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La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Décès de l’Abouna Paulos, patriarche des Ethiopiens

Sa Sainteté l’Abouna Paulos, 5ème patriarche & catholicos d’Ethiopie, archevêque successeur de saint Frumence sur le siège métropolitain d’Axoum, Etchegué (c’est-à-dire supérieur de tous les moines éthiopiens) du siège de saint Takle Haymanot a quitté ce monde ce 16 août 2012 à l’âge de 76 ans. Né le 3 novembre 1935, l’Abouna Paulos avait été élu patriarche de l’Eglise Ethiopienne Tewahedo en 1992 dans un contexte difficile : le pouvoir communiste venait d’être renversé et avec lui l’Abouna Mercure, à la solde du régime, avait été déposé.

L’Abouna Paulos eut a relever de nombreux défi pour reconstruire l’Eglise éthiopienne, laquelle avait subi de plein fouet la persécution communiste du Derg et perdu tous ses biens. Il célébra plusieurs funérailles impériales ou réinhumations de victimes du communismes (en dépit de l’hostilité du nouveau gouvernement) :

  • celles de 60 anciennes personnalités de la cour impériale en 1993,
  • celles du prince héritier Amha Sélassié en 1997,
  • celles surtout de l’empereur Haïlé Sélassié en l’an 2000 (le Négus avait initialement été enterré sous le bureau du dictateur communiste Mengistu, afin que celui-ci fasse reposer ses pieds sur celui qu’il avait renversé – le patriarche fit inhumer la dépouille du Négus dans la cathédrale de la Sainte Trinité d’Addis Abeba, cathédrale qu’avait fait bâtir le défunt empereur),
  • celles de la princesse Tenagnework (fille aînée de l’empereur Haïlé Sélassié) en 2003.
  • L’Abouna Paulos était apprécié pour sa capacité de médiation dans plusieurs conflits internes en Ethiopie et chez ses voisins immédiats (Erythrée et Sud-Soudan). Néanmoins, ses liens étroits avec le premier ministre Meles Zenawi (tous deux sont originaires de la ville d’Adoua au Tigré) ont suscité plusieurs controverses politiques. Les circonstances exactes de sa mort semblent du reste pour l’heure un peu confuses. Le Saint Synode et les principaux abbés du pays se réuniront dans les prochaines heures pour l’organisation des funérailles de l’Abouna.

    Cathédrale de la Sainte-Trinité d’Addis-Abeba – sortie de messe dominicale (août 2011)

    Monument funéraire de l’empereur Haïlé-Sélassié dans la cathédrale de la Sainte-Trinité d’Addis-Abeba. L’Abouna Paulos célébra les funérailles du Négus en l’an 2000, lui donnant une sépulture digne après l’humiliante inhumation du Derg. A noter que le sarcophage reprend les motifs ornementaux caractéristiques de l’art antique du royaume d’Axoum.

    Le Flabellum de Saint-Philibert de Tournus – flabella et ripidia d’Orient & d’Occident

    Si les flabella portés en signe d’honneur autour du Pape sont bien connus en Occident, on a généralement oublié que ceux-ci avaient connu un usage liturgique bien plus large, usage encore conservé de nos jours en Orient.

    L’usage liturgique des flabella débute très haut dans l’histoire chrétienne, aussi n’est-ce guère étonnant de constater de grandes similitudes dans leur emploi en Orient comme en Occident. En effet leur emploi remonte au moins au IVème siècle, ainsi que l’atteste ce passage du VIIIème livre des Constitutions Ecclésiastiques :

    “Que deux diacres, de chaque côté de l’autel, tiennent un éventail, constitué de fines membranes, ou des plumes du paon, ou de drap fin, et qu’ils chassent silencieusement les petits animaux qui volent, afin qu’ils ne s’approchent pas des calices. (VIII, 2)”

    L’abbaye de Tournus, en Bourgogne, possédait un très ancien flabellum remontant à l’époque carolingienne. Ce flabellum liturgique avait été décrit comme figurant au trésor de Tournus par dom Edmond Martène et dom Ursin Durand, lors de leur mémorable campagne de collecte d’information dans tous les monastères de France en vue de la rédaction de Gallia christiana (cf. Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la congrégation de St-Maur, Paris, 1712 & 1724) : ils décrivent un vieux flabellum, possédant un manche d’ivoire de deux pieds de long, magnifiquement sculptés ; les deux côtés du disque comprenant quatorze figures de saints.

    Ce témoignage unique se trouve actuellement conservé à Florence, en Italie, au Museo Nazionale del Bargello.

    Le flabellum de Tournus est un témoin exceptionnel de part son ancienneté (il date des années 850), sa fragilité (le disque est en papier plissé et peint) et la virtuosité de son décor sculpté en ivoire (qui témoigne de la renaissance des lettres comme des arts à l’époque carolingienne, puisqu’il revivifie des textes de Virgile). C’est le plus ancien témoin occidental que nous possédions (un flabellum copte, décrit plus bas, lui est à peine antérieur de quelques années).

    Ce flabellum a été offert par Génaut, abbé de Cunault, protecteur des arts, dont l’abbatiat se situe aux alentours de 850. Depuis cette époque, le précieux objet a suivi l’histoire mouvementée des reliques de saint Philibert, puisqu’il a été versé dans le trésor accompagnant la pérégrination du corps de ce saint.

    Saint Philibert fut au VIIème siècle un infatigable fondateur de monastères parmi lesquels la grande abbaye de Jumièges & le monastère de l’île d’Hério (devenu plus tard Noirmoutier). Il mourut du reste, à un âge avancé, à Noirmoutier le 20 août 685. En raison des invasions normandes qui commencèrent à déferler à partir de 819, les moines de Noirmoutier entreprirent une longue errance à travers la France, emportant avec eux les reliques de saint Philibert ainsi que le trésor de leur abbaye de plus en plus loin à travers les terres. En 836, ils abandonnent Noirmoutier pour se fixer à Déas (Loire-Atlantique), puis en 845 vont à Cunault (sur la Loire en Anjou), puis 4 ans après à Messais en Poitou, près de Châtellerault, dans un domaine concédé par Charles-le-Chauve. Le Poitou étant à son tour menacé par les Normands, Charles-le-Chauve, très favorable aux moines, leur donne d’abord le lieu de Goudet près du Puy-en-Velay pour construire un nouveau monastère. Puis le 30 octobre 871, il leur concède l’abbaye de Saint-Pourçain en Auvergne dans l’Allier avec toutes ses dépendances. Le 19 mars 875, l’empereur accorde enfin comme refuge aux moines de saint Philibert l’abbaye Saint-Valérien de Tournus, avec le château et toutes ses dépendances. Les moines s’y fixèrent définitivement, renonçant à réintégrer Noirmoutier qui devint par la suite, une fois le péril normand écarté, comme Déas et Cunault, simple dépendance de Tournus. Les reliques de saint Philibert furent alors installées dans cette église qui, magnifiquement agrandie aux XIème & XIIème siècles, prendra le nom de Saint-Philibert de Tournus. Ainsi s’achève le laborieux exode des moines de Noirmoutier qui dura comme celui de l’Ecriture une quarantaine d’années. Cet exode est resté fameux en raison des très nombreux miracles accomplis par les reliques de saint Philibert à chacune des étapes de ses translations.

    L’éventail de Saint-Philibert est fabriqué dans une longue bande de parchemin aux plis réguliers. La décoration s’organise en trois registres séparés par des bordures et des inscriptions. Le peintre enlumineur a utilisé plusieurs couleurs, surtout du vert et du rouge. Les motifs animaliers et végétaux du rinceau du registre supérieur s’intercalent dans le registre central avec 14 figures de saints (7 de chaque côté).

    Nous empruntons au P. Juenin la description de ce fameux flabellum que l’on remarquait autrefois au trésor de l’abbaye de Tournus.

    “C’est, dit-il un éventail flabellum tel que ceux dont parle Durantus son livre De Ritibus ecclesiasticis et qu’il assure d’après le pape saint Clément que deux diacres tenaient de chaque côté de l’autel pour empêcher les petits animaux volants de tomber dans le calice. Le nôtre est attaché à un manche de bois couvert d’ivoire travaillé et long de 20 pouces. Il s’ouvre en rond et a 17 pouces de diamètre. Il se replie au bout du manche où il est attaché et s’y ferme entre des plaques aussi couvertes d’ivoire longues de 8 pouces et demi et larges de 2 pouces : de telle manière qu’étant fermé toute sa longueur est de 29 pouces, dont 3 à 4 seulement, par le bout d’en bas, ne sont pas couverts d’ivoire mais aboutissent un peu en pointe comme pour être emboîtés dans un trou. L’éventail est en vélin peint de diverses figures et contient les vers suivants, qui en font connaître l’usage, mais qui ne sont pas des meilleurs, contenant des fautes contre la quantité et des transpositions.”

    Voici les inscriptions qui figurent sur les diverses parties du flabellum de Tournus.

    On lit d’un côté du disque de papier :

    Flaminis hoc donum, regnator summe polorum,
    Obtatum puro pectore sume libens.
    Virgo parens Christi voto celebraris eodem.
    Hic coleris pariter tu, Filiberte sacer.
    Sunt duo quæ modicum confert æstate flabellum :
    Infestas abigit muscas, et mitigat æstum,
    Et sine dat tedio gustare munus ciborum.
    Proptereà calidum qui vult transire per annum,
    Et tutus cupit ab atris existere muscis,
    Omni se studeat æstate muniri flabello.

    Au dessus des figures qui sont représentées du même côté :

    Sancta Lucia – Sancta Agnes – Sancta Cæcilia – Sancta Maria – Sanctus Petrus – Sanctus Paulus – Sanctus Andreas.

    De l’autre côté :

    Hoc decus eximium pulchro moderamine gestum
    Condecet in sacro semper adesse loco.
    Namque suo volucres infestas flamine pellit,
    Et strictim motus longiùs ire facit.
    Hoc quoque flabellum tranquillas excitat auras,
    Æstus dùm eructat ventum, excitatque serenum,
    Fugat et obcænas importunasque volucres.

    Au dessus des figures :

    Judex – Sanctus Mauritius – Sanctus Dionisius – Sanctus Filibertus – Sanctus Hilarius – Sanctus Martinus – Levita

    Les 2 plaquettes d’ivoire qui protègent l’éventail une fois replié sont ornées d’éléments végétaux et d’un vaste répertoire animalier inspiré de Virgile.

    “Les éléments profanes, inspirés des Eglogles de Virgile, et copiés sur un manuscrit de la fin de l’antiquité, sont d’un style qui rappelle les enluminures du manuscrit de Virgile au Vatican.” (W. F. Wolbach, Les ivoires sculptés, de l’époque carolingienne au XIIe siècle, in Cahiers de civilisation médiévale, 1958, Vol. 1, numéro 1.1., p. 21).

    Le manche est réalisé avec des éléments en os séparés par des noeuds de couleur verte. Sur la première pomme du manche, au dessous de quatre figures en relief :

    S. Maria – S. Agnes – S. Filibertus – S. Petrus.

    (Saint Paul a remplacé par la suite la figure originelle de sainte Agnès).

    Sur la seconde figure la signature de l’artiste, un certain Joël :

    † Johel me sanctæ fecit in honore Mariæ.

    La troisième pomme ne comporte point d’inscription.

    L’ensemble des inscriptions renvoient à l’usage liturgique de l’objet et confirment la dédicace à la Vierge et à saint Philibert. Les flabella étaient donc utilisés autour de l’abbé célébrant la messe, à l’origine pour chasser les insectes autour de l’autel et sans doute aussi pour apporter de l’air frais les jours de grande chaleur. Cet usage purement utilitaire devait toutefois s’empreindre dès l’origine de hiératisme, à l’instar de l’usage qu’en faisait les anciens Egyptiens.

    Les flabella en Orient

    Dans les liturgies orientales, les flabella liturgiques sont toujours employés ; ils ont perdus au cours des âges leurs évents (de plume, papier ou tissu) et il ne subsiste plus, au bout du manche de l’objet, que le disque central – sur lequel figure usuellement un chérubin aux six ailes.

    Les flabella sont désignés en grec sous le nom d’άγια ριπίδια (aghia ripidia : saints éventails) et parfois sous le terme d’εξαπτέρυγα (hexapteryga : “six ailes”). Le symbolisme angélique va particulièrement être développé en Orient. Saint Sophrone, patriarche de Jérusalem († 641) indique que, dans l’esprit de l’Eglise, les images des ripidia figurant des chérubins & des séraphins symbolisent l’invisible participation des puissances angéliques aux sacrements de l’Eglise. Saint Photius, patriarche de Constantinople († 886) témoigne qu’à cette époque les ripida étaient encore ornés de plumes. Dans son esprit, ils ont été conçus pour “prévenir l’esprit obscurci à ne pas s’attarder sur le visible, mais, en détournant son attention, à attirer les yeux de son esprit & à les détourner vers le haut, du visible à la beauté invisible & ineffable.”

    Ripidion byzantin présentant un chérubin.

    Ripidion copte en argent de la fin du VIIIème – début du IXème siècle.
    Brooklyn Museum of Art, New York.
    Les 4 animaux de l’Apocalypse, figurant les 4 évangiles, entourés chacun des six ailes, sont présentés de part & d’autre du disque.

    Selon les livres liturgiques byzantins, et conformément aux Constitutions Apostoliques du IVème siècle, pendant la liturgie de saint Jean Chrysostome, deux diacres se tiennent près de l’autel avec des ripidia qu’ils agitent doucement au-dessus des saints dons, depuis l’offertoire jusqu’à la communion (mais seulement pendant la consécration pour la liturgie de saint Basile). De nos jours, comme les saints dons sont désormais couverts, cet usage est tombé en désuétude pour les diacres, sauf le jour de leur ordination diaconale : l’évêque leur remet le ripidion avec leurs vêtements diaconaux et leur livre d’office, et les présente ainsi au peuple pour l’acclamation Axios ! (Il est digne !), ensuite le diacre ordonné agitera son ripidion près de l’autel selon l’antique pratique décrite par les livres liturgiques.

    Les ripidia sont portés usuellement, dans l’Orient byzantin, à l’évangile, lors de la Grande Entrée (offertoire de la Divine Liturgie) et à toutes les processions. Leur usage est souvent laissé aux sous-diacres ou aux acolytes. La photo ci-dessus montre le chant de l’évangile par le diacre à la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, entouré de 4 acolytes portant des ripidia.

    Les Russes les emploient fréquemment pour honorer une relique ou une icône insigne. Ci-dessus, des ripidia honorent l’icône de la Très-Sainte Trinité le jour de la Pentecôte à la Laure de la Trinité-Saint-Serge.

    Lorsqu’ils ne sont pas employés, les ripidia sont disposés derrière l’autel (ou non loin de celui-ci en Russie du Nord, car l’usage s’y est établi de disposer à leur place les icônes du Christ & de la Mère de Dieu).

    Les ripidia sont en usage également chez les Arméniens (qui l’appellent Kechotz), les Maronites, les Syriaques (qui l’appellent Marvahtho) & les Chaldéens. On y attache d’ordinaire de petites clochettes. On les agite à certains moments importants de la liturgie (l’épiclèse chez les Arméniens par exemple), ce qui produit un effet similaire à celui des clochettes dans le rit romain.

    Marvahtho syriaque orné de branchages pour le jour des Rameaux

    Les Ethiopiens enfin se servent de chasse-mouches liturgiques en crin de cheval, plus rudimentaires mais efficaces !

    Sainte Sanctification (=messe) dominicale dans l’antique cathédrale d’Axoum en Ethiopie. L’un des diacres tient un cierge et un chasse-mouche liturgique.

    Les flabella en Occident

    Même s’il est sans doute le plus ancien témoin occidental conservé, le flabellum de Saint-Philibert de Tournus ne constitue pas un hapax, et l’instrument a été autrefois d’un emploi fréquent. En 813, on signale un flabellum en argent dans l’inventaire de l’abbaye de Saint-Riquier en Ponthieu (Migne, P. L., CLXXIV, 1257). Le testament d’Everard (mort en 837), fondateur de l’abbaye de Cisoin en mentionne un autre. L’inventaire du trésor de la cathédrale de Sarum (Salisbury, en Angleterre), daté de 1222, mentionne un flabellum en argent et deux en parchemin. L’inventaire de la cathédrale d’York recèle à la même époque un flabellum dont le manche était d’argent et le disque doré, lequel portait une image en émail de l’évêque. Haymon (Hamo Hethe), évêque de Rochester (mort en 1352), a laissé à son Eglise un flabellum d’argent à manche d’ivoire. La cathédrale Saint-Paul de Londres en possédait un orné de plumes de paon.

    L’abbaye de Kremsmünster en Haute-Autriche possède toujours un très intéressant flabellum du XIIIème siècle : dans les quartiers dessinés par une croix grecque est représentée la résurrection du Christ.

    Metropolitan Museum de New York.

    L’usage liturgique du flabellum semble s’être un peu partout éteint en Occident à partir du XIVème siècle. L’invention de la pale pour recouvrir le calice (qui remonte au moins au XVIème siècle), accéléra, comme en Orient, sa désuétude.

    Toutefois, il s’est maintenu en Occident dans quelques usages particuliers.

    Le Pape – ainsi que nous l’avons noté au début de cet article – était, jusqu’au dernières réformes liturgiques, accompagné de deux flabella. Les plumes de paon dont ils étaient confectionnés, à cause de leurs ocelles, symbolisaient le regard, et donc la vigilance du pape sur l’ensemble de l’Église.

    Le vénérable Pie XII porté sur la sedia gestatoria et entouré des deux flabella.

    Saint Jean XXIII porté sur la sedia gestatoria et entouré des deux flabella.

    L’archevêché de Lisbonne a été érigé en patriarcat par la bulle “In Supremo Apostolatus Solio” du 22 octobre 1716, afin de tenir compte de son autorité spirituelle sur l’ensemble de l’empire colonial portugais (mais aussi afin de remercier le Portugal pour son aide dans la lutte contre les Turcs). Le patriarche de Lisbonne possède depuis plusieurs privilèges, dont celui d’être accompagné de deux flabella.

    S.E. Manuel, cardinal Gonçalves Cerejeira, patriarche of Lisbonne de 1929 à 1971, accompagné par ses flabella. Notez aussi la mitre du patriarche qui imite la forme de la tiare papale (le patriarche de Lisbonne timbre ses armes d’une tiare sans les clefs).

    Le rit dominicain connait l’usage du flabellum. Voici une photo d’une messe solennelle célébrée dans le rit dominicain. Les 2 flabella sont tenus par les acolytes agenouillés.

    Flabellum dans le rit dominicain

    Voici encore quelques usages des flabella en Occident, dans des cadres un peu moins prestigieux mais toujours actuels (et, du reste, dans un contexte de nouveau rit).

    Procession de reliques avec flabella sur l’île de Malte.

    Procession des reliques de saint Liboire précédé du flabellum en la cathédrale de Paderborn (dans l’antique Saxe, actuellement en Rhénanie-du-Nord-Westphalie).
    Plus d’informations & de photos sur cette procession.

    Et pour finir, voici une photo de la procession des rameaux dans la paroisse anglicane de Saint-Timothée, à Fort-Worth au Texas :

    En conclusion, même si l’usage des flabella pourrait paraître désuet dans notre monde moderne, leur histoire extrêmement ancienne est aussi un témoin indirect de la grande vénération et de la prudence extrême dont la Sainte Eglise a entouré dès l’origine les saints dons eucharistiques, et par là même l’affirmation de sa foi en la présence réelle de notre Seigneur sous les espèces du pain & du vin.

    PS. : plus de photos pour illustrer cet article sur cet album de la page Facebook de la Schola Sainte Cécile.

    Mar George Alencherry, nouvel Archevêque Majeur des Syro-Malabars

    Le 29 mai 2011 dernier, Sa Béatitude George Alencherry a été intronisé Archevêque Majeur de l’Eglise catholique Syro-Malabare en la basilique Sainte-Marie à Cochin.

    Agé aujourd’hui de 66 ans, Mar George Alencherry, après avoir perfectionné sa formation à l’Institut catholique de Paris, a été nommé à son retour responsable du centre catéchétique de Changanacherry puis directeur du Centre interrituel d’orientation pastorale, dépendant de la Conférence des évêques catholiques du Kerala. Nommé vicaire général du diocèse de Changanacherry, il a été élevé à l’épiscopat en 1996 devenant le premier évêque du tout nouveau diocèse de Thuckalay, avant de devenir en mai dernier le premier archevêque majeur élu de l’Eglise syro-malabare. Les catholiques traditionnels français le connaissent, puisqu’il a participé au pèlerinage de Chartres de 2001 au cours duquel il a donné le salut du Très-Saint Sacrement au camp de Gas, y chantant l’Oraison dominicale en araméen, la langue même de Notre Seigneur, qui est langue liturgique en rit syro-malabar. Nous avions eu alors l’honneur de chanter ce salut.

    L’Eglise catholique syro-malabare est la deuxième plus grande Église catholique orientale sui iuris, avec près de 4 millions de fidèles, la première étant l’Eglise Gréco-Catholique Ukrainienne, avec 6 millions de fidèles.

    L’Eglise Syro-Malabare tire son origine de l’Apôtre saint Thomas venu évangéliser l’Inde du Sud (il fut martyrisé à Maïlapour près de Madras). Du fait que Thomas avait précédemment fondé l’Eglise en Mésopotamie, l’Eglise de l’Inde du Sud fut historiquement liée au catholicosat de Séleucie-Ctésiphon, partageant avec elle la même liturgie (Messe des saints Apôtres Thaddée & Mari) en araméen.

    Avec l’arrivée des Portugais en Inde au XVIème siècle, les chrétiens de saint Thomas subirent une latinisation outrancière de leur liturgie, passant sous la juridiction de l’archevêque latin de Goa en 1599. Cette situation engendra par la suite de nombreux schismes successifs, au point que la situation ecclésiale est pour le moins complexe au Kérala de nos jours.

    En 1919, l’Eglise syro-malabare retrouva son rite araméen oriental délatinisé puis Rome rétablit sa hiérarchie en 1923. En 1992, le pape Jean Paul II a élevé l’Eglise syro-malabare au rang d’Eglise archiépiscopale majeure, l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly (Cochin) devenant le siège de l’archevêque métropolite. Lorsque son dernier titulaire, le cardinal Varkey Vithayathil est décédé le 1er avril 2011 à l’âge de 83 ans, le choix du nouvel archevêque majeur de l’Eglise syro-malabare a donné lieu à un événement d’une grande portée historique.

    C’est en effet par un synode rassemblant ses différents responsables que l’Eglise syro-malabare, rompant avec des siècles de nomination de ses évêques directement par Rome, a élu son supérieur, Mar George Alencherry, le 24 mai dernier à Cochin, élection qui a été officiellement confirmée le 26 mai par Benoit XVI.

    Cette nouvelle étape dans l’histoire de l’Eglise syro-malabare est le fruit d’un long travail de plusieurs dizaines d’années entre cette communauté catholique de rite oriental et le Saint-Siège. En janvier 2004, Rome donnait en effet l’autorisation au Synode Syro-Malabar d’élire ses propres évêques dans l’Etat du Kerala. Cette décision était très attendue par l’Eglise Syro-Malabare qui réclamait depuis longtemps de retrouver une autonomie plus grande vis-à-vis de Rome. Toutefois cette autorisation ne concerne que les juridictions ecclésiastiques au Kerala et ne s’applique pas aux diocèses établis dans d’autres territoires où les évêques syro-malabars dépendent de la juridiction de l’archevêque métropolitain local de rite latin (tout en restant sous l’autorité spirituelle et liturgique de leur archevêque majeur d’Ernakulam-Angamaly). L’Eglise syro-malabare compte ainsi plus d’une quarantaine d’évêques pour 29 diocèses répartis majoritairement au Kerala, mais dont quelques uns se trouvent dans sept autres états indiens, et l’un d’eux aux Etats-Unis. Ce dernier, érigé en 2001, l’éparchie Saint-Thomas de Chicago, est le seul diocèse établi hors de l’Inde.

    Le chevauchement en Inde des territoires ecclésiastiques des deux rites rendant complexe l’exercice de la pastorale et donnant lieu à des querelles récurrentes, les évêques syro-malabars en visite ad limina en avril dernier à Rome ont à nouveau demandé à Benoît XVI que l’autorité accordée sur leurs juridictions au Kerala puisse être étendue à toute l’Inde, ainsi qu’aux pays où les fidèles syro-malabars sont aujourd’hui nombreux, comme la région du Golfe persique, l’Europe ou encore l’Australie. De plus, ont affirmé les prélats, leur Eglise est l’objet de discriminations de la part des représentants locaux de l’Eglise latine, regrettant que « les autres chrétiens et les autres religions jouissent de la liberté de construire des églises et des bâtiments partout en Inde », mais que les Eglises orientales catholiques en soint exclues, paradoxalement non par l’Etat, mais par leur propre institution ecclésiale ».

    Sa Béatitude George a d’ores & déjà invité lors de la messe d’intronisation les trois Eglises catholiques en Inde de rites latin, syro-malabar et syro-malankar, à « oublier les rivalités passées » et à « travailler ensemble à l’unité », ajoutant que si elles « avaient peut-être été en compétition les unes avec les autres », il était temps « d’accueillir le pardon de Dieu (…) et de se tourner vers l’avenir avec espoir ».

    Le nouveau dirigeant de l’Eglise syro-malabare a lancé le même appel à sa propre communauté, dont il avait souligné les divisions internes sur des questions liturgiques (la fracture entre les partisans du maintien des traditions syro-araméennes propres et le tenants de la modernisation à outrance de la liturgie). Néanmoins, le dynamisme missionnaire de cette Eglise en Inde est plutôt extraordinaire. Tous nos vœux et prières accompagnent Mgr Alencherry dans sa nouvelle mission.

    Vidéo de la messe d’intronisation sur YouTube :

    Source : Syro Malabar Catholic ChurchEastern Rite Catholic Filipinos

    Messe pontificale en rit arménien à Notre-Dame de Paris

    A l’occasion du 96ème anniversaire du début du génocide de 1915 en Turquie, une divine liturgie pontificale en rit arménien a été célébrée hier à Notre-Dame de Paris par S.E.R. Mgr Grégoire Ghabroyan, évêque des Arméniens Catholiques de France.

    Dans l’Empire Ottoman, les Arméniens formaient une communauté chrétienne importante, principalement sur les terres historiques de l’ancien royaume d’Arménie, premier pays a avoir été chrétien. Le génocide de 1915 a très manifestement suivi un plan en plusieurs étapes et parait donc avoir été réfléchi et non improvisé. Dans un premier temps, le 24 avril 1915, sur ordre du gouvernement des Jeunes-Turcs, les responsables politiques, religieux, intellectuels de la communauté arménienne de Turquie furent arrêtés (sous motif de simples vérifications administratives, afin de ne pas trop affoler le reste des populations). Les emprisonnements concernèrent ensuite tous les hommes adultes ; ces emprisonnements aboutirent à des simulacres de procès, puis à des exécutions sommaires et discrètes. Les soldats arméniens incorporés dans l’armée turque furent désarmés, contraints de creuser les tombes dans lesquels ils furent amoncelés après avoir été passés par les armes. Le reste de la population, soit donc les femmes, vieillards et enfants furent ensuite déportés (sous la promesse qu’on allait les installer dans une région qu’on donnait aux Arméniens plus au Sud de l’Arménie). Lors de leur marche forcée, on leur firent subir les pires exactions : racket, vols, viols, brutalités, tortures, massacres. Ceux qui avaient pu survivre à la fin, à la soif et aux sévices de la marche forcée vers le Sud furent rassemblés dans le désert de Deir Ez-Zor (actuelle Syrie) où les turcs firent des massacres de masse à l’arme blanche après avoir dénudés leurs victimes pour récupérer les vêtements. Durant le génocide, de nombreux enfants furent enlevés à leurs famille pour être placés dans des familles turques, kurdes ou des orphelinats afin de les islamiser et les turquifier. De même, de nombreuses femmes ou enfants furent vendues en esclavages à des familles turques ou kurdes, et islamisés de force. On estime que 1 500 000 arméniens périrent dans ce génocide de 1915, lequel frappa également les autres minorités chrétiennes syriaques, chaldéennes, assyriennes & grecques.

    L’Eglise considère ces victimes comme des Martyrs car ils furent mis à mort pour leur foi chrétienne (dans les premières semaines du génocide, le gouvernement turc avait annoncé que ceux qui se convertiraient à l’Islam seraient épargnés). Ce génocide, avéré par les historiens et reconnu par un grand nombre d’états et le Parlement européen, est nié par la Turquie qui pratique un négationisme d’état tant à l’intérieur qu’à l’extérieur par sa diplomatie.

    Un phénomène récent s’observe actuellement en Turquie : dans les territoires de l’ancienne Arménie, des descendants d’Arméniens turquifiés de force en 1915 retrouvent leurs racines, redeviennent chrétiens et se réapproprient leur culture arménienne.

    Chaque année, à la date anniversaire du 24 avril, les Arméniens, dispersés dans le monde entier, honorent leurs martyrs et réclament reconnaissance du crime fait à leurs parents.

    La divine liturgie célébrée pontificalement à Notre-Dame fut chantée par le chœur de la cathédrale Sainte-Croix des Arméniens Catholiques de Paris, sous la direction de M. Antoine Kéchichian. L’interprétation des chants liturgiques par ce chœur fut tout à fait sublime, d’une haute qualité musicale comme spirituelle.

    Gallerie photo :

    Rencontrer les chrétiens irakiens

    Rencontre entre chrétiens d’Orient et d’Occident

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    Le dimanche 9 mars 2008, à ND de Chaldée,
    Mgr Petrus Youssif, recteur, et les familles chaldéennes de sa paroisse vous invitent à découvrir l’Eglise chaldéenne.

    De plus en plus de chrétiens des diverses Eglises orientales sont présents en France et particulièrement à Paris. Et pourtant nos communautés ont rarement l’occasion de se rencontrer. Afin de s’enrichir des traditions des uns et des autres et de vivre concrètement l’unité de l’Eglise, cette première rencontre a pour but de faire mieux connaître l’Eglise chaldéenne et les chrétiens d’Irak.

    Programme :
    11h : messe
    12h30 : déjeuner irakien offert par les familles chaldéennes (s’inscrire au préalable)
    14h00 : présentation de l’Eglise chaldéenne par Mgr Petrus Youssif

    Lieu : ND de Chaldée 13, rue Pajol, 75018 Paris, Métro La chapelle, ligne 2 – 01 42 09 55 07 –

    Sources :

  • Archives du web
  • Mission Chaldéenne de France.
  • Un diocèse de l’Eglise assyrienne demande à rejoindre l’Eglise catholique

    Mar Bawai Soro, évêque assyrien

    Un évêque de l’Eglise apostolique assyrienne, Mar Bawai Soro (aux Etats-Unis) a choisi de demander d’entrer en pleine communion avec le Saint-Siège, ainsi que tout son clergé & ses fidèles.

    C’est la première “union” à Rome d’un diocèse d’une église orientale séparée depuis 1930 ! Souhaitant que cette union en appelle d’autres au cours du pontificat de Benoît XVI, glorieusement régnant.

    *

    L’Eglise assyrienne est l’héritière – avec l’Eglise chaldéenne catholique – de l’antique Eglise répandue dans l’ancienne Mésopotamie, fondée par la prédication des saints apôtres Thomas & Thaddée. Cette Eglise se désigne elle-même comme l’Eglise d’Orient (les byzantins étant des “Occidentaux” pour eux 🙂 ). Elle était à l’origine gouvernée par le Catholicos de Séleucie-Ctésiphon (ancienne capitale de l’Empire perse).

    A la suite de la condamnation du Patriarche de Constantinople Nestorius au Concile d’Ephèse en 431, l’Eglise d’Orient adopte l’hérésie nestorienne, plus par opportunisme politique (il importait de se démarquer des byzantins vis-à-vis du pouvoir impérial perse) que par réelle conviction théologique.

    Au cours du Moyen-Age, cette Eglise a essaimé dans toute l’Asie, allant jusqu’au Japon, en Chine, en Thaïlande, en Inde, et fondant plus de 200 évêchés. Cette brillante histoire missionnaire a été hélas arrêtée par la tyrannie sanguinaire de Tamerlan et de ses successeurs turcs musulmans.

    A partir du XVIème, une partie importante de cette Eglise a demandé de rentrer dans l’Eglise catholique, et forme désormais l’Eglise catholique chaldéenne (patriarche à Bagdad, actuellement Mar Emmanuel III, cardinal Delly).

    L’Eglise assyrienne est depuis plusieurs décennies divisée en plusieurs factions. Le ralliement du diocèse de Mar Bawai Soro est peut-être annonciateur d’autres unions.

    L’Eglise assyrienne possède la même liturgie que sa cousine l’Eglise chaldéenne catholique. Les offices sont célébrés en araméen, la langue du Christ. La situation de ces chrétiens, présents surtout en Irak, où ils représentaient 10% de la population avant la guerre, est actuellement tragique : beaucoup doivent fuir les persécutions des musulmans, les meurtres, les attentats, les destructions d’églises. Prions pour nos frères persécutés.

    Sources :

  • Communiqué officiel du diocèse assyrien catholique & apostolique
  • Le blog de l’évêque Mar Bawai Soro
  • L’Ethiopie célèbre son entrée dans le troisième millénaire !

    Messe pontificale dans la cathédrale catholique d’Addis-Abeba

    ADDIS-ABEBA, lundi 17 septembre 2007.

    L’Eglise est présente en Ethiopie depuis les débuts du christianisme, ce pays ayant été l’un des tous premiers royaumes chrétiens avec l’Arménie & la principauté d’Edesse.

    L’Eglise copte Ethiopienne est celle d’environ 40% des Ethiopiens, principalement dans les provinces historiquement éthiopiennes, l’Islam se développant sur les territoires frontaliers acquis par les derniers Négus au XIXème & au XXème siècle.

    Malgré le faible pourcentage de ses fidèles dans le pays (moins de 1%), l’Eglise catholique est très active à travers la chaîne de ses institutions et organisations.

    Mardi 11 septembre dernier, l’Ethiopie a célébré son passage à l’An 2000 selon un calendrier qui lui est propre, basé sur d’anciens calculs astronomiques égyptiens et sur les calendriers copte, hébraïque et julien. Pour l’occasion, l’Eglise catholique de rit éthiopien avait prévu plusieurs liturgies et une série d’initiatives dans les paroisses.

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    Dimanche, une messe pontificale a été célébrée dans la cathédrale catholique d’Addis-Abeba où était exposée la croix bénie par le pape à Lorette. « Cette croix fera ensuite le tour de tous les diocèses, comme un signe du fait que l’Ethiopie est un pays chrétien, très ancien, et que notre Seigneur Jésus Christ a toujours protégé ce pays (…) connu jusqu’ici comme un pays pauvre, mais qui n’est pas pauvre spirituellement » a déclaré à cette occasion Mgr Berhaneyesus Demerew Souraphiel, c.m, archevêque métropolitain catholique d’Addis-Abeba.

    Source : ZENIT.