Saint-Eugène, le mercredi 22 avril 2020, grand’messe de 19h (Mémoire des saints Soter et Caïus, papes & martyrs).
Saint Denis est le premier évêque de Paris, il mourut martyr avec ses compagnons saint Rustique, prêtre, et saint Eleuthère, diacre.
Selon le texte le plus ancien de sa Passion, mise en forme vers l’an 500, Denys a été envoyé de Rome en Gaule comme évêque missionnaire par le pape saint Clément, troisième successeur de saint Pierre, de 88 à 97. Denys parvient à Paris avec un groupe de disciples évangélisateurs, parmi lesquels on compte saint Rustique, saint Eleuthère, saint Eugène (martyrisé à Deuil-la-Barre) et saint Yon (martyrisé à Chastres-sous-Montlhéry, aujourd’hui Arpajon). A Paris, Denys construit la première cathédrale, prêche la foi véritable aux habitants et les convertit au Christ. Les autorités romaines ne tardent pas à remarquer son action. Soumis à un interrogatoire, Denys et ses compagnons se déclarent chrétiens et sont mis à mort, décapités par le glaive du bourreau. Selon la tradition, les trois saints souffrirent le martyre à Montmartre (= le mont des Martyrs). Pour empêcher que leurs dépouilles ne soient jetés dans la Seine, une aristocrate romaine encore païenne, Catulla, décide de s’en emparer par la ruse et de les ensevelir dans un champ de sa propriété au Nord de Lutèce. La tombe de saint Denys devint très tôt lieu de pèlerinage et de nombreux chrétiens se firent ensevelir au plus près de celle-ci dès la paix de l’Eglise survenue au IVème siècle sous le règne de Constantin. Sainte Geneviève fit construire vers 520 une première église sur la sépulture de saint Denys, qui devint par la suite l’Abbaye royale de Saint-Denis, lieu de sépulture des rois de France.
La fête de l’Invention des Reliques des saints Denys, Rustique et Eleuthère remonte à une époque fort reculée, en tout cas elle a toujours figuré à cette date du 22 avril dans les manuscrits puis les livres liturgiques de Paris et de l’Abbaye royale, sans que l’on ne possède de détails sur l’attribution de cette découverte (sens premier d’Invention) à cette date précise : selon certains, elle marque la découverte des corps des trois martyrs par la noble romaine Catulla, qui les enterra sur ses terres (l’actuelle ville de Saint-Denis), selon d’autres la redécouverte des corps au IVème siècle ou bien la construction de la première église par sainte Geneviève, ou encore la reconnaissance des reliques par le roi Dagobert lors de la fondation du premier monastère et la reconstruction de la basilique qui avait été édifié par sainte Geneviève : un magnifique reliquaire pour les corps des trois saints martyrs fut alors réalisé par saint Eloi. Le Bréviaire parisien énumère ces différents évènements aux leçons de l’office nocturne de cette fête. Sous l’Ancien Régime, la fête de l’Invention des reliques des trois martyrs était jour de grand pèlerinage à Saint-Denis et les indulgences qui y étaient publiées attiraient un grand nombre de pèlerins. Les moines de l’Abbaye allaient ce jour-la en procession en portant le chef du saint jusqu’à l’église paroissiale proche de Saint-Denis de l’Estrée (où selon certaines traditions, le corps du saint avait séjourné). Les paroisses parisiennes venaient en procession depuis Paris pendant le triduum précédant cette fête du 22 avril.
Préservées providentiellement lors des destructions des révolutionnaires, les reliques des saints Denis, Rustique et Eleuthère furent solennellement redéposées dans le chœur de l’Abbaye royale en 1819.
Fête double majeure dans l’archidiocèse de Paris, avec mémoire des saints saints Soter et Caïus, papes & martyrs du calendrier romain.
A la messe :
- Propre du jour chanté en vieux plain-chant parisien
- Kyrie : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont (1610 † 1684), maître de la chapelle du roi Louis XIV, organiste de Saint-Paul et du duc d’Anjou
- Gloria : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont
- Epître : Apocalypse VI, 9-11 : Je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient souffert la mort pour la parole de Dieu, et pour le témoignage qu’ils avaient rendu.
- Prose parisienne – Gaude prole, Græcia (ton i) – prose attribuée au roi Robert II le Pieux (972 † 1031)
- Evangile : Matthieu X, 26-32 : Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent tuer l’âme ; mais craignez plutôt celui qui peut perdre et l’âme et le corps dans l’enfer.
- Préface parisienne de saint Denys & de ses compagnons
- Sanctus : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont
- Après la Consécration : O salutaris Hostia du Ier ton “dans les solennités” – plain-chant de Coutances
- Agnus Dei : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont
- Prière pour la France, faux-bourdon parisien du 1er ton (d’après l’édition de 1739)
- Au dernier Evangile : Regina cœli
- Ite missa est : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont
- Après la messe : Prières en temps d’épidémie
- Après la bénédiction avec la Vraie Croix : Stella Cœli extirpavit – prière à la Vierge Marie, Etoile du Ciel et de la Mer, pour les temps de peste ou d’épidémie – prose donnée selon la tradition par une apparition de saint Barthélémy Apôtre aux Clarisses de Coimbra au Portugal lors de la peste de 1317 – le texte est tiré d’une homélie sur la Nativité de saint Pierre Damascène (VIIIème s.)
- Procession de sortie : Benedícat nos Deus, antienne solennelle du Ier ton, de l’antique liturgie du rit parisien (avant le IXème siècle)
Votre connaissance du propre diocésain est très intéressante et vous distingue certainement des autres paroisses traditionnelles qui tendent à être plus “hors-sol”. Quel est votre point de référence ? Les propres d’avant les rubriques de 1960, ceux consécutifs à De calendariis particularibus ou bien encore ceux promulgués après 1969 ?
Je vous remercie.