Liturgie des Présanctifiés du mercredi de la seconde semaine de Carême

Assomption au ciel du saint patriarche EnochParoisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le mercredi 8 mars 2023 du calendrier grégorien – 23 février 2023 du calendrier julien, divine liturgie de saint Grégoire le Dialogue des Saints Dons Présanctifiés de 18h30.

Les vêpres font mémoire de la fête de la première et de la seconde invention du chef de saint Jean Baptiste, (la première au IVème siècle, la seconde en 452).

L’Eglise byzantine connait six fêtes de saint Jean Baptiste :
1. sa Conception, le 23 septembre,
2. sa mémoire, au lendemain du baptême du Seigneur, le 7 janvier,
3. la première & la seconde Invention (au sens étymologique de découverte) de son Chef le 24 février,
4. la troisième Invention de son Chef le 25 mai,
5. sa Nativité le 24 juin,
6. sa Décollation le 29 août.

La première invention du Chef de saint Jean Baptiste eu lieu au IVème siècle sous les empereurs Valens & Théodose le Grand. La seconde fut effectuée en 451 sous l’empereur Marcien & la troisième eut lieu vers 850 sous l’empereur Michel III (842 † 867). Ces trois inventions sont surtout des fêtes de translation de la précieuse relique.

Au IVème siècle, la tête du Précurseur fut retrouvée une première fois en Palestine, par deux moines, et transférée par eux en Cilicie. L’ayant appris, l’empereur arien Valens (364 † 375) ordonna en 371 de la ramener à Constantinople. Sur la route, le char qui la transportait se trouva miraculeusement immobilisé à Panteichion en Bithynie. On laissa la relique à cet endroit à la garde d’une communauté monastique, jusqu’au jour où l’empereur Théodose le Grand vint la prendre lui-même et, la portant avec humilité & dévotion dans les plis de son manteau, le 17 février 392, il la déposa dans la somptueuse église du quartier de l’Hebdomon, qu’il avait fait construire pour la recevoir. C’est dans cette église Saint-Jean-Baptiste de l’Hebdomon que se déroulait une partie importante du cérémonial de la proclamation & du couronnement des empereurs byzantins.

A une époque inconnue, la relique n’était plus conservée à Constantinople mais à Emèse. L’empereur Marcien la ramena à Constantinople en 451 ou 452, elle fut à nouveau déposée dans l’église Saint-Jean-Baptiste de l’Hebdomon qui avait été ruinée et que l’empereur fit restaurer.

La relique quitta une troisième fois Constantinople pendant la crise iconoclaste pour être préservée des destructions des iconoclastes. Elle fut déposée à Comana du Pont. Une fois la paix de l’Eglise retrouvée, l’empereur Michel III la ramena à Constantinople & la déposa dans le Palais impérial.

Gravure représentant le Chef de saint Jean Baptiste, conservé à la cathédrale d'AmiensLors de la IVème Croisade, la relique fut enlevée de Constantinople & apportée en 1206 à la cathédrale d’Amiens par le chanoine Walon de Sarton, qui l’offre à l’évêque, Richard de Gerberoy. La cathédrale d’Amiens conserve toujours aujourd’hui la précieuse relique du Chef du Précurseur & Baptiste Jean.

Lucernaire, ton 1 :

℣. Fais sortir de prison mon âme, pour que je confesse ton Nom.

Premier stichère, du Triode, ton 1 : Frères qui accueillez le jeûne spirituel, * fuyez le mensonge, ne scandalisez pas les autres, * mais allumons par le repentir la lampe de l’âme, * dans les larmes appelons le Christ : ** Pardonne-nous nos fautes, dans ton amour de l’homme.

℣. Les justes sont dans l’attente à mon sujet, * jusqu’à ce que tu m’accordes ma récompense.

Second stichère, du Triode, ton 1 (le même) : Frères qui accueillez le jeûne spirituel, * fuyez le mensonge, ne scandalisez pas les autres, * mais allumons par le repentir la lampe de l’âme, * dans les larmes appelons le Christ : ** Pardonne-nous nos fautes, dans ton amour de l’homme.

℣. Des profondeurs j’ai crié vers toi, Seigneur, * Seigneur, écoute ma voix.

Troisième stichère, du Triode, ton 1 : Glorieux martyrs, ce n’est pas la terre qui vous a recouverts, * c’est le ciel qui vous a reçus, * pour vous se sont ouvertes les portes du Paradis, * entrés, vous jouissez de l’Arbre de la vie. ** Priez le Christ de donner à nos âmes la paix & le grand amour.

℣. Que tes oreilles soient attentives * à la voix de ma supplication.

Quatrième stichère, du Triode (de Joseph), ton 3 : Par les prières des divins apôtres, * Seigneur, rends-nous dignes de passer le temps du jeûne * dans le recueillement de l’Esprit, en ta bonté, Miséricordieux, ** afin que sauvés nous puissions tous te glorifier.

℣. Si tu regardes les iniquités, Seigneur, Seigneur, qui pourra tenir ? * Mais auprès de toi se trouve le pardon.

Cinquième stichère, du Triode (de Joseph), ton 3 : Grand & terrible, Seigneur, sera ton avênement * quand tu viendras accomplir le juste Jugement. * Je suis condamné. Ne me juge pas, ** mais épargne-moi, Dieu, reçois les prières de tes Apôtres.

℣. A cause de ton Nom, je t’ai attendu, Seigneur, mon âme a attendu ta parole, * mon âme a mis son espérance dans le Seigneur.

Sixième stichère, du Triode (de Théodore), ton 6 : Apôtres du Christ, flambeaux des hommes sur la terre, * richesse du monde, trésors de la connaissance toute sage de notre Dieu, * par vos saintes prières délivrez des tentations ceux qui vous chantent, * menez-nous par le temps du jeûne & dirigez notre vie maintenant dans la paix, * afin qu’atteignant, comme il lui plaira, la Passion du Christ, ** nous puissions dans la confiance célébrer notre Dieu.

℣. Depuis la garde du matin jusqu’à la nuit, * depuis la garde du matin, qu’Israël espère dans le Seigneur.

Septième stichère, des Ménée, ton 5 : Salut, vénérable tête, * resplendissante de clarté, * devant laquelle les Anges s’inclinent avec respect, * jadis tranchée par le glaive * et, par des reproches tranchants, * ayant taillé en pièces l’infâme lascivité ; * source abreuvant de miracles les croyants, * annonciatrice de la venue du Sauveur * et témoin de l’Esprit descendu en vol de colombe sur lui ; * médiatrice de l’ancien et du nouveau testament, ** prie le Christ d’accorder à nos âmes la grâce du salut.

℣. Car auprès du Seigneur est la miséricorde, et auprès de lui, une abondante rédemption. * C’est lui qui rachètera Israël, de toutes ses iniquités.

Huitième stichère, des Ménées, ton 5 (le même) : Salut, vénérable tête, * resplendissante de clarté, * devant laquelle les Anges s’inclinent avec respect, * jadis tranchée par le glaive * et, par des reproches tranchants, * ayant taillé en pièces l’infâme lascivité ; * source abreuvant de miracles les croyants, * annonciatrice de la venue du Sauveur * et témoin de l’Esprit descendu en vol de colombe sur lui ; * médiatrice de l’ancien et du nouveau testament, ** prie le Christ d’accorder à nos âmes la grâce du salut.

℣. Louez le Seigneur toutes les nations, * célébrez-le vous tous les peuples !

Neuvième stichère, des Ménées, ton 5 : Jadis cachée dans un vase, * la tête du Précurseur fut découverte, * rendue par le sein de la terre au grand jour * et faisant sourdre des fleuves de miracles, * car le Baptiste avait plongé dans les flots * la tête de celui qui établit ses chambres hautes sur les eaux * et répand comme pluie sur les mortels * la divine rémission. * Disons donc bienheureuse cette tête si digne de nos chants * et fêtons joyeusement son Invention, ** car le Précurseur prie le Christ d’accorder au monde la grâce du salut.

℣. Car puissante a été sa miséricorde envers nous, * et la vérité du Seigneur demeure dans les siècles.

Dixième stichère, des Ménées, ton 5 : La tête de celui qui annonça * l’Agneau de Dieu manifesté dans la chair * et fit reposer sur les préceptes divins les voies salutaires du repentir ; * celle qui a flétri l’iniquité d’Hérode tout d’abord * et pour cela fut séparée de son corps, * puis demeura cachée sous terre pendant longtemps, * sur nous s’est levée en nous disant * comme un soleil resplendissant : * Repentez-vous et, dans la componction de vos cœurs, * redevenez les amis du Seigneur ** qui accorde au monde la grâce du salut.

℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.

Dogmatique des Ménées, ton 1 : Qui donc refusera de te dire bienheureuse, ô Vierge toute sainte, * qui donc ne voudra chanter la louange * de ton enfantement virginal ? * Car le Fils unique, le reflet du Père intemporel, * celui qui est sorti de toi, ô Vierge immaculée, * s’est incarné ineffablement : * il est Dieu par nature et, par nature, s’est fait homme pour nous sauver ; * sans être divisé en deux personnes, il s’est fait connaître en deux natures sans confusion ; * ô Vierge sainte et toute-bienheureuse, ** intercède auprès de lui pour qu’il ait pitié de nous.

Premier prokimen
Du psaume 31, ton 6 :
℟. Réjouissez vous dans le Seigneur * et exultez, justes. (Psaume XXXI, 11)
℣. Bienheureux ceux à qui les iniquités sont pardonnées. (Psaume XXXI, 1)

Lecture de la Genèse
Genèse IV, 16-26.
A Seth naquit aussi un fils. Il l’appela Enoch. Alors on commença à invoquer le nom du Seigneur.

Second prokimen
Du psaume 32, ton 1 :
℟. Que ton amour, Seigneur, soit sur nous * selon que nous espérons en toi. (Psaume XXXII, 22)
℣. Justes, réjouissez vous dans le Seigneur, aux justes convient la louange. (Psaume XXXII, 1)

Lecture des Proverbes
Proverbes V, 15 – VI, 3.
Le Seigneur regarde attentivement les voies de l’homme, et il considère toutes ses démarches.

Outre les deux parémies (=”lectures”) du Triode, on ajoute les trois parémies de la fête de l’Invention du chef de saint Jean Baptiste :

Lecture de la prophétie d’Isaïe
Isaïe XL, 1-5 & 9, XLI, 17-18, XLV, 8, XLVIII, 20-21 & LIV, 1.
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur, rendez droits dans la solitude les sentiers de notre Dieu.

Lecture de la prophétie de Malachie
Malachie III, 1-3, 5-7, 12, 18, 17 & 22-24.
Je vais vous envoyer mon ange, qui préparera ma voie devant ma face ; et aussitôt le Dominateur que vous cherchez, et l’Ange de l’alliance si désiré de vous, viendra dans son temple. Le voici qui vient, dit le Seigneur des armées.

Lecture de la Sagesse de Salomon
Sagesse IV, 7, 16-17, 19-20, V, 1-7.
Mais quand le juste mourrait d’une mort précipitée, il se trouverait dans le repos.

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Programme du XIIIème dimanche après la Pentecôte – fête de la Décollation de saint Jean Baptiste – ton 4

decollation-de-saint-jean-baptisteParoisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 11 septembre 2022 du calendrier grégorien – 29 août 2022 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.

Dimanche du ton IV de l’Octoèque. Nous fêtons aussi en ce jour la décollation du chef du Prophète, Précurseur et Baptiste du Seigneur Jean.

L’Eglise byzantine connait six fêtes de saint Jean Baptiste :
1. sa Conception, le 23 septembre,
2. sa mémoire, au lendemain du baptême du Seigneur, le 7 janvier,
3. la première & la seconde Invention (au sens étymologique de découverte) de son Chef le 24 février,
4. la troisième Invention de son Chef le 25 mai,
5. sa Nativité le 24 juin,
6. sa Décollation le 29 août.

La fête dont il est question ici est relatée dans les évangiles de Matthieu & de Marc.

Voici le récit de saint Matthieu XIV, 3-12 :

3. Car Hérode ayant fait prendre Jean, l’avait fait lier et mettre en prison, à cause d’Hérodiade, femme de son frère ;
4. parce que Jean lui disait : Il ne vous est point permis d’avoir cette femme.
5. Hérode voulait donc le faire mourir ; mais il appréhendait le peuple, parce que Jean en était regardé comme un prophète.
6. Mais comme Hérode célébrait le jour de sa naissance, la fille d’Hérodiade dansa devant ; et elle plut de telle sorte à Hérode,
7. qu’il lui promit avec serment de lui donner tout ce qu’elle lui demanderait.
8. Cette fille ayant donc été instruite auparavant par sa mère, lui dit : Donnez-moi présentement dans un bassin la tête de Jean-Baptiste.
9. Le roi ressentit de la tristesse : néanmoins à cause du serment, et de ceux qui étaient à table avec lui, il commanda qu’on la lui donnât.
10. Il envoya en même temps couper la tête à Jean dans la prison.
11. Et sa tête fut apportée dans un bassin et donnée à cette fille, qui la porta à sa mère.
12. Après cela ses disciples vinrent prendre son corps et l’ensevelirent ; et ils allèrent le dire à Jésus.

Le récit de saint Marc VI, 17-29 est similaire et c’est celui qu’emploie le rit byzantin pour cette fête :

17. Car Hérode ayant épousé Hérodiade, quoiqu’elle fût femme de Philippe, son frère, avait envoyé prendre Jean, l’avait fait lier et mettre en prison à cause d’elle ;
18. parce que Jean disait à Hérode : Il ne vous est pas permis d’avoir la femme de votre frère.
19. Depuis cela Hérodiade avait toujours cherché l’occasion de le faire mourir ; mais elle n’avait pu y parvenir,
20. parce qu’Hérode sachant qu’il était un homme juste et saint, le craignait et avait du respect pour lui, faisait beaucoup de choses selon ses avis, et l’écoutait volontiers.
21. Mais enfin il arriva un jour favorable, qui fut le jour de la naissance d’Hérode, auquel il fit un festin aux grands de sa cour, aux premiers officiers de ses troupes, et aux principaux de la Galilée :
22. car la fille d’Hérodiade y étant entrée, et ayant dansé devant Hérode, elle lui plut tellement, et à ceux qui étaient à table avec lui, qu’il lui dit : Demandez-moi ce que vous voudrez, et je vous le donnerai.
23. Et il ajouta avec serment : Oui, je vous donnerai tout ce que vous me demanderez, quand ce serait la moitié de mon royaume.
24. Elle étant sortie, dit à sa mère : Que demanderai-je ? Sa mère lui répondit : La tête de Jean-Baptiste.
25. Étant rentrée aussitôt en grande hâte où était le roi, elle fit sa demande, en disant : Je désire que vous me donniez tout présentement, dans un bassin, la tête de Jean-Baptiste.
26. Le roi en fut fort fâché ; néanmoins, à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il ne voulut pas la refuser.
27. Ainsi il envoya un de ses gardes avec ordre d’apporter la tête dans un bassin ; dans la prison, il lui coupa la tête,
28. l’apporta dans un bassin, et la donna à la fille, et la fille la donna à sa mère.
29. Les disciples de Jean l’ayant su, vinrent prendre son corps, et le mirent dans un tombeau.

Avec quelle modération l’Evangéliste raconte cet évènement tragique ! Il montre Hérode contristé, ne consentant au meurtre qu’à cause de son serment et de ses convives. La jeune fille est dirigée par sa mère, elle porte la tête à sa mère, et cette femme, il l’appelle simplement sa mère et non scélérate, sanguinaire. Les justes ont plus de compassion pour ceux qui font le mal que pour ceux qui le subissent, car ce sont ceux-là qui en réalité sont les plus malheureux. Entrons dans cet esprit : avec les saints pleurons sur les pécheurs plutôt que de les maudire, et autant que cela est permis, jetons un voile sur leurs fautes.
Saint Jean Chrysostome, Homélie XLVIII, 5.

Voici quelques notes historiques pour mieux situer cet évènement :

Hérode Antipas (né vers 22 avant Jésus-Christ) régna de 4 avant Jésus-Christ à 39 après Jésus-Christ. Il était le fils d’Hérode le Grand et de la samaritaine Malthakè. A la mort de son père, il devint tétrarque de Galilée et de Pérée mais le peuple avait coutume de lui donner le titre de roi ; on lui doit la fondation de Tibériade (en l’honneur de l’empereur Tibère) où il résida et installa des colons. Fidèle allié de Rome, en 37, il accompagna le gouverneur de Syrie, Vitellius, et prêta le serment de fidélité à Caligula qui venait de succéder à Tibère. Jaloux de son neveu, Hérode Agrippa Ier, qui avait reçu le titre royal, il vint à Rome quémander pour lui-même le diadème mais, incapable de se disculper de l’accusation de collusion avec les Parthes, il fut exilé en Gaule, probablement à Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges). Il serait mort assassiné par ordre de l’Empereur.

Hérode Antipas avait d’abord épousé une fille du roi arabe Arétas IV qui, de 9 avant Jésus-Christ, jusqu’à 40 après Jésus-Christ, régnait sur les Nabatéens, à la frontière orientale de son royaume ; mais, lors d’un voyage vers Rome (vers 26), il reçut l’hospitalité chez son demi-frère Hérode Philippe, fils d’Hérode le Grand et de Mariamme, lequel y vivait en simple particulier. Au cours de ce séjour, Hérode Antipas s’était lié avec Hérodiade, la femme de son demi-frère, qui abandonna son premier époux pour suivre Hérode Antipas en Palestine. Hérodiade avait eu une fille de sa première union avec Hérode Philippe qui s’appelait Salomé ; elle pouvait alors avoir dans les quinze ans au moment de la décollation de saint Jean Baptiste.

Quant à la fille du roi Arétas, première épouse d’Hérode Antipas, pour éviter l’humiliation de la répudiation, elle était retournée chez son père qui, en 36, se mit en guerre contre Hérode qui fut honteusement battu et, sans doute par jugement de Caligula, perdit Damas. C’est cet Arétas qui faisait garder Damas (II Corinthiens XI, 32) pour empêcher saint Paul de s’évader, lorsque le dévouement des frères le fit s’échapper dans un panier (Actes des Apôtres IX, 25).

Le péché d’Hérode était grave et condamné dans la Loi de Moïse :

  • “Tu ne découvriras pas la nudité de la femme de ton frère : c’est la nudité de ton frère” (Lévitique XVIII, 16).
  • “L’homme qui prend pour femme la femme de son frère : c’est une souillure ; il a découvert la nudité de son frère ; ils seront sans enfants” (Lévitique XX, 21).

L’historien Flavius Josèphe raconte dans ses Antiquités judaïques qu’Hérode fit emprisonner puis tuer le Baptiste dans la forteresse de Machéronte, place forte construite par Hérode le Grand sur la rive orientale de la mer Morte, en face d’Hébron. Cette forteresse devait tenir en respect les Nabatéens et, en plus des locaux de la garnison, Hérode le Grand y avait installé une prison et un palais somptueux.

Quant à Salomé, elle épousa successivement le tétrarque d’Iturée et de Trachonitide, Hérode Philippe II, fils d’Hérode le Grand et de Cléopâtre, puis Aristobule, fils d’Hérode Agrippa II (48-95, roi de Chalcis puis tétrarque de Philippe et de Lysanias), qui, en 54, recevra de Néron le royaume de la Petite Arménie.

Gravure représentant le Chef de saint Jean Baptiste, conservé à la cathédrale d'AmiensSelon la tradition, les disciples de Jean emportèrent le chef et le corps de leur maître et les ensevelirent à Samarie (Sébaste) près du tombeau des prophètes Abdias et Elisée, en dehors des frontières des états d’Hérode Antipas, afin d’éviter des profanations ultérieures que la furie d’Hérodiade aurait pu commettre. Plus tard, les chrétiens édifièrent une magnifique basilique sur ces trois tombeaux, et il est plus que probable que la date du 29 août fut celle de la dédicace de cette première église. Cette date pour fêter la décollation de saint Jean Baptiste est déjà attestée au IVème siècle en Syrie, en Orient & en Afrique. Le lectionnaire de Jérusalem du début du Vème siècle et le Martyrologe hiéronymien (V-VIèmes siècles) en font déjà mention. Cette date du 29 août est commune au rit byzantin et à tous les rits occidentaux.

Dans la crypte de cette basilique de Samarie, les reliques d’Élisée et de Jean étaient conservées dans “deux châsses recouvertes d’or et d’argent, devant lesquelles brûlaient perpétuellement des lampes”, comme le rapporte un document du début du VIème siècle. Aujourd’hui encore on peut voir le lieu qu’elles occupaient dans la crypte de l’église du XIIème siècle, bâtie sur l’emplacement de la basilique byzantine, tandis que le souvenir de la découverte de la tête du Précurseur est attaché à une autre église, de moindre dimension, qui se trouvait à quelque distance, près du Forum. En 1931, on a mis à jour dans cette dernière des fresques très abîmées représentant la décapitation de Jean et la découverte de sa tête.

Chef de saint Jean Baptiste, conservé à la cathédrale d'AmiensAu temps de Julien l’Apostat, les païens brûlèrent les reliques du corps de saint Jean Baptiste, mais son chef et quelques reliques qui avaient été mises à part purent être préservées.

Lors de la IVème Croisade, la relique fut enlevée de Constantinople & apportée en 1206 à la cathédrale d’Amiens par le chanoine Walon de Sarton, qui l’offre à l’évêque, Richard de Gerberoy. La cathédrale d’Amiens conserve toujours aujourd’hui la précieuse relique du Chef du Précurseur & Baptiste Jean, qui est toujours proposée à la vénérations des fidèles d’Orient et d’Occident.

Aux heures
A tierce : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire du Précurseur. Et maintenant. Theotokion de l’heure. Kondakion : du dimanche.
A sexte : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire du Précurseur. Et maintenant. Theotokion de l’heure. Kondakion : du Précurseur.

A la divine liturgie de saint Jean Chrysostome

Tropaires des Béatitudes : 6 tropaires du dimanche, ton 4, et 4 tropaires de la 3ème ode du canon du Précurseur, œuvre de saint Côme le Mélode, évêque de Maïouma (c. 675 † vers 787) :
1. A cause de l’arbre défendu * Adam fut exilé du Paradis, mais par l’arbre de la croix le Larron y entra ; * car l’un, goûtant de son fruit, méprisa le commandement du Créateur, * l’autre, partageant ta crucifixion, confessa ta divinité : ** Souviens-toi de moi dans ton royaume.
2. Seigneur exalté sur la Croix, * tu as brisé la puissance de la mort, * effaçant la cédule écrite contre nous ; * accorde-nous la repentance du Larron * et donne à tes fidèles serviteurs, ô Christ notre Dieu, * de te crier comme lui : ** Souviens-toi de nous aussi dans ton royaume.
3. D’un coup de lance, sur la croix * tu as déchiré la cédule écrite contre nous ; * et, compté parmi les morts, tu as enchaîné le prince de l’Enfer, * délivrant tous les hommes des liens de la mort * par ta Résurrection, dont la lumière a brillé sur nous ; * Seigneur ami des hommes, nous te crions : ** Souviens-toi de nous aussi dans ton royaume.
4. Crucifié & ressuscité du tombeau, * Dieu tout-puissant, le troisième jour, * avec toi, seul Immortel, tu ressuscitas le premier homme, Adam ; * donne-moi, Seigneur, de prendre aussi la voie du repentir * afin que, de tout mon cœur * & dans l’ardeur de ma foi, je te crie : ** Souviens-toi de moi, Sauveur, en ton royaume.
5. Pour nous l’Impassible devient homme de douleur * et sur la croix se laisse clouer, * afin de nous ressusciter avec lui ; * aussi nous glorifions avec la Croix * les Souffrances & la sainte Résurrection * par lesquelles nous fûmes rénovés, * obtenant le salut en criant : ** Souviens-toi de nous aussi dans ton royaume.
6. Ressuscité d’entre les morts * et dépouillant l’empire de la Mort, * il apparut aux Myrrophores, leur annonçant la joie ; * et nous fidèles, prions-le * d’épargner à nos âmes la corruption, * lui répétant sans cesse la parole du bon Larron : ** Souviens-toi de nous aussi dans ton royaume.
7. L’impudique jeune fille a crié * dans son ivresse au roi Hérode : “Sur un plat ** donne-moi tout de suite la tête de Jean.”
8. La fille dansa et, charmé, * l’injuste Hérode fut poussé ** au meurtre du Précurseur, ce héraut du Seigneur.
9. Misérable sort que le tien ! * Hérode, prévaricateur insensé, ** l’audace d’une fille sans pudeur fit de toi un criminel.
10. Par tes prières, Vierge immaculée, * viens à notre aide en détournant ** les dangers dont nous sommes entourés.

A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 4 : Ayant appris de l’Ange la prédication lumineuse de la Résurrection, * et le terme de l’ancestrale condamnation, * les femmes disciples du Seigneur * dirent, pleine de fierté, aux apôtres : * “Renversée est la mort ! * Le Christ Dieu est ressuscité, ** donnant au monde sa grande miséricorde !”
2. Tropaire du Précurseur, ton 2 : La mémoire du juste est célébrée par des louanges, * mais à toi, ô Précurseur, suffit le témoignage du Seigneur. * En effet, tu as été proclamé en vérité le plus vénérable des prophètes ; * car tu as été jugé digne de baptiser dans les eaux celui qui était annoncé. * Ayant combattu pour la vérité, * tu as apporté avec joie, même à ceux qui étaient dans les enfers, * la bonne nouvelle du Dieu manifesté dans la chair, ** lui qui prend le péché du monde et nous apporte la grande miséricorde.
3. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
4. Kondakion du Précurseur, ton 5 : La glorieuse décollation du Précurseur * relève du divin dessein de salut ; * c’était pour proclamer aussi à ceux qui étaient dans les enfers la venue du Sauveur. * Qu’Hérodiade se lamente à présent, * elle qui a réclamé ce meurtre impie, * car ce n’est pas la loi de Dieu qu’elle a aimée, ni la vie éternelle, ** mais celle qui est trompeuse et qui passe.
5. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
6. Kondakion du dimanche, ton 4 : Mon sauveur & mon libérateur, * au sortir du tombeau * a libéré et ressuscité tous les habitants de la terre, car il est Dieu. * Il a brisé les portes des enfers, ** et lui le Maître, il est ressuscité le troisième jour.

Prokimen
Du dimanche, ton 4 :
℟. Que tes œuvres sont grandes, Seigneur ! Toutes, avec sagesse tu les fis (Psaume 103, 24).
℣. Bénis le Seigneur, mon âme ! Seigneur, mon Dieu, tu es si grand ! (Psaume 103, 1).
Autre prokimen du Précurseur, ton 7 :
℟. Le juste a sa joie dans le Seigneur, et en lui il se réfugie (Psaume 63, 11).

Epîtres
Du dimanche : I Corinthiens (§ 166) XVI, 13-24.
Faites avec amour tout ce que vous faites.
Du Précurseur : Actes des Apôtres (§ 33) XIII, 25-32.
Et lorsque Jean achevait sa course, il disait : Qui croyez-vous que je sois ? Je ne suis point celui que vous pensez ; mais il en vient un autre après moi, dont je ne suis pas digne de délier les souliers.

Alleluia
Du dimanche, ton 4 :
℣. Va, chevauche pour la cause de la vérité, de la piété & de la justice (Psaume 44, 5).
℣. Tu aimes la justice, tu hais l’impiété (Psaume 44, 8).
Du Précurseur :
℣. Le juste fleurira comme un palmier, il grandira comme un cèdre du Liban (Psaume 91, 13).

Evangiles
Du dimanche : Matthieu (§ 87) XXI, 33-42.
Enfin il leur envoya son fils, disant en lui-même : Ils auront quelque respect pour mon fils.
Du Précurseur : Marc (§ 24) VI, 14-30.
Ainsi il envoya un de ses gardes avec ordre d’apporter la tête dans un bassin ; dans la prison, il lui coupa la tête.

Verset de communion
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux.
Du Précurseur : La mémoire du juste sera éternelle (Psaume 111, 6). Alleluia, alleluia, alleluia.

Télécharger le livret des choristes pour ce dimanche.

Programme de la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste

Saint-Eugène, le samedi 25 juin 2022, grand’messe en rit romain traditionnel de 9h30.

La fête de la naissance de saint Jean-Baptiste est célébrée six mois avant celle du Christ, en accord avec l’évangile de Luc, qui rapporte que la conception du Précurseur avait eut lieu six mois avant celle du Sauveur :

Et sachez qu’Élisabeth, votre cousine, a conçu aussi elle-même un fils dans sa vieillesse, et que c’est ici le sixième mois de celle qui est appelée stérile (Luc I, 36).

Aussi la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste est-elle aussi appelée la “Noël d’été”. On pourrait s’étonner que l’Eglise ait choisi le 24 juin plutôt que le 25 juin pour la célébrer, mais de fait la coïncidence entre les deux Noëls fonctionne si l’on utilise l’ancienne computation des dates romaines : le 24 juin est en effet le VIIIème jour des calendes de juillet et le 25 décembre le VIIIème jour des calendes de janvier.

Alors que la fête de la lumineuse & glorieuse naissance du Christ survient aux alentours du solstice d’hiver, là où la nuit est la plus noire, la fête de la nativité de saint Jean-Baptiste survient au moment du solstice d’été, lequel marque le moment où les jours recommencent à décroître. Jean-Baptiste ne disait-il pas du Christ : “Il faut qu’il croisse, et que je diminue.” (Jean III, 30).

Comme l’institution de la fête de Noël fut romaine à l’origine, il paraît bien que celle de la Noël d’été le fut également, avant de se répandre en Orient. On conserve 8 sermons de saint Augustin (354 † 430) pour cette fête. Le Sacramentaire Léonien – dont les formules remontent au pontificat de saint Léon le Grand (440-461), nous conserve pas moins de cinq messes différentes : une messe pour la vigile la veille au soir, une messe probablement de l’aurore, une messe du jour et deux messes célébrées au baptistère de Saint-Jean-de-Latran.

Le parallélisme liturgique entre les 2 Noëls est assez frappant. Comme l’Avent précède Noël, la Nativité de saint Jean-Baptiste était précédée d’un jeûne préparatoire de plusieurs semaines. Dans le sacramentaire grégorien, comme à Noël, la veille – entre none & vêpres – se célèbre la messe de la vigile (celle-ci est toujours marquée dans notre Missel Romain). Puis avait lieu une seconde messe durant la nuit ou à l’aurore (disparue de notre missel) et enfin une troisième messe du jour (l’actuelle messe de la fête), célébrée entre tierce & sexte. Comme à Pâques, les IIndes vêpres de la saint Jean étaient des vêpres stationales au cours desquelles on se rendait en procession aux fonts baptismaux.

Les trois hymnes de la fête ont été composées en action de grâce par Paul Diacre, moine du Mont-Cassin au VIIIème siècle. Celui-ci en effet avait perdu sa voix avant de chanter l’Exultet pascal et avait invoqué le secours de saint Jean Baptiste qui avait guéri par sa naissance le mutisme de son père Zacharie. La poésie distinguée de Paul Diacre, ami de Charlemagne, constitue un beau témoignage de la Renaissance Carolingienne des lettres & des Arts.

L’hymne des vêpres – Ut queant laxis – est tout à fait fameux, car il a servi à donner leurs noms aux notes de la musique. Guy d’Arezzo en effet utilisa la mélodie en usage en Italie – laquelle monte de degré en degré de l’Ut au La au début de chaque hémistiche – pour nommer les notes (le Si n’est pas dans la mélodie et il est formé de la réunion des deux initiales Sancte Iohannes) :

Il convenait que le divin Précurseur, la Voix dont les accents révélèrent au monde l’harmonie du Cantique éternel, eût cet honneur de voir se rattacher à son nom l’organisation des mélodies de la terre. (dom Guéranger).

A noter que les Eglises de France, & à leur suite, le rit dominicain, employaient depuis le haut Moyen-Age pour cette hymne un autre ton (sa mélodie ne progresse pas en degrés successifs, à l’inverse du ton italien).

Cette année, en raison de l’occurence de la fête du Sacré Cœur à la date du 24 juin, la fête de la Nativité de saint Jean Baptiste est reportée au lendemain 25 juin.

Télécharger le livret de cette messe au format PDF.

Programme de la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste

Saint-Eugène, le jeudi 24 juin 2021, grand’messe en rit romain traditionnel de 19h.

La fête de la naissance de saint Jean-Baptiste est célébrée six mois avant celle du Christ, en accord avec l’évangile de Luc, qui rapporte que la conception du Précurseur avait eut lieu six mois avant celle du Sauveur :

Et sachez qu’Élisabeth, votre cousine, a conçu aussi elle-même un fils dans sa vieillesse, et que c’est ici le sixième mois de celle qui est appelée stérile (Luc I, 36).

Aussi la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste est-elle aussi appelée la “Noël d’été”. On pourrait s’étonner que l’Eglise ait choisi le 24 juin plutôt que le 25 juin pour la célébrer, mais de fait la coïncidence entre les deux Noëls fonctionne si l’on utilise l’ancienne computation des dates romaines : le 24 juin est en effet le VIIIème jour des calendes de juillet et le 25 décembre le VIIIème jour des calendes de janvier.

Alors que la fête de la lumineuse & glorieuse naissance du Christ survient aux alentours du solstice d’hiver, là où la nuit est la plus noire, la fête de la nativité de saint Jean-Baptiste survient au moment du solstice d’été, lequel marque le moment où les jours recommencent à décroître. Jean-Baptiste ne disait-il pas du Christ : “Il faut qu’il croisse, et que je diminue.” (Jean III, 30).

Comme l’institution de la fête de Noël fut romaine à l’origine, il paraît bien que celle de la Noël d’été le fut également, avant de se répandre en Orient. On conserve 8 sermons de saint Augustin (354 † 430) pour cette fête. Le Sacramentaire Léonien – dont les formules remontent au pontificat de saint Léon le Grand (440-461), nous conserve pas moins de cinq messes différentes : une messe pour la vigile la veille au soir, une messe probablement de l’aurore, une messe du jour et deux messes célébrées au baptistère de Saint-Jean-de-Latran.

Le parallélisme liturgique entre les 2 Noëls est assez frappant. Comme l’Avent précède Noël, la Nativité de saint Jean-Baptiste était précédée d’un jeûne préparatoire de plusieurs semaines. Dans le sacramentaire grégorien, comme à Noël, la veille – entre none & vêpres – se célèbre la messe de la vigile (celle-ci est toujours marquée dans notre Missel Romain). Puis avait lieu une seconde messe durant la nuit ou à l’aurore (disparue de notre missel) et enfin une troisième messe du jour (l’actuelle messe de la fête), célébrée entre tierce & sexte. Comme à Pâques, les IIndes vêpres de la saint Jean étaient des vêpres stationales au cours desquelles on se rendait en procession aux fonts baptismaux.

Les trois hymnes de la fête ont été composées en action de grâce par Paul Diacre, moine du Mont-Cassin au VIIIème siècle. Celui-ci en effet avait perdu sa voix avant de chanter l’Exultet pascal et avait invoqué le secours de saint Jean Baptiste qui avait guéri par sa naissance le mutisme de son père Zacharie. La poésie distinguée de Paul Diacre, ami de Charlemagne, constitue un beau témoignage de la Renaissance Carolingienne des lettres & des Arts.

L’hymne des vêpres – Ut queant laxis – est tout à fait fameux, car il a servi à donner leurs noms aux notes de la musique. Guy d’Arezzo en effet utilisa la mélodie en usage en Italie – laquelle monte de degré en degré de l’Ut au La au début de chaque hémistiche – pour nommer les notes (le Si n’est pas dans la mélodie et il est formé de la réunion des deux initiales Sancte Iohannes) :

Il convenait que le divin Précurseur, la Voix dont les accents révélèrent au monde l’harmonie du Cantique éternel, eût cet honneur de voir se rattacher à son nom l’organisation des mélodies de la terre. (dom Guéranger).

A noter que les Eglises de France, & à leur suite, le rit dominicain, employaient depuis le haut Moyen-Age pour cette hymne un autre ton (sa mélodie ne progresse pas en degrés successifs, à l’inverse du ton italien).

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Programme de la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste

Saint-Eugène, le mercredi 24 juin 2020, grand’messe en rit romain traditionnel de 19h.

La fête de la naissance de saint Jean-Baptiste est célébrée six mois avant celle du Christ, en accord avec l’évangile de Luc, qui rapporte que la conception du Précurseur avait eut lieu six mois avant celle du Sauveur :

Et sachez qu’Élisabeth, votre cousine, a conçu aussi elle-même un fils dans sa vieillesse, et que c’est ici le sixième mois de celle qui est appelée stérile (Luc I, 36).

Aussi la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste est-elle aussi appelée la “Noël d’été”. On pourrait s’étonner que l’Eglise ait choisi le 24 juin plutôt que le 25 juin pour la célébrer, mais de fait la coïncidence entre les deux Noëls fonctionne si l’on utilise l’ancienne computation des dates romaines : le 24 juin est en effet le VIIIème jour des calendes de juillet et le 25 décembre le VIIIème jour des calendes de janvier.

Alors que la fête de la lumineuse & glorieuse naissance du Christ survient aux alentours du solstice d’hiver, là où la nuit est la plus noire, la fête de la nativité de saint Jean-Baptiste survient au moment du solstice d’été, lequel marque le moment où les jours recommencent à décroître. Jean-Baptiste ne disait-il pas du Christ : “Il faut qu’il croisse, et que je diminue.” (Jean III, 30).

Comme l’institution de la fête de Noël fut romaine à l’origine, il paraît bien que celle de la Noël d’été le fut également, avant de se répandre en Orient. On conserve 8 sermons de saint Augustin (354 † 430) pour cette fête. Le Sacramentaire Léonien – dont les formules remontent au pontificat de saint Léon le Grand (440-461), nous conserve pas moins de cinq messes différentes : une messe pour la vigile la veille au soir, une messe probablement de l’aurore, une messe du jour et deux messes célébrées au baptistère de Saint-Jean-de-Latran.

Le parallélisme liturgique entre les 2 Noëls est assez frappant. Comme l’Avent précède Noël, la Nativité de saint Jean-Baptiste était précédée d’un jeûne préparatoire de plusieurs semaines. Dans le sacramentaire grégorien, comme à Noël, la veille – entre none & vêpres – se célèbre la messe de la vigile (celle-ci est toujours marquée dans notre Missel Romain). Puis avait lieu une seconde messe durant la nuit ou à l’aurore (disparue de notre missel) et enfin une troisième messe du jour (l’actuelle messe de la fête), célébrée entre tierce & sexte. Comme à Pâques, les IIndes vêpres de la saint Jean étaient des vêpres stationales au cours desquelles on se rendait en procession aux fonts baptismaux.

Les trois hymnes de la fête ont été composées en action de grâce par Paul Diacre, moine du Mont-Cassin au VIIIème siècle. Celui-ci en effet avait perdu sa voix avant de chanter l’Exultet pascal et avait invoqué le secours de saint Jean Baptiste qui avait guéri par sa naissance le mutisme de son père Zacharie. La poésie distinguée de Paul Diacre, ami de Charlemagne, constitue un beau témoignage de la Renaissance Carolingienne des lettres & des Arts.

L’hymne des vêpres – Ut queant laxis – est tout à fait fameux, car il a servi à donner leurs noms aux notes de la musique. Guy d’Arezzo en effet utilisa la mélodie en usage en Italie – laquelle monte de degré en degré de l’Ut au La au début de chaque hémistiche – pour nommer les notes (le Si n’est pas dans la mélodie et il est formé de la réunion des deux initiales Sancte Iohannes) :

Il convenait que le divin Précurseur, la Voix dont les accents révélèrent au monde l’harmonie du Cantique éternel, eût cet honneur de voir se rattacher à son nom l’organisation des mélodies de la terre. (dom Guéranger).

A noter que les Eglises de France, & à leur suite, le rit dominicain, employaient depuis le haut Moyen-Age pour cette hymne un autre ton (sa mélodie ne progresse pas en degrés successifs, à l’inverse du ton italien).

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