégalée à ce jour.
La Schola Sainte Cécile a eu la grande joie de chanter la messe solennelle – en rit romain – de la fête de saint Bernard de Clairvaux le 20 août 2019, ainsi que le lendemain 21 août 2019, les vêpres de l’Octave de l’Assomption selon l’ancien usage de Sarum dans la magnifique chapelle du Collège de Balliol au cours de son pèlerinage en Angleterre. Le collège de Balliol – l’un des 38 collèges qui composent la prestigieuse université d’Oxford – a été fondé vers 1263 par Jean de Balliol († 1268), seigneur de Ballieul (en Picardie) et de Barnard Castle (dans le comté de Durham), important baron anglo-normand dont le fils Jean devint roi d’Ecosse.
La chapelle actuelle est au moins la troisième du collège. Elle est l’œuvre de l’architecte William Butterfield en 1857. Cet architecte a réalisé ou restauré de nombreuses églises, pour lesquelles il a été fortement inspiré par le “mouvement d’Oxford“. Cette influence est patente à Balliol, tant cette église témoigne des idées de “re-catholicisation” de l’Anglicanisme développées alors pour le Bienheureux John Henry Newman et ses amis oxoniens. L’intérieur de la chapelle construite par Butterfield est richement décoré en ce sens : sculptures de pierre, décoration d’albâtre, de laiton, incrustations de marbres, stalles, tribune et buffet d’orgue en noyer, autel majestueux revêtu d’un somptueux antependium en argent, vitraux ornés de figures du Christ et des saints (récupérés pour beaucoup des précédentes chapelles qui s’étaient succédées sur le lieu).
Messe de la fête de saint Bernard à Balliol College :
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L’Eglise de Salisbury brille comme le soleil dans son orbe parmi les Eglises du monde entier par son service divin et par ceux qui le célèbrent, et, en répandant ses rayons partout, elle corrige les défauts des autres. Gilles, évêque de Bridport, c.1256.
Le rit de Sarum était au moment de la Réforme protestante l’usage le plus suivi en Angleterre. Originaire du diocèse de Salisbury (Sarum en latin), il se structura au moment de la conquête normande lorsque Guillaume le Conquérant établit son conseiller saint Osmond, comte de Séez, comme évêque de Salisbury. Il semble que saint Osmond ait accommodé les usages des diocèses normands avec les usages anglo-saxons antérieurs ; on note en effet de nombreuses parentés et ressemblances entre l’usage de Sarum et les usages diocésains, non seulement normands, mais plus largement français (comme l’usage de Paris). Le faste et le sérieux avec lesquels les chanoines de Salisbury célébraient les saints offices firent que le rit de Sarum s’étendit progressivement en dehors des limites de son diocèse d’origine : il fut adopté par les universités d’Oxford et de Cambridge, par toutes les chapelles royales d’Angleterre, la célèbre cathédrale de Winchester et même par celle de Canterbury, au point d’être célébré dans quasiment tous les diocèses anglais à la veille de la Réforme (à l’exception notable du Nord du pays qui utilisait le rit d’York). N’ayant jamais été formellement canoniquement aboli, il connut même encore quelques éditions postérieures à la Réforme protestante et à la suppression du culte catholique en Angleterre, la dernière étant celle du Manuale de Sarum en 1604 par des Jésuites anglais exilés en France au Collège anglais de Douai. Lors de la restauration de la hiérarchie catholique en 1850, le Bienheureux Pape Pie IX offrit aux évêques de restaurer l’usage de Sarum en Angleterre, mais ceux-ci – par commodité et en raison d’études scientifiques alors peu poussées – préférèrent adopter le rit romain pour leurs diocèses. Le mouvement d’Oxford initié par le Bienheureux John Henry Newman s’intéressa beaucoup à la redécouverte des anciens usages de Sarum et on nota ici et là des célébrations selon les anciens livres anglais, une des dernières en date étant la messe pontificale en rit de Sarum que célébra en l’an 2000 Mgr Mario Conti, alors évêque catholique d’Aberdeen, pour le 500ème anniversaire de la fondation du Collège Royal de l’université de sa ville épiscopale.
L’octave de l’Assomption dans les livres de Sarum est classée comme fête semi-double avec invitatoire triple, le chœur étant régi par deux “recteurs du chœur”. Le célébrant officie depuis sa stalle et ne prendra la chape que pour le Magnificat. Un clerc (en cape noire tenant un seul cierge) vient lui présenter le livre à sa place pour le capitule.
Après le capitule, un répons est chanté par deux chantres qui se revêtent de chape pour cela. Pendant qu’ils chantent le verset de ce répons, c’est le seul moment possible pour tous de s’assoir (le coutumier de Sarum est resté fidèle à l’usage antique de chanter quasiment l’intégralité de tous les offices debout ; il tolère qu’un membre du chœur puisse s’assoir à matines s’il est fatigué, à condition que ses deux voisins de stalles restent debout !).
Parmi les nombreuses rubriques propres de cet office, on notera celle – très belle – qui veut que le célébrant se prosterne et baise le sol devant l’autel avant que de l’encenser durant le Magnificat.
La fin de cet office de vêpres présente un trait d’archaïsme peu commun : les vêpres se terminent par premier Benedicamus Domino chanté par deux chantres. Puis, comme le 22 août voit la mémoire de la fête des saints martyrs Timothée et Symphorien (qui y avait leur place, antérieurement à l’apparition de l’octave de l’Assomption), on en chante l’antienne, suivie du verset et de leur oraison. Et ce second office de vêpres très abrégé se termine logiquement par un second Benedicamus Domino chanté cette fois par un seul chantre. (Dans le même ordre d’idée, il faut se souvenir que le Fidélium ánimæ per misericórdiam Dei requiéscant in pace ajouté par saint Pie V à la fin des heures de l’office romain est une abréviation de l’office des morts et un rappel de l’époque où celui-ci doublait les heures de l’office canonique).
Après avoir chanté la sainte messe et les vêpres dans le rit ambrosien à maintes reprises depuis 2003, la sainte messe dans le rit mozarabe à Tolède en 2013, les vêpres en rit eusébien en 2018, après avoir à de nombreuses reprises chanté les vêpres en rit parisien ou les offices du rit byzantin, de chanter chaque mois la sainte messe dans le rit dominicain, nous avons donc eu la joie d’explorer cette année les splendeurs de l’Angleterre médiévale avec le rit de Sarum et de témoigner ainsi de la symphonie des liturgies de l’Eglise catholique, qui telle l’Epouse du Psaume XLIV, est parée de joyaux divers, circumdata varietate.
Te laudámus, o Regnátor,
O pastórum, Christe, Pastor,
Summis in Princípibus.
Nous te louons, ô Souverain, ô Christ, Pasteur des pasteur, en la personne de ces premiers pasteurs.
Tibi memor gratulétur,
Et concéssis gloriétur
Pia plebs paréntibus.
Que le peuple fidèle te rende grâces et te glorifie pour les avoir reçus comme pères.
His ambóbus orbis cessit,
His ambóbus nox recéssit
Pulsa lumináribus.
Tous deux ont subjugué le monde, tous deux ont dissipé les ténèbres par les lumières de la foi.
Athlétæ férvidi
Debéllant númina :
Torréntes límpidi
Manant in flúmina.
Athlètes intrépides, ils abattent les idoles ; torrents limpides, ils arrosent le champ de l’Eglise.
Séquence du propre de Paris pour la fête de saint Pierre & saint Paul, texte de Simon Gourdan (1646 † 1729), chanoine de Saint-Victor (extraits).
La solennité des saints Apôtres Pierre et Paul voyait ce dimanche 30 juin dernier la dernière messe solennelle de notre vicaire parmi nous, M. l’Abbé Eric Iborra. Qu’il nous soit permis de le remercier encore ici vivement pour ces douze années fructueuses de ministère apostolique à Saint-Eugène – Sainte-Cécile, et en particulier pour son amitié envers notre Schola Sainte Cécile.
La Schola Sainte Cécile interpréta à cette occasion, à la demande de l’Abbé, la messe Ad Majorem Dei Gloriam d’André Campra, publiée en 1699 et vraisemblablement composée lorsque ce maître de chapelle dirigeait la musique de Notre-Dame de Paris, avant de finir à la Chapelle royale.
A la fin de la messe fut chanté un Te Deum d’actions de grâces, puis la Schola accompagnait le retour du clergé à la sacristie par le chœur final du grand motet Quam dilecta (psaume LXXXIII) de Michel Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la chapelle des rois Louis XIV et Louis XV :
Non privábit bonis eos, qui ambulant in innocéntia :
Il ne privera pas de biens ceux qui marchent dans l’innocence.
Dómine virtútum, beátus homo, qui sperat in te.
Seigneur des Armées, bienheureux l’homme qui espère en vous.
Enfin, un déjeuner rassemblait 200 paroissiens dans un restaurant à proximité de notre paroisse. Cette messe coïncidait également avec le 30ème anniversaire d’ordination sacerdotale de Monsieur l’Abbé Eric Iborra.
La solennité des vêpres vit le renfort d’un quatuor de cuivres anciens qui relevèrent chacune des 6 antiennes par un neume tiré des œuvres de Claudin de Sermisy. Ils soutinrent également la Schola Sainte Cécile qui recréait pour la première fois depuis le XVIIème siècle un Dixit Dominus du premier ton à quatre parties composé par Guillaume Bouzignac.
Grande première cette année : le quatuor de cuivre marcha avec la procession et soutint avec grande efficacité et beauté son chant dans les rues du quartier.
Arrivée au second reposoir, la procession fut accueillie cette année par un orchestre de cordes qui jouèrent les symphonies composées par Marc-Antoine Charpentier pour le reposoir de la Fête-Dieu. Ces symphonies comprennent d’admirables variations sur le thème en plain-chant du Pange lingua.
De retour à l’église, la Schola Sainte Cécile fut accompagnée par cet ensemble de cordes pour chanter en musique le salut solennel du Très-Saint Sacrement. Les grands motets versaillais Quam dilecta et Pange lingua composés par Michel-Richard de Lalande pour la chapelle royale de France sous Louis XIV résonnèrent sous les voutes de Saint-Eugène.
Retrouvez en images et vidéos les belles cérémonies de la Fête-Dieu 2019 :
Le Christ étant ressuscité d’entre les morts ne mourra plus, et la mort n’aura plus d’empire sur lui. Car quant à ce qu’il est mort, il est mort seulement une fois pour le péché ; mais quant à la vie qu’il a maintenant, il vit pour Dieu, alléluia.
℟. Celui que vous cherchez qui était mort, désormais est vivant,
et la vie des hommes est ressuscitée avec lui, alléluia.
V. Louez celui qui a été crucifié dans la chair,
et glorifiez celui qui a été mis dans le sépulchre pour vous,
& adorez le ressuscité d’entre les morts. * Alléluia
Je suis, moi, * l’Alpha & l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement & la fin, celui qui est avant le début du monde, et dans les siècles des siècles, je vis à jamais. Je suis mort & fut enseveli, je suis ressuscité, je suis avec vous ; voyez, car c’est bien moi, et il n’y a d’autre Dieu que moi, * alléluia. ℣. Je suis, moi, votre rédemption, je suis, moi, votre Roi, je vous ressusciterai, moi, au dernier jour, * alléluia.
Pange lingua gloriósi
Prælium certáminis,
Et super Crucis trophæum
Dic triúmphum nóbilem,
Qualiter Redémptor orbis
Immolátus vícerit.
Chante ô ma langue, les lauriers
De ce glorieux combat !
Du trophée de la Croix,
Célèbre le noble triomphe :
Comment le Rédempteur du monde,
En s’immolant, remporte la victoire.
De paréntis Protoplásti
Fraude Factor cóndolens,
Quando pomi noxiális
Mors(u) in mortem córruit,
Ipse lignum tunc notávit
Damna lign(i) ut sólveret.
Dès la faute du premier père,
Le créateur prit pitié
À le voir sombrer dans la mort
En mordant au fruit funeste :
Dès lors lui-même choisit le bois
Pour réparer les pertes causées par le bois.
A la fin duquel fut chanté, cette année encore, le Miserere d’Allegri tandis que l’église est plongée dans les Ténèbres.
Ex Tractátu sancti Augustíni Epíscopi super Psalmos.
In Psalmum 63. ad 7. versum.
Du Traité de S. Augustin, Evêque, sur les Psaumes.
Dans le Psaume 63.
Accédet homo ad cor altum, et exaltábitur Deus. Illi dixérunt : Quis nos vidébit ? Defecérunt scrutantes scrutatiónes, consília mala. Accéssit homo ad ipsa consília, passus est se tenéri ut homo. Non enim tenerétur nisi homo, aut viderétur nisi homo, aut cæderétur nisi homo, aut crucifigerétur, aut morerétur nisi homo. Accéssit ergo homo ad illas omnes passiónes, quæ in illo nihil valérent, nisi esset homo. Sed si ille non esset homo, non liberarétur homo. Accéssit homo ad cor altum, id est, cor secrétum, objíciens aspéctibus humánis hóminem, servans intus Deum : celans formam Dei, in qua æquális est Patri, et ófferens formam servi, qua minor est Patre.
L’homme pénètrera dans la profondeur du cœur, & Dieu sera exalté. Ils ont dit : Qui nous verra ? Ils se sont épuisés en recherchant des inventions, & de mauvais conseils. L’homme est entré dans ces conseils ; il a permis d’être saisi comme un homme, car il n’a pu être pris, que comme un homme ; on ne le verrait, que comme un homme ; on ne le déchirerait de coups, que comme homme ; on ne le crucifierait, & il ne mourrait pas, s’il n’était homme. C’est donc l’homme qui est entré dans toutes ces passions, qui n’auraient aucune prise sur lui, s’il n’était homme. Mais s’il n’était homme, l’homme ne serait point racheté. L’homme a pénétré dans la profondeur du cœur, en présentant à leurs yeux son humanité, & en leur cachant sa divinité ; leur cachant la forme de Dieu, par laquelle il est égal au Père ; & présentant la forme de serviteur, par laquelle il est inférieur à son Père.
Aleph. Quomodo sedet sola cívitas plena populo : facta est quasi vídua dómina Géntium : princeps provinciárum facta est sub tribúto.
Aleph. Comment cette Ville si pleine de peuple, est-elle maintenant déserte ? La maîtresse des Nations est devenue comme une veuve ; la première des Provinces est contrainte de payer le tribut.
Beth. Plorans plorávit in nocte, et lacrimæ ejus in maxíllis ejus : non est qui consolétur eam ex ómnibus caris ejus : omnes amíci ejus sprevérunt eam, et facti sunt ei inimíci.
Beth. Elle a pleuré pendant la nuit ; ses larmes coulent sur ses joues. Nul de ses plus chers amis ne la console. Tous ses amis l’ont méprisée, & sont devenus ses ennemis.