O panis dulcissime est une prose ou séquence du Ier ton qui peut se chanter en l’honneur du Très-Saint Sacrement de l’Eucharistie. L’un des plus anciens manuscrits qui contient cette prose est un graduel du XIIIème (Zürich, Zentralbibliothek, Rh. 55) à l’usage d’une abbaye du diocèse de Constance (probablement l’abbaye d’Ittingen, en Suisse), où elle est ajoutée après la séquence Lauda Sion composée par saint Thomas d’Aquin. On retrouve par la suite, du XIVème au XVIème siècle, cette prose O panis dulcissime dans une douzaine de manuscrits de la sphère germanique, à l’usage d’Engelberg, de Reichenau, Saint-Emmeram, Attel, Augsbourg, Tegernsee ou des Chevaliers de Malte à Haarlem aux Pays-Bas. Elle est souvent utilisée comme prose de rechange durant l’octave de la Fête-Dieu. Si sa diffusion n’a pas été aussi large que le Lauda Sion, et sa théologie aussi élevée, il n’en demeure pas moins que la belle régularité de sa rythmique, les images scripturaires employées et sa splendide ligne musicale en font une pièce de choix pour honorer la divine Eucharistie.
O panis dulcíssime, O fidélis ánimæ Vitális reféctio ! |
O Pain très doux, O repas vital Pour les âmes des fidèles ! |
O Paschális víctimæ Agne mansuetíssime, Legális oblátio ! |
O victime pascale, Agneau très doux, Oblation légale ! |
Iesu dilectíssime, Quæ sub panis spécie Velárris divínitus ! |
Jésus très aimable, Qui, sous l’espèce du pain, Voile la divinité ! |
Victu multifárie Récrea nos grátiæ Septifórmis Spíritus ! |
Par cette nourriture, de multiples façons, Récrée-nous par la grâce De l’Esprit septiforme. |
Suméntem, cum súmeris, Quia non consúmeris, Ætérne vivíficas. |
A celui qui te reçoit, Sans en être consumé, Vivifie-le pour la vie éternelle. |
Nam reátum scéleris Dono tanti múneris Cleménter puríficas. |
Ceux qui sont coupables de profaner Un don si grand Purifie-les avec clémence. |
In te nos ut únias, Et virtúte múnias, Da te digne súmere. |
Afin que tu nous unisses en toi, Et que tu nous accorde la force, Donne-nous de te manger dignement. |
Vt carnáles fúrias Propéllens, nos fácias Tecum pie vívere. |
Afin de repousser les furies de la chair, Fais-nous avec toi Vivre pieusement. |
Sic refécti póculis Sánguinis, et épulis Tuæ carnis óptimis. |
Ainsi restaurés par ce repas, Par ce Sang et par la fête De ton Corps très bon. |
Sæculórum sæculis, Epulémur sédulis Invitáti ázymis. Amen. |
Pour les siècles des siècles, Que nous célébrions, en trônant Au festin de l’Agneau. Amen. |