Saint-Eugène, le dimanche 16 juin 2019, sacrement de confirmation puis grand’messe de 11h. Secondes vêpres & salut du Très-Saint Sacrement à 17h45.
Cette année une cinquantaine de fidèles recevront dans notre paroisse le sacrement de la confirmation (“chrismation”) dans la forme traditionnelle, lequel leur sera conféré par Mgr de Germiny, évêque émérite de Blois.
De même en effet que le Sauveur, après son baptême et la venue de l’Esprit-Saint, s’en alla combattre l’adversaire, de même vous aussi, après le saint baptême et la chrismation mystique, revêtus de la panoplie de l’Esprit-Saint, résistez à l’influence adverse, et combattez-la en disant : “Je puis tout en Celui qui me rend fort, le Christ.”
Saint Cyrille de Jérusalem, Catéchèse Mystagogique III, 4
La chrismation est l’onction d’huile reçue avec le Saint Chrême. On se souviendra que les noms de Christ, Messie et Oint sont synonymes. Ce sacrement de la chrismation fait donc de celui qui le reçoit un “autre Christ”. Le cérémonial latin ayant incorporé depuis le Moyen-Age certains aspects de la cérémonie de l’adoubement des chevaliers, le sacrement de la confirmation fait aussi de nous des soldats du Christ.
A l’origine à Rome, comme avait eut lieu la veille la longue messe du Samedi des Quatre-Temps, laquelle commençait à none pour s’achever très tard dans la nuit en raison de toutes les ordinations à faire, il n’y avait pas de messe en ce dimanche (de mêmes qu’aux autres dimanches suivant les samedi des Quatre-Temps) : Dominica vacat – dimanche vacant. Vers le VIIIème siècle cependant, on commença à y célébrer une octave de la Pentecôte (premier dimanche après la Pentecôte). L’institution relativement récente et non universellement reçue de celle-ci fit que la place laissée vide fut aussi utilisée pour y célébrer la messe votive de la Sainte Trinité composée au VIIIème siècle par Alcuin. En 920, Etienne, évêque de Liège, consacra cette pratique en instituant en ce dimanche pour son diocèse la fête de la Trinité et en faisant composer un office complet en l’honneur de ce mystère. La célébration de cette fête se répandit rapidement dans tout l’Occident, en particulier sous l’action des moines clunisiens.
Rome refusa dans un premier temps cet usage, estimant bien moderne l’idée de célébrer liturgiquement un mystère plutôt qu’un évènement historique de l’histoire du Salut. Alexandre II, pape de 1061 à 1073, tout en constatant que la fête est déjà répandue en beaucoup de lieux, déclare dans une de ses Décrétales que “ce n’est pas l’usage de Rome de consacrer un jour particulier à honorer la très sainte Trinité, puisqu’à proprement parler elle est honorée chaque jour” par la répétition de la petite doxologie : Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, et dans un grand nombre d’autres formules de louange. C’est le pape français Jean XXII qui finalement accepta la fête dans un décret daté de 1334 et l’étendit à toutes les Eglises d’Occident. La fête de la Trinité se substitua dès lors au premier dimanche après la Pentecôte (qui fut commémoré à l’office jusqu’en 1960 et dont la messe devait être célébrée un des trois premiers jours de la semaine non empêché par une fête du rite double. Cette messe peut continuer à se dire dans les féries de la semaine qui suit ce dimanche).
La fête de la Trinité fut, comme nous le disions, d’une grande popularité un peu partout en Occident dès le XIème – XIIème siècle. Les Anglais & les Dominicains comptent d’ailleurs les dimanches non “après la Pentecôte” mais “après la Trinité”. Dans beaucoup d’usages diocésains, l’hymne des vêpres “O lux beata Trinitas” acquis une telle popularité qu’il fut chantée aux premières & secondes vêpres de tous les dimanches après l’Epiphanie & après la Pentecôte, faisant disparaître deux des sept hymnes d’un cycle qui initialement chantait les sept jours de la création sur les sept vêpres de la semaine (le rit romain ne le fit que pour les premières vêpres du dimanche). Dans le même ordre d’idée, un décret au XVIIIème siècle de la Sacrée Congrégation des Rites étendit pour le rit romain la préface de la Trinité à tous les dimanches après l’Epiphanie & la Pentecôte (on disait auparavant la préface commune ces dimanches-là).
Le choix de faire la célébration du mystère de la Trinité au jour octave de la Pentecôte était toutefois d’une grande cohérence théologique : c’est en effet l’effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte qui nous révèle l’amour du Père et du Fils et nous manifeste glorieusement le mystère de la Trinité. Du reste, le rit byzantin a suivi la même intuition, puisqu’il a fini par ajouter à la fête de la Pentecôte la célébration de la Trinité, combinant les deux fêtes en une seule : dans l’office de ce rit, à une couche hymnographique ancienne chantant la Pentecôte on a ajouté une seconde chantant la Trinité. Dans la mentalité des orientaux byzantins, la Pentecôte est bien la fête de la Trinité, et on a fini par consacrer le lundi de Pentecôte plus particulièrement au Saint-Esprit.
Nous avons célébré la venue de l’Esprit sanctificateur, annoncé comme devant venir perfectionner l’œuvre du Fils de Dieu. Nous l’avons adoré et reconnu distinct du Père et du Fils, qui nous l’envoyaient avec la mission de demeurer avec nous. Il s’est manifesté dans des opérations toutes divines qui lui sont propres ; car elles sont l’objet de sa venue. Il est l’âme de la sainte Église, il la maintient dans la vérité que le Fils lui a enseignée. Il est le principe de la sanctification dans nos âmes, où il veut faire sa demeure. En un mot, le mystère de la sainte Trinité est devenu pour nous, non seulement un dogme intimé à notre pensée par la révélation, mais une vérité pratiquement connue de nous par la munificence inouïe des trois divines personnes, adoptés que nous sommes par le Père, frères et cohéritiers du Fils, mus et habités par l’Esprit-Saint.
Dom Guéranger.
Quel Catholique ignore que le Père est vraiment Père, le Fils vraiment Fils, et l’Esprit-Saint vraiment Esprit-Saint ? Ainsi que le Seigneur lui-même l’a dit à ses Apôtres : « Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » C’est là cette Trinité parfaite dans l’unité d’une unique substance, à laquelle nous faisons profession de croire. Car nous n’admettons point en Dieu de division à la manière des substances corporelles ; mais à cause de la puissance de la nature divine qui est immatérielle, nous faisons profession de croire, et à la distinction réelle des personnes que nous nommons, et à l’unité de la nature divine.
Homélie de saint Grégoire de Nazianze, évêque, VIIème leçon des vigiles nocturnes de ce dimanche, au troisième nocturne..
A la confirmation :
- Prière au Saint-Esprit avant le sacrement de confirmation : Chant solennel du Veni Creator Spiritus – plain-chant & alternances polyphoniques de Henry du Mont (1610 † 1684), maître de la chapelle du roi Louis XIV, organiste de Saint-Paul & du duc d’Anjou, maître de la musique de la Reine
- Monition de Mgr l’Evêque
- Pendant que le sacrement de la confirmation est conféré par l’évêque :
- Veni, Sancte Spiritus – Prose de la Pentecôte, sur l’ancien rythme de Paris – harmonisation du chanoine Revert, maître de chapelle de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
- Quam dilecta tabernacula tua – grand motet sur le psaume LXXXIII de Michel Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la chapelle des rois Louis XIV et Louis XV
- Veni Creator tiré du recueil des jésuites de 1623 (Airs sur les Hymnes sacrez, Odes et Noëls pour chanter au catéchisme – musique attribuée au R.P. Charles d’Ambleville, s.j. (1588 † 1637)
- Prose parisienne au Saint-Esprit – Qui procedit ab Utroque – d’Adam de Saint-Victor (c. 1112 † c. 1192), préchantre de la cathédrale de Paris
- Propre grégorien du jour – Kyriale : Messe VIII – De Angelis
- Introït – Benedicta sit sancta Trinitas (ton viii.)
- Kyrie II Fons bonitatis, chanté avec ses tropes médiévaux
- Graduale – Benedictus es, Domine (ton v.)
- Alleluia – Benedictus es, Domine Deus (ton viii.)
- Credo III
- Et incarnatus de la Missa syllabica de Jean de Bournonville (1585 † 1632), maître de chapelle de la Sainte Chapelle de Paris
- Offertoire – Benedictus sit Deus Pater (ton iii.)
- Pendant les encensements de l’offertoire : Quam dilecta – Psaume 84 – grand motet de Michel Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la chapelle des rois Louis XIV et Louis XV (suite)
- Après la Consécration : O vere digna Hostia de Guillaume Bouzignac (c. 1587 † ap. 1643), maître de chapelle des cathédrales d’Angoulême, de Bourges, de Rodez et de Clermont-Ferrand
- Pendant la communion : Symbole Quicumque, de Saint Athanase (symbole de foi remontant au IVème siècle) – psalmodie du IInd ton, avec faux-bourdon parisien (édition de 1739)
- Communion – Benedicimus Patrem cœli (ton iv.)
- Prière pour la France, sur le ton royal – harmonisation traditionnelle de Notre-Dame de Paris
- Ite missa est VIII
- Après le dernier Evangile : Salve Regina
- Procession de sortie : Parle, commande, règne – harmonisation : Nicolas Vardon
- Motet d’exposition : Panis angelicus, du Ier ton
- A la Bienheureuse Vierge Marie : Salve Regina, du Ier ton
- Prière pour Notre Saint Père le Pape : Tu es Petrus, du VIIème ton
- A la bénédiction du Très-Saint Sacrement : Tantum ergo, du IIIème ton
- Chant d’action de grâces : Benedicta sit sancta Trinitas, du IInd ton
A la sainte messe de la fête de la Très-Sainte Trinité :
IIndes vêpres de la fête de la Trinité. Au salut du Très-Saint Sacrement :
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Cf. aussi : Plain-chant de la Trinité dans le graduel de Nivers (1679)