Notre-Dame de l’Assomption, édifiée entre 1630 et 1682, est une église halle à nef unique qui abrite neuf retables. Le village a été rendu célèbre dès le VIème siècle par une jeune fille originaire de la bourgade, Thècle, qui entreprend un pèlerinage à Alexandrie. Elle en rapporte des reliques de saint Jean-Baptiste. Au XVIIIème siècle, Valloire compte, en plus de l’église paroissiale, 17 chapelles sur son territoire.
L’église paroissiale est probablement la plus riche de décors de toute la vallée de Maurienne. Sa nef unique avec voûtes et arêtes est dotée d’un chœur au plafond richement orné.
La nef possède six chapelles latérales toutes marquées par des pilastres. L’entablement continu qui les surmonte reçoit les arcs en doubleaux de la voûte. Cette même voûte est ornée de panneaux peints illustrants les cinq mystères joyeux, ils sont entourés de moulures en stucs, moulures que l’on retrouvera surtout dans le chœur.
Le chœur possède deux travées voûtées d’arêtes dont une rendue plus complexe puisque divisée de voûtement à grands et petits quartiers : un ensemble de gypseuses guirlandes et rinceaux qui encadrent une triple rangée d’angelots. Ils convergent tous vers la couronne centrale.
Les sept premiers portent un instrument de la passion de Notre-Seigneur. Plus avant, vers l’arc de gloire soutenues par deux anges sont les armoiries de Mgr Hercule Berzet : « de sable et d’argent, lampassé de gueule »
A la naissance de la voûte du chœur, nous avons les quatre évangélistes, chacun avec leur attribut : l’aigle pour saint Jean, le lion pour saint marc, le bœuf pour saint Mathieu et l’ange pour saint Luc.
Entre eux se faisant face les bustes de saint Bernard de Menthon, protecteur des égarés , il tient en main un horrible démon symbole des dangers de la montagne, et de saint Antoine, protecteur du bétail (il porte une clochette).
Le retable du maître-autel, œuvre de François Rymellin, se présente sous la forme d’un triptyque, chacun des trois panneaux encadrés de colonnes torsadées qui ont été réalisées en pin cimbro. Elles sont ornées de guirlandes de vignes, de raisins et de roses. Le tableau central représente l’Assomption de la Sainte Vierge entourée d’angelots, il est daté de 1870. Les panneaux latéraux sont quant à eux l’écrin de statues de saint Pierre et sainte Thècle, surmontés d’angelots qui semblent vouloir déposer une couronne sur leurs têtes.
Le tabernacle est en bois doré, sa porte convexe est sculptée d’un ostensoir, de part et d’autre les 4 évangélistes.
Au dessus de l’architrave, l’œil de bœuf qui donnait un contre-jour dommageable a été masqué par par un panneau sculpté qui représente le baptême du Christ par Saint Jean-Baptiste.
L’autel date de 1852. La dormition de la Vierge au centre est entourée des 3 vertus théologales : la Foi, l’Espérance, la Charité, accompagnées par la Piété.
L’autel de Saint Antoine dans le transept est presque aussi riche de décoration que le maître-autel. Le tableau central déjà très grand est souligné par un encadrement de quatre colonnes torsadées et deux cariatides qui soutiennent un entablement aux nombreux décrochés.
La toile est datée de 1714. Le peintre Portaz d’Avrieux a réalisé une composition à deux niveaux : au niveau supérieur on observe le transport de la Sainte Maison de Nazareth à Lorette. Dieu n’aura pas voulu que la maison natale de la Vierge-Marie soit aux mains des musulmans après l’échec des croisades, ce saint transport ayant été assuré par des anges. Au premier plan, les saints déjà présents dans le chœur, les plus vénérés en Savoie : sainte Thècle, saint Grat, saint Clair, saint Antoine abbé et sainte Agathe. Ce tableau est aussi un parfait résumé de la vie des habitants des villages d’altitude.
Saint Antoine est le protecteur des mulets, saint Grat protège les récoltes. Sainte Thècle, elle, montre les doigts de saint Jean-Baptiste qui a donné son nom à la ville Saint-Jean-de-Maurienne. Enfin, tout à droite du tableau, sainte Agathe, patronne des nourrices, est invoquée contre les incendies. Saint Clair, invoqué pour la bonne vue, est aussi prié contre les avalanches et les glissements de terrain.
Dernier détail : les feuilles de chêne, symbole de force et de sagesse qui sont entremêlés dans les colonnes torses, feuilles de chênes et glands…nourriture utile des cochons !
Le Baroque savoyard
- 1ère partie : Le Baroque, un art issu de la Réforme catholique : sa diffusion dans les vallées de Savoie
- 2nde partie : Le rôle de la hiérarchie catholique dans la diffusion du baroque : saint François de Sales
- 3ème partie : Le retable
- 4ème partie : Un art au service de la dévotion
- 5ème partie : Sculpteurs et peintres, les artistes de Maurienne, Tarentaise et Beaufortain
- 6ème partie : Portraits de chapelles avant le concile de Trente
- 7ème partie : Portrait d’église, histoire de retable : Saint-Martin d’Hauteville-Gondon
- 8ème partie : Portrait d’église, histoire de retable : la Sainte-Trinité de Peisey-Nancroix
- 9ème partie : Portrait d’église, histoire de retable : Saint-Sigismond de Champagny-en-Vanoise
- 10ème partie : Portrait d’église, histoire de retable : Notre-Dame de l’Assomption à Valloire
- 11ème partie : Portrait d’église, histoire de retable : Notre-Dame de l’Assomption de Bramans