Anthoine de Bertrand (c. 1530 † avant 1582).
Vexilla Regis prodeunt (& O Salutaris Hostia pour le temps de la Passion)
4 voix mixtes (SATB).
1 pages – 1er ton transposé en mi mineur.
Humaniste et musicien fameux du XVIème siècle, Anthoine de Bertrand fut assassiné par les protestants entre 1576 & 1582.
Ce Vexilla Regis provient d’une édition dont 2 parties sur 4 sont perdues. Les parties séparées de l’altus et du tenor sont donc ici une proposition de restitution.
Le Vexilla Regis est l’hymne du temps de la Passion et des fêtes de la Sainte Croix. Son texte (comme celui du Pange lingua du Vendredi Saint) fut composé par l’hymnographe saint Venance Fortunant au VIème siècle, à l’occasion de la réception solennelle des reliques de la vraie Croix à Poitiers par la reine de France sainte Radegonde.
Anthoine de Bertrand conserve en la rythmant la mélodie traditionnelle du plain-chant (Ier ton) qu’il affecte à la partie de dessus.
Pour l’exécution de cette œuvre, on pourra alterner les strophes avec le plain-chant ordinaire ou encore faire chanter certaines parties et taire d’autres une strophe sur deux.
Le texte de notre partition suit bien sûr le texte traditionnel (& non le texte modernisé de l’hymnaire médicéen).
L’avant-dernière strophe (O Crux, ave spes unica), pourra se chanter plus lentement & plus solennellement, selon la coutume (on est d’ordinaire à genoux pour cette strophe dans la liturgie). La partition précise aussi les différentes variantes du texte de cette strophe durant l’année liturgique :
– Hoc passionis tempore (temps de la Passion),
– In hoc paschali gaudio (le 3 mai pour l’Invention de la Sainte Croix et pour tout le temps pascal),
– In hac triumphi gloria (le 14 septembre pour l’Exaltation de la Sainte Croix),
– Gentis redemptæ gloria (durant l’année).
Vexílla Regis pródeunt, Fulget Crucis mystérium : Quo carne carnis cónditor, Suspénsus est patíbulo. |
Aujourd’hui du grand Roi l’étendard va marchant, Où l’Auteur de la chair vient sa chair attachant. Aujourd’hui de la Croix resplendit le mystère, Où Dieu souffre la mort aux mortels salutaire. |
Quo vulnerátus ínsuper Mucróne diro lánceæ, Ut nos laváret crímine, Manávit und(a) et sánguine. |
Voilà, du flanc du Christ, étant du fer atteint, Sors le ruisseau vermeil, qui les crimes éteint : Céleste lavement des âmes converties, Mêlant de sang et d’eau ses ondes my-parties. |
Impléta sunt quæ cóncinit David fidéli cármine, Dicens: In natiónibus Regnávit a ligno Deus. |
Maintenant s’accomplit aux yeux de l’Univers L’oracle que David inspira dans ses vers, Chantant ces mots sacrés sur les tons de sa lyre : L’Eternel par le bois a planté son Empire. |
Arbor decór(a), & fúlgida, Ornáta Regis púrpura, Elécta digno stípite, Tam sancta membra tángere. |
Arbre noble & trophée illustre et glorieux, Orné du vêtement du Roi victorieux : Plante du Ciel chérie, & des anges chantée, Pour toucher de sa chair la dépouille sacrée. |
Beáta, cujus bráchiis Sæcli pepéndit prétium, Statéra facta córporis, Prædámque tulit tártari. |
Tige trois fois heureuse dont le chef exalté, Soutient le juste prix du monde racheté, Et balance le corps qui mort, ses bras déploie Pour ravir aux enfers leur rapine et leur proie. |
O CRVX AVE, SPES UNICA, In hac triúmphi glória, Auge piis justítiam, Reísque dona véniam. |
Je te salue, ô Croix, seul espoir des vivants ! En ce jour glorieux, triomphal et fervent, Augmente aux cœurs des bons l’immortelle justice, Et pardonne aux pécheurs leur mortelle malice. |
Te summa Deus Trínitas, Colláudet omnis spíritus: Quos per Crucis mystérium Salvas, rege per sæcula. Amen. |
Ainsi puisse ton nom en mérite infini, Suprême Trinité ! sans fin être béni, Et ceux que, par la Croix tu délivres de crainte, Triompher à jamais sous ta bannière sainte. Ainsi sois-t-il. |
Outre la partition générale (en 1 page), nous vous proposons au téléchargement une autre partition dans laquelle on a ajoutées deux strophes du texte de saint Venance Fortunat autrefois chantées à Paris mais tombées de l’usage romain. La strophe O Crux y est avec le texte pour toute l’année.
Voici ces deux strophes, conservées à Paris, qui sont de la main de saint Venance Fortunat, il s’agit respectivement de la seconde et de la dernière strophes des huit que comptait originellement l’hymne (la strophe O Crux, ave, spes unica et la doxologie finale Te summa Deus Trinitas ont été ajoutées au Xème siècle) :
Confíxa clavis víscera, Tendens manus, vestígia : Redemptiónis grátia, Hic immolát(a) est hóstia. |
En un instant, ses chairs sont fixées par les clous Et ses mains étendues, Voici la grâce de notre Rédemption, Voici la victime immolée. |
Salv(e) ara, salve víctima, De passiónis glória, Qua vita mortem pértulit Et morte vitam réddidit ! |
Salut autel, salut victime, Gloire de la Passion, Où la vie parvient à la mort Et où la mort restitue la vie ! |
Nous joignons aussi l’adaptation de cette mise en musique du Vexilla Regis pour l’O salutaris Hostia. Depuis une décision du roi de France Charles V (1338 † 1380), on sait que l’O salutaris est employé en France à l’élévation des messes chantées. Il était courant de changer le ton usuel de cette hymne pour celui de l’hymne des vêpres du temps liturgique en cours.
O salutáris Hóstia, Quæ cœli pandis óstium : Bella premunt hostília, Da robur, fer auxílium. |
Ô victime salutaire, Qui nous ouvres la porte du ciel, L’ennemi nous livre la guerre, Donne-nous force, porte-nous secours. |
O vere digna Hóstia, Spes única fidélium : In te confídit Fráncia, Da pacem, serva lílium. |
Ô vraiment digne Hostie Unique espoir des fidèles, En toi se confie la France, Donne-lui la paix, conserve le lys. |
Uni trinóque Dómino Sit sempitérna glória : Qui vitam sine término Nobis donet in pátria. Amen. |
Au Seigneur un et trine Soit la gloire sempiternelle ; Qu’il nous donne dans la patrie La vie qui n’aura point de terme. Amen. |
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