Saint-Eugène, le dimanche 24 juin 2018, grand’messe en rit romain traditionnel de 11h. Secondes vêpres & salut du Très-Saint Sacrement à 17h45.
La fête de la naissance de saint Jean-Baptiste est célébrée six mois avant celle du Christ, en accord avec l’évangile de Luc, qui rapporte que la conception du Précurseur avait eut lieu six mois avant celle du Sauveur :
Et sachez qu’Élisabeth, votre cousine, a conçu aussi elle-même un fils dans sa vieillesse, et que c’est ici le sixième mois de celle qui est appelée stérile (Luc I, 36).
Aussi la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste est-elle aussi appelée la “Noël d’été”. On pourrait s’étonner que l’Eglise ait choisi le 24 juin plutôt que le 25 juin pour la célébrer, mais de fait la coïncidence entre les deux Noëls fonctionne si l’on utilise l’ancienne computation des dates romaines : le 24 juin est en effet le VIIIème jour des calendes de juillet et le 25 décembre le VIIIème jour des calendes de janvier.
Alors que la fête de la lumineuse & glorieuse naissance du Christ survient aux alentours du solstice d’hiver, là où la nuit est la plus noire, la fête de la nativité de saint Jean-Baptiste survient au moment du solstice d’été, lequel marque le moment où les jours recommencent à décroître. Jean-Baptiste ne disait-il pas du Christ : “Il faut qu’il croisse, et que je diminue.” (Jean III, 30).
Comme l’institution de la fête de Noël fut romaine à l’origine, il paraît bien que celle de la Noël d’été le fut également, avant de se répandre en Orient. On conserve 8 sermons de saint Augustin (354 † 430) pour cette fête. Le Sacramentaire Léonien – dont les formules remontent au pontificat de saint Léon le Grand (440-461), nous conserve pas moins de cinq messes différentes : une messe pour la vigile la veille au soir, une messe probablement de l’aurore, une messe du jour et deux messes célébrées au baptistère de Saint-Jean-de-Latran.
Le parallélisme liturgique entre les 2 Noëls est assez frappant. Comme l’Avent précède Noël, la Nativité de saint Jean-Baptiste était précédée d’un jeûne préparatoire de plusieurs semaines. Dans le sacramentaire grégorien, comme à Noël, la veille – entre none & vêpres – se célèbre la messe de la vigile (celle-ci est toujours marquée dans notre Missel Romain). Puis avait lieu une seconde messe durant la nuit ou à l’aurore (disparue de notre missel) et enfin une troisième messe du jour (l’actuelle messe de la fête), célébrée entre tierce & sexte. Comme à Pâques, les IIndes vêpres de la saint Jean étaient des vêpres stationales au cours desquelles on se rendait en procession aux fonts baptismaux.
Les trois hymnes de la fête ont été composées en action de grâce par Paul Diacre, moine du Mont-Cassin au VIIIème siècle. Celui-ci en effet avait perdu sa voix avant de chanter l’Exultet pascal et avait invoqué le secours de saint Jean Baptiste qui avait guéri par sa naissance le mutisme de son père Zacharie. La poésie distinguée de Paul Diacre, ami de Charlemagne, constitue un beau témoignage de la Renaissance Carolingienne des lettres & des Arts.
L’hymne des vêpres – Ut queant laxis – est tout à fait fameux, car il a servi à donner leurs noms aux notes de la musique. Guy d’Arezzo en effet utilisa la mélodie en usage en Italie – laquelle monte de degré en degré de l’Ut au La au début de chaque hémistiche – pour nommer les notes (le Si n’est pas dans la mélodie et il est formé de la réunion des deux initiales Sancte Iohannes) :
Il convenait que le divin Précurseur, la Voix dont les accents révélèrent au monde l’harmonie du Cantique éternel, eût cet honneur de voir se rattacher à son nom l’organisation des mélodies de la terre. (dom Guéranger).
A noter que les Eglises de France, & à leur suite, le rit dominicain, employaient depuis le haut Moyen-Age pour cette hymne un autre ton (sa mélodie ne progresse pas en degrés successifs, à l’inverse du ton italien).
On fait mémoire du Vème dimanche après la Pentecôte.
- Propre grégorien du jour
- Procession d’entrée : orgue
- Kyrie : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont (1610 † 1684), maître de la chapelle du roi Louis XIV, organiste de Saint-Paul et du duc d’Anjou
- Gloria : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont
- Credo : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont
- Pendant les encensements de l’offertoire : Ut queant laxis, hymne de la fête, à vêpres, texte de Paul Diacre (VIIIème siècle) (les premières lettres de chacun des vers de la première strophe ont servi à donner leurs noms aux notes de musique)
- Sanctus : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont
- Après la Consécration : O salutaris – François Giroust (1737 † 1799), maître de chapelle du roi Louis XVI
- Agnus Dei : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont – Alternance polyphonique pour le second Agnus Dei : de la Missa Cantate Domino de François Cosset (c. 1610 † c. 1673), maître de chapelle des cathédrales de Laon, Reims et Paris
- Pendant la communion : Antienne Inter natos mulierum & Benedictus – Cantique de Zacharie à la naissance de saint Jean-Baptiste – 1er ton – faux-bourdon à l’usage de l’Eglise de Paris (édition de 1739)
- Prière pour la France, sur le ton royal – harmonisation traditionnelle de Notre-Dame de Paris
- Ite missa est : de la messe royale du sixième ton d’Henry du Mont
- Au dernier Evangile : Salve Regina
- Procession de sortie : O nimis felix, hymne de la fête, à laudes, texte de Paul Diacre (VIIIème siècle) – plain-chant de Coutances
IIndes vêpres de la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste, avec mémoire du Vème dimanche après la Pentecôte. Au salut du Très-Saint Sacrement :
- Motet d’exposition : O panis dulcissime – prose du XIVème au Très-Saint Sacrement des Eglises d’Allemagne, du Ier ton
- A la Bienheureuse Vierge Marie : Tota pulchra es Maria – prose du XIVème, du Ier ton
- A saint Jean Baptiste : Inter natos mulierum – répons tiré de l’antiphonaire de chœur de Notre-Dame de Paris (XIIIème siècle), du Ier ton
- Prière pour Notre Saint Père le Pape : Tu es Pastor ovium du Ier ton.
- A la bénédiction du Très-Saint Sacrement : Tantum ergo nancéen, du Ier ton.
- Chant d’action de grâces : Apertum os Zachariæ & cantique Benedictus, du VIIIème ton
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