Virgo decus Patriæ – Cette prose ou séquence de la messe de la fête de sainte Geneviève du 3 janvier est tirée du propre de l’église paroissiale parisienne de Saint-Etienne-du-Mont, laquelle jouxtait l’ancienne abbatiale de Sainte-Geneviève, ruinée à la révolution. Ce propre fut publié au XVIIème siècle : un volume noté (sans date) et un texte latin imprimé avec une traduction française “chez Prault Père, Quai de Gêvres, au Paradis, et à la Maîtrise des Enfants de Chœur de S. Etienne” en 1777. Il est probable que cette séquence fut aussi en usage à pareille époque à l’Abbaye voisine des Génovéfains. Le reste du diocèse ne possédait plus de séquence pour la messe de sainte Geneviève depuis la suppression de l’antique prose Genovefæ solemnitas d’Adam de Saint-Victor (encore présente de le Missel parisien de Mgr de Gondy de 1602) dans le Missel parisien de Mgr de Vintimille de 1755 (la vieille séquence d’Adam de Saint-Victor fut réintégrée au propre du diocèse de Paris lorsque celui-ci pris les livres romains à la fin du XIXème siècle).
L’auteur de la prose Virgo decus Patriæ ne nous est pas connu. Il n’est pas impossible qu’il puisse être le P. Pinchon, chanoine régulier de l’Abbaye de Sainte-Geneviève au XVIIIème siècle, qui composa les textes des hymnes Gallicæ custos et Cœlo receptam plaudite Cœlites passées dans le Bréviaire de Mgr de Vintimille en 1736.
En voici le texte et une traduction du XVIIIème siècle (avec quelques corrections de détails apportées à cette traduction au XIXème siècle) :
Virgo decus pátriæ, Spes salúsque Gálliæ, Cara sponso Vírgini. |
O Geneviève, vous êtes la gloire de notre patrie, l’espérance & le salut de la France, l’objet de la tendresse de Jésus-Christ votre époux. |
Dei ductus lúmine, Gérmanus ex ómine te consécrat númini. |
Guidé par une lumière divine et une inspiration prophétique, Germain vous consacre à votre Dieu. |
Plebi dum placas Deum, In te virus ímpium Livor edax éxplicat. |
Tandis que vous n’êtes occupée qu’à attirer les faveurs de Dieu sur votre peuple, l’envie distille sur vous son poison. |
Dépulsis calúmniis, Missis et eulógiis, Póntifex te víndicat. |
Mais le saint Pontife repousse la calomnie, et venge votre innocence en vous envoyant des eulogies (qui sont un signe de communion). |
Hvnnvs ferox úlulet, Parisios ádvolet ; Mox repéllis fúrias. |
Qu’un conquérant barbare fasse entendre ses hurlements, qu’il vole vers Paris ; vous rendez sa fureur impuissante. |
Fame cives péreant, Tabe carnes árdeant ; Clades sistis nóxias. |
Que la famine exerce ses ravages, qu’un feu brûlant dévore ses malheureuses victimes : vous arrêtez tous ces fléaux. |
Mvtvs voces élicit, Surdus audit, áspicit Cæcus, claudus ámbulat. |
Vous commandez ! et le muet parle, le sourd entend, l’aveugle voit, le boiteux marche. |
Mors tuis et nútibus Súbditur, corpóribus Fremens dæmon éxulat. |
La mort elle-même reconnaît votre empire ; et le démon, frémissant de rage, sort du corps des possédés. |
Æstvs agros tórreat, Imbre tellus mádeat, Præsens fers auxílium. |
Si une chaleur excessive brûle nos campagnes, si des pluies trop abondantes les inondent, aussitôt vous portez le secours nécessaire. |
Per te menti cáritas, Córpori sit sánitas ; Sit perénne gáudium. Amen. |
Que par vous la charité règne dans nos cœurs ; que nous jouissions en cette vie de la santé du corps, et dans le ciel des joies éternelles. Amen. |
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Edition du XVIIIème siècle des offices propres de Saint-Etienne-du-Mont
(Bibliothèque Sainte-Geneviève Delta 65154 Res) :
2 réflexions au sujet de “Virgo decus Patriæ – prose de sainte Geneviève en usage à Saint-Etienne-du-Mont”