Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 8 mars 2020 du calendrier grégorien – 24 février 2020 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Basile le Grand de 9h15.
Dimanche du ton V de l’Octoèque. En ce jour premier dimanche de Carême, le rit byzantin célèbre le Triomphe de l’Orthodoxie, c’est-à-dire le rétablissement de la vénération des icônes au sein de l’Église et la fin définitive de l’hérésie iconoclaste. Cette fête fut instituée en 843.
En dépit du septième concile œcuménique de Nicée II de 787, les empereurs iconoclastes avaient persisté à persécuter les défenseurs des saintes icônes. A la suite d’une vision de la Vierge qu’eut l’impératrice Théodora, l’empereur Théophile se repentit de sa politique iconoclaste, marquant le triomphe définitif des fidèles sur les hérétiques. Le refus de l’icône par les iconoclastes n’était pas une hérésie anodine puisqu’elle équivalait de fait à un refus de l’Incarnation.
L’instauration de cette fête au début du Carême n’est pas sans rapport avec celui-ci. “Le Christ est l’icône du Dieu invisible, le Premier Né de la création” (Colossiens, 1,15). La sainteté consiste bien à restaurer l’image de Dieu en nous, telle qu’elle était au commencement avant qu’elle ne soit altérée par la Chute, comme l’exprime parfaitement & de façon admirable le kondakion de ce dimanche. Cette fête rappelle par ailleurs que le jeûne est aussi une ascèse du regard, de la manière dont nous regardons le monde, et que la contemplation des saintes images y contribue.
Aux dimanches de Carême, c’est la liturgie de saint Basile le Grand qui est utilisée, en place de celle de saint Jean Chrysostome.
Le canon des matines est l’œuvre du saint moine Théophane le Marqué, moine palestinien réfugié à Constantinople en raison des persécutions musulmanes et l’un des principaux protagonistes de la lutte théologique contre l’hérésie iconoclaste. Avec son frère saint Théodore, ils subirent maintes fois l’ire impériale et ont mérité leur surnom de “Marqués” à la suite d’un cruel supplice : en 836, on leur grava sur le visage, à l’aide d’aiguilles rougies au feu, douze trimètres iambiques à la gloire de l’iconoclasme.
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Cette année, la fête du Triomphe de l’Orthodoxie se combine avec celle de la première & de la seconde invention du chef du Prophète, Précurseur & Baptiste Jean (aux Ménées du 24 février).
L’Eglise byzantine connait six fêtes de saint Jean Baptiste :
1. sa Conception, le 23 septembre,
2. sa mémoire, au lendemain du baptême du Seigneur, le 7 janvier,
3. la première & la seconde Invention (au sens étymologique de découverte) de son Chef le 24 février,
4. la troisième Invention de son Chef le 25 mai,
5. sa Nativité le 24 juin,
6. sa Décollation le 29 août.
La première invention du Chef de saint Jean Baptiste eu lieu au IVème siècle sous les empereurs Valens & Théodose le Grand. La seconde fut effectuée en 451 sous l’empereur Marcien & la troisième eut lieu vers 850 sous l’empereur Michel III (842 † 867). Ces trois inventions sont surtout des fêtes de translation de la précieuse relique.
Au IVème siècle, la tête du Précurseur fut retrouvée une première fois en Palestine, par deux moines, et transférée par eux en Cilicie. L’ayant appris, l’empereur arien Valens (364 † 375) ordonna en 371 de la ramener à Constantinople. Sur la route, le char qui la transportait se trouva miraculeusement immobilisé à Panteichion en Bithynie. On laissa la relique à cet endroit à la garde d’une communauté monastique, jusqu’au jour où l’empereur Théodose le Grand vint la prendre lui-même et, la portant avec humilité & dévotion dans les plis de son manteau, le 17 février 392, il la déposa dans la somptueuse église du quartier de l’Hebdomon, qu’il avait fait construire pour la recevoir. C’est dans cette église Saint-Jean-Baptiste de l’Hebdomon que se déroulait une partie importante du cérémonial de la proclamation & du couronnement des empereurs byzantins.
A une époque inconnue, la relique n’était plus conservée à Constantinople mais à Emèse. L’empereur Marcien la ramena à Constantinople en 451 ou 452, elle fut à nouveau déposée dans l’église Saint-Jean-Baptiste de l’Hebdomon qui avait été ruinée et que l’empereur fit restaurer.
La relique quitta une troisième fois Constantinople pendant la crise iconoclaste pour être préservée des destructions des iconoclastes. Elle fut déposée à Comana du Pont. Une fois la paix de l’Eglise retrouvée, l’empereur Michel III la ramena à Constantinople & la déposa dans le Palais impérial.
Lors de la IVème Croisade, la relique fut enlevée de Constantinople & apportée en 1206 à la cathédrale d’Amiens par le chanoine Walon de Sarton, qui l’offre à l’évêque, Richard de Gerberoy. La cathédrale d’Amiens conserve toujours aujourd’hui la précieuse relique du Chef du Précurseur & Baptiste Jean.
Aux heures
A tierce : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire du Précurseur. Et maintenant. Theotokion de tierce. Kondakion : de la fête du Triode.
A sexte : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire de la fête du Triode. Et maintenant. Theotokion de sexte. Kondakion : de la fête du Triode.
Divine liturgie de saint Basile le Grand
Tropaires des Béatitudes : 4 tropaires du dimanche, ton 5, 4 tropaires de la 3ème ode du canon du Triode, œuvre de saint Théophane le Marqué, l’Hymnographe (c. 778 † 845), métropolite de Nicée, & 4 tropaires de la 6ème ode du canon du Précurseur :
1. Le bon Larron sur la croix * eut foi en ta divinité, ô Christ ; * il te confessa d’un cœur sincère en s’écriant : ** De moi, Seigneur, en ton royaume souviens-toi.
2. Sur le bois de la croix * pour nous les hommes tu fis fleurir la vie * et se flétrir la malédiction de l’arbre défendu : ** Sauveur & Créateur, nous te chantons d’un même chœur.
3. Par ta mort, ô Christ, * tu as brisé la force de la mort, * ressuscitant tous les morts depuis Adam, ** qui te chantent comme vrai Dieu & Sauveur du genre humain.
4. Venues à ton sépulchre, Sauveur, * les saintes Femmes te cherchaient * pour embaumer la Source de vie, ** mais un Ange leur apparut pour leur dire : Il est ressuscité, le Seigneur !
5. Les faux docteurs impies ne relèvent plus le front, * car la puissance divine ** a affermi la vraie foi.
6. Qu’aujourd’hui les nuées de prophètes * fassent pleuvoir sur nous du ciel ** une rosée vivifiante pour le relèvement de la foi !
7. Que les voix des apôtres du Christ * retentissent avec éloquence ** pour le rétablissement des saintes icônes !
8. Chantons le Christ * qui nous a donné une reine pieuse et amie du Christ, ** avec son fils couronné de Dieu.
9. Le Christ, la Vérité, * t’appela Prophète, le plus grand des Prophètes, * Baptiste et Précurseur de la Vie, * toi qui as vu de tes yeux * celui qu’avaient annoncé ** les Prophètes et la Loi.
10. Elle n’a pas souffert d’être cachée, * cette source de miracles, * ce trésor de grâce, ton vénérable chef, * Baptiste, Prophète et Précurseur ; * mais, se montrant à nos yeux, ** elle a répandu le flot des guérisons.
11. Ton illustre cité, * cette ville qui aime le Christ, * est fière de posséder * comme riche couronne, * brillante parure, salutaire bouclier, ** Précurseur, ta tête sacrée.
12 De tous les prophètes le plus grand, * d’avance Moïse t’a désignée, * virginale Mère de Dieu, * comme l’arche, l’urne d’or, * la table sainte et le chandelier, ** toutes images du Très-Haut prenant chair en ton sein.
A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 5 : Le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, * né de la Vierge pour notre salut, * chantons-le, fidèles, et adorons-le, * car il a daigné dans sa chair monter sur la Croix * et supporter la mort, * afin de ressusciter les morts ** par sa glorieuse Résurrection.
2. Tropaire du triomphe de l’Orthodoxie, ton 2 : Nous vénérons ton icône très pure, toi qui es bon, * en implorant le pardon de nos fautes, ô Christ Dieu ; * car Tu as bien voulu dans ta chair monter sur la croix, * pour délivrer de l’esclavage de l’Ennemi ceux que Tu as créés. * Aussi, en te rendant grâce, te clamons-nous : ** Tu as tout empli de joie, ô notre Sauveur, toi qui es venu pour sauver le monde.
3. Tropaire du Précurseur, ton 4 : S’étant levé de terre, le chef du Précurseur * irradie comme un soleil sur les croyants * la lumière de l’incorruptible condition * et les grâces des guérisons; * il rassemble la multitude des Anges dans le ciel * et sur terre convoque le genre humain ** pour rendre gloire, d’un même chœur, au Christ notre Dieu.
4. Kondakion du dimanche, ton 5 : Tu es descendu aux enfers, ô mon Sauveur, * tu as brisé leurs portes, comme Tout-Puissant, * avec toi tu as ressuscité les morts, comme Créateur ; * et tu as brisé l’aiguillon de la mort * et Adam a été délivré de la malédiction, ô Ami des hommes. * Aussi te clamons-nous : ** Sauve-nous, Seigneur.
5. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
6. Kondakion du Précurseur, ton 2 : Prophète de Dieu et Précurseur de la grâce, * ton chef, comme une rose sanctifiée, nous l’avons trouvé en terre ; * nous en recevons toujours la guérison, ** car comme jadis tu continues de prêcher au monde le repentir.
7. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
8. Kondakion du Triode, ton 2 : Le Verbe incirconscriptible du Père, * s’est circonscrit en s’incarnant de toi, ô Mère de Dieu, * et, restaurant sous sa forme ancienne l’image souillée, * Il l’a unie à la divine beauté. ** Mais confessant le salut, nous le représentons en actes et en paroles.
Prokimen
Du dimanche de l’Orthodoxie (des Pères), ton 4 :
℟. Béni es-tu, Seigneur, Dieu de nos Pères, * & ton nom est loué & exalté dans tous les siècles.
℣. Car tu es juste en tout ce que tu as fait pour nous, toutes tes œuvres sont vérité.
Du Précurseur, ton 7 :
℟. Le juste a sa joie dans le Seigneur, en lui il se réfugie (Psaume 63, 11).
Epîtres
Du dimanche de l’Orthodoxie : Hébreux (§ 329), XI, 24-26, 32 – XII, 2.
Jetant les yeux sur Jésus, l’auteur et le consommateur de la foi, qui au lieu de la vie tranquille, heureuse dont il pouvait jouir, a souffert la croix en méprisant la honte, l’ignominie, et maintenant est assis à la droite du trône de Dieu.
Du Précurseur : II Cоrinthiens (§ 176), IV, 6-15.
Or nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que la grandeur de la puissance est de Dieu, et non pas de nous.
Alleluia
Du dimanche de l’Orthodoxie (des Pères), ton 8 :
℣. Moïse & Aaron, parmi ses prêtres, & Samuel, invoquant son nom,
℣. En appelaient au Seigneur, & Dieu les exauçait.
Du Précurseur :
℣. Le juste fleurira comme un palmier, il grandira comme un cèdre du Liban (Psaume 91, 13).
Evangiles
Du dimanche de l’Orthodoxie : Jean (§ 5), I, 43-51.
Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et que les prophètes ont prédit : Jésus de Nazareth, fils de Joseph.
Du Précurseur : Matthieu (§ 40), XI, 2-15.
Je vous le dis en vérité : entre ceux qui sont nés de femmes, il n’y en a point eu de plus grand que Jean-Baptiste ; mais celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux, est plus grand que lui.
Mégalinaire de la liturgie de saint Basile le Grand :
En toi se réjouissent, * ô Pleine de grâce, * toute la création, * la hiérarchie des anges * et la race des hommes. * Ô Temple sanctifié, * ô Jardin spirituel, * ô Gloire virginale, * c’est en toi que Dieu s’est incarné, * en toi qu’est devenu petit enfant * Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. * De ton sein il a fait un trône, * il l’a rendu plus vaste que les cieux. * Ô Pleine de grâce, * toute la création se réjouit en toi, ** gloire à toi.
Versets de communion
Du triomphe de l’Orthodoxie : Réjouissez-vous, justes, dans le Seigneur ; aux cœurs droits convient la louange (Psaume 32, 1).
Du Précurseur : La mémoire du juste sera éternelle (Psaume 111, 6). Alleluia, alleluia, alleluia.
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Télécharger le livret des choristes pour le commun de la liturgie des dimanches de Carême.