Templa panduntur – Cette hymne du Ier ton de l’office nocturne de la fête de sainte Geneviève le 3 janvier est tirée de l’office propre de l’église paroissiale parisienne de Saint-Etienne-du-Mont, laquelle jouxtait l’ancienne abbatiale de Sainte-Geneviève, ruinée à la révolution. Ce propre fut publié au XVIIème siècle : un volume noté (sans date) et un texte latin imprimé avec une traduction française “chez Prault Père, Quai de Gêvres, au Paradis, et à la Maîtrise des Enfants de Chœur de S. Etienne” en 1777. La même hymne se retrouve au propre de la toute nouvelle basilique Sainte-Geneviève en 1765, alors qu’elle est toujours en construction (la première pierre fut posée par le roi Louis XV le 6 septembre 1764). Il est probable que cette hymne fut aussi antérieurement en usage à l’Abbaye de Sainte-Geneviève des Chanoines réguliers de la Congrégation de France (Génovéfains).
L’auteur de l’hymne Templa panduntur ne nous est pas connu. Il n’est pas impossible qu’il puisse être le P. Pinchon, chanoine régulier de l’Abbaye de Sainte-Geneviève au XVIIIème siècle, qui composa les textes des hymnes Gallicæ custos et Cœlo receptam plaudite Cœlites passées dans le Bréviaire de Mgr de Vintimille en 1736.
En voici le texte et une traduction du XVIIIème siècle (avec quelques corrections de détails apportées à cette traduction au XIXème siècle) :
Templa pandúntur ; facilis clientum Audiat festos Genovefa cantus, Quæ vigil templo solidas amabat Ducere noctes. |
Le temple s’ouvre ; que nos vœux soient reçus favorablement par Geneviève qui aimait passer les nuits entières à y prier. |
Hostis extincta stygiu lucerna, Nocte pergentem cohibere tentet ; Luditur : sacro rediviva flatu Flamma resurgit. |
En vain l’esprit infernal veut-il l’arrêter, en éteignant la lumière qui éclaire ses pas durant la nuit ; elle se rit de sa malice : un souffle miraculeux ranime la lampe qu’il avait éteinte. |
Molle dum mactat, sibi dura, corpus, Curat ægrotos ope, veste nudos ; Seque defaudat, seges unde major Crescat egenis. |
Dure à elle-même, tandis qu’elle immole son corps à la pénitence, elle fournit des secours aux malades, des habits à ceux qui sont nus ; elle retranche de son nécessaire pour donner plus abondamment aux indigents. |
Integram vitæ scelerata mordent Ora ; Germani siluere jussu : Mox et insontem potiore signo Sentiet orbis. |
Des bouches envenimées s’ouvrent pour la décrier ; Germain leur impose silence, et bientôt le plus éclatant miracle atteste à l’univers son innocence. |
Numinis vindex patiens vocari Hunnus, algentem fugit acer arcton, Et Parisinis truculentus instat Attila muris. |
Attila, le roi des Huns, regardé de tous et se regardant lui-même comme le fléau de Dieu, accourt avec rapidité des régions glacées du nord ; il s’avance plein de fureur, et menace Paris d’une ruine prochaine. |
Palluit civis, prece Virgo pugnat : Barbarus ponit fera corda prædo : It tremor castis ; fugat impotentes Agna leones. |
Le citoyen tremble ; Geneviève combat par la prière et déjà le barbare conquérant s’adoucit, la terreur se répand dans son camp, et une innocente brebis met en fuite ces lions furieux. |
Efficax Hunni prohibere turmas, Diva, ne blando superemur hoste ; Cordis insanos, quibus æstuamus, Pelle furores. |
Vous avez le pouvoir d’arrêter les bataillons des Huns : ô sainte Patronne, que l’ennemi du salut ne triomphe pas de nous par ses artifices ; éloignez les passions furieuses qui bouillonnent dans notre cœur. |
Summa laus Patri, genitoque Verbo, Et tibi compar utriusque nexus, Qui tuo, victor, sata nocte monstra Lumine terres. Amen. |
Gloire soit au Père ; gloire soit au Fils ; gloire à l’Esprit saint qui, par sa lumière, met en fuite les monstres qu’enfante l’esprit des ténèbres. Amen. |
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Edition du XVIIIème siècle des offices propres de Saint-Etienne-du-Mont
(Bibliothèque Sainte-Geneviève Delta 65154 Res) :