Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 28 janvier 2024 du calendrier grégorien – 15 janvier 2024 du calendrier julien, office de matines de la Résurrection à 9h.
Dimanche du ton I de l’Octoèque. Nous fêtons aussi nos Vénérables Pères Paul de Thèbes et Jean le Calybite.
Saint Paul de Thèbes est le premier ermite chrétien connu. Il nait vers 228 en Haute-Egypte dans une riche famille où il fut instruit dans les lettres grecques et coptes, mais fut orphelin à 15 ans. Lors de la persécution générale des chrétiens décidée par l’empereur Dèce († 251), son beau-frère chercha à le dénoncer, afin de récupérer l’héritage familial. Paul, craignant s’il était arrêté de faillir et de renier sa foi dans les supplices réservés aux chrétiens, fuit alors en s’avançant dans le désert oriental égyptien, en direction de la Mer Rouge, jusqu’à ce qu’il rencontre une caverne, ombragée d’un vaste palmier, auprès duquel jaillit une source d’eau vive. La il vécut seul dans la prière et la contemplation des mystères divins. La source lui donnait de quoi boire, le palmier de quoi se vêtir, et un corbeau lui apportait chaque soir un demi-pain pour le lendemain. Au bout de sa longue vie sans voir âme qui vive, il reçoit le célèbre saint Antoine le Grand, à qui Dieu avait révélé son existence et qui avait marché trois jours pour le rencontrer. Le corbeau nourricier apporta alors une miche entière au lieu du demi-pain habituel. Paul déclara à Antoine qu’il allait bientôt mourir et demanda comme grâce d’être enseveli dans le manteau qu’Antoine avait reçu naguère de saint Athanase. Saint Antoine s’empressa d’aller chercher la précieuse relique. En revenant, il aperçut l’âme de Paul qui s’élevait vers le ciel. Arrivé à la grotte, il trouva le corps du saint solitaire agenouillé dans l’attitude de la prière. Saint Antoine se demandait alors comment, faute d’outils, il allait pouvoir enterrer son corps, lorsque deux lions vinrent qui, avec leurs grosses pattes, creusèrent sa tombe, et ensuite la comblèrent, une fois que le corps du saint y fut déposé. Antoine rapporta comme souvenir la tunique que Paul s’était confectionnée avec les feuilles du palmier, il l’honora en la portant deux fois l’an : à Pâques et à la Pentecôte. Saint Paul de Thèbes mourut à l’âge de cent treize ans (vers 341), Antoine avait alors 90 ans. Nous connaissons principalement sa vie par la biographie que rédigea vers 376 saint Jérôme (Vita Pauli primi eremitæ – Vie de Paul le Premier Ermite).
Paul n’a pas fondé de communauté monastique. Néanmoins, à partir du Vème siècle, une communauté monastique s’établit là où il vécut et fut enseveli, fondant le Monastère Saint-Paul-du-Désert. Ruiné de nombreuses fois, plusieurs fois relevé, ce monastère est actuellement un haut lieu du monachisme de l’Eglise copte. L’une de ses églises, crypte dédiée à saint Paul Ermite, est établie sur la grotte et le tombeau où vécut le premier ermite.
Au XIIème siècle, les reliques de saint Paul de Thèbes ont été translatées à Constantinople et placées dans le monastère de la Mère de Dieu de Peribleptos sur ordre de l’empereur Manuel Ier Comnène (1143-1180). Plus tard, elles ont été translatées à Venise, et finalement en Hongrie où l’Ordre de Saint Paul le Premier Ermite (“les Pères Paulins”) fut créé au début du XIIIème siècle. Son corps fut d’abord vénéré dans la chapelle royale du palais de Buda et à partir de 1381 au monastère de Budaszentlőric, qui devint le centre de nombreux pèlerinages hongrois et étrangers venus honorer le saint ermite.
Quelques reliques insignes sont restées en Italie, et elles sont conservées dans la Basilique Saint-Pierre et dans Sainte-Marie-du-Capitole à Rome, ainsi qu’à la basilique Sainte-Marie-in-Porto de Ravenne qui appartient à l’ordre des Pères Paulins.
Nous fêtons aussi en ce jour notre Vénérable Père Jean le Calybite, surnommé le “Pauvre pour le Christ”.
Saint Jean le Calybite était le fils d’un riche aristocrate de Constantinople du nom d’Eutrope, officier général dans l’armée impériale. Il quitta jeune la maison paternelle pour entrer dans le monastère des Acémètes (“ceux qui ne dorment jamais” – couvent de moines non loin de la Ville impériale qui célébrait en permanence l’office divin en se répartissant en différents groupes qui se relayaient en permanence). Un peu comme saint Alexis, il décida de revenir six ans plus tard à Constantinople revêtu des haillons d’un pauvre et choisit de demeurer dans une calybe, une petite cabane (d’où il tient son surnom de Calybite, mot grec signifiant chaumière, petite loge) située non loin de la maison de ses parents, qui le nourrissaient de leurs aumônes, sans avoir reconnu qui il était. Il mena dans sa cabane une vie de prière continuelle, sanctifiée par la pratique de la douceur, de l’humilité, de la patience et de la mortification.
Ce ne fut qu’à son agonie que saint Jean révéla son identité à sa mère Théodora. On retrouva sur lui le magnifique manuscrit enluminé des évangiles que son père lui avait offert lorsqu’il était allé prendre l’habit monastique chez les Acémètes. Il naquit au ciel l’an 450 sous l’empereur Théodose le Jeune, et fut enterré selon ses volontés dans sa petite loge. Ses parents firent par la suite construire une magnifique église sur son tombeau (appelée église du Pauvre-Jean ou église de Saint-Jean-Calybite). Rome lui dédia une église sur l’Ile Tibérine, où l’on conserve une partie de ses reliques.
Après la prise de Constantinople par la IVème Croisade dévoyée (1204), le chef de saint Jean le Calybite fut transféré à Besançon en France-Comté par les soins du chevalier Jean de Besançon, où il fut longtemps conservé dans un reliquaire dans l’église Saint-Etienne de cette ville. Ce reliquaire est une châsse de cuivre, environnée d’un cercle d’argent sur lequel on lit les deux vers grecs suivants :
ΧΕΙΡ ΜΕΝ ΒΕΒΗΑΟΣ ΤΙΜΙΑΝ ΣΥΝΘΑΛ ΚΑΡΑΝ
ΑΛΛ΄ΕΥΣΕΒΗΣ ΧΕΙΡ ΙΟΥΑΝΝΟΥ ΣΥΝΔΕΕΙ
Manus quidem profana venerandum confregit caput,
Sed pia manus Joannis colligat.
Une main profane a brisé cette tête vénérable,
mais la main pieuse de Jean (de Besançon) l’a recueillie.
On sait que lors du sac de Constantinople les soudards de la IVème Croisade (excommuniés par le Pape) profanèrent de nombreuses églises et les pillèrent pour s’emparer des reliquaires d’or et d’argent. La relique de saint Jean le Calybite fut probablement profanée à ce moment-là, et le chef séparé du corps.
Au cours du Moyen-Age, le chapitre de Saint-Etienne de Besançon fit faire un buste d’argent en l’honneur du chef de saint Jean le Calybite, sur lequel on lisait cette inscription fort ancienne : Caput sancti Joannis Calybitæ. Ce reliquaire fut translaté dans la cathédrale Saint-Jean de Besançon en 1674. Il disparu en 1794 lors de la révolution dite française.
L’office de saint Jean le Calybite fut célébré par l’Eglise de Besançon au 15 janvier dès le XIIIème siècle.
Versets du matin, ton 1
1. Tropaire du dimanche, ton 1 : La pierre scellée par les Juifs, * et ton corps très pur gardé par les soldats, * Tu ressuscites le troisième jour, ô Sauveur, * donnant la vie au monde. * C’est pourquoi les vertus célestes te crient, ô Donateur de vie : * “Gloire à ta résurrection, Christ, * Gloire à ton royaume ! ** Gloire à ton économie, seul Ami de l’Homme !” (deux fois)
2. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
3. Tropaire des Vénérables Pères, ton 4 : Dieu de nos Pères, * dont la clémence agit toujours envers nous, * n’éloigne pas de nous ta miséricorde, * mais par leurs prières ** gouverne notre vie dans la paix.
4. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
5. Théotokion, ton 4 : Le mystère caché depuis les siècles et inconnu des Anges * par toi est apparu aux hommes, ô Mère de Dieu ; * Dieu s’est incarné par une union sans confusion * et il a volontairement accepté la Croix pour nous ; * par elle ayant ressuscité le premier homme, ** Il a sauvé nos âmes de la mort.
Tropaires de la Résurrection, ton 5
Hypakoï du dimanche, ton 1
Par son repentir le larron a ravi le paradis, * et par leurs lamentations les femmes myrrhophores ont annoncé la joie, * car Tu es ressuscité, Christ Dieu, ** en accordant au monde la grande miséricorde.
Prokimen
Du dimanche, ton 1 :
℟. Maintenant Je ressuscite, dit le Seigneur, * Je serai leur salut, Je le resterai fidèlement (Psaume 11, 6).
℣. Loue le Seigneur, ô mon âme ! * Je louerai le Seigneur toute ma vie, je chanterai mon Dieu tant que je serai. (Psaume 11, 7).
Chant de la Résurrection. Psaume 50. Stichères du Psaume 50, ton 6
Canon
Canon du dimanche, ton 1 (4 tropaires), de la Mère de Dieu (Octoèque) (2 tropaires), du Vénérable Père Paul (4 tropaires), œuvre de saint Jean Damascène (676 † 749), et du Vénérable Père Jean (4 tropaires), œuvre de saint Joseph l’Hymnographe (816 † 886). Catavasies de la Rencontre du Seigneur, ton 3.
Après la 3ème ode :
Kondakion du Vénérable Père Jean, ton 2 : Chérissant la pauvreté pour imiter le Christ, * tu laissas les richesses de tes parents * et, prenant dans tes mains son Evangile divin, * à sa suite, saint Jean, tu marchas, ** sans cesse auprès de lui intercédant pour nous tous.
Kondakion du Vénérable Père Paul, ton 3 : Comme une lumière inextinguible du Soleil invisible, * réunis aujourd’hui, nous te louons en chants : * car tu as brillé pour ceux qui sont dans les ténèbres de l’ignorance, * élevant tout vers la divine hauteur, parure de Thèbes, vénérable Paul, ** fondement solide des pères et des jeûneurs.
Après la 6ème ode : Kondakion du dimanche, ton 1 : Ressuscité du tombeau dans la gloire divine, * tu as ressuscité le monde avec toi ; * la nature humaine te chante comme Dieu, * la mort s’évanouit, * Adam jubile, Seigneur, * & Eve, désormais libérée de ses liens, * proclame dans l’allégresse : ** O Christ, c’est toi qui accordes à tous la résurrection.
A la 9ème ode : chant du Magnificat.
Les Laudes, ton 1
Grande doxologie
Tropaire du dimanche (impair)
Conclusion des matines