Dans le rit byzantin, on chantait à matines neuf cantiques tirés de l’Ecriture (le 2nd est généralement omis, sauf durant le Grand Carême). A partir du VIIème siècle, les versets de ces cantiques furent entremêlés de tropaires, courtes compositions ecclésiastiques commentant le texte du cantique ou la fête du jour. Le premier canon de la Théophanie a été écrit par saint Côme de Maïouma (appelé aussi Cosmas de Jérusalem, ou Cosmas le Mélode, ou encore Cosmas l’Hymnographe).
Orphelin de père et de mère, Côme (Κοσμάς) fut adopté par Serge, un riche notable chrétien de Damas, qui était le père de saint Jean Damascène.
Saint Jean & saint Côme sont ainsi frères de lait. Ils étudièrent la grammaire, la philosophie, la musique, l’astronomie et la géométrie auprès du moine Côme de Sicile, que leur père Serge avait racheté aux pirates musulmans qui l’avaient réduit en esclavage.
Les deux frères devinrent, vers 726, moines à la laure de Saint-Sabas à Jérusalem.
Côme fut élu évêque de Maïouma en Palestine (ville de la région de Gaza). Il mourut dans cette ville et fut rapidement canonisé.
Hymnographe fécond, saint Côme laissa au moins quatorze canons complets et de nombreux triodes (canons de trois odes pour le Carême).
Voici le texte du canon que saint Côme de Maïouma composa pour les matines de la Théophanie. Ses tropaires forment en grec l’acrostiche suivant : “Le Baptême nettoie les fautes des humains”. Vous pouvez trouver la musique de ce canon dans le livret des matines de la Théophanie employé par notre chœur, aux pages 24 à 42) :
Première ode – cantique de Moïse – Hirmos : De l’abîme Il a découvert les profondeurs, * & il conduit les siens à pieds secs, * après avoir englouti leurs ennemis, * le Seigneur puissant dans les guerres, ** car il s’est couvert de gloire.
℣. Tu les mèneras, tu les planteras sur la montagne de ton héritage, au lieu dont tu fis, Seigneur, ta demeure, au sanctuaire qu’ont préparé tes mains.
Tropaire : Dans les flots du Jourdain, * Il recrée Adam qui s’était corrompu * & il brise la tête des dragons qui s’y étaient tapis * le Seigneur Roi des siècles ; ** car Il s’est couvert de gloire.
℣. Le Seigneur règne pour les siècles, toujours et à jamais.
Tropaire : Ayant revêtu la chair matérielle * de la flamme immatérielle de la divinité, * le Seigneur incarné de la Vierge * s’entoure des eaux du Jourdain, ** car Il s’est couvert de gloire.
℣. Car les chevaux de Pharaon, avec les chars et les cavaliers, s’étaient engagés dans la mer, et sur eux le Seigneur fit refluer les flots, mais les enfants d’Israël passèrent au milieu de la mer à pied sec.
Tropaire : Celui qui des hommes efface la souillure * en se purifiant pour eux dans le Jourdain, * a pris leur apparence en demeurant ce qu’Il était, * & il illumine ceux qui sont dans les ténèbres, le Seigneur, ** car Il s’est couvert de gloire.
℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint Esprit. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
Catavasie : De l’abîme Il a découvert les profondeurs, * & il conduit les siens à pieds secs, * après avoir englouti leurs ennemis, * le Seigneur puissant dans les guerres, ** car il s’est couvert de gloire.
Troisième ode – cantique d’Anne – Hirmos : Le Seigneur, qui a nos rois donne la force, * & de ses oints exalte la puissance, * est enfanté d’une Vierge, * & s’avance vers le baptême ; * aussi fidèles, écrions-nous : ** “Nul n’est saint comme notre Dieu”.
℣. Le Seigneur, monté aux cieux, fait entendre le tonnerre : lui-même va juger la terre entière, car il est juste.
Tropaire : Toi qui jadis était stérile * & malheureusement privée d’enfants, * sois aujourd’hui dans l’allégresse, Eglise du Christ, * car par l’eau & l’Esprit des fils te sont nés * qui s’écrient avec toi : ** « Nul n’est saint comme notre Dieu ».
℣. Il donnera la puissance à notre roi, il exaltera le front de son Christ.
Tropaire : A haute voix le Précurseur crie dans le désert : * Préparez les voies du Christ, * redressez les chemins de notre Dieu * en proclamant dans votre foi : ** “Nul n’est saint comme notre Dieu”.
℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint Esprit. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
Catavasie : Le Seigneur, qui a nos rois donne la force, * & de ses oints exalte la puissance, * est enfanté d’une Vierge, * & s’avance vers le baptême ; * aussi fidèles, écrions-nous : ** “Nul n’est saint comme notre Dieu”.
Quatrième ode – cantique d’Habacuc – Hirmos : Ta voix, Seigneur, il l’entendit, * celui que tu nommas “Voix qui crie dans le désert”, * quand tu as tonné sur les grandes eaux * pour rendre témoignage à Ton Fils ; * rempli de la présence de l’Esprit, ** il s’écria : “Tu es le Christ, sagesse & puissance de Dieu”.
℣. Et moi, j’exulte dans le Seigneur, je jubile en Dieu mon sauveur.
Tropaire : Qui a vu, s’écria le héraut, * se baigner le Soleil éclatant par nature, * pour que je Te purifie par l’eau, Eclat de gloire, * Figure du Père éternel, * & que moi, qui suis boue, * j’effleure le feu de Ta divinité ; ** tu es le Christ, sagesse & puissance de Dieu.
℣. Le Seigneur mon Dieu est ma force, il affermit mes pas jusqu’au bout.
Tropaire : Moïse, te rencontrant, manifesta la piété que Dieu lui inspirait, * car dès qu’il perçut ta voix dans le buisson, * il détourna son regard aussitôt ; * et moi, comment pourrais-je te regarder et poser sur toi la main ? ** tu es le Christ, sagesse et puissance de Dieu.
℣. Il me fait monter sur les hauteurs, pour la victoire, au chant de son cantique.
Tropaire : Bien que doué d’une âme, de parole et de raison, * j’ai pour toi le respect des êtres inanimés ; * si je te baptise, j’aurai pour accusateurs * la montagne fumant au contact de ton feu, * la mer qui se retire et le Jourdain qui remonte son cours ; ** tu es le Christ, sagesse et puissance de Dieu.
℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint Esprit. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
Catavasie : Ta voix, Seigneur, il l’entendit, * celui que tu nommas “Voix qui crie dans le désert”, * quand tu as tonné sur les grandes eaux * pour rendre témoignage à Ton Fils ; * rempli de la présence de l’Esprit, ** il s’écria : “Tu es le Christ, sagesse & puissance de Dieu”.
Cinquième ode – cantique d’Isaïe – Hirmos : Jésus, principe de la vie, * vient pour effacer la condamnation d’Adam le premier homme ; * bien qu’il n’ait pas besoin, comme Dieu, de purification, * Il se purifie pour le coupable dans le Jourdain, * il y détruit la haine, ** Il accorde la paix qui surpasse tout esprit.
℣. Tes morts revivront; ils se lèveront, ceux qui gisent dans les tombeaux, ceux de la terre exulteront de joie.
Tropaire : Une multitude infinie de peuples étant venue * pour se faire baptiser par Jean, il se leva au milieu d’eux & leur adressa ces mots : * qui vous a appris, désobéissants, * à éviter la colère à venir ? * Accomplissez des fruits dignes du Christ, ** Il est ici & Il accorde la paix.
℣. Car la rosée qui vient de toi sera leur guérison et la terre rendra le jour aux trépassés.
Tropaire : Celui qui a planté la création, * au milieu de nous se tenant comme l’un de nous, * prend possession des cœurs et, tenant en main * le van purificateur, il vanne sagement, * brûlant ce qui est stérile sur l’aire du monde entier * pour accorder la vie éternelle à qui porte du fruit.
℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint Esprit. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
Catavasie : Jésus, principe de la vie, * vient pour effacer la condamnation d’Adam le premier homme ; * bien qu’il n’ait pas besoin, comme Dieu, de purification, * Il se purifie pour le coupable dans le Jourdain, * il y détruit la haine, ** Il accorde la paix qui surpasse tout esprit.
Sixième ode – cantique de Jonas – Hirmos : La voix du Verbe, le chandelier de la lumière, * l’étoile du matin, & du Soleil le Précurseur crie au désert à tous les peuples : * “Faites pénitence, * & purifiez-vous, * car voici qu’est venu le Christ, ** qui sauve le monde de la corruption.
℣. Les serviteurs de vaines idoles perdent la source de leur grâce.
Tropaire : Né du Dieu et Père immatériellement, * de la Vierge, sans souillure, * le Christ prend chair * dont le Précurseur nous enseigne qu’il ne peut délier la courroie, * c’est-à-dire l’union du Verbe et de notre nature, ** puisqu’il est venu racheter les mortels de l’erreur.
℣. Mais moi, au son de la louange, je t’offrirai un sacrifice d’action de grâce, accomplissant envers toi, Seigneur, le voeu que j’ai fait pour mon salut.
Tropaire : C’est le Christ qui baptisera dans le feu ultime * ceux qui désobéissent & ne le conçoivent pas en tant que Dieu ; * mais c’est dans l’Esprit que par la grâce & dans l’eau * Il renouvelle ceux qui reconnaissent sa divinité, * en les sauvant de leurs péchés.
℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint Esprit. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
Catavasie : La voix du Verbe, le chandelier de la lumière, * l’étoile du matin, & du Soleil le Précurseur crie au désert à tous les peuples : * “Faites pénitence, * & purifiez-vous, * car voici qu’est venu le Christ, ** qui sauve le monde de la corruption.
Septième ode – premier cantique des 3 Enfants dans la fournaise – Hirmos : Lorsque les pieux jeunes gens * furent jetés dans la fournaise ardente, * un vent de rosée souffla, * les protégeant de tout dommage, * ainsi que la descente d’un Ange de Dieu ; * c’est pourquoi rafraîchis dans la flamme ils chantaient en rendant grâce : ** “Seigneur très loué et Dieu de nos pères tu es béni.”
℣. Tu es béni, toi qui sondes les abîmes et qui sièges sur les Chérubins, surpassant toute louange et par-dessus tout exalté dans les siècles.
Tropaire : Les Puissances angéliques au Jourdain * se tenaient comme au ciel avec crainte et admiration, * contemplant l’extrême condescendance de Dieu, * puisque celui qui tient en mains * les eaux du firmament se tenait dans les ondes avec son corps, ** lui, le Dieu de nos Pères.
℣. Tu es béni sur le trône de gloire de ton royaume, surpassant toute louange et par-dessus tout exalté dans les siècles.
Tropaire : Jadis la nuée & la mer préfigurèrent la merveille du divin baptême, * car c’est en elles que le peuple fut baptisé dans sa traversée par le législateur ; * la mer était la figure de l’eau & la nuée, celle de l’Esprit ; * initiés par eux, nous crions : ** Dieu de nos pères, tu es béni.
℣. Tu es béni au firmament du ciel, surpassant toute louange et par-dessus tout exalté dans les siècles.
Tropaire : Nous tous, les croyants, pour en avoir reçu l’initiation * sans cesse louant Dieu, * avec les Anges glorifions le Père & le Fils & le Saint-Esprit, * la consubstantielle Trinité, * en trois personnes unique Dieu * pour lequel nous chantons : * Dieu de nos pères, tu es béni.
℣. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint Esprit. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
Catavasie : Lorsque les pieux jeunes gens * furent jetés dans la fournaise ardente, * un vent de rosée souffla, * les protégeant de tout dommage, * ainsi que la descente d’un Ange de Dieu ; * c’est pourquoi rafraîchis dans la flamme ils chantaient en rendant grâce : ** “Seigneur très loué et Dieu de nos pères tu es béni.”
Huitième ode – second cantique des 3 Enfants dans la fournaise – Hirmos : La fournaise de Babylone montra un mystère étonnant * lorsque jaillit la rosée ; * mais le Jourdain devait recevoir en ses flots le feu immatériel * & accueillir le Créateur baptisé en sa chair ; * c’est Lui que les peuples bénissent ** & exaltent dans tous les siècles.
℣. Ananias, Azarias, Misaël, bénissez le Seigneur, chantez-le, exaltez-le dans les siècles.
Tropaire : Bannis toute crainte, dit le Rédempteur au Précurseur; * sois docile et viens à moi comme au Christ, * puisque je le suis par nature ; * cède à mon commandement; * baptise-moi dans mon abaissement, * moi que les peuples bénissent ** et exaltent dans tous les siècles.
℣. Apôtres, Prophètes et Martyrs du Seigneur, bénissez le Seigneur, chantez-le, exaltez-le dans les siècles.
Tropaire : Dès qu’il entendit les paroles du Maître, * le Baptiste étendit la main en tremblant ; * mais lorsqu’il toucha la tête de son Créateur * il cria au baptisé : * sanctifie-moi, tu es mon Dieu * que les peuples louent ** & exaltent dans tous les siècles.
℣. Bénissons le Seigneur, Père, Fils et saint Esprit. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
Tropaire : Au Jourdain se manifesta la Trinité, * la nature du suprême Dieu ; * le Père proclama : Celui qui est baptisé, * c’est mon Fils bien-aimé ; * et l’Esprit reposa sur son égal * que les peuples bénissent ** et exaltent dans tous les siècles.
℣. Louons, bénissons le Seigneur, prosternons-nous devant lui, le chantant et l’exaltant dans tous les siècles.
Catavasie : La fournaise de Babylone montra un mystère étonnant * lorsque jaillit la rosée ; * mais le Jourdain devait recevoir en ses flots le feu immatériel * & accueillir le Créateur baptisé en sa chair ; * c’est Lui que les peuples bénissent ** & exaltent dans tous les siècles.
Neuvième ode – cantiques de la Mère de Dieu (Magnificat) & de Zacharie (Benedictus) :
Mégalinaire : ℣. Magnifie, mon âme, * la Toute-vénérable reine de l’armée des cieux, * la très sainte Vierge Mère de Dieu.
Hirmos : Toute langue hésite à te célébrer comme il convient, * & tout esprit, même élevé, est saisi de vertige à te chanter, Mère de Dieu ; * mais comme tu es bonne, reçois notre foi * car tu sais notre amour inspiré par Dieu : ** tu es la protectrice des chrétiens, nous te magnifions.
℣. Magnifie, ô mon âme, * celui qui vient dans le Jourdain * pour s’y faire baptiser.
℣. Magnifie, ô mon âme, * celui qui reçoit * du Précurseur le Baptême.
Tropaire : David, viens en esprit auprès des baptisés, * et dis-leur ce chant : * De Dieu en votre foi * approchez-vous, et vous serez illuminés; * un pauvre a crié – en sa chute c’est Adam -, * le Seigneur l’écoute, * il est venu dans les flots du Jourdain vers l’homme corrompu ** lui apporter le renouveau.
℣. Magnifie, ô mon âme, * l’objet du témoignage * que le Père rendit de sa voix.
℣. Magnifie, ô mon âme, * l’Un de la sainte Trinité * inclinant la tête pour être baptisé.
Tropaire : Isaïe proclame : Lavez-vous, purifiez-vous, * ôtez votre perversité de devant la face du Seigneur ; * venez à l’eau vive, vous qui avez soif ; * car pour les fidèles s’approchant de lui * le Christ fait sourdre l’eau du renouveau * et pour la vie éternelle ** les baptise dans l’Esprit.
℣. Prophète, viens donc, * étends sur moi la main, * hâte-toi de me baptiser.
℣. Prophète, à présent * baptise-moi sans hésiter : * je suis venu pour accomplir toute justice.
Tropaire : Le sceau de la grâce nous préserve, nous croyants : * comme les Hébreux jadis ont évité la destruction grâce aux portes marquées de sang, * ainsi nous soit, comme en l’exode, ce bain que Dieu nous offre pour nous régénérer * et grâce auquel nous pourrons voir aussi ** l’inaccessible lumière de la Trinité.
℣. Aujourd’hui le Seigneur * sous la main du Baptiste et Précurseur * incline la tête.
℣. Aujourd’hui saint Jean * baptise le Seigneur * dans les flots du Jourdain.
Catavasie : Toute langue hésite à te célébrer comme il convient, * & tout esprit, même élevé, est saisi de vertige à te chanter, Mère de Dieu ; * mais comme tu es bonne, reçois notre foi * car tu sais notre amour inspiré par Dieu : ** tu es la protectrice des chrétiens, nous te magnifions.