Saint-Eugène, le jeudi 9 mai 2013, grand’messe de 11h.
Saint Augustin estimait que la fête de l’Ascension était d’institution apostolique. Cette fête est en effet très ancienne, même si dans les tous premiers temps de l’Eglise, l’Ascension du Seigneur était célébrée au jour de la Pentecôte, jointe à la descente de l’Esprit-Saint sur les Apôtres (cette disposition, qui nous paraîtra aujourd’hui curieuse, est encore attestée au début du IVème siècle par Eusèbe de Césarée et le récit de la pèlerine Egérie). L’institution d’une fête propre au 40ème jour après Pâques paraît remonter au dernier quart du IVème siècle, probablement après le premier Concile œcuménique de Constantinople de 381 qui défendit la divinité de l’Esprit-Saint (on voulut sans doute alors réserver la fête de la Pentecôte à la célébration seule du mystère de l’Esprit-Saint) – et il est possible que saint Grégoire de Nysse – dont on possède l’homélie pour l’Ascension de l’année 388 – fusse, sinon l’initiateur – du moins l’un des premiers propagateurs d’une célébration de l’Ascension au 40ème jour après Pâques au lieu du 50ème jour. La fixation de la célébration liturgique de l’Ascension au jeudi qui est le 40ème jour après Pâques, commune à partir de la fin du IVème siècle à tous les rits d’Orient & d’Occident, n’est bien sûr pas le fruit du hasard, notre Seigneur s’étant élevé vers le ciel 40 jours après sa résurrection ainsi que le rapporte saint Luc dans les Actes des Apôtres (“Il s’était aussi montré à eux depuis sa passion, et leur avait fait voir, par beaucoup de preuves, qu’il était vivant, leur apparaissant pendant quarante jours, et leur parlant du royaume de Dieu.” Actes 1, 3). Selon une tradition patristique ancienne (attestée par les Constitutions Apostoliques, livre V, chap. XIX.), l’ascension du Seigneur s’est produite à midi, aussi l’heure de sexte revêt une solennité particulière en ce jour : ainsi, à Rome, après la messe célébrée sur l’autel de Saint-Pierre, le Pape était couronné par les cardinaux et, vers l’heure de sexte, se rendait en procession solennelle au Latran, accompagné par les évêques et tout le clergé.
La liturgie traditionnelle connait en ce jour un symbole fort : afin de signifier le départ de notre Maître & Seigneur, après le chant par le diacre de l’évangile à la messe de ce jour, on éteint “le Cierge pascal, que nous vîmes allumer dans la nuit de la résurrection, et qui était destiné à figurer, par sa lumière de quarante jours, la durée du séjour de notre divin Ressuscité au milieu de ceux qu’il a daigné appeler ses frères” (dom Guéranger).
L’Ascension est une fête d’obligation pour l’Eglise universelle, ce qui signifie que l’assistance à la messe et la sanctification du jour en sont obligatoires, à l’instar d’un dimanche.
- Propre grégorien du jour – Kyriale : Messe IV – Cunctipotens
- Introït: Viri Galilaei – précédé de son trope médiéval et repris sur une polyphonie d’après Maxime Kovalevsky (1903 † 1988)
- Prose de l’Ascension au propre de Paris – conformément à la tradition, l’orgue figure les versets impairs
- Credo de la messe royale du premier ton d’Henry du Mont (1610 † 1684), organiste de Saint-Paul et de la reine, maître de la chapelle du roi Louis XIV
- Pendant les encensements de l’offertoire : O Rex gloriæ – antienne du Magnificat des IIndes vêpres de l’Ascension – polyphonie de Jean-François Baptiste de Lallouette (1651 † 1728), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris
- Après la Consécration : O salutaris de François Giroust (1737 † 1799), maître de chapelle du roi Louis XVI
- Agnus Dei de la Messe Ad Majorem Dei Gloriam (1699) d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et de Louis XV à Versailles
- Pendant la communion : Omnes gentes – petit motet de Jean-Batiste de Lully (1633 † 1687), sur le texte du psaume 46, psaume de la fête – Ier ton
- Ite missa est IV
- Au dernier Evangile : Regina cœli – mise en polyphonie d’après Charles de Courbes (1622)
- Procession de sortie : Omnes gentes – antienne d’après Guillaume Bouzignac (c. 1587 † ap. 1643), maître de chapelle des cathédrales d’Angoulême, de Bourges, de Rodez et de Clermont-Ferrand – versets du psaume 46 – 2ème ton