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La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

2 mai – saint Athanase – Livre d’Heures dit de Charles V

Saint Athanase - Heures dites de Charles V - BM Tours 0218
Saint Athanase – Heures dites de Charles V – BM Tours 0218

Saint Athanase (né vers 298, mort le 2 mai 373) fut évêque (“Pape”, patriarche) d’Alexandrie, il est l’un des Docteurs de l’Eglise. En raison de l’éminence de ses travaux théologiques, il est compté parmi les quatre principaux Pères de l’Eglise grecque, avec saint Basile le Grand, évêque de Césarée, saint Grégoire le Théologien, évêque de Nazianze, et saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople.

Encore jeune diacre, saint Athanase prit part au premier concile œcuménique réunit à Nicée en 325. Il y brilla en défendant la vrai foi – à savoir que le Christ est consubstantiel (“homoousios”) au Père (cf. Jean XIV, 9), et pas une simple créature comme le prétendaient les Ariens. Par la suite, il dû lutter âprement contre  le prêtre Arius – qui avait été déposé par son prédécesseur l’évêque saint Alexandre d’Alexandrie – et contre le parti arien, qui eut parfois les faveurs du gouvernement impérial, ce qui lui valut de connaître cinq longues périodes d’exil, le plus souvent en Occident. Il ne put paître en toute quiétude son troupeau alexandrin, qui l’aimait profondément, que quelques années avant sa mort. Ses reliques sont vénérées dans l’église Saint-Zacharie de Venise au-dessus du corps de saint Zacharie, le père de saint Jean-Baptiste. On lui doit probablement le symbole qu’il a pu composer lors de l’un de ses exils en Occident.

Bien connu en Orient, saint Athanase ne fut pas fêté de bonne heure en Occident : sa fête n’apparaît dans le Nord de la France qu’au milieu du XIIème siècle, et elle n’est pas reçue à Rome avant le XVIème siècle. Fête simple inscrite au Bréviaire romain de 1550, elle devient double lors de la publication du Bréviaire romain normatif de saint Pie V en 1568. En raison de cette entrée tardive au sanctoral de l’Eglise romaine, on trouve assez difficilement des représentations de saint Athanase dans les manuscrits médiévaux occidentaux.

Cette belle miniature est extraite d’un Livre d’Heures à l’usage de Rome réalisé probablement à Bruges dans les Flandres vers 1450. Ce riche manuscrit dont toutes les pages sont splendidement décorées ne fut pas possédé par le roi Charles V (ce qui est une attribution fautive – pour ne pas dire frauduleuse – et bien tardive). Par sa reliure, on sait qu’il appartint à Philippe de Béthune (1565 † 1649), comte de Selles, marquis de Chabris, & marquis de Béthune puis à la Chartreuse Saint-Jean du Liget au diocèse de Tours. A la révolution, le volume fut versé dans les collections de la Bibliothèque municipale de Tours où il figure toujours sous la côte 0218.

Saint Athanase - manuscrit 0218 de la BM de Tours. Le folio 165 v° complet.
Saint Athanase – manuscrit 0218 de la BM de Tours. Le folio 165 v° complet.

Saint Athanase est représenté en évêque latin par l’artiste. Il tient sa croix d’archevêque métropolitain et ses gants de pontife, porte une mitre latine, une aube parée, une dalmatique et une chape par dessus, et tient l’un de ses nombreux écrits, signifiant par là son rôle de docteur de l’Eglise.

Si cette miniature figure dans ce manuscrit, c’est qu’elle est au regard du Symbole de saint Athanase. Ce symbole de foi se récite à l’office de prime chaque dimanche matin. En voici le début – les cinq premiers articles -, visible au folio 166 r° :

Symbole de saint Athanase (Quicumque vult salvus esse)
Symbole de saint Athanase (Quicumque vult salvus esse).
Quicumque vult salvus esse, * ante omnia opus est ut téneat cathólicam fidem : Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique.
Quam nisi quisque íntegram inviolatámque serváverit, * absque dúbio in ætérnum períbit. Celui qui ne la garde pas entière et inviolée, périra sans aucun doute pour l’éternité.
Fides autem cathólica hæc est : ut unum Deum in Trinitáte, * et Trinitátem in unitáte venerémur : Or la foi catholique la voici : nous adorons un seul Dieu en trois personnes et la Trinité dans l’unité.
Neque confundéntes persónas, * neque substántiam separántes. Sans confondre les personnes ni diviser la substance.
Alia est enim persóna Patris, ália Fílii, * ália Spíritus Sancti. Car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle de l’Esprit Saint.

Lire la suite du Symbole de saint Athanase.

La litanie de saint Martin – Dicamus omnes : Domine, miserere

Quelques diocèses français conservèrent pieusement jusqu’à la Révolution (ou même jusqu’au début du XIXème siècle) le chant d’une litanie qui commence par l’invitation Dicamus omnes et dont la saveur antique du texte est indéniable (on y prie pour l’empereur et l’armée romaine) et qu’on peut remonter de ce fait au IVème.

Cette litanie est probablement l’un des rares reliefs de l’ancien rit des Gaules qui a échappé à la suppression décidée par Pépin le Bref et Charlemagne en faveur du rit romain. Elle est connue dans des formes similaires dans les rits voisins de l’ancien rit des Gaules :

  • à Milan dans le rit ambrosien, où cette litanie est encore aujourd’hui chantée les dimanches de Carême pairs au début de la messe,
  • en Irlande dans l’ancien rit celtique, où elle était chantée entre l’épître et l’évangile.

Du reste, le Missel de Stowe (Manuscrit Dublin, Royal Irish Academy, D ii 3, f° 16) datant de la fin du VIIIème siècle, le plus précieux témoin de l’ancienne liturgie celte d’Irlande, nous apprend le nom de l’auteur de cette litanie en l’appelant “Deprecatio Sancti Martini pro populo”“Prière de saint Martin pour le peuple”. Cette importation d’une prière gallicane dans la liturgie celtique s’explique assez bien par les liens étroits entre le monachisme irlandais et le monachisme martinien.

La "Deprecatio Sancti Martini pro populo" du Missel de Stowe (fin du VIII<sup>ème</sup> siècle.
La “Deprecatio Sancti Martini pro populo” du Missel de Stowe (fin du VIIIème siècle.

L’attribution de cette prière litanique à saint Martin – l’Apôtre des Gaules, l’évêque de Tours et l’un des Pères du monachisme dans notre pays, né en Pannonie en 316, mort à Candes en Gaule le 8 novembre 397 – est parfaitement plausible : la saveur tout entière du texte nous ramène bien en effet “à l’époque où César régnait sur le monde”. Sans être un décalque strict des litanies diaconales orientales, byzantines en particulier, (en tout cas dans leur état actuel), la grande parenté des expressions usitées indique que le texte de la litanie de saint Martin est probablement une traduction et/ou une reformulation d’un modèle litanique originellement grec. La réponse du peuple est comme en Orient “Kyrie eleison”, l’acclamation est ici toutefois traduite en latin : “Domine miserere” (ou dans la version celtique du Missel de Stowe “Domine exaudi et miserere”.

Voici le chant noté de la litanie de saint Martin tiré du Processional de Laon (Processionale Laudunense) de Jean-François-Joseph de Rochechouart, évêque duc de Laon (1755) : il conserve encore en plein milieu du XVIIIème siècle toute la beauté de la cantilène diaconale primitive, en mode de mi (IIIème ton et son antique chant du Domine miserere, le Kyrie eleison en latin. La litanie de saint Martin, qui devait former la prière diaconale de l’antique rit des Gaules (et qui devait probablement être chantée au tout début de la messe, comme la grande ecténie de paix du rit byzantin, et les litanies des dimanches de Carême du rit ambrosien), a pu survivre aux suppressions carolingienne, intégrée désormais comme d’autres textes de l’ancienne liturgie des Gaules parmi les chants des rogations, processions tenues les trois jours qui précèdent l’Ascension. Ces prières des rogations, originaires de Vienne en Provence au Vème siècle, étaient un trait proprement gallican curieusement passé par la suite dans l’usage de Rome.

Litanie de saint Martin de Tours - première partie

Litanie de saint Martin de Tours - seconde partie

Litanie de saint Martin de Tours - troisième partie

Voici le texte et la traduction de la litanie de saint Martin selon ce Processional de
Laon de 1755 :

V. Dicamus omnes, Domine, miserere. V. Disons tous : Seigneur, aie pitié.
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.
V. Ex toto corde, & ex tota mente, adoramus te. V. De tout notre cœur, & de tout notre esprit, nous t’adorons.
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.
V. Pro stabilissima pace, & prospera Imperii constitutione, supplicamus te. V. Pour la paix la plus durable, & une situation prospère pour l’Empire, nous te supplions.
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.
V. Pro Congregatione Catholica, quæ est in hoc loco constituta, invocamus te. V. Pour l’Eglise Catholique, qui est établie en ce lieu, nous t’invoquons.
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.
V. Pro imperatore nostro, & omni exercitu ejus, Rex regum. V. Pour notre empereur, & pour toute son armée, Roi des rois.
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.
V. Pro aëris temperie, & fructibus ac fœcunditate terræ, largitor bone. V. Pour la salubrité de l’air et des fruits et pour la fécondité de la terre, bon dispensateur des biens.
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.
V. Pro Civitate ista, & conservatione ejus, deprecamur te. V. Pour cette cité et sa préservation, nous te prions
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.
V. Pro his qui infirmantur & diversis languoribus detinentur, sana eos. V. Pour ceux qui son infirmes et ceux sont atteints de diverses maladies, guéris-les.
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.
V. Pro remissione peccatorum, & emendatione eorum, invocamus te. V. Pour la rémission des péchés, & leur correction, nous t’invoquons.
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.
V. Exaudi nos, Deus, in omni oratione nostra, quia potens es. V. Exauce-nous, Dieu, en toutes nos prières, car tu es puissant.
V. Dicamus omnes : V. Disons tous :
℟. Domine, miserere. ℟. Seigneur, aie pitié.

Moyennant quelques modifications textuelles (voyez par exemple le texte employé dans ce livret PDF à l’offertoire), nous chantons à Saint-Eugène la litanie de saint Martin, en particulier pour la fête de saint Apôtres des Gaules, ou encore aux Rogations, ou encore en ce 11 novembre 2018 pour le centenaire de l’Armistice ayant mis fin à la boucherie de la Première Guerre mondiale, occasion s’il en est de prier ardemment “pour la paix la plus durable, & une situation prospère pour la France”.