Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 7 décembre 2014 du calendrier grégorien – 24 novembre 2014 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.
Dimanche du ton I de l’Octoèque. Nous sommes aussi en ce jour dans l’après-fête de l’Entrée au Temple de la Mère de Dieu.
La fête de l’Entrée au Temple de la Mère de Dieu célébrée le 21 novembre (4 décembre grégorien) constitue l’une des 12 grandes fêtes de l’année liturgique byzantine (la 2nde dans l’ordre du calendrier des 5 grandes fêtes dédiées à la Sainte Vierge). Elle est précédée dans le rit byzantin d’un jour d’avant-fête le 20 novembre et suivie de 4 jours d’après-fête qui se clôturent le 25 novembre.
L’épisode de la présentation au Temple de Jérusalem de la Vierge Marie n’est pas scripturaire mais se trouve dans un apocryphe, le Protoévangile de Jacques. Composé probablement en Egypte avant le milieu du IInd siècle, ce texte est déjà évoqué par saint Justin (mort vers 165) dans le Dialogue avec Tryphon, par saint Clément d’Alexandrie et par Origène qui s’y réfère explicitement dans le Commentaire de saint Matthieu. Quoique contenant beaucoup de récits merveilleux visant à satisfaire la curiosité des fidèles et bien qu’il ait subi de nombreuses et complexes modifications ultérieures, le texte, de par son ancienneté, a pu toutefois recueillir des traditions orales authentiques. Voici le passage du Protoévangile de Jacques relatif à l’Entrée au Temple de la Mère de Dieu :
Les mois se succédèrent pour la petit fille. Lorsqu’elle eut deux ans, Joachim dit : Menons-la au Temple du Seigneur, afin que s’accomplisse la promesse que nous avons faite, sinon le Tout-Puissant nous avertirait et l’offrande que nous lui ferions serait rejetée. Mais Anne répondit : Attendons la troisième année pour que l’enfant soit en âge de reconnaître son père et sa mère. Et Joachim répondit : Attendons !
Lorsque la petite fille eut trois ans, Joachim dit : Appelez les filles d’Hébreux de race pure, et qu’elles prennent chacune un flambeau, un flambeau qui ne s’éteindra pas. L’enfant ne devra pas retourner en arrière et son cœur ne se fixera pas hors du Temple du Seigneur. Elles obéirent à cet ordre et elles montèrent ensemble au Temple du Seigneur. Et le prêtre accueillit l’enfant et la prit dans ses bras. Il la bénit, en disant : Il a glorifié ton nom, le Seigneur, dans toutes les générations. C’est en toi qu’aux derniers jours il révélera la Rédemption qu’il accorde aux fils d’Israël ! Et il fit asseoir l’enfant sur le troisième degré de l’autel. Et le Seigneur Dieu fit descendre sa grâce sur elle. Et, debout sur ses pieds, elle se mit à danser. Et elle fut chère à toute la maison d’Israël. Les parents redescendirent du Temple, et ils étaient remplis d’admiration, et ils louaient Dieu car l’enfant ne s’était pas retournée en arrière. Et Marie demeurait dans le Temple du Seigneur, semblable à une colombe, et la main d’un Ange la nourrissait.
Ce récit de cette consécration à Dieu de la Vierge Marie est d’ailleurs si conforme à ce que la dévotion chrétienne à toujours ressenti relativement à la vie immaculée de Marie non décrite dans l’Évangile, qu’il a jouit très tôt de la faveur des fidèles. C’est ainsi qu’on voit dans la crypte de Saint-Maximin dans le Var, datant du Vème siècle, une image de la Vierge Marie orante gravée sur une pierre tombale avec l’inscription suivante en mauvais latin : Marie la Vierge servant dans le Temple de Jérusalem.
L’origine de la fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple serait peut-être palestinienne : la vie de saint Jean le Silentiaire, écrite au milieu du VIème siècle par Cyrille de Scythopolis, nous apprend qu’en novembre 543, à Jérusalem, eut lieu la dédicace de la basilique Sainte-Marie-la-Neuve, construite sur ordre de Justinien dans la partie méridionale de la plate-forme qui avait porté le Temple et ses annexes. Il est probable que la date du 21 novembre rappelle le souvenir de cette dédicace. En tous cas, à Constantinople, la fête de la Présentation de Marie est attestée dès le VIIIème siècle, et des homélies de saint André de Crête (mort en 740) lui sont consacrées. En 1166, Michel Comnène la mît au nombre des fêtes où étaient défendues les séances judiciaires. La fête de l’Entrée au Temple de la Mère de Dieu est l’une des 12 grandes fêtes de l’année liturgique byzantine. Le très beau tropaire de la fête (Ce jour est le prélude de la bienveillance de Dieu) fait une référence à l’Eudoxia du Gloria chanté par les Anges à Noël.
En Occident, l’Angleterre célèbre cette fête un peu avant l’occupation normande, un calendrier hongrois la note au début du XIIIème siècle. Pour le rit romain, l’introduction de cette fête est due aux soins de Philippe de Maizières, envoyé de Pierre II de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem, à la cour papale d’Avignon. En effet, l’ambassadeur décrivit sous des couleurs si brillantes cette solennité orientale à Grégoire XI, que celui-ci se décida à l’introduire dans le calendrier de la Curie en 1372. Dès 1373, le roi Charles V l’introduit en la chapelle royale de France et, l’année suivante, convie tout le royaume à l’imiter, ce que fit aussi la Navarre. Comme Grégoire XI rentra à Rome après avoir fait célébrer la Présentation, cette fête devint plus importante et, peu à peu, elle fut adoptée un peu partout en Occident. Elle figure au missel romain de 1505 et à rang de fête double dans le bréviaire romain de 1550. Elle fut supprimée par saint Pie V dans le bréviaire de 1568 (la fête n’avait pas de fondement scripturaire ; or l’un des buts de la réforme tridentine était d’enlever des arguments aux protestants dans ce domaine) mais fut rétablie par Sixte-Quint en 1585 comme fête double puis élevée par Clément VIII en 1602 comme double majeur avec un nouvel office.
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Nous fêtons aussi en ce jour la mégalomartyre Catherine d’Alexandrie.
Sainte Catherine, selon le ménologue de l’empereur Basile Ier, était de race royale et avait reçu une éducation d’une rare qualité. L’empereur Maximin II Daïa l’ayant obligée de disputer avec des philosophes païens, non seulement elle les réduisit au silence, mais elle les convertit à la foi véritable, et les associa à son martyre. Catherine fut attachée à une machine composée de plusieurs roues garnies de pointes aigües, mais les cordes de la machine se rompirent sans pouvoir faire souffrir la sainte. Elle fut alors condamnée à la décapitation et acheva son martyre vers l’an 311.
L’absence de sources contemporaines de son martyre a fait douter les critiques modernes de l’existence de sainte Catherine. Toutefois, Eusèbe de Césarée (c. 265 † 339) parle bien d’une vierge d’Alexandrie, qu’il omet de nommer, distinguée par son illustre naissance & par ses richesses, qui possédait un savoir peu commun, laquelle eut le courage de résister à la lubricité du tyran Maximin, qui se faisait un jeu de déshonorer les femmes les plus honorables de cette ville. Baronius (1538 † 1607) et Joseph Assémani (1687 † 1768) ont rapprochés les éléments donnés par Eusèbe avec ceux de la légende de sainte Catherine.
Le corps de sainte Catherine fut miraculeusement transporté au Mont-Sinaï où au VIIIème siècle, les moines firent la translation de son corps au monastère qui depuis porte son nom. Un sarcophage dans l’église principale du monastère, l’Eglise de la Transfiguration, contient son corps, et deux reliquaires présentent son chef et sa main gauche à la dévotion des fidèles :
De nombreux croisés ayant fait le pèlerinage du Mont-Sinaï (comme en témoignent les blasons gravés dans le réfectoire du monastère), la dévotion envers sainte Catherine se répandit aussi très largement en Occident. En 1028, saint Siméon († 1035), moine du Sinaï, apporta à Rouen une partie des reliques de sainte Catherine, en remerciement de la protection donnée par Richard, duc de Normandie, à son monastère. Ces reliques furent déposées dans l’Abbaye Sainte-Catherine du Mont près de Rouen, où d’importants pèlerinages (dont plusieurs effectués par nos rois) eurent lieu jusqu’à la ruine de ce monastère en 1597.
Avec sainte Marguerite et saint Michel, sainte Catherine est l’une des saintes qui se manifeste à sainte Jeanne d’Arc pour l’appeler à remplir sa mission de libérer la France.
Contrairement à l’Eglise grecque et à l’Eglise romaine, l’Eglise russe célèbre sainte Catherine le 24 novembre et non le 25 novembre (saint Clément étant fêté le 25 novembre en Russie, et le 24 novembre ailleurs). Il semble que l’origine de la permutation en Orient des dates de sainte Catherine et de saint Clément soit liée à la volonté d’associer l’une ou l’autre de ces fêtes à la clôture de la fête de l’Entrée au Temple de la Mère de Dieu.
Aux heures
A tierce : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire de la Mégalomartyre. Kondakion : du dimanche.
A sexte : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire de la fête. Kondakion : de la fête.
Tropaires des Béatitudes : quatre tropaires du dimanche, ton 1, quatre tropaires des 7ème et 8ème odes du canon de la fête (œuvre de saint Georges l’Hymnographe, évêque de Nicomédie en Bithynie – IXème siècle), & quatre tropaires de la 6ème ode du canon de la Mégalomartyre (œuvre de saint Théophane le Marqué, métropolite de Nicée – 778 † 845) :
1. Du Paradis l’Ennemi fit chasser Adam * lorsqu’il eut mangé le fruit défendu, * mais par la croix le Christ y fit entrer le bon Larron qui lui criait : Souviens-toi de moi, Seigneur, ** quand tu entreras dans ton royaume.
2. Je me prosterne devant ta Passion * et je glorifie ta sainte Résurrection ; * avec Adam & le bon Larron * je te crie : Souviens-toi de moi, Seigneur, ** quand tu entreras dans ton royaume.
3. Librement, Seigneur sans péché, * tu as souffert la croix & la mise au tombeau ; * mais, comme Dieu, tu es ressuscité, * faisant surgir avec toi * Adam qui s’écrie : Souviens-toi de moi, Seigneur, ** quand tu entreras dans ton royaume.
4. Le temple de ton corps, tu l’as relevé * du tombeau le troisième jour ; * avec Adam, ô Christ notre Dieu, * tu as ressuscité le genre humain, * qui chante : Souviens-toi de moi, Seigneur, ** quand tu entreras dans ton royaume.
5. Qu’en ce jour le monde entier * fasse cortège à la Mère du Roi ; * sur la terre comme au ciel * que la multitude des mortels * s’unisse au chœur des Anges pour chanter : * Dans le Temple est amenée ** la cause de la joie et du salut.
6. La loi de l’Ecriture est dépassée, * comme une ombre elle s’est évanouie ; * les rayons de la grâce ont illuminé * le Temple du Seigneur, * lorsque tu y fus menée, * Vierge et Mère immaculée ** qui pour les siècles es bénie.
7. Anne jadis, menant en la maison de Dieu * son temple immaculé, * dit au Prêtre dans sa foi : * “Reçois la fille qui me fut donnée par Dieu, * pour la conduire maintenant * dans le Temple de ton Créateur”. * Et, joyeuse, elle chantait pour lui : ** “Toutes ses œuvres, bénissez le Seigneur”.
8. A sainte Anne s’adressant alors, * Zacharie prophétisa dans l’Esprit : * “C’est la Mère de la Vie que tu conduis en vérité, * celle que de loin ont annoncée * les divins Prophètes comme la Mère de mon Dieu ! * Mais comment le Temple pourra-t-il la contenir ? * Aussi je m’écrie, émerveillé : ** Toutes ses œuvres, bénissez le Seigneur”.
9. Toi qui rayonnais de l’éclat * de ta splendide virginité, * le Verbe pur et bon, * te voyant tout empourprée * de ton sang de martyre, ** t’a reçue comme épouse dans sa demeure des cieux.
10. Tu fus capable, par la Croix, * de briser la force des tyrans * et de repousser la vanité * de la sagesse d’ici-bas, * illustre Catherine aux pensées sublimes, ** d’où jaillissait la doctrine divinement inspirée.
11. Celui dont la ruse fit rejeter jadis Adam * hors des délices du Paradis, * tu l’as jeté à terre en supportant * avec patience les peines des tourments, * illustre Martyre, et tu as ceint ** la couronne du royaume des cieux.
12. Vierge Mère de Dieu, * supplie mon Juge, ton Fils, * pour qu’à l’heure du jugement * il use de miséricorde envers moi * et me sauve du terrible châtiment ; ** car en toi seule je place mon espoir.
A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 1 : La pierre scellée par les Juifs, * et ton corps très pur gardé par les soldats, * Tu ressuscites le troisième jour, ô Sauveur, * donnant la vie au monde. * C’est pourquoi les vertus célestes te crient, ô Donateur de vie : * “Gloire à ta résurrection, Christ, * Gloire à ton royaume ! ** Gloire à ton économie, seul Ami de l’Homme !”
2. Tropaire de la fête, ton 4 : Ce jour est le prélude de la bienveillance de Dieu * et le salut des hommes est proclamé. * Dans le Temple de Dieu la Vierge est présentée * pour annoncer à tous les hommes la venue du Christ. * En son honneur, nous aussi, à pleine voix chantons-lui : * Réjouis-toi, ** accomplissement du dessein du Créateur.
3. Tropaire de la Mégalomartyre, ton 4 : Comme des rayons de soleil, de tes vertus tu éclairas les philosophes incroyants ; * comme la pleine lune pour qui s’avance de nuit, tu dissipas les ténèbres de l’absence de Foi. * La souveraine crut en Dieu grâce à toi, et tu confondis le tyran * Bienheureuse Catherine, comme épouse élue, avec amour tu rejoignis le Christ * Dans la chambre des Cieux, tu retrouvas ton époux resplendissant de beauté * et tu reçus de Sa main la couronne royale. * Puisqu’en Sa présence tu te tiens avec les Anges, ** intercède auprès de Lui pour les fidèles célébrant ta mémoire sacrée.
4. Kondakion du dimanche, ton 1 : Ressuscité du tombeau dans la gloire divine, * tu as ressuscité le monde avec toi ; * la nature humaine te chante comme Dieu, * la mort s’évanouit, * Adam jubile, Seigneur, * & Eve, désormais libérée de ses liens, * proclame dans l’allégresse : ** O Christ, c’est toi qui accordes à tous la résurrection.
5. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
6. Kondakion de la Mégalomartyre, ton 2 : En ce jour, amis des Martyrs, formez un chœur divin * pour glorifier la très-sage Catherine ; * elle a prêché, en effet, sur le stade le Christ * et foulé aux pieds le serpent, ** elle qui méprisa le savoir des rhéteurs.
7. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
8. Kondakion de la fête, ton 4 : Le temple très pur du Sauveur, * la très précieuse chambre nuptiale, la Vierge, * le trésor sacré de la gloire de Dieu * est conduite en ce jour dans la maison du Seigneur * elle y introduit avec elle la grâce de l’Esprit Divin ; * les anges de Dieu lui chantent : ** “Elle est un tabernacle céleste”.
Prokimen
Du dimanche, ton 1 :
℟. Que ta miséricorde soit sur nous, Seigneur, * selon l’espérance que nous avons mise en toi. (Psaume 32, 22).
℣. Justes, exultez dans le Seigneur, aux cœurs droits convient la louange (Psaume 32, 1).
[De la Mégalomartyre, ton 4 :
℟. Dieu est admirable dans ses saints, lui le Dieu d’Israël (Psaume 67, 36).]
Epîtres
Du dimanche : Ephésiens (§ 229) V, 8-19.
Mais remplissez-vous du Saint-Esprit ; vous entretenant de psaumes, d’hymnes et de cantiques spirituels, chantant et psalmodiant du fond de vos cœurs au Seigneur.
[De la Mégalomartyre : Ephésiens (§ 233) VI, 10-17.]
Alleluia
Du dimanche, ton 1 :
℣. C’est Dieu qui me donne les vengeances & prosterne les peuples sous moi (Psaume 17, 48).
℣. Il multiplie pour son roi les délivrances et montre de l’amour pour son Christ (Psaume 17, 51).
[De la Mégalomartyre, ton 1 :
℣. Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés ; et il les a délivrés de toutes leurs peines (Psaume 33, 18).]
Evangile
Du dimanche : Luc (§ 71) XIII, 10-17.
Pourquoi donc ne fallait-il pas délivrer de ses liens, en un jour de sabbat, cette fille d’Abraham, que Satan avait tenue ainsi liée durant dix-huit ans ?
[De la Mégalomartyre : Luc (§ 106) XXI, 12-19.]
Mégalinaire à la Mère de Dieu, durant l’anaphore, ton 4 :
℣. Les Anges s’émerveillèrent, * devant l’Entrée au Temple de la Vierge ** s’étonnant de voir comme elle avançait
jusqu’au Saint des saints.
Hirmos : Que de l’arche vivante de Dieu * aucune main profane n’ose s’approcher, * mais que nos lèvres fidèlement redisent sans cesse à la Mère de Dieu * le salut de l’ange Gabriel * et dans l’allégresse lui chantent: * Vierge pure, Dieu t’a élevée ** plus haut que toute créature.
Verset de communion
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux. (Psaume 148, 1).
[De la Mégalomartyre : Réjouissez-vous, justes, dans le Seigneur ; aux cœurs droits convient la louange (Psaume 32, 1).] Alleluia, alleluia, alleluia.